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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 30 novembre 2013

Après le Cours de Santé Mentale et Communautés (SMC) qui avait lieu tous les deux ans, place à « La Journée de SMC »

Chaque année des cliniciens de l’Association inviteront des partenaires et collègues d’autres équipes à s’exprimer sur une question concernant le soin psychiatrique.

Nous vous attendons nombreux lors de cette première Journée qui aura pour thème : « Le passage dans le soin » et se tiendra le 21 mars 2014.

Vous trouverez l’argument proposé par Marcel SASSOLAS, médecin psychiatre et président de l’Association Santé Mentale et Communautés, ainsi que le programme et le bulletin d’inscription, dans la plaquette ci-jointe.

Les inscriptions accompagnées du règlement sont à envoyer au plus tard le 15 février 2014 à :
Santé Mentale et Communautés
La Journée de SMC
136 rue Louis Becker
69100 Villeurbanne

N’hésitez pas à transmettre cette information à vos partenaires.

Pour tous renseignements complémentaires, vous pouvez contacter:
Sarah BONNAFOUX au 04.72.65.75.35 ou par mail à sante_mentale_et_communautes@smc.asso.fr 

Santé Mentale et Communautés
Comité d’organisation de la Journée de SMC



vendredi 29 novembre 2013

Dégel des mises en réserve prudentielles : les activités de service public de psychiatrie et des soins de suite et de réadaptation (SSR) ne doiv...

COMMUNIQUÉS DE PRESSE

Dans le cadre des débats parlementaires sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2014, la Ministre de la Santé et des Affaires Sociales a fait part du dégel du coefficient prudentiel concernant des activités de soins de court séjour, déblocage permis par le respect de l’ONDAM en 2013 lié aux efforts consentis par tous.
Ce dégel a été unanimement salué comme il se doit, mais les signataires du présent communiqué demandent que le même constat –respect de l’ONDAM en 2013- produise les mêmes effets concernant les mises en réserve prudentielles ayant affecté, en début d’année, les enveloppes budgétaires des activités de service public de psychiatrie et de soins de suite et de réadaptation.
En termes techniques, il s’agit de déblocages concernant des dotations annuelles de fonctionnement (DAF) qui ne sont pas susceptibles de faire dépasser l’ONDAM, à l’inverse de la tarification à l’activité du court séjour, ou encore de la médecine de ville, ou de la tarification sous OQN de la psychiatrie et du SSR.

Claude Lévi-Strauss, la structure en torsade

ROBERT MAGGIORI

L'anthropologiste Maurice Godelier, en 2007 à Paris.
Qu’est-ce qui fonde une société ? L’échange, le don, le potlatch, les rapports de production, le lien sexuel, la parenté ? On peut, pour répondre, songer à Marcel Mauss, à Marx, à Claude Lévi-Strauss… Mais si un penseur renommé avance qu’à côté des choses qu’on donne et des choses qu’on vend il est des choses qu’il ne faut ni vendre ni donner mais garder, pour les transmettre, que nulle société n’a jamais été fondée sur la famille ou la parenté, qu’«il faut toujours plus qu’un homme et une femme pour faire un enfant», que la sexualité humaine est fondamentalement asociale, et que toutes les relations sociales contiennent comme éléments constitutifs des «nœuds imaginaires»fonctionnant à travers les pratiques symboliques, comment alors ne pas perdre le nord ? Eh bien, en suivant les chemins ouverts par Maurice Godelier, l’un des plus grands anthropologues de ce temps, qui l’an prochain soufflera ses 80 bougies, Médaille d’or du CNRS, ancien directeur scientifique du musée du Quai-Branly, auteur, entre tant d’autres ouvrages, de l’Enigme du don (1996), des Métamorphoses de la parenté (2004), ou d’Au fondement des sociétés humaines (2007).

