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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 17 avril 2011

"La raison des femmes est l'enjeu de la modernité"
15.04.11

Philosophe, directrice de recherches au CNRS, essayiste, Geneviève Fraisse revient sur l'importance et l'empreinte de l'oeuvre de Simone de Beauvoir, à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de sa mort.

Simone de Beauvoir est morte le 14 avril 1986. A-t-elle quelque chose à dire aux femmes qui ont aujourd'hui 25 ans ?


Simone de Beauvoir est une auteure importante du XXe siècle. En France, on veut bien la voir comme une figure politique, médiatique, historique. Or c'est une femme qui écrit et qui pense. C'est cela que trouvera une jeune femme, ou un jeune homme de 25 ans en ouvrant ses livres. En France, il est de bon ton de mépriser l'écrivaine. C'est une erreur.


Pour le centenaire de sa naissance, en 2008, vous avez écrit "Le Privilège de Simone de Beauvoir" (Actes Sud). Pourquoi le privilège ?


"Privilège" est un terme paradoxal, incroyablement présent dans le langage existentialiste et pourtant marqué d'un parfum d'Ancien Régime. Simone de Beauvoir, dont un livre s'appelle Privilèges, suit ce fil rouge de son privilège de jeune femme du XXe siècle à qui on offre l'école et le savoir, de son privilège de femme vivant dans la mixité et le partage de la pensée.


Aussi, il me paraît nécessaire de trouver les notions qui éclairent la question posée par le féminisme, je l'ai tenté avec celle de "service" - hiérarchie domestique et démocratie -, de "consentement" - entre choisir et accepter, comment se pense l'émancipation des femmes ? "Privilège" est un mot polysémique autant que synthétique : le privilège est-il pour moi seule, ou offert à autrui en partage ?


Vous parlez de son trajet risqué d'une femme qui pense. Cela a été aussi le vôtre ?


Vous savez bien que toute pensée est un risque ! Et travailler sur la question des sexes est, en France, peu légitime. Donc oui, il y a risque pour Simone de Beauvoir comme pour toutes celles qui envisagent un savoir sans limites. Or l'éducation des femmes fut toujours comprise comme circonscrite, dans le champ de l'apprentissage - couture plutôt que mathématiques -, comme par la reproduction de l'espèce - l'activité de l'utérus serait inversement proportionnelle à celle du cerveau.


La raison des femmes est le grand enjeu de la modernité, tous les droits en découlent, citoyenneté, autonomie économique, contraception - l'habeas corpus des femmes. Et puis le savoir est une jouissance tout en s'élaborant - ou non - avec de la souffrance.


Vous êtes philosophe. Considérez-vous Simone de Beauvoir comme une philosophe ?


Oui, il faut lire et relire l'introduction du Deuxième Sexe. C'est un discours de la méthode : affirmation d'un cogito situé, celui d'une femme, nécessité du détour par une pensée de toutes les femmes pour introduire un récit subjectif - les Mémoires à venir -, réflexion sur les catégories dominées, eux et nous, énigme de l'origine de l'oppression - sans événement -, statut de l'analyse de la domination - être juge et partie, pour les hommes comme pour les femmes. Mais Le Deuxième Sexe ne fait pas Les Méditations de Descartes. J'aime bien quand elle se décrit comme "correspondante de guerre"...


Que vous a apporté la lecture de Beauvoir ? Quels ont été les livres les plus importants pour vous ?


L'important, c'est son style : il n'est pas "beau", comme on dit, mais il est d'une densité époustouflante. Je l'ai compris avec la publication des Cahiers de jeunesse (Gallimard), en 2008. On la voit tout lire, à 20 ans, et tout restituer de ses lectures y compris son jugement, plutôt sûr, sur ce qui paraît en philosophie ou en littérature. Un exemple, que je ne prends pas au hasard : ma mère souligne dans son exemplaire du Deuxième Sexe, en 1949, l'expression "fécondité absurde" : a priori, fécondité renvoie aussi bien aux hommes qu'aux femmes ; jusqu'à ce qu'on y associe "fertilité" et "fécondation", qui féminisent le propos.


Mais c'est "absurde" le plus intéressant : absurde, dit la philosophie, est le cri de l'être humain face au silence de Dieu ou du monde, absurde souligne l'incompréhension d'un seul sexe qui enfante, absurde paraît l'asymétrie des sexes au moment même où l'universel de l'égalité se proclame dans les grands textes d'après-guerre. On est loin des chicaneries concernant la non-représentativité d'une femme sans enfant... De cet absurde philosophique, nous devons partir pour poser la question de la maternité au XXIe siècle.


Selon vous "Le Deuxième Sexe" n'est pas à l'origine du féminisme contemporain, comme on peut le comprendre en lisant votre dernier livre "A côté du genre. Sexe et philosophie de l'égalité" (Ed. Le Bord de l'eau).


Je l'inscris dans une histoire longue, avec la reprise de l'idée d'égalité des sexes au XVIIe siècle - et la geste féministe depuis le XIVe siècle -, la mise en procès, juridique et politique avec et après la révolution française. Plus encore, la pensée féministe ne peut faire l'économie d'une question adressée à la tradition philosophique : où se trouve logé l'objet, le philosophème, sexe ou genre ? Dans les notes en bas de page, dans les digressions des philosophes masculins, ou dans le texte même comme monnaie d'échange de la pensée ? Précisons que le mot "sexe" ne disparaîtra pas dans le concept de genre.


Car l'essentiel réside dans la - future - réponse que nous apporterons à l'anhistoricité, à ce que j'appelle la ritournelle, à l'oeuvre dans les pensées de la domination comme dans celles de l'émancipation. La sexuation du monde fabrique de l'histoire, et cela n'est pas si facile à prouver.

En tout cas, la question de l'"origine" du féminisme contemporain est une très mauvaise question. On peut, au passage, s'interroger sur le choix académique de parler désormais de "vague" féministe... Je viendrais de la deuxième... L'image de la vague est intéressante car elle dit le déferlement et le ressac, l'offensive et l'apaisement ; mais numéroter les vagues est clairement problématique...

La première vague coïnciderait avec la IIIe République, en fait avec l'apparition du néologisme "féminisme". Mais que deviennent les saint-simoniennes, les femmes de la révolution de 1848 ? Il n'y a pas d'origine, seulement de la provenance, dit Michel Foucault.


Je m'intéresse à la provenance, reconstruction de la généalogie, reprise des morceaux du puzzle, de l'émancipation comme de la domination...


Pourquoi un homme est-il dispensé d'écrire sur son sexe ?


Simone de Beauvoir ne dispense pas les hommes, elle dit qu'ils n'auraient pas "l'idée" d'écrire... Par là s'ouvre la question du "qui" pense, ou agit. Il n'y a pas d'ange, dit-elle ; à quoi, en écho, on posera la question de l'intellectuel : "se mêler" ou ne pas se mêler de ce qui nous regarde, pour reprendre une formule sartrienne. Simone de Beauvoir se mêle de ce qui la regarde, les femmes, la vieillesse.


