Dominique Royoux est professeur associé de géographie à l’université de Poitiers et directeur du service prospective et coopérations territoriales de la communauté d’agglomération Grand Poitiers. Il préside Tempo Territorial, l’association nationale qui regroupe les bureaux des temps des collectivités territoriales.
Pourquoi mettre en place des « politiques temporelles » dans les villes ?
Nous sommes aujourd’hui confrontés à une véritable désynchronisation des temps sociaux. Ce phénomène est apparu au lendemain de la crise de 1973 : l’économie industrielle, qui réglait le travail sur des rythmes très réguliers, a peu à peu fait place à une économie de services, qui a émietté les emplois du temps. Les deux symboles de cette économie de services sont les femmes de ménage et les caissières de supermarché, qui ont des horaires discontinus et décalés. En dissociant les espaces de résidence des espaces de travail et en augmentant les temps de transport, l’étalement urbain, dans les années 1980, a nourri, voire accéléré, ce mouvement de désynchronisation. Les politiques temporelles tentent au contraire d’articuler cette multitude de temps sociaux et de resynchroniser la vie collective.