Rubén Gallo, à la recherche du serpent à plumes

PHILIPPE LANÇON ENVOYÉ SPÉCIAL À NEW YORK

Le père de Rubén Gallo vendait des balances à Guadalajara, une ville de province mexicaine que son fils compare à Lyon, sans qu’on puisse y voir une quelconque forme de compliment. L’un de ses frères a repris la boutique paternelle. Rien ne destinait donc l’élégant et sensible polyglotte de 44 ans à diriger le département d’études latino-américaines de l’université de Princeton, New Jersey, ni à écrire des livres aussi surprenants et divertissants que Freud au Mexique, publié aujourd’hui en France, ou les Latino-Américains de Proust, qui paraît cet hiver aux Etats-Unis. Rien, sauf peut-être le goût d’explorer l’autre plateau de la balance, celui des esprits migrateurs, de tout ce qui fait de l’universitaire mexicain un étalon bienveillant et simplifié de cosmopolitisme, un rêveur au trébuchet aussi finement taillé qu’un costume de Dior ou une robe de Saint Laurent.
Aujourd’hui, Guadalajara est le siège de l’une des grandes foires du livre hispano-américain. Dans les années 80, c’était d’abord une ville conservatrice où rêver d’autres mondes et être homosexuel n’apportait à un adolescent aucun supplément d’oxygène. On devait y ressembler à l’un de ces individus masqués, qu’ils soient juifs ou pédés, dont Proust a fait des portraits si cruellement remarquables. Un jour, un ami amène le jeune Rubén dans le café de la ville où se réunissent, aurait écrit celui qu’il n’avait pas encore lu, les invertis : «C’était un bar où il n’y avait que des pères de famille avec des moustaches qui parlaient de leurs femmes.»
A Guadalajara, Rubén Gallo se souvient qu’«il n’y avait pas un endroit où parler d’Octavio Paz», le plus grand écrivain mexicain, dont les archives pourrissent aujourd’hui autour d’une veuve méfiante et entourée de chats. Paz est l’une des abeilles qui, butinant Freud, en importa les pollens au Mexique. Les deux autres, écrit Rubén Gallo dans Freud au Mexique, furent «un dandy homosexuel» et «un moine bénédictin». Le livre étudie la présence de l’hispanité et du Mexique dans la vie, l’œuvre et les rêves de Freud. Puis il raconte la vie de ses abeilles mexicaines et analyse la pollinisation.

Le Parlement autorise l’expérimentation des maisons de naissance

28/11/2013
Le Parlement a donné ce jeudi son feu vert définitif, par un vote de l’Assemblée nationale, à l’expérimentation de maisons de naissance, où des femmes pourront accoucher sans être hospitalisées.

Le ministère place sous tutelle un établissement pour enfants handicapés dans le Gers

28/11/2013

La ministre déléguée aux personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion Marie-Arlette Carlotti a ordonné mercredi le placement immédiat sous administration par l’État d’un établissement privé pour enfants lourdement handicapés du Gers. Plusieurs associations d’aide aux handicapés et le syndicat CGT de la santé du Gers dénonçaient des « maltraitances »dans cet Institut médico-éducatif (IME) situé à Condom (Gers).Malgré l’intervention de l’Agence régionale de santé (ARS) et un rapport en juillet 2013, « force est de constater que les dysfonctionnements perdurent et que la situation est encore très insatisfaisante », indique le ministère.

ACF IDF : Café Psychanalyse du 12 décembre 2013




Après la représentation du Dom Juan de Molière proposée par le Théâtre de Châtillon le jeudi 12 décembre 2013 à 20h30 sur une mise en scène de Gilles Bouillon et une interprétation par les comédiens de la Compagnie CDR de Tours (Jean-Luc Guitton, Cassandre Vittude, Kerraoul, Gérard Hardy, Cyril Texier, Xavier Guittet, Kevin Sinesi, Blaise Pettebone, Nelly Pulicani, Korotoumou Sidibe, Alexandre Forêt) nous interrogerons, lors du débat du Café Psychanalyse qui se tiendra à partir de 22h30, la modernité de cette figure de Dom Juan qui fut épinglée dans le champ psychanalytique de « dernier mythe » pour notre civilisation occidentale.
A cette occasion nous recevrons François Regnault, membre de l'Ecole de la Cause freudienne, ancien maître de conférences au Département de psychanalyse de l'Université Paris 8 et auteur de Théâtre-Equinoxes et de Théâtre-Solstices parus chez Actes Sud qui se prêtera au débat avec les artistes et le public.