Michel Foucault proposait, et j'y souscris, d'être des intellectuels spécifiques, de se placer - penser ou agir - à partir d'un savoir précis, situé. Alors, quiconque peut écrire sur le sexe, son sexe.


Que voulez-vous dire quand vous écrivez : "Ni Germaine de Staël ni Virginia Woolf n'ont eu ce sens du partage avec d'autres femmes "éclairées"" ?
Chez ces deux écrivaines, je puise régulièrement de l'énergie. Simone de Beauvoir, je la situe ailleurs, dans cette lucidité étonnante du lien entre le "une femme" sûre de la conquête des privilèges et "toutes les femmes" à qui ce privilège doit être restitué. A partir de là commencent les difficultés, explorées dans A côté du genre, celle de la "contradiction démocratique d'une société sexuée", du "contretemps" de l'émancipation des femmes, d'un "devenir sujet" qui coexiste avec la "permanence de l'objet". Mon ambition est de contribuer au "dérèglement des représentations" que l'égalité des sexes introduit, dans l'art comme dans la vie.


Pensez-vous que nous soyons dans une période de régression, non seulement du féminisme, mais de la situation des femmes dans les pays occidentaux ?

Oui.
Propos recueillis par Josyane Savigneau

Claude Le Pen, professeur d'économie de la santé à l'université Paris-Dauphine

"Le médicament 'rachète' la maladie comme l'eucharistie rachète l'âme"

13.04.11

La "une" du "Monde Magazine" daté 16 avril 2011.
La "une" du "Monde Magazine" daté 16 avril 2011.DR

Dans un chat sur LeMonde.fr, Claude Le Pen, professeur d'économie de la santé, estime que la surconsommation de médicaments s'explique par une complicité entre patients, médecins, laboratoires et Sécurité sociale. "Le Monde Magazine" daté 16 avril fait sa "une" sur les médicaments, "une passion française".

Tiên Lê : Les Français sont-ils hypocondriaques ? Ou est-ce le système de Sécurité sociale qui pousse à la consommation ?

Claude Le Pen :
Dans des pays qui remboursent encore mieux que nous, la consommation est quand même plus faible. La Sécu n'explique pas tout. Les Français aiment culturellement le médicament comme, d'ailleurs, la plupart des peuples latins.


Bubu : Est-ce parce que nous sommes mieux remboursés que d'autres ?

SPQR : Est-il exact qu'une petite fraction de praticiens prescrit la majorité des médicaments en France ?

C'est exact qu'il y a de grosses disparités entre prescripteurs. Néanmoins, les médecins français, en moyenne, prescrivent un peu plus que leurs confrères étrangers. Depuis quelques années, la prescription baisse, notamment sous la pression de l'assurance-maladie.

Si l'on tient compte des mutuelles, nous sommes plutôt bien remboursés, mais tout le monde n'a pas de mutuelle : 8 % des Français sont sans mutuelle.

Konstantin : Que signifie votre expression "les Français aiment culturellement le médicament" ?

Si j'osais une comparaison audacieuse, le médicament "rachète" la maladie comme l'eucharistie rachète l'âme. Le médicament est l'ostie du corps. Les sociétés anglo-saxonnes et puritaines ont une autre approche du salut. Mais, Konstantin, vous me poussez à des hypothèses extrêmes qui mériteraient approfondissement.

Marie : Les laboratoires pharmaceutiques poussent-ils à cette surconsommation ?

Les laboratoires pharmaceutiques font de la promotion pour leurs produits. La question, c'est l'interface laboratoires-médecins. Ces derniers subissent une pression, mais ils exercent aussi leur sens critique. La réponse varie certainement d'un prescripteur à l'autre.

Nicolas : N'y a-t-il pas une sorte de complicité des médecins, qui ont rapidement tendance à prescrire tout un tas de médicaments pour des maux parfois bénins ?

Il y a une complicité générale entre le patient qui aime bien qu'on lui prescrive un médicament, le médecin qui fait son métier en prescrivant, l'industrie qui vend et même la sécurité sociale qui a été créée pour rembourser les médicaments... C'est une logique un peu générale.

Guest : Vous dites qu'il y a complicité entre le médecin et le patient qui aime qu'on lui prescrive un médicament. Mais parfois le médecin ne demande même pas au patient s'il a l'habitude de prendre des médicaments afin de régler la dose. Cela serait-il dû à un "manque de formation" en ce sens ou juste à l'amour de ces médecins pour les médicaments ?

En France, la relation médecin-malade est très souvent concrétisée par une prescription pharmaceutique qui atteste de l'état du malade et sanctionne l'acte du médecin. Le médicament sert de preuve matérielle à la réalité de la pathologie et de l'acte.

Nosq : Pensez-vous que cette consommation élevée des médicaments puisse nuire à l'économie française ?

D'un strict point de vue économique, non. Cela crée une activité commerciale. L'industrie pharmaceutique française est la première d'Europe. Nous sommes le deuxième exportateur mondial de médicaments. Cette industrie a créé des emplois même si cela ne sera plus le cas dans le futur.

Florian : Par quel moyen évalue-t-on cette consommation en France et par rapport aux autres pays européens ?

Il existe des statistiques très précises de consommation qui montrent toutes des résultats convergents. Les Français consomment plus de médicaments que les autres (dans certaines classes comme les antidépresseurs et les tranquillisants). Mais il est juste de dire que l'écart se réduit parce que les Français consomment un peu moins et, en même temps, les autres un peu plus.

NassimSARI : De quels types de médicaments parle-t-on ? Les Français en consomment plus en général où s'agit-il de certains médicaments en particulier ?

Bonne question. La "surconsommation" est ciblée sur certaines classes, notamment pour les pathologies du quotidien. On ne surconsomme pas d'anticancéreux, d'antiparkinsoniens ou d'antirétroviraux.

Khentar : Quels sont les types de médicaments les plus consommés en France ? Une tranche d'âge en particulier ?

Bien sûr, les personnages âgées sont les plus grosses consommatrices. La polymédication du sujet âgé est d'ailleurs une préoccupation de santé publique. Sinon, les médicaments, de loin les plus consommés en France, sont les antalgiques et les antidouleurs.

Fred 78 : La consommation massive d'antidépresseurs est-elle symptomatique d'un pays sur le déclin ?

Non. On observe d'ailleurs une consommation d'antidépresseurs moindre dans les régions où l'alcoolisme est plus fréquent. Les Français traitent leurs troubles psychiques légers comme des troubles somatiques...

Adrien : Connait-on la part des médicaments achetés hors prescription ?

