Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.
lundi 20 juin 2016
Soins palliatifs à l'hôpital, des milliers de lits fantômes
Par Eric Favereau — 19 juin 2016 à 16:48
Sur les 321 services sollicités, seuls 6 respectaient totalement ou partiellement les critères du dispositif des lits dédiés à la fin de vie, illustrant ainsi la déconfiture du dispositif.
Ce n’est pas un fiasco, c'est peut-être pire. L’étude du Dr Edouard Ferrand, qui a été présentée ce week-end au congrès de la Société française des soins palliatifs, sur l’organisation des soins palliatifs à l’hôpital, pointe une totale inadéquation entre les textes réglementaires et la réalité. Et il en veut pour preuve ce que l’on appelle dans le jargon administratif les lits identifiés de soins palliatifs (Lisp) : créés dans les hôpitaux en 2008 – il y en a formellement plus de 5 000 –, les établissements touchent pour leur existence des budgets supplémentaires, mais dans les faits quasi aucun ne fonctionne selon les critères prévus. «C’est vraiment dommage car c’est un très beau concept, mais il est mal utilisé, non évalué et les résultats sont catastrophiques», lâche le Dr Ferrand.
Dans la galaxie des soins palliatifs, ce médecin anesthésiste-réanimateur est un personnage à part : il a pris l’habitude, depuis plus de dix ans qu’il y travaille, de mettre les pieds dans le plat. Une de ses études avait révélé qu’«un patient sur deux mourait après une décision de limitation ou d’arrêt des thérapeutiques» dans les services de réanimation. Aujourd’hui, il s’est penché sur l’organisation des soins palliatifs à l’hôpital. Schématiquement, trois types de structures coexistent : les services de soins palliatifs, les unités mobiles de soins palliatifs et, depuis 2008, les lits identifiés de soins palliatifs.
Sur le papier, ces lits se trouvent dans des services, soit de cancérologie, de médecine interne, de gériatrie… Pour en bénéficier, le service en question doit remplir un cahier des charges : avoir un plan de formation, des réunions pluridisciplinaires, un psychologue, des bénévoles, mais aussi une chambre individuelle avec des lits d’appoint pour les proches, des visites libres sans horaires précis… L’idée étant, donc, au sein d’un service, de pouvoir s’occuper au mieux de l’agonie d’un patient. En échange, l’hôpital bénéficie d’un budget spécifique supplémentaire.
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samedi 18 juin 2016
Ni Foucault 2.0 ni Debord 2.0
La Suite dans les idées
Sylvain Bourmeau
Sylvain Bourmeau
Entre surveillance et spectacle, la mutation numérique transforme en profondeur nos sociétés et redistribue les cartes du pouvoir : le juriste américain Bernard Harcourt analyse cette évolution à travers son ressort, le désir, et ouvre la voie d'une critique par la désobéissance.
Surveillance ou spectacle ? Quel terme, quel concept décrit le mieux la situation dans laquelle se trouvent désormais nos sociétés numérisées. C'est la question que pose, et à laquelle répond par une analyse brillante, nourrie d'une impressionnante collection de faits saisissants, le juriste critique Bernard Harcourt dans Exposed, un essai décisif sur le désir et la désobéissance à l'ère numérique.
vendredi 17 juin 2016
Logiciels d’aide à la prescription : la HAS en fait-elle trop ?
14.06.2016
Le Conseil d'Etat et la Cour de justice européenne pourraient -dans les mois à venir- être amenés à mettre un peu d'ordre dans la règlementation des logiciels d'aide à la prescription (LAP). Avant d’être mis sur le marché français, ceux-ci doivent en effet, depuis le 1er janvier 2015, obtenir une certification de la HAS. Mais cette accréditation pourrait être contraire au droit européen. C’est en tout cas ce que soutiennent le syndicat national de l’industrie des technologies médicales (SNITEM) et la société Philips. Afin de trancher ce point, le Conseil d'Etat a posé, le 8 juin dernier, une question préjudicielle à la Cour de justice de l'Union européenne.