Attention à la fragilisation des équipes de PMI

Parmi les maîtres mots de la stratégie nationale de santé figurent les notions de promotion de la santé, prévention, parcours de santé coordonné, prise en charge globale, coopération entre professionnels, service public territorial de santé…
Simultanément, les services de PMI – qui ont fait leurs preuves en appliquant ces principes de longue date – sont fragilisés dans de nombreux départements.

Beaucoup de consultations de nourrissons et de femmes enceintes, de bilans de santé en maternelle sont supprimés. Les délais de rendez-vous s’allongent, le suivi d’enfants après 2 ans se restreint, les visites à domicile en pré et post-natal se raréfient. On ne compte plus les postes vacants (médecins, mais aussi puéricultrices et sages-femmes).
Démographie professionnelle inquiétante - Le désengagement de cette politique de santé publique par les ministères de la Santé successifs, combiné à l’investissement très inégal de leurs missions de santé par les départements, y est pour beaucoup. Cela, alors que la prévention reste peu valorisée dans notre système et qu’il manque une gestion prospective pertinente de la démographie professionnelle.

Les médecins à diplôme étranger bouchent les trous loin des CHU

   28/11/2013

Dans son Atlas national de 2013, l’Ordre des médecins attirait l’attention sur l’origine des diplômes des jeunes installés : « 24 % des nouveaux inscrits ont un diplôme obtenu hors de France (11,4 % européen, 12,7 % extra-européen) », notait l’institution dans sonétude en juin dernier.
La publication ce jeudi des atlas régionaux de l’Ordre confirme ces chiffres en détaillant leur ventilation régionale. Pour chaque région, un chapitre est consacré à l’origine des diplômes des nouveaux inscrits au tableau durant l’année 2012.

Pour que la psychiatrie soit enfin prise au sérieux !

28/11/2013

Nouveau président de la puissante American Psychiatric Association (principale organisation des psychiatres aux États-Unis, depuis 1844, et éditrice du célèbre DSM), le professeur Jeffrey Lieberman évoque quelques souvenirs sur son parcours professionnel. Quand j’ai choisi la psychiatrie, explique-t-il, plusieurs de mes enseignants ont essayé de m’en dissuader : «Pourquoi voudriez-vous perdre votre excellente formation médicale ? » disaient-ils. Heureusement, le futur président de l’APA n’écouta pas le chant de ces sirènes et embrassa tout de même cette spécialité car il était « fasciné par le cerveau et les comportements » et se trouvait « attiré par le défi d’aider les personnes les moins en mesure de s’aider elles-mêmes. »

jeudi 28 novembre 2013

Beethoven avait du plomb dans la tête !

20/11/2013

La surdité de Ludwig van Beethoven a déjà fait l’objet de nombreuses études et supputations – mais la publication toute récente de Michael Stevens et coll.  expose une hypothèse nouvelle enrobant toutes les pathologies dont avait pu souffrir le musicien.
Beethoven commença à perdre l’audition dès l’âge de 30 ans.
Cette surdité évolua sur une très longue période, surtout après  1801. Elle s’accompagnait d’acouphènes pénibles. Elle l’amena à se tenir en marge de la société, accentuant un sentiment profond de tristesse qu’il exposa dans le « testament d’Heiligenstadt ».
Il se referma sur son art et devint totalement sourd vers 45 ans.
Toute sa vie d’adulte il souffrit aussi de maux de ventre, de céphalées rebelles et vraisemblablement de dépression.

