Quand on sait que l’hôpital est à l’os et que la psychiatrie en est le parent pauvre, on imagine le drame vécu quotidiennement en France par les patients atteints dans leur santé mentale et aussi par les personnels qui les soignent. L’hôpital psychiatrique, ou le secteur de psychiatrie, se trouve en bout de chaîne. C’est là où l’on envoie souvent ceux dont on ne sait pas quoi faire : du jeune qui a fait une tentative de suicide pour un chagrin d’amour à l’agriculteur couvert de dettes qui touche le fond et ne trouve plus de sens à sa vie, en passant par cette jeune schizophrène qui va de rechute en rechute ou cet homme à qui l’abus de drogue ou de médicaments provoque des bouffées délirantes.
L’allégorie de la caverne est sans doute le texte le plus connu de toute la philosophie occidentale, qu’on redécouvre sans cesse.
Dans une grotte se trouvent des hommes qualifiés de prisonniers, attachés par les jambes et la nuque, divertis par d’autres hommes qui agitent des objets fabriqués : peuvent-ils être semblables à nous ? Se poser cette question est l’un des enjeux de l'allégorie qui intervient au livre VII de La République : existe-t-il un lien avec l’enjeu de celui-ci qui est de s’interroger sur la définition de la justice et réfléchir sur une constitution politique à même de rendre les gens capables de vivre ensemble ?
L'invité du jour :
Dimitri El Murr, philosophe, professeur en histoire de la philosophie ancienne à l’ENS à Paris
Interpréter le mythe de la caverne
Il est très difficile de donner une interprétation unitaire à l’allégorie de la caverne, je pense même que c’est le dessein de Platon que d’avoir produit un texte dont on ne peut pas donner une interprétation unitaire. C’est un texte sur lequel on revient constamment et qu’on relit de manière différente à chaque fois qu’on se le réapproprie.Dimitri El Murr