Directrice de prison : mon métier, ma bataille
LE MONDE | | Par Mathieu Ait Lachkar
Eve Duchemin s’intéresse à une directrice d’établissement pénitentiaire qui cherche un équilibre pour poursuivre ce difficile travail.
Il y a parfois des métiers qui suscitent des interrogations. Celui de directrice de prison est de ceux-là. Depuis quatre ans, Marie Lafont est à la tête du centre pénitentiaire pour hommes de Liancourt, en Picardie. Caché dans les hauteurs d’un petit village, il regroupe deux centres de détention, une maison d’arrêt et un quartier pour mineurs. Soit 800 détenus et 400 personnes à gérer.
Entre commissions de discipline, gestion du personnel et entretiens avec les détenus (toujours à visage découvert), la caméra d’Eve Duchemin suit sans relâche le quotidien de Marie dans un univers essentiellement masculin. C’est pourquoi la directrice a dû se forger une carapace, pour se montrer « solide » dit-elle. « Coûte que coûte. » Comme ce jour où elle convoque un nouveau détenu. Celui-ci conteste sa peine, prenant en comparaison celle reçue par un pédophile. Marie finit par le recadrer sans agressivité, arguant ne pas être ici pour commenter une décision de justice mais pour favoriser la réinsertion des détenus.
Deux hôpitaux belges accueillent les patients avec des robots humanoïdes
14.06.2016
Sa diction est encore un peu hachée et ses gestes légèrement hésitants, mais avec sa bouille ronde et son écran sur la poitrine, le robot humanoïde Pepper est prêt à accueillir les patients et visiteurs dans deux hôpitaux belges, à Ostende (nord-ouest) et Liège (sud-est).
Pepper est le premier robot au monde à servir d'hôte d'accueil dans un contexte médicalisé, a expliqué ce lundi le centre hospitalier régional de Liège.
Haut de 140 cm, muni de roues cachées sous une coque blanche, le robot est capable de reconnaître la voix humaine dans une vingtaine de langues et de déterminer si son interlocuteur est un homme, une femme ou un enfant.
L'ANSES publie de nouvelles règles d'utilisation des téléphones mobiles à l'hôpital
Dr Lydia Archimède 14.06.2016
« L’usage des téléphones mobiles est devenu banal au sein des hôpitaux », souligne l'Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail (ANSES) qui publie les conclusions d'un avis sur l'impact des radiofréquences émises, notamment par les téléphones portables sur les dispositifs médicaux.
Trois zones d'usages
Dans cet avis, réalisé à la demande des ministères de la Santé et de l'Environnement, le Comité d'experts de l'ANSES indique qu'une « interdiction de l’usage des téléphones mobiles… dans les établissements de santé, telle que préconisée dans les années 1990, apparaît aujourd’hui peu justifiée » et recommande plutôt la mise en place de 3 zones d’usages : autorisés, limités et interdits. Les porteurs de dispositifs médicaux implantables actifs (pacemaker, neurostimulateur, etc.) doivent veiller à éloigner les sources d’exposition les plus fortes (téléphones mobiles).
Depuis la circulaire d’octobre 1995, qui alertait sur les risques d’interférences des champs électromagnétiques avec les dispositifs médicaux et invitait les établissements de santé à informer leur personnel et les patients sur ce danger potentiel, des données plutôt rassurantes ont été publiées et ont conduit un assouplissement des règles.
En particulier, les conclusions d'une étude du comité d’évaluation et de diffusion des innovations technologiques (CEDIT) réalisée en 2003 indiquaient qu'il n'y avait pas d'interférence et donc pas de danger à une distance supérieure à 1,5 mètre, sous réserve de certaines précautions à prendre pour les porteurs d’implants médicaux actifs.
Les téléphones sont désormais très utilisés dans les hôpitaux par les patients et par les familles mais aussi par les professionnels de santé eux-mêmes, qui l'utilisent à des fins privées mais aussi certaines applications (calculs de score, alarmes de transfert de monitoring, appels d'urgence…).