Chris : Beaucoup de pharmaciens acceptent de donner des médicaments sans ordonnance. Est-ce vrai ? Cela peut-il être sanctionné par la loi ?
Réponse à la seconde question. Les médicaments de prescription médicale obligatoire doivent obligatoirement être délivrés sur ordonnance. Le pharmacien peut éventuellement aider un patient, mais ce n'est pas complètement légal. L'ordonnance électronique, dématérialisée, facilitera les choses. Mais il existe des médicaments sans ordonnance que le pharmacien peut délivrer "librement".
Cette question de la prescription hors AMM (autorisation de mise sur le marché) est très complexe. Elle est légale mais elle expose le médecin à un risque. Le patient doit être informé et ce n'est pas remboursable. La mesure du phénomène est très difficile car le diagnostic est couvert par le secret médical.

Antoine : L'image renvoyée par les médias et nos politiques sur la santé publique influence-t-elle notre consommation et est-elle responsable de cette surconsommation ?

De quelle image voulez-vous parler ? La prescription de médicaments appartient plus à la santé "privée" qu'à la santé publique.

Antoine : Ne pensez-vous pas que le développement social de notre société avec cette peur d'être trop gros, trop stressé, trop fatigué ou autre, peut être une cause de ces chiffres ?

Peut-être. Il ne fait guère de doute que le marché du bien-être, médicalisé ou pas, est un marché en expansion. D'un autre coté, pourquoi souffrirait-on si l'on dispose des moyens techniques de l'éviter ?

Rebecca : Pensez-vous que les Francais ne sont pas motivés pour changer leurs habitudes alimentaires ? Du coup, ne préfèrent-ils pas prendre des médicaments pour faire baisser leur cholestérol ?

C'est vrai que les solutions médicamenteuses sont souvent plus simples et moins exigeantes que les changements de comportement. Toutefois, on voit ceux-ci changer. Le tabagisme est en recul et les habitudes alimentaires n'ont rien à voir avec ce qu'elles étaient il y a vingt ou trente ans. La solution ne peut consister à prendre un médicament en substitut d'un changement de comportement, mais plutôt comme accompagnement.

Antoine : Quel est le principal facteur social responsable de cette consommation parfois abusive ?

Si je devais citer un seul facteur, il ne serait pas de nature sociale puisque des pays comparables socio-économiquement ont des consommations moindres. Il s'agirait plutôt d'un facteur socio-culturel et tiendrait à la représentation du médecin, de la médecine, de la maladie, du corps, etc., dans la société française.

Valérie : Peut-on mesurer scientifiquement (et donc chiffrer en termes monétaires) l'éventuelle morbidité, voire la mortalité (évitables !) dues à la surconsommation de médicaments ?

Il y a des études scientifiques sur les interactions médicamenteuses, mais peu sur l'effet global de la "surconsommation". J'attire votre attention sur le fait que cette surconsommation est relative, c'est-à-dire par rapport aux autres pays. Elle n'est pas absolue par rapport à des "besoins médicaux" que l'on ne sait pas chiffrer.
Vraisemblablement, certaines pathologies sont sous-traitées en France, notamment dans certains milieux sociaux.

Annita Scandaliato : J'habite en Espagne, l'automédication est à l'ordre du jour mais les Espagnols consomment, malgré tout, moins de médicaments que nous (somnifères, antidépresseurs, etc.). Pourquoi ?

L'automédication ne marche pas très bien en France. Les Français ont l'habitude de la prescription et du remboursement. En dépit des efforts pour l'encourager, elle n'a pas vraiment décoller en dehors des traitements des pathologies hivernales. C'est différent dans d'autres pays. Quant à l'Espagne, elle consomme en moyenne un peu moins que nous, mais elle est plutôt dans les pays à consommation pharmaceutique relativement forte.

Céline : Que penser de la volonté des autorités de maîtriser la consommation en refusant le remboursement des médicaments par l'octroi de SMR insuffisant même pour des molécules à haut niveau de preuve. Cette position est-elle tenable ?

A haut niveau de preuve d'efficacité, il n'existe pas de médicaments qualifiés de "service médical rendu [SMR] insuffisant" et donc déremboursés. Ces médicaments ont été jugés comme ayant une efficacité discutable au plan général, même s'il n'est pas exclu qu'ils marchent bien pour certains patients.

Antoine : Comment expliquer qu'une affaire comme celle du Mediator soit possible en France ?

Fred 78 : Y a-t-il une collusion entre la classe dirigeante et les laboratoires pharmaceutiques comme tout porte à le croire avec l'affaire du Mediator ?
Vaste question. Des rapports multiples ont été écrits et seront écrits sur la question et il faudra en faire un bilan serein. Ma conviction est que cette affaire révèle des dysfonctionnements réels, mais datés. Le système de surveillance et d'autorisation a beaucoup changé depuis la mise sur le marché du Mediator.
C'est l'occasion d'une analyse critique de l'ensemble de la chaîne pharmaceutique dont on tirera le bilan. Cette analyse montrera, je pense, que le système est meilleur que l'idée que s'en font les Français à travers "l'affaire".
L'affaire du Mediator démontre aussi bien qu'il n'y a pas de collusion systématique entre une classe politique tout entière et une industrie. Ce sont des députés qui ont sorti l'affaire, c'est le ministre qui lance les enquêtes et encourage la justice à engager des poursuites. C'est beaucoup plus compliqué que ça.

Shepard : N'y-a-t-il pas un "besoin" exprimé par les patients de revenir vers une médecine plus "douce" ?

La médecine est plurielle. Elle l'est de plus en plus. Peut-être devons-nous moins médicaliser nos petits troubles quotidiens mais s'agissant du cancer, de la maladie d'Alzheimer, de la maladie de Parkinson, des infections virales, etc. des thérapies efficaces parce qu'agressives sont nécessaires. Distinguons les troubles du quotidien et les maladies les plus sévères.

Chat modéré par Olivier Biffaud et Sandrine Blanchard
 Trois mois avec sursis pour s’être soigné au cannabis
14/04/2011
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Un homme de 43 ans, chauffeur routier au chômage, a été condamné par le tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer à trois mois de prison avec sursis pour usage et détention de stupéfiants. Il avait été trahi par des écoutes téléphoniques mises en place après une transaction avec un dealer qui était sous surveillance.

Pour sa défense, l’homme a fait valoir qu’il fumait du cannabis ou en buvait en tisanes pour soigner un psoriasis. « Je ne vends pas de cannabis et je n’en prends pas pour me droguer mais pour me soigner, a-t-il expliqué à l’AFP. J’ai essayé les UV ou la cortisone, mais les effets secondaires sont importants et, de toute façon, ça ne marche pas. » Et le condamné d’ajouter : « J’ai des lettres de médecins qui montrent que mes cicatrices sont en train de disparaître. Depuis quelque temps, je peux enfin retourner à la piscine. »

L’usage thérapeutique du cannabis est autorisé dans certains pays, dont l’Autriche, les Pays-Bas, le Portugal et le Canada, ainsi qu’une dizaine d’États américains. Ce n’est pas le cas en France. Sur le site du ministère de l’Intérieur, la fiche consacrée au produit indique que « l’usage thérapeutique du cannabis, comme celui des autres stupéfiants, ne peut être pratiqué que sous un strict contrôle médical. On ne peut donc pas, parce qu’un produit est prescrit à certains malades graves, en déduire qu’il n’est pas nocif pour les personnes en bonne santé. » Les peines prévues pour l’usage de cannabis vont jusqu’à un an de prison et 3 750 euros d’amende.
R. C.

