Cette expérimentation est une petite révolution pour la justice française. Pendant deux ans, le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) va proposer à plus d’une quarantaine de délinquants toxicomanes ou alcooliques récidivistes de suivre un programme thérapeutique intensif au lieu de purger une peine de prison. Soit cinq heures d’activités et de soins par jour, cinq jours par semaine, pendant une année, afin de prendre en charge de façon approfondie l’addiction qui leur a valu de retourner une nouvelle fois devant la justice.
Discrètement mis en route depuis le mois de mai, avec déjà six bénéficiaires à l’issue de deux audiences, ce dispositif va être officiellement dévoilé mardi 30 juin par la garde des sceaux, Christiane Taubira. Plus de deux ans après la conférence de consensus sur la prévention de la récidive qui en avait établi le principe – via la création de la contrainte pénale –, le lancement de ce projet pilote devenait urgent pour ses promoteurs. A l’approche de l’élection présidentielle de 2017, il serait sans doute devenu compliqué de sereinement mettre en place une telle initiative, au vu des vifs débats suscités par la contrainte pénale.