La nouvelle évaluation porte sur les dispositifs médicaux électriques et électroniques non implantables (DM) : pousse-seringues, respirateurs, systèmes de monitoring, appareils d'échographie, ECG… mais aussi les dispositifs implantables actifs (DIM) : implants cardiaques, pacemakers, défibrillateurs, neurostimulateurs.
Les sources de champ électromagnétiques étudiées sont les téléphones mobiles mais aussi les dispositifs WI-FI, Bluetooth, téléphone sans fil (DECT), talkies-walkies (type TETRA) ainsi que les technologies RFID (Radiofrequency Identification) très présentes en milieu hospitalier. « Le téléphone mobile est la source d’exposition aux radiofréquences potentiellement la plus élevée, en intensité », souligne l'avis. Les dispositifs utilisés en soins intensifs restent les plus sensibles (pousse-seringues…).
Au Maroc, le martyre des fous enchaînés du mausolée de Bouya Omar
Le Monde Afrique Par Ghalia Kadiri (contributrice Le Monde Afrique)
En juin 2015, les autorités marocaines ont évacué près de 800 malades mentaux d’un mausolée tenu par des charlatans qui profitaient des carences médico-sociales pour faire du profit. Un an plus tard, ces malades peinent toujours à trouver un lieu adapté à leurs troubles et se retrouvent parfois abandonnés par leur propre famille.
Samira* boit son thé, silencieuse. Seuls ses yeux vitreux traduisent son désarroi. Sa honte aussi. En 1995, elle a envoyé son fils à Bouya Omar, un mausolée près de Marrakech célèbre pour ses séances d’exorcisme. Karim* est resté enfermé pendant deux décennies dans le village du même nom, avec des centaines de Marocains eux aussi torturés, drogués et affamés. Evacués par les autorités en juin 2015, Karim et les 798 autres captifs de Bouya Omar n’étaient pourtant pas ensorcelés : ils souffraient de troubles mentaux. Mais, comme Samira, des milliers de familles ne trouvaient pas de structures adaptées à la maladie de leurs proches. Désespérées, elles les abandonnaient dans des sanctuaires, où un véritable business du maraboutisme s’est développé.
Pénurie des services psychiatriques
A la mort de son père, en 1994, Karim a eu ses premières crises de violence. « C’était tout ce haschisch qu’il fumait, ça l’a rendu fou », veut croire sa mère. Lorsqu’il a levé la main sur elle, Samira a décidé de l’emmener à l’hôpital psychiatrique. « Ils l’ont gardé dix-sept jours et me l’ont rendu avec une ordonnance. » Mais Karim ne prenait pas ses médicaments et l’hôpital a refusé de l’admettre à nouveau. Inondés, les services psychiatriques sont souvent contraints de renvoyer des patients. « Il n’y a qu’un seul service d’urgences psychiatriques à Casablanca, la plus grande ville du pays », regrette Omar Battas, chef du service psychiatrique du CHU Ibn Rochd de Casablanca. Au total, le royaume compte 2 793 lits pour 34 millions d’habitants. « Mais les autres souffrent aussi et nécessitent un suivi pour éviter les rechutes », poursuit le professeur Battas.
Des rechutes, Karim en a eu chaque fois qu’il arrêtait son traitement. « Il était incontrôlable, je ne pouvais pas m’en occuper toute seule », se justifie Samira avant d’ajouter, tête baissée :« Les gens autour de moi m’ont parlé de Bouya Omar. »
Pendant vingt ans, Karim est resté enchaîné dans les entrailles du village asilaire. Selon une étude du ministère de la santé réalisée en août 2014, 90 % des internés souffraient de troubles mentaux et 64 % avaient déjà été hospitalisés. Sans succès. « Ils ne venaient pas à Bouya Omar pour les croyances mais à cause de la pénurie de l’offre de soins », reconnaît Abderrahmane Maaroufi, directeur de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies au ministère de la santé. De cette pénurie est né un marché fructueux.