Suicide d'un patient hospitalisé

Par Guillaume COLLART - Avocat | 29-11-2013

L’organisation et le fonctionnement des centres hospitaliers spécialisés chargés de prendre en charge des patients souffrant de troubles mentaux fait régulièrement l’objet de commentaires, tant de la part de la doctrine que des médias, voire des politiques.
La sensibilité de ce type d’hospitalisation fait qu’il n’est pas rare d’apprendre le décès d’un patient, soit qu’il se soit échappé du Centre, soit qu’il ait décidé de mettre fin à ses jours alors même qu’il était hospitalisé.
Le suicide d’un patient, qui pourrait caractériser un défaut de surveillance fautif du Centre hospitalier, engage-t-il nécessairement la
responsabilité de ce dernier ?
Si le réflexe des ayants-droits de demander réparation est bien légitime, il ressort d’une étude jurisprudentielle que les condamnations
sont en définitive pas aussi nombreuses que l’on pourrait le penser.
Le juge distingue les admissions libres, anciennement dénommées hospitalisations libres, de celles faites sous contrainte.
Ainsi, la responsabilité d’un Centre hospitalier ne sera pas engagée sur le seul motif qu’aucune mesure coercitive n’avait été mise en oeuvre à l’égard d’un patient relevant du régime de l’admission libre (CE, 12 mars 2002, n°342274).

Renforcer la contagion du suicide ?

POSTÉ PAR CENTRE SÈVRES BIOÉTHIQUE LE 29 NOVEMBRE 2013


Deux octogénaires ont été retrouvés morts lundi 25 novembre à leur domicile après avoir mis fin volontairement à leurs jours. Dans la nuit du jeudi au vendredi précédents, un autre couple de retraités s’était donné la mort dans la chambre d’un grand hôtel parisien. Âgés de 86 ans, l’homme et la femme avaient décidé de se suicider après une dernière nuit passée ensemble (1) . Ils ont laissé des lettres dans lesquelles ils expliquaient leur geste, et protestaient contre le fait de ne pas avoir pu bénéficier d’une « mort douce ».
Il était possible de relater ainsi ces deux faits divers, sans rien cacher de la réalité connue, mais sans non plus se complaire dans la relation des faits ni employer un vocabulaire magnifiant de telles décisions. « Partir ensemble, la main dans la main » en donnant « l’image romantique et stoïcienne d’un suicide programmé ensemble dans la chambre luxueuse d’un palace Art déco »… 

Le flop des messages santé chez les jeunes

Sur les messages d’éducation à la santé, on a tout faux avec les ados ! Des chercheurs de l'Ecole de management de Grenoble viennent de le démontrer magistralement. Leur étude a porté sur l'impact de slogans en matière de nutrition sur des lycéens et des étudiants. Et surprise ! Dans un cas, un message sanitaire pour prévenir l'obésité a eu un effet "contraire à celui désiré" sur un groupe d'étudiants.

En Suède, les prisons mettent la clé sous la porte


M le magazine du Monde | 

La fermeture des cinq établissements, tous anciens, évite aussi aux autorités des dépenses de rénovation. Ici, la prison ultramoderne de Saltvik, à Härnösand, inaugurée en avril 2010.
La fermeture des cinq établissements, tous anciens, évite aussi aux autorités des dépenses de rénovation. Ici, la prison ultramoderne de Saltvik, à Härnösand, inaugurée en avril 2010. | Leif R Jansson / TT News Agency

En annonçant la fermeture de cinq prisons, Nils Oberg, le directeur général de l'administration pénitentiaire suédoise, a suscité l'étonnement, les statistiques de la délinquance constituant, comme dans d'autres pays, une donnée sensible. Cette décision se présente comme étant parfaitement logique : si la Suède ferme quatre prisons et une maison d'arrêt, c'est parce que le nombre de prisonniers a baissé. En 2012, l'effectif de nouveaux détenus a reculé de 6 % par rapport à 2011 et l'on s'attend à une évolution identique en 2013, y compris pour le système de réhabilitation ouvert.