Alzheimer : le cortex commencerait à « rétrécir » 10 ans avant le diagnostic

Certaines parties du cerveau affectées par la maladie d'Alzheimer commenceraient à rétrécir jusqu'à dix ans avant que cette dégénérescence cérébrale incurable ne soit diagnostiquée, selon une étude publiée mercredi aux États-Unis. Bien qu'il ne s'agisse que de résultats préliminaires, les chercheurs estiment que cette découverte pourrait un jour permettre, à l'aide d'IRM, de déterminer quelles sont les personnes qui présentent le plus grand risque de développer cette maladie. Pour leur étude, les médecins ont mesuré avec des IRM les zones du cerveau généralement affectées par la maladie d'Alzheimer de 64 personnes saines, sans problème de mémoire ou d'autres symptômes de démence. Ils les ont suivies sur une période allant de sept à onze ans. Ils ont constaté que les sujets avec l'épaisseur la plus faible du cortex avaient de loin un plus grand risque de souffrir de la maladie d'Alzheimer comparativement à ceux avec ces mêmes parties cérébrales plus épaisses. Ainsi, dans le groupe de onze participants qui avaient les zones cérébrales concernées les plus modestes, 55 % ont développé la maladie d'Alzheimer. En revanche, aucun patient dans le groupe de neuf personnes avec les plus grandes tailles de ces mêmes parties du cerveau n'a souffert d'Alzheimer, précisent les chercheurs dont la communication paraît dans la revue Neurology, la publication de l'American Academy of Neurology. Dans le groupe des sujets avec une taille moyenne de ces zones cérébrales, 20 % ont souffert de la maladie d'Alzheimer. « Ces mesures sont un indicateur potentiellement important des premiers changements dans le cerveau liés à Alzheimer. Elles pourraient aider à prédire qui sont les personnes ayant le plus grand risque de souffrir de cette maladie et peut-être aussi de déterminer quand la maladie va se manifester », explique le Dr Bradford Dickerson de la faculté de médecine de Harvard, principal auteur de l'étude.
Selon AFP

Le livre et l'enfant, c'est toute une histoire

Mardi soir, dans le cadre de la manifestation "Bébé croque-livres", l'association guérandaise "Mille-feuilles et petit lu" invitait, dans la grande salle du Ciné Presqu'île, une personne reconnue dans le monde de la psychiatrie infantile : Patrick Ben Soussan, pédopsychiatre et président de l'agence nationale des pratiques culturelles autour de la littérature jeunesse (Quand les livres relient).

Ce médecin, écrivain, formateur et chercheur dans les domaines relatifs à la petite enfance, est aussi conférencier.  C'est devant un public presque essentiellement composé de mamans mais aussi de professionnels exerçant leur métier en rapport étroit avec les enfants qu'il est venu expliquer l'intérêt des livres pour les petits. Les spectateurs, les oreilles grandes ouvertes ont suivi cette conférence très attentivement. Leur participation était cependant plutôt timide. Le sujet développé lors de cette soirée : "Comment le livre permet au tout-petit de s'inscrire dans l'histoire, la sienne, celle de sa famille et celle du monde qu'il habite ? Tout un programme !

C'est de manière étonnante  que Patrick Ben Soussan  a lancé son discours : la lecture d'un petit livre pour enfant : " Savoir vivre", de Yann Fastier. Cet ouvrage réunissant, telle  la chanson de Jacques Dutronc, tous les "fais pas ci, fais pas ça" provoqua sourires et questionnements introspectifs de la part du public.

Tout au long de la soirée, c'est au travers de "petites œuvres" comme "Tic Tic la girafe"," Lola placard" ou "Les 3 chats", que le pédopsychiatre a su expliquer au public la manière dont les enfants perçoivent le monde qui les entoure ainsi que l'incroyable capacité de ceux-ci à le comprendre et l'interpréter. Selon M Ben Soussan, si certaines choses sont difficiles à aborder avec un enfant, la mort, la sexualité... le livre permet,  grâce aux images, aux mots et symboles dissimulés ( parfois même à l'insu de leur auteur), de les traiter. "Les enfants entendent des choses que nous n'entendons pas ou ne voyons plus".

Cette conférence, prélude au colloque des 14 et 15 avril fut d'une incroyable simplicité d'écoute et très riche en informations. Les enfants ne sont pas faciles à comprendre, mais eux nous comprennent bien plus facilement que ce que l'on croit. En bref, il ne faut pas les prendre pour des bébés, les livres sont là pour le prouver.

Bébé croque-livres c'est aussi des expositions, spectacles, contes, lectures, rencontres sur toute la  presqu’île jusqu'à la fin du mois de mai. L'association "Mille-feuilles et petit lu organise cependant toute l'année de nombreuses animations adressées aux tout-petits. Notamment des petits-déjeuners chaque samedi pour les bébés-lecteurs.

À découvrir au LaM de Villeneuve-d'Ascq : Wölfli, le paysan schizophrène devenu le maître de l'art brut

10.04.2011
JEAN-MARIE GUICHARD
 Une sélection de cent cinquante des oeuvres de Wölfli à voir jusqu'au 3 juillet. PHOTO MAX ROSEREAU
Une sélection de cent cinquante des œuvres
de Wölfli à voir jusqu'au 3 juillet.
PHOTO MAX ROSEREAU

| EXPOSITION |

En 1895, Adolf Wölfli, 31 ans, solide journalier maltraité durant son enfance, est interné pour schizophrénie à l'hôpital psychiatrique de Berne, en Suisse. Il va y passer le reste de sa vie, entre les infirmiers et... ses crayons de bois. Durant trente-cinq ans, le « malade mental » noircit et colorie des milliers de pages, réalisant une des plus étonnantes sagas d'art brut jamais réalisées, à base de personnages minuscules intégrés à des motifs décoratifs orientalistes. ...


Une sélection de 150 de ses oeuvres est présentée depuis hier au LaM de Villeneuve-d'Ascq, première grande exposition temporaire d'art brut depuis la réouverture. La visite des onze salles permet d'appréhender la création dans l'ordre chronologique, depuis les premières feuilles en noir et blanc jusqu'à la mystérieuse Marche funèbre, succession compulsive de pages remplies de mots clés.

Dessins, écrits

Reconnu comme « artiste » par ses médecins puis par des collectionneurs avertis, Wölfli est considéré désormais comme une valeur sûre dans le monde de l'art et le LaM n'a eu les moyens, jusqu'ici, que de s'offrir deux pièces. « Différent » mais instruit, Wölfli a également beaucoup écrit, notamment Du berceau au tombeau, récit de voyage imaginaire, autofiction introspective remplie d'appréciations sur la vie et de théories sur le monde à venir. Plusieurs pages sont visibles à l'expo ainsi que des albums de musique.