Tuée par un schizophrène : quelle responsabilité de l’hôpital nantais?
PAR THOMAS HENG 17 Juin 2016
C’est une affaire extrêmement douloureuse qui vient toucher aux limites de l’exercice de la psychiatrie, tant, selon un expert,« l’imprévisibilité des passages à l’acte » est une difficulté incontournable.
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Après la mort d’une patiente hospitalisée en psychiatrie, tuée sous les coups d’extincteur d’un patient dangereux, des assurances veulent engager la responsabilité de l’hôpital de Nantes.
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Suicide d'un infirmier au CHU de Rangueil: plusieurs enquêtes en cours
17/06/2016
Un infirmier de 55 ans s'est suicidé dans son bureau de Rangueil lundi 13 juin, révèle ce vendredi le syndicat CGT Rangueil/Larrey. "Il est arrivé lundi matin et s'est enfermé dans son bureau où il s'est donné la mort. Il a été découvert par sa voisine de bureau. Le médecin qui a établi le constat de décès a déclaré mardi que le suicide ne faisait aucun doute", explique Patricia Calmettes, représentante syndicale, à "La Dépêche du Midi". Sur les raisons qui ont conduit à ce geste désespéré, la représentante de la CGT évoque "des causes multifactorielles. Celles qui nous préoccupent sont les causalités professionnelles", indique Patricia Calmettes.
Pour la responsable syndicale, "cet infirmier ne supportait plus les conditions dans lesquelles il travaillait, conditions qui s'étaient dégradées à la suite d'une restructuration professionnelle. Le vendredi qui a précédé sa mort, il avait été reçu par sa cadre pour exprimer ses difficultés. Cette dernière n'est pas à mettre en cause: elle a joué son rôle, s'est tenue à l'écoute et fait ce qu'elle a pu", précise la représentante de la CGT.
PSYCHIATRIE Les hausses des hospitalisations sans consentement ces dernières années seront-elles explicitées ?
LE FAIT
Les hospitalisations sans consentement ont connu une importante augmentation ces dernières années. Mais derrière les statistiques, les causes en restent pour l'heure indéterminées. Une enquête en cours, notamment, sur les soins sans consentement sur décision du représentant de l'État (SDRE) devrait apporter prochainement de premières réponses.
PSYCHIATRIE Le CH Henri-Ey demande lui aussi une dérogation au GHT
Le CH Henri-Ey de Bonneval (Eure-et-Loire) a demandé à l'ARS Centre-Val de Loire une dérogation à son intégration au groupement hospitalier de territoire (GHT) du département. L'agence a en effet prévu pour la région un GHT par département. Au même titre que d'autres établissements psychiatriques (lire ci-contre), l'hôpital bonnevalais craint que sa spécificité ne soit pas reconnue au sein d'un groupement piloté par un établissement support MCO, ici le CH de Chartres. Comme l'explique à Hospimedia la présidente de la commission médicale d'établissement (CME) du CH Henri-Ey, Dominique Grégoire-Ancelin, "il y a une mauvaise répartition du pouvoir". En effet, la loi de modernisation de notre système de santé prévoit la possibilité d'intégrer un droit de contrôle aux établissements déléguants. "Mais il n'en a pas été question pour le GHT Eure-et-Loire, nous n'avons pas pu l'intégrer à la convention constitutive or c'est important de laisser cette possibilité de contrôle."
PSYCHIATRIE Le CHS de la Savoie n'aura pas de dérogation et intégrera le GHT Savoie-Belley
Le 9 juin la commission médicale d'établissement du CHS de la Savoie a voté une motion demandant dérogation à l'adhésion au groupement hospitalier de territoire Savoie-Belley. Mais l'ARS a tranché : le CHS intégrera bien le GHT au 1er juillet. En parallèle, les jalons d'une communauté psychiatrique de territoire sont aussi posés.