Médecine : les disparités territoriales s'accentuent

Le Monde.fr avec AFP | 
La disparité territoriale médicale s'accentue. Si le nombre de médecins est quasiment stable en France, ce constat cache d'importantes disparités régionales, selon l'édition 2013 de l'atlas régional de l'Ordre national des médecins, publiée jeudi 28 novembre.
« Il y a bien sûr des différences, certaines régions ne sont pas en récession professionnelle, d'autres le sont », a déclaré Patrick Bouet, président du Conseil national de l'ordre (CNOM). Ainsi, alors que le nombre de médecins a augmenté de 0,9 % entre 2007 et 2013 (215 865), il a diminué de 2,3 % dans le Centre et de 4,2 % en Ile-de-France. Une présence qui progresse en revanche dans le même temps de 4,7 % dans les Pays de la Loire et de 4,5 % en Rhône-Alpes.

Une agrégée se dit « infantilisée » par sa curatelle

Le Monde Blogs 
A la suite de notre chronique Péril en la demeure, reprise dans le blog Sosconso sous le titre Tutelles, quelle protection?, nous avons reçu d'une sexagénaire, abonnée au Monde, un témoignage excessivement accusateur contre le système des curatelles, dont elle se dit victime.
De l'assistante sociale au juge, en passant par le psychiatre, le mandataire judiciaire des majeurs protégés et le banquier, tous les acteurs du système chercheraient à profiter des richesses de personnes vulnérables. 

Notre lectrice, que nous nommerons Claire, est agrégée d'histoire depuis 1968. Mais elle n'a jamais enseigné, une longue dépression ayant conduit l'Education nationale à lui confier un poste au Centre national d'enseignement à distance. Elle a donc passé sa vie auprès de parents autoritaires, tandis que ses soeurs prenaient leurs distances. Elle a acheté l'appartement de quatre pièces de ses parents et continué d'y vivre après leur décès.
"En 2006, j'ai voulu chasser les souvenirs douloureux qu'il contenait, et fait faire des travaux, qui m'ont endettée à l'excès", nous confie-t-elle. "En décembre 2007, n'en pouvant plus d'être mise en demeure par les sociétés de crédit afin que je les rembourse, je me suis sentie suicidaire, et des voisins m'ont conduite dans un hôpital psychiatrique."
Peu après sa sortie, une première expertise, demandée par une assistante sociale de l'hôpital, se passe mal. Claire juge le médecin hostile. "Il me reprochait de ne pas connaître le prix d'une baguette de pain, mais c'est normal puisque je n'en achète pas!", raconte-t-elle. Elle ne veut plus répondre à ses questions et tourne les talons, lorsque, dans son dos, il lui demande si "le 11 septembre (lui) évoque quelque chose". L'historienne lui répond, du tac au tac: "Et vous, 1515, ça vous évoque quelque chose?".

Une femme à l'étroit dans sa vie

LE MONDE | Par 

Emma (Boutaïna El-Fekkak), taraudée par un mal de vivre indéfinissable.
Emma (Boutaïna El-Fekkak), taraudée par un mal de vivre indéfinissable. | JEAN-LOUIS FERNANDEZ

C'est un beau matin. La lumière du soleil entre dans la maison où Charles, sa femme Emma et leur fille Camille prennent le petit déjeuner. Ils sont joyeux, un peu taquins entre eux, comme on peut l'être dans une famille où tout va bien. Et puis, il y a une bonne nouvelle : Emma a trouvé du travail. Elle va commencer le jour même.
A voir la cuisine américaine ouverte sur le salon, le couloir et les chambres, au fond, on sent bien que rien n'est riche sans que rien ne manque, dans cette maison comme une autre, où Emma reste seule, à boire son café, quand Charles part emmener Camille à l'école, avant d'aller à son cabinet de médecin. Mais quand Emma se met devant l'évier, et qu'elle se lave les mains, longuement, trop longuement, le regard tourné vers la fenêtre, on pressent que quelque chose ne va pas.
LES HOMMES APPROXIMATIFS
Qui est-elle, cette Emma ? Une femme d'aujourd'hui, dans la province française. Mariée, mère, et seule. Elle se consume de l'intérieur, sans que son entourage ne s'en rende compte.