Longtemps hermétiques, ses notations musicales ont été décryptées récemment, dévoilant des compositions parfaitement jouables. Comment les visiteurs vont-ils accueillir cette exposition-test sur l'attractivité de l'art brut ? Sachons en tout cas que l'oeuvre de Wölfli, « l'expression la plus représentative de l'art brut », selon Dubuffet, ne laisse pas indifférent.


Son maniérisme et son souci du détail, ses obsessions - croix, chiffres, têtes aux yeux noirs - sa mise en scène des sujets, avec une interaction innovante pour l'époque entre graphisme, texte, collages, tout ici interpelle notre appréciation souvent cartésienne de l'oeuvre d'art. Et si, pour une fois, nous laissions simplement parler nos émotions... brutes.


Jusqu'au 3 juillet au LaM, 1, allée du Musée à Villeneuve-d'Ascq. Du mardi au dimanche de 10 h à 18 h.
Dix et sept euros. Rens. au 03 20 19 68 88.


Trauma
Patrick McGrath  (Éditions Actes Sud)  avril 2011


Patrick McGrath, qui travailla dans l'institution psychiatrique et dont le père psychiatre fut directeur d’un asile psychiatrique de haute sécurité anglais - ceci expliquant peut-être cela - oeuvre dans un nouveau registre scriptural qu'est la veine "neurogothique", qui a vu le jour au début des années 2000 après la publication des écrits du neuropsychologue et écrivain Paul Broks.

Ce genre aborde la narration littéraire sous l'angle du psychique en racontant le parcours d'individus atteints de maladie mentale ou pour le moins de troubles du comportement, ce qui permet d'aborder la déviance ou le dérèglement sous une focale in habituelle.

Dans "Trauma", titre qui annonce immédiatement la couleur, comme les trois phrases introductives ("Ma mère tomba en dépression pour la première fois quand j'avais sept ans, et j'eus le sentiment que c'était ma faute. Que j'aurais dû l'empêcher. C'était un an environ avant que mon père ne nous quitte.") circonscrivent le noeud de l'intrigue, il raconte l'inéluctable et insidieuse descente aux enfers d'un psychiatre.

Car selon l'adage "le cordonnier est souvent le plus mal chaussé" et le fait que le choix d'une profession qui ressortit à la vocation n'est jamais anodine, Charlie Weir qui s'est spécialisé dans les névroses de guerre et plus spécifiquement le stress post-traumatique des vétérans du Vietnam, n'est à l'abri ni du traumatisme ni du refoulement et ne pratique manifestement ni l'auto-analyse ni l'automédication.

Force est de constater que pour le narrateur, dès le début, du côté familial, c'est plutôt le registre "famille pathogène" : absence de figure paternelle avec un père qui a pris la poudre d'escampette, et figure maternelle ambivalent crainte et détestée mais dont il espère l'amour, avec une mère alcoolique, dépressive et cruelle qui lui préfère son frère peintre à qui tout réussit et retourne le couteau dans la plaie ("Tout le monde peut être psychiatre. Mais pour devenir artiste il faut du talent"), un frère à qui tout réussit

Manque d'amour, dévalorisation, sentiment de culpabilité, sentiment d'infériorité, rien d'étonnant à ce que sa barque soit bien chargée pour traverser le long fleuve tumultueux de la vie. A cela s'ajoute, en filigrane, une certaine stratégie de l'échec dont il est conscient ("Je cassais tout ce que je touchais").

Le suicide d'un patient, dont il a épousé la sœur, ce qui n'était sans doute pas sa meilleure idée, puis la mort de sa mère constituent les facteurs activateurs d'un marasme existentiel prééxistant qui l'enfonce dans la dépression. Il quitte son épouse et sa fille, il a une liaison avec une ex-amie de son frère qui souffre de cauchemars sévères, puis renoue avec son ex-épouse pour des 5 à 7 "thérapeuthiques". Ce qui n'est pas sans alourdir son passif.

Dès lors "Trauma" constitue moins d'un roman psychologique qu'une tentative de dissection in vivo des arcanes mentales du narrateur, cette exploration mentale se déroulant en parallèle avec la spirale de la dépression, illustrant avec réalisme le mécanisme psychique de l'abréaction - la résurgence d'un traumatisme refoulé - qui entraîne en l'espèce des tensions insolubles conduisant à la désorientation mentale.

Patrick McGrath mène avec brio son entreprise à la manière d'un thriller au dénouement très rapide qui laisse toutefois le lecteur un peu sur sa faim.

jeudi 14 avril 2011

Psychiatrie: ouvrons largement le débat (PCF)


Le PCF s’oppose radicalement au projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques ».

Ce projet liberticide vise à faire passer la psychiatrie d’un dispositif sanitaire au service des malades à un dispositif de contrôle social au service du ministère de l'Intérieur. Nous refusons la mise en place d’une garde à vue psychiatrique de 72 h, l’instauration d’un fichier des personnes ayant à un moment de leur vie fait l’objet d’un soin sous contrainte.

Nous dénonçons la prééminence des troubles à l’ordre public dans les motifs du soin sous contrainte et qui ouvre la porte à tous les abus et refusons de voir les consultations des Centres Médico Psychologiques qui manquent déjà de moyens pour faire face à la demande, être surchargées par des personnes faisant l’objet des soins ambulatoires sous contrainte alors qu’elles ne présentent aucun signe psychopathologique.

Une réforme progressiste de la psychiatrie est possible. Elle suppose d'affirmer que l’objet de la psychiatrie est de soigner des sujets en souffrance et non de normaliser des individus et des comportements. Tout doit être mis en œuvre pour créer et maintenir le lien thérapeutique quelle que soit la situation sociale ou psychopathologique du patient.

Un tel projet impose une réforme des études, instaurant une formation spécifique adaptée au fait psychopathologique et à la psychodynamique de tous les professionnels exerçant en psychiatrie.

La société dans son entier doit se saisir de ce débat. Un débat, qui ne doit pas être conduit à partir de faits divers sensationnels, mais à partir de la quotidienneté des problèmes auxquels sont confrontés les patients, leurs familles, les professionnels et l’ensemble de nos concitoyens.

Communiqué du Parti communiste français
Mercredi 13 avril 2011

Réforme de la Psychiatrie : Le groupe CRC-SPG au Sénat demande le retrait du projet de loi

Ce matin, alors que la commission des affaires sociales auditionnait Madame Nora BERA – Ministre de la Santé – dans le cadre de l’examen par le Sénat du projet de loi réformant les soins psychiatriques sans consentement, le groupe Communiste Républicain Citoyen et des Sénateurs du Parti de Gauche a officiellement demandé le retrait de ce projet de loi.