Les présidents de CME de CH listent quinze "points d'attention" pour finaliser les GHT
- HOSPIMEDIA
À quinze jours de la date butoir du 1er juillet, qui verra naître officiellement les groupements hospitaliers de territoire, la Conférence des présidents de CME de CH fournit quinze recommandations. Périmètre, établissements associés et partenaires, projet médical partagé, gouvernance et instance médicale sont ici passés au crible.
La nouvelle directrice des Bluets joue l'apaisement à Paris mais l'ARS veille au grain
Depuis son arrivée à la tête de la maternité des Bluets, Nadia Ghedifa assure continuellement travailler à apaiser le climat social. Ses éléments de satisfaction : les plannings estivaux sont remplis et les récents départs de médecins et soignants bientôt palliés. À l'ARS, où l'inquiétude reste en revanche de mise, aucune hypothèse n'est écartée.
Médecine d'urgence - Alerte devant l’essor des drogues
Alain Dorra 17.06.2016
Attentats, nouvelles drogues, lombalgies… éclectiques, les communications du congrès « Urgences 2016 » (1er-3 juin, Paris) ont autant porté sur des sujets d’actualité que sur des thèmes plus « quotidiens », ayant pour point commun leur impact sur l’urgentiste.
Actualité oblige, le congrès « Urgences 2016 » était placé cette année sous le signe des attentats de Paris de novembre dernier qui ont mobilisé, selon le Pr Pierre Carli, pas loin de 45 SMUR sur le terrain, avec une réserve prévue de15 SMUR. Les différents « Retex » (retour d’expérience) et analyses a posteriori ont bien montré qu’outre la prise en charge des victimes, qui s’est déroulée aussi conformément que possible aux plans pré-établis, il a fallu prendre en charge la souffrance psychologique des intervenants, fortement traumatisés par ce qui s’apparente à de la médecine de guerre.
Haïti : la psychiatrie au pays des zombies et du vaudou
16 juin 2016
«
Zombies et vaudou hantent la psychiatrie en Haïti», rapporte un communiqué de l'Université de Montréal portant sur la contribution de psychiatres québécois au développement de la psychiatrie dans ce pays.
«
Une croyance répandue en Haïti veut que la maladie mentale soit le résultat d’un mauvais sort ou de la possession d’esprits malfaisants. Certains croient même qu’avoir des relations sexuelles avec une femme atteinte de schizophrénie porte chance. Des personnes aux prises avec un trouble mental subissent ainsi des sévices corporels et ne reçoivent pas les soins appropriés.»
Autisme au Sénat : sortir des controverses et promouvoir les bonnes pratiques
Coline Garré 16.06.2016
Ambiance feutrée au Sénat ce 15 juin pour un colloque sur « la prise en compte de la personne avec autisme tout au long de la vie », organisé à l'initiative de Bernard Lalande, sénateur de Charente-Maritime et Catherine Génisson (Pas-de-Calais). « Société inclusive, diagnostic précoce, formation des acteurs du social, du médico-social et de la santé et de l'éducation nationale, accompagnement des familles et fratries », les concepts agités en introduction – laissant dans le silence les controverses – donne le tempo. Qui se veut mesuré :« On a peut-être surmédicalisé la prise en charge du handicap, mais cela ne veut pas dire qu'il faut tomber dans l'excès inverse du "tout n'est qu'éducation" », résume Catherine Génisson, anesthésiste et vice-présidente de la commission des Affaires sociales.
Les preuves, pour construire une politique régionale
« La culture de l'opinion est parfois plus présente que la culture de la preuve », a déploré Michel Laforcade, directeur général de l'agence régionale de santé Aquitaine Limousin Poitou-Charentes (ALPC). Un constat regrettable, pour le champ de l'autisme, où « le très sérieux retard que la France avait il y a 10 ans n'est pas tout à fait comblé, tandis que la prévalence augmente », note-t-il.
Appliquée à une politique régionale de santé, la culture de la preuve commence par l'élaboration d'un diagnostic territorial partagé : « il faut se focaliser non sur l'offre, mais sur les besoins », a exhorté Michel Laforcade, mettant en garde contre les confusions entre besoins et demandes. « Il faut s'interroger sur ce que devrait être le parcours idéal et naturel et identifier les ruptures et lacunes », préconise le DG.
Michel Laforcade décline ensuite localement le 3e plan autisme selon 4 axes : la formation de tous les acteurs, l'accès au diagnostic précoce et tout au long de la vie (il a notamment mentionné pour les adultes les unités de séjour séquentiel d'observation), l'accès aux soins somatiques (et de citer en exemple l'hospitalisation de jour à Châtellerault) et l'amélioration de la qualité de l'offre, en prenant comme boussole les recommandations HAS-ANESM.
« Nous avons lancé une enquête sur les recommandations de bonnes pratiques. Cette appropriation n'est pas homogène sur l'ensemble du territoire. Le social et le médico-social ont besoin de s'inspirer de la médecine et d'aller plus loin dans les preuves », a indiqué Michel Laforcade. « Le rôle de l'ARS est de demander aux professionnels s'ils sont dans la théorie (modifiable selon l'évolution des connaissances) ou dans l'idéologie (de l'ordre de la croyance)», a-t-il insisté. Et de conditionner la signature des CPOM avec les établissements sociaux et médico-sociaux à la présence d'un plateau de services indispensables, et au respect des bonnes pratiques, a-t-il ajouté, suivant en cela les orientations données par Ségolène Neuville lors du dernier Comité national autisme.
Plaidoyer pour la coordination autour de la personne
Le Pr Manuel Bouvard, chef du pôle psychiatrie du CHU de Bordeaux, appelle à individualiser les prises en charge. « Il faut passer du spectre autistique à l'individu. La personne ne doit pas être perdue dans la masse », explique-t-il, insistant sur l'importance d'identifier les troubles associés (TDAH, troubles du langage, de l'attention, etc.) pour intervenir dessus. L'enjeu devient alors le bilan, puis la construction d'un projet personnel individualisé et actualisé au cours de la vie de la personne. Environ 60 % des enfants ont un diagnostic posé, et seulement 20 % des adultes, note-t-il.
Le maître-mot est alors la complémentarité entre les familles, l'éducation nationale, le sanitaire et le médico-social. « Il ne faut pas aller l'un contre l'autre ». S'il met en garde contre la« démédicalisation » à tous crins, il prône en revanche la « désinstitutionnalisation de l'autisme » et le changement de culture : « il faut mettre la personne au centre, pas l'institution », dit-il.
Avant de conclure sur l'importance de la recherche non seulement expérimentale, ou génétique et épigénétique, mais aussi la recherche-action. Qui appelle, encore une fois, l'orchestration de compétences plurielles.
SUISSE - Révolution en vue dans les soins aux détenus
SUISSE Par Sophie Roselli 14.06.2016
Psychiatrie Un rapport pointe les failles du système de soins psychiatriques pour les condamnés et propose des solutions novatrices.
L’Unité hospitalière de psychiatrie pénitentiaire, intégrée à Curabilis, est suroccupée. Image: LAURENT GUIRAUD
Pour la première fois, un diagnostic global de la situation des soins psychiatriques dédiés aux condamnés est réalisé à Genève. Son auteur, Panteleimon Giannakopoulos, responsable médical à la prison-hôpital Curabilis, pointe les failles du système et plaide pour une plus grande cohérence. Dans un rapport que nous avons obtenu, il propose la création d’une entité faîtière de psychiatrie forensique placée sous la responsabilité du Département de la sécurité. C’est une révolution.
La psychiatrie forensique a trop longtemps été négligée, relève le professeur Giannakopoulos. La prise en charge complète d’évaluation et de soins des personnes condamnées à des mesures thérapeutiques en prison - et de celles suivies en ambulatoire - doit être repensée. Cela touche 150 détenus répartis à Curabilis, Champ-Dollon, La Brenaz et à l’hôpital psychiatrique de Belle-Idée, et autant de condamnés à un suivi ambulatoire confiés à la psychiatrie publique. Pour faire face à leur augmentation et prévenir les risques, le spécialiste propose d’importants changements.
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