En Seine-Saint-Denis, cet hôpital qui tourne comme une entreprise

LE MONDE | Par 


  • Comme tous les médecins exerçant à l’Hôpital privé de Seine-Saint-Denis, Fatiha Aissaoui, gynécologue obstétricienne, n’est pas salariée, mais libérale. Contrairement à l’hôpital public, en cas de procès, c’est elle qui sera poursuivie et non pas l’établissement. Elle paye 24.000 euros d’assurance par an. Elle est installée en secteur deux, c'est-à-dire avec des dépassements d’honoraire. « Le fait que je sois maghrébine est un atout pour beaucoup de patientes ».
  • Ce matin, elle a commencé à 8h au bloc par une IVG. Sa deuxième intervention est cette hystéroscopie sur une patiente, qui a fait une fausse couche : il s’agit de lui enlever un fibrome utérin. Chacun des treize gynécos de l’établissement a sa spécialité. Elle, c’est la procréation médicalement assistée (PMA). « Une activité plus propice aux dépassements d’honoraire », reconnaît Fatiha Aissaoui, enceinte de huit mois. C'est son troisième enfant, mais elle ne compte s'arrêter qu'un mois.
  • Dans la salle d’opération N°5, Marc Bannier, chirurgien plasticien et esthétique, est en pleine lipoaspiration, une intervention de deux heures non prise en charge par la sécurité sociale. La patiente de 30 ans, à qui il va retirer 4 litres de graisse, en a pour 3500 euros, dont 700 pour l’hôpital. Comme tous les chirurgiens ici, il travaille avec son aide opératoire qu’il salarie. Il opère également à la Clinique Victor Hugo dans le 16è à Paris, mais ses tarifs n’y sont pas les mêmes.
  • Les opérations que M. Bannier pratique le plus avec les deux autres chirurgiens esthétiques qui travaillent ici sont le nez (rhinoplastie), le lifting, la lipoaspiration et les seins (augmentation mammaire). Ils payent un loyer horaire pour l’usage de la salle d’opération et du matériel. Mais devant le refus de l’établissement d’acquérir un Lipomatic, ils ont choisi de s’offrir cette machine, à plus de 30000 euros, qui rend l’intervention physiquement moins fatigante pour le praticien.
  • Cristina Da Cunha a débuté comme panseuse, celle qui prépare le matériel en amont et passe les instruments au chirurgien pendant les interventions. Aujourd’hui, elle est chef de bloc. Dans cet antre, elle règne sur une équipe d’une petite cinquante de personnes : brancardiers, infirmiers anesthésistes, femmes de ménages spécialisées en bio-nettoyage, aides opératoires, etc. Il faut que ça tourne ! Ce jeudi 7 novembre, 49 interventions sont au programme.
  • Les neuf salles d’opération et les deux salles d’examen sous anesthésie (coloscopie, fibroscopie, etc) doivent être disponibles avec le moins de perte de temps entre deux interventions. Plus de 100 médecins travaillent ici en libéral. Ils apprécient avoir un accès souple et rapide au bloc. Cristina Da Cunha gère le planning en conséquence.
  • Dans son repère sans fenêtre, un local initialement prévu pour entreposer les brancards, Nadia Bagdad est « régulatrice planning ». Un métier dont on a entendu parler sous le nom de « bed manager » lors du mouvement des urgentistes en octobre. C’est elle qui centralise l’information sur les lits disponibles en fonction des dates d’entrée prévues et des dates de sortie probables en chirurgie, en médecine, dans l’unité de soins continus et aux urgences.
  • L’objectif d’une gestion serrée des lits est d’avoir un taux de remplissage maximum, notamment au regard des disponibilités des chambres particulières, plus chères. Le travail d’anticipation de Nadia Bagdad permet aussi de baisser les effectifs les jours où il y a moins de patients. Avec sa voix gouailleuse et les stylos accumulés dans la poche de sa blouse, l’ancienne aide soignante sait se faire respecter des médecins.
  • Sage femme de métier, Marie Douce a été embauchée en 2007 pour développer le pôle mère enfant alors que le nombre de maternités privées a été divisé par deux en dix ans en Seine-Saint-Denis. Il fallait d’abord recruter une équipe de sages-femmes… « Je leur ai proposé une double perspective : qu’elles fassent leur métier, c’est-à-dire les accouchements, et qu’elles puissent développer à côté une activité libérale ».
  • Trois accouchements sous X ont eu lieu en deux ans dans cette maternité. Des événements traditionnellement cantonnés à l’hôpital public, mais révélateur de la précarité du bassin de population du Blanc-Mesnil et de Drancy.
  • Cela fait cinq ans que Séverine Crass (infirmière) et Cherita Attissogle (aide soignante) travaillent en binôme dans ce service de médecine de dix-neuf lits. Elles font des journées de 12 heures. « Ce qui permet d’avoir beaucoup de jours où on est à la maison », se réjouit Séverine… « ou de faire des vacations en plus pour arrondir les fins de mois car on gagne beaucoup moins que dans le public », précise Cherita.
  • Le travail du personnel soignant a changé depuis l’introduction, en avril, des services hôteliers haut de gamme (repas spécifiques, peignoirs, etc.) dans les chambres particulières. Des services sous-traités à Elior. Certains patients, qui payent 200 euros de supplément par jour, sont plus exigeants envers les infirmières, qui s’entendent dire : « J’ai payé ! » Or, elles sont censées apporter la même attention à tous les patients.
  • Le service facturation est stratégique dans un établissement privé. Il a pour objectif de réduire le délai moyen de règlement à 16 jours en 2015. Il est déjà passé de 20 jours en 2008 à 16,8 jours en 2013. La sécurité sociale est un bon payeur : elle verse à la clinique 85% du montant du séjour dans les 48 heures. Derrière Isabelle Forte, en fait de mur, il s’agit d’une œuvre de l’artiste français Arman, « Accumulation de cors de chasse dans le béton ».
  • Sous l’impulsion de ses anciens propriétaires, Bernard et Simone Sobelman, grands amateurs d’art et mécènes, l’ex-clinique du Blanc-Mesnil à accumulé des trésors d’art contemporain dont beaucoup sont resté après la vente. On tombe, au gré d’un couloir, sur un bronze poli original de César, « Empreinte », dans une salle de réunion, sur des fresques multicolores de Boisrond, ou ici dans le patio, sur une sculpture de Louis Cane, « Poussette ».
  • Cet ancien médecin militaire de 61 ans a conscience des limites de son pouvoir de directeur de l'Hôpital privé de Seine-Saint-Denis. Ses 250 lits seraient vides si la grosse centaine de médecins qui exercent ici en libéral s'installaient ailleurs. "Une des choses importantes est de ne pas bousculer la communauté médicale", explique Yves Thiery. Certes, il y a une communauté d'intérêt, mais les relations se compliquent vite dès qu'il faut parler d'argent.
  • Patron d'un hôpital privé, c'est diriger un établissement où plus de 600 personnes travaillent, mais dont seuls 320 sont ses salariés en CDI. Dans ce dédale de couloirs on croise les médecins, mais aussi leurs secrétaires, ainsi que le personnel de plusieurs sociétés indépendantes comme le laboratoire de fécondation in vitro ou le cabinet de radiologie. Sans oublier les salariés de la société Elior, à qui sont sous-traités la restauration et le ménage (sauf celui du bloc opératoire).
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Comme tous les médecins exerçant à l’Hôpital privé de la Seine-Saint-Denis, Fatiha Aissaoui, gynécologue obstétricienne, n’est pas salariée, mais libérale. Contrairement au fonctionnement des hôpitaux publics, en cas de procès, c’est elle qui sera poursuivie et non pas l’établissement. Elle paye 24 000 euros d’assurance par an. Elle est installée en secteur deux, c'est-à-dire avec des dépassements d’honoraire. « Le fait que je sois maghrébine est un atout pour beaucoup de patiente », explique-t-elle.
Crédits : JULIE BALAGUÉ POUR "LE MONDE"