Pour Guy FISCHER – Vice-président du Sénat et Sénateur du Rhône – «ce projet de loi ne se résume en réalité qu’à une seule chose, le traitement sécuritaire de la psychiatrie. Le Gouvernement prend prétexte de la décision rendue par le Conseil Constitutionnel suite à la question priotaire de constitutionnalité soulevée par un citoyen, pour imposer une vision du soin psychiatrique le réduisant à une simple réduction des symptômes, considerés comme autant de troubles à l’ordre public ».

Le groupe CRC-SPG refusant que le débat sur la psychiatrie soit réduit ainsi à la question des soins sans consentement entendent peser avec les partenaires sociaux, les collectifs, les usagers et leurs représentants ainsi que les acteurs de terrain, pour que le Gouvernement n’élude pas les vraies questions, dont celle primordiale des moyens destinés au traitement et au suivi des personnes connaissant des troubles psychiques.
Paris, le 13 avril 2010.

Hospitalisation d'office et conformité à la constitution. Le conseil d'État renvoie la question au conseil constitutionnel

08.04.11

Après avoir statué sur l'inconstitutionnalité de l'article L.3212-7 du code de la Santé publique concernant l'hospitalisation sans consentement (lire notre brève du 26/11/2010), le Conseil constitutionnel va devoir trancher deux nouvelles questions prioritaires de constitutionnalité concernant cette fois les articles L.3213-1 et l'article L.3213-4 relatifs à l'Hospitalisation d'office (HO).

Interpellé par un patient sur la problématique de la conformité aux droits et libertés de ces deux articles de l'HO, le Conseil d'État vient en effet de renvoyer dans sa décision n°346207 de la 1ère sous-section, rendue publique le 6 avril dernier, cette question au conseil constitutionnel. Ces deux articles n'ont jamais été déclarés conformes à la constitution par le Conseil constitutionnel indique le Conseil d'État.

L'affaire qui a suscité la requête auprès du Conseil d'État concerne l'annulation des arrêtés (datant de 2009 et 2010) par lesquels le préfet du Val-de-Marne a ordonné le placement et le maintien d'un patient en HO, mais aussi l'annulation du jugement du Tribunal administratif de Melun confirmant les arrêtés.

Par ailleurs, cette nouvelle question de conformité arrive à un moment clef. En effet le projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge a été adopté en première lecture par l'Assemblée nationale le 22 mars 2011 et doit être examiné en mai par les sénateurs. Le texte provisoire transforme notamment les hospitalisations d'office en soins sans consentement (lire aussi notre dossier du 17/03/2011).
L.W.

Schizophrénie : l'aide des cellules souches
Par Martine Perez

Des neurones fabriqués à partir de la peau de patients ont permis de découvrir les mécanismes de la maladie.

Une avancée considérable dans l'étude des maladies mentales vient d'être accomplie par des chercheurs de l'Université de Californie et du laboratoire Spring Harbor de New York qui ont travaillé avec des outils totalement inédits: des cellules de la peau de malades schizophrènes transformées en neurones. Ils ont ainsi pu mettre en évidence sur ces cultures des troubles importants de la connection neuronale, mettant le doigt sur les mécanismes biologiques de la maladie. Ils ont également testé des médicaments antipsychotiques sur ces cultures et montré que l'un d'entre eux améliorait les connections entre neurones. Grâce à ces travaux publiés mercredi sur le site de la revue Nature, une nouvelle ère s'ouvre dans la recherche en psychiatrie qui devrait déboucher sur une meilleure compréhension de ces maladies, trop longtemps considérées par certains psychanalystes comme la conséquence de mauvaises interactions «parents-enfants», et sur une meilleure évaluation des médicaments.

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Quatre bombes à fragmentations mises dans la loi afin de détruire la psychiatrie

Docteur Guy Baillon
Psychiatre des Hôpitaux
10 Avril 2011
                                                                                             
Quatre bombes à fragmentations mises dans la loi afin de détruire la psychiatrie 

Ce sont les quatre idéologies cachées dans cette loi :1- le refus de prise en considération des besoins sociaux des patients, 2- l’urgence désignée comme seul symptôme, 3- l’obligation de soins comme seule réponse efficace, 4- le médicament comme seul soin fiable.

La loi une fois appliquée (ce qui semble impossible) va montrer peu à peu qu’elle est habitée par quatre idéologies dont l’effet va être progressif comme de vraies bombes à fragmentation détruisant d’abord les institutions puis s’acharnant sur chaque patient. Tableau apocalyptique ! Dites-vous ? Nous allons voir.

En ce beau samedi d’avril il ne fallait pas manquer la provocation des 39 à venir échanger sur la folie et la loi, près de la statue de Pinel devant l’hôpital de La Salpêtrière. C’est là que, non pas lui d’abord, mais un gardien du cul-de-basse-fosse de cet hôpital où les fous étaient enchainés et traités comme des bêtes sauvages, Pussin et sa compagne allaient, en enlevant leurs chaines, créer la première psychiatrie humaine. Ils allaient montrer de 1975 à 1980, Pinel les ayant rejoint, que « la folie totale n’existe pas, et que chez chaque personne troublée persiste une part de raison gardée ». La psychiatrie humaine, hors obligation, était née, et le soin par la parole reconnu comme premier soin, hors toute contention. C’est cette psychiatrie que les élus de la Nation veulent détruire aujourd’hui. Nous sommes donc en pleine absurdité.

Hervé Bokobza brillant animateur des débats des 39 me voyant arriver me demande de dire quelques mots sur l’actualité de la loi. J’avais encore à l’esprit les échanges du matin sur les articles de Médiapart, et les réactions des lecteurs étaient si pertinentes, si percutantes que j’ai eu aussitôt envie de les transmettre là. Il s’agissait de ces quatre « bombes », je les en remercie, car ceux qui entouraient Pinel ont apprécié leur pertinence. Voici ces quatre idéologies, bombes cachées dans la loi, démasquées ce matin.

La première
est le refus de prendre en considération comme question de départ essentielle les besoins sociaux des personnes présentant des troubles psychiques graves. Pourtant ces besoins sont des besoins vitaux, ils sont donc primordiaux. Nous avons la chance en France que d’autres élus sous l’impulsion des familles et des usagers aient eu l’intelligence de promulguer la loi de 2005 sur l’accès aux soins et à l’égalité des chances pour les personnes en situation de handicap. Cette loi a ouvert le chemin pour proposer des compensations aux difficultés sociales en complément des soins, il faut maintenant l’appliquer. Par contre la loi actuelle sur la psychiatrie ne s’en préoccupe pas et croit pouvoir se limiter à un seul aspect celui appelé abusivement urgence.

Rappelons que Franco Basaglia (ce psychiatre italien novateur, si mal connu des français), lorsqu’il recevait un patient ne se mettait pas d’abord à la recherche de ses symptômes, avant il posait les questions suivantes : « Monsieur, avez-vous un logement ? Vos ressources sont-elles suffisantes ? Vos liens sociaux sont-ils solides ? ». Ensuite seulement il s’occupait de sa vie psychique. Il savait que s’il ne s’occupait pas des besoins sociaux d’abord, non seulement il bâtirait les soins sur du sable, mais de tels soins sans appui aggraveraient les troubles !