Le visage crispé, mal rasé, un homme est allongé tout habillé sur le lit. Le docteur Ayse Can lui explique en turc qu'il est atteint d'une tuberculose osseuse qui attaque les vertèbres, le mal de Pott. Safat C. était venu ce matin de novembre sur ses deux jambes aux urgences de l'Hôpital privé de la Seine-Saint-Denis (HPSSD) pour un mal de dos. Kurde, travaillant dans un restaurant du quartier, il va devoir être hospitalisé dans le service de médecine, deux étages plus haut, et démarrer immédiatement un traitement antibiotique lourd. Ayse Can est la seule turcophone de l'équipe de médecins urgentistes dirigée par Amar Amrane, qui, lui, parle également l'arabe et le berbère.

Cet hôpital, implanté à cheval sur les communes du Blanc-Mesnil et de Drancy, s'est adapté à ces patients qui parlent mal ou pas le français. A l'accueil sont recensés les membres du personnel pouvant servir d'interprètes en kabyle, roumain, vietnamien, lingala, etc. En tout, vingt-trois langues sont répertoriées.
Mais le caractère peu banal de ce service d'urgences est ailleurs : nous sommes dans une entreprise. L'Hôpital privé de la Seine-Saint-Denis (HPSSD) appartient depuis 2006 au premier groupe français d'établissements de soins privés, la Générale de santé, cotée en Bourse.

Des psychiatres dénoncent un profond malaise aux HUG

27.11.2013 
Des médecins se plaignent du climat de travail et mettent en cause le chef du Département de psychiatrie.
Un climat de travail pesant pousse des médecins du Département de psychiatrie des HUG à témoigner (image d'illustration).
Un climat de travail pesant pousse des médecins du Département de psychiatrie des HUG à témoigner (image d'illustration).
Image: Lucien FORTUNATI
Surcharge de travail, épuisement, sentiment de dévalorisation: une dizaine de médecins dénoncent à la Tribune de Genève un très mauvais climat au sein du Département de psychiatrie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG). En tirant la sonnette d’alarme, ils espèrent voir changer les choses. Presque tous réclament l’anonymat, redoutant les effets que pourraient avoir leurs propos.


Père infanticide à Toulouse : un homme «normal» face à un crime épouvantable

27/11/2013
Hospitalisé d’office lundi en fin de journée, l’homme accusé du meurtre de son fils ne s’est pas vraiment expliqué. Et sa personnalité n’est pas celle d’un homme violent.
Au-delà de l’horreur, les questions. Au lendemain de la mort du petit garçon de 4 ans, tué lundi au cœur de la nuit à Toulouse, beaucoup s’interrogent sur ce geste fou et sur l’homme soupçonné, le propre père de la victime. Âgé de 40 ans, David G. est depuis lundi soir entre les mains des équipes de soins de l’hôpital Marchant comme nous l’annoncions dès hier.
Cette décision médicale n’entraîne, pour l’instant, ni la fin de l’enquête, ni la fin des poursuites. En effet l’expert psychiatre mandatée, Geneviève Peresson, a estimé la garde à vue incompatible en raison du danger «pour lui-même et autrui» du suspect. Mais l’expert a pris le soin de ne pas se prononcer sur l’état de cet homme au moment du drame. Une précaution qui laisse des poursuites possibles, surtout si cet homme retrouve son esprit.