L’idéologie cachée dans la loi veille à écarter ces besoins sociaux, sachant qu’elle fait coup double dans l’unique intérêt de l’Etat actuel : elle fait de fortes économies en écartant tout recours à la solidarité nationale, et de plus elle fragilise encore les patients ayant des troubles psychiques graves en leur apportant les seules réponses psychiques, car elle en fait une « clientèle captive » des institutions de soin.
La seconde idéologie cachée est celle d’affirmer que « tout en psychiatrie serait urgence». Affirmation fausse qui permet de déplacer et concentrer toutes les réponses de soin en quelques lieux concentrés, et de donner des troubles « une représentation théâtrale dramatique ». Le tigre de papier des urgences met en scène pour les médias la prétendue dangerosité, mais évite de souligner que les troubles aigus qui apparaissent le plus souvent progressivement peuvent tout à fait être reconnus et soignés à temps avant d’exploser.

L’idéologie de la dramatisation de la folie permet au nom d’un danger fantasmatique d’opposer à la folie des armes lourdes aux conséquences inattendues. Non seulement celles-ci sont tout à fait disproportionnées à l’objectif, mais en dramatisant les rencontres elles les déforment, les aggravent, provoquent des interférences qui font perdre les raisons simples et relationnelles des souffrances psychiques et des troubles. La volonté de « tout monter en épingle comme urgence » provoque une escalade. Les acteurs se croient obligés (ils vont l’être dans la loi) de faire d’emblée un diagnostic, au lieu de chercher à établir la confiance, et d’imaginer sans délai un traitement, au lieu de permettre à la personne de commencer à s’intéresser à son psychisme, sous prétexte qu’il faut aller vite. Une telle démarche est fausse : l’outil essentiel des premières rencontres avec une telle personne c’est de prendre le temps suffisant pour que le calme et la confiance s’installent. Ceci est simple et facile à partir du moment où, avant l’arrivée de l’urgence, la disponibilité de l’équipe de secteur présente en ville hors hôpital 24/24h offre un recours à toute inquiétude, hors climat dramatique ; là, l’entourage de la personne participe à la création de ce climat, alors que dans toutes les urgences le premier réflexe est d’écarter familles et amis traités comme gêneurs alors qu’ils sont des appuis indispensables. Aux urgences on sort les armes lourdes diagnostic, traitement immédiats, orientation ailleurs le plus vite possible (alors que l’essentiel est de créer un « lien durable » s’appuyant sur la confiance, seul vecteur du soin psychique), et l’orientation la plus garante de tout risque sera la plus lourde et la plus fréquente : l’hospitalisation ; chaque acteur a « bravement et faussement », logique de la couverture tirée à soi).

L’idéologie de l’urgence, avec sa variante prônée par certains, l’intervention à domicile systématique (alors qu’il faut la débattre chaque fois), massacre la psychiatrie, en obligeant de choisir de préférence, par crainte du risque, les solutions les plus lourdes qui vont en réalité constituer des filières ségrégatives, comme le dénonce Roger Misés pour les enfants et adolescents, filières dont le patient isolé aura de plus en plus de mal à se dégager. Cette idéologie s’appuie sur la peur de la folie et la cultive. L’escalade que provoque l’urgence est la grande mystification imposée à la psychiatrie par cette idéologie.

Nous devons donc lui opposer cette pratique concrète simple, qui a donné ses preuves, et qui n’est pas une idéologie : la pratique de l’écoute de la personne, son accueil et celui de son environnement relationnel qui vont construire un espace où la personne retrouve sa liberté face aux pressions internes et externes qui l’assaillent. Ceci se déroule dans les espaces simples de l’équipe de secteur, sans armes lourdes, en dehors de tout hôpital. Cette disponibilité est l’un des fondamentaux de la politique de secteur.

La troisième idéologie cachée est constituée par les conséquences voulues mais masquées de « l’obligation de soins ». Les promoteurs de la loi n’ont pas expliqué clairement qu’ils nient par ce terme l’existence de la maladie mentale, ils la traitent comme une maladie physique (que chacun voit), ou comme un comportement délinquant (qu’il suffit de remettre en place). Les auteurs de cette loi en effet pensent qu’il suffit de désigner la maladie à la personne rétive pour qu’elle la reconnaisse, et qu’il suffit de la convaincre du bien fondé d’un traitement pour tout résoudre selon leur idéologie.
C’est très grave : cela veut dire qu’ils refusent le constat fait depuis Pinel que toute maladie psychique grave est centrée par un délire qui occupe une part de sa vie psychique, et que, fait central, la personne n’en a pas connaissance. Ce n’est pas un refus, ni un refoulement, c’est le point le plus complexe de la psychiatrie, c’est un déni : elle vit cette réalité délirante, mais ne sait pas que cette réalité est différente du monde que nous partageons avec l’autre partie d’elle même. L’idéologie masquée appelle ce fait de noms divers accumulés par des descriptions superficielles : agitation, excitation, angoisse, dépression grave, démence, violence, agressivité, etc., et à chaque fois elle fait le même constat : la personne pourtant allant très mal aux yeux de tout le monde « ne demande pas de soin, et à toute proposition pour la soigner répond qu’elle n’a pas besoin de soin », elle répond de la même façon malgré ce que l’on croit être une diversité de maladies et de troubles. C’est toujours en fait un seul trouble, le déni qui la fait réagir ainsi. Il y a une vraie unité et une constate dans cette attitude, les familles la connaissent bien. Le point central de la psychiatrie se trouve là. Et nous savons tous, soignants, familles, acteurs civils que la personne alors est insensible à toute explication, à tout raisonnement, et que même si une injection médicamenteuse arrête une agitation anxieuse (agitation interprétée sauvagement comme une violence, voire une agressivité lucide), le déni persiste. Ainsi « l’obligation de soin est un contre-sens clinique central » puisqu’elle heurte de plein fouet, elle refuse, elle écrase cette méconnaissance qui fait partie intégrante de la personnalité de ce malade. Elle va donc provoquer une escalade de défenses que cette idéologie appelle abusivement violences alors que la personne tente de « survivre », alors que la personne a besoin de confiance, de calme, de liberté. Il est tellement plus simple pour les idéologues du tout sécuritaire et du risque zéro de ne s’embarrasser d’aucune hésitation, d’aucune perte de temps, d’aucune dépense et de décider qu’il suffit de constater que les malades mentaux refusent de se soigner, et qu’on va donc les « obliger » à se soigner, c’est à dire à prendre des médicaments, dernière idéologie démasquée dans la loi.

La quatrième idéologie a été dévoilée par la maladresse de deux professeurs de psychiatrie (Le Monde.fr du 8 avril 2011) qui on déclaré naïvement qu’ils la trouvaient très bien cette loi, et qu’il ne fallait pas l’attaquer. En effet si nous nous penchons sur l’activité des professeurs qui se sont organisés pour travailler en dehors du service public de psychiatrie 60 (dont on peut écarter 20 pour les enfants et ado) pour 65 millions d’habitants et 1127 équipes de secteur et 4000 postes de praticien, on observe qu’ils veulent exercer « tranquillement » loin de l’agitation, donc très contents qu’une loi les débarrasse des cas « lourds » qui font du bruit dans leur service.

Mais nous découvrons l’idéologie masquée : « les professeurs sont la cheville ouvrière des médicaments ». Ils sont la plate forme essentielle des « essais cliniques » dont ont besoin les laboratoires pharmaceutiques, d’autre part puisqu’ils ne sont pas sectorisés ils n’enseignent ni psychothérapie institutionnelle, ni psychothérapie, et se limitent aux seuls médicaments. Nous comprenons (autre réalité cachée de la loi) que le seul traitement qui pourra être utilisé dans les trois formes d’obligation de soins sera les médicaments : les seuls traitements que l’on peut désigner par leur assignement à tel ou tel symptôme, avec des doses qui sont précises, ce que vont s’efforcer d’avaliser les professeurs. L’obligation de soin va entrainer les laboratoires pharmaceutiques à régner en maitres absolus sur la psychiatrie, sans concurrence. Pourtant ce monopole va avoir un certain nombre de conséquences cachées : d’une part la plupart ont, à côté d’un effet connu, des « effets secondaires », plusieurs étant nocifs, et dont l’un des aspects les plus inquiétants est de ne se déclarer qu’après plusieurs années de prescription (obésité, diabète, hypertension, puis atteintes du cœur, de la rétine, etc.,), d’autre part ils pervertissent la pratique psychiatrique car ils s’attaquent aux seuls symptômes et considèrent l’humain comme un être végétatif que l’on traite comme tel (l’état végétatif est souvent le résultat obtenu), sans aboutir à aucun changement psychique profond, ne modifiant jamais un délire.

En même temps cette idéologie va aboutir à son autodestruction, car s’il est possible de préciser le nombre de molécules données, il n’existe aujourd’hui aucune certitude sur leur efficacité précise. Si bien que lorsque l’obligation de soins, et donc de prise ou d’injection de médicaments aura été prescrite, il n’existe aucune certitude ni clinique ni biologique de son degré d’efficacité ; de ce fait la logique de précaution devant le risque et le besoin de sécurité ne pourra empêcher l’escalade et les accidents qui ne tarderont pas à se multiplier. Comme cette logique de sécurité sera à la portée de tout un chacun (voisin, généraliste, famille, ou autre) pour signaler une éventuelle survenue ou aggravation de troubles, le recours à l’obligation de soins vérifiée et supplémentaire sous forme de médicament sera « obligée ». L’injection de neuroleptique, grâce, au besoin, à des « officiers de santé » musclés, saura mettre fin à toute résistance !

Les fameuses injections « retard » donneront tout confort aux … prescripteurs

Devant autant d’immédiateté, de célérité de réponse à tout symptôme tous les autres traitements seront invalidés : la psychothérapie trop lente et trop propre à chaque soignant.
Mais étonnant retournement des choses, devant les excès des médicaments, devant leur inefficacité sur la maladie mentale au long cours, devant leurs complications croissantes, les médicaments seront bientôt reconnus dans la population comme étant, à l’instar de ce qui se passe avec la psychiatrie dans tout pays totalitaire, une arme purement politique de mise à l’écart des opposants trop bruyants au régime. Et ceci sera dramatique aussi, la population n’aura plus confiance en eux, alors qu’ils sont indispensables : en effet les médicaments encadrés par un soin psychothérapique, prescrits avec un vrai sens clinique, associés à des soins institutionnels et physiologiques, sont dans un très grand nombre de cas un appoint essentiel permettant l’accès à la parole, aux échanges, sauvant régulièrement des vies.

Ce n’est pourtant pas sur ces bases que beaucoup de laboratoires pharmaceutiques ont lancé leurs recherches, ce n’est pas dans le but de jouer les entremetteurs avec des entreprises industrielles pharmaceutiques que les professeurs de psychiatrie ont choisi leur carrière, cependant nous connaissons le poids des « mises en place » et des « logiques majoritaires ou exclusives », elles « aliènent les hommes les plus normaux » qui ne peuvent plus se libérer de ces emprises tentaculaires. Nous connaissons de plus en plus l’infiltration par les logiques envahissantes comme celles de la sécurité, du risque zéro, de précaution, comme nous l’a montré le

Contrôleur des espaces de restriction de liberté, JM Delarue.
Et pourtant dans le champ de la psychiatrie nous avons au moins quatre outils de base que chacun peut examiner, discuter, aménager, et qui ne sont donc pas des idéologies dogmatiques

1-l’essentiel qu’est « pour chacun de ceux qui rencontrent ces personnes la recherche en premier d’une attitude humaine », même dans les moments les plus difficiles

2-l’intérêt porté aux difficultés sociales et les réponses à chercher

3-la mise en place d’une disponibilité 24/24 h de soignants dans toute équipe de secteur, donc en proximité, elle permet avant tout soin, d’instaurer confiance et dialogue sans préalable

4-le soin de base qu’est « la psychothérapie », tout patient est en danger si elle n’est pas en première ligne du début à la fin des soins.

Dans l’immédiat nous avons deux objectifs à réaliser :
--en attendant l’abrogation de cette loi en 2012 nous avons toute une année pour expliquer aux élus sereinement, et sans passion la réalité de la folie et de la psychiatrie (nous avons constaté au fil de cette semaine au Café Picouly comme ce samedi à l’ombre de la statue de Pinel avec les 39, que les élus à droite comme à gauche restent sur des idées sur lesquelles ils se sont bloqués idéologiquement, sans admettre un instant de les discuter, le rapporteur de la loi ne parlant que de danger, un éminent représentant de la gauche défendant devant les 39 un grand laboratoire ne connaissant que médicaments et gênes, fondamental - ment. Les élus non seulement sont ignorants, mais sont pré-armés contre tout débat, comme l’opinion ?
--un grand travail pédagogique à l’échelle de la France (c’est possible si nous le commençons simultanément à l’échelle humaine de chaque secteur) sur la réalité des connaissances de la psychiatrie et de l’action sociale, et surtout sur la vraie réalité de la folie et sa reconnaissance comme une richesse de l’homme, nous amenant à parler de solidarités.

Ce fut un très rare samedi de printemps à Paris à l’ombre de Pussin (dont la statue manque encore) et des 39 qui nous ont permis d’aborder des questions aussi graves tout en étant dans la fête tout au long de la journée. Nous avons été émus de voir des usagers, des familles, des amis non vus depuis 10 ou 30 ans nous saluer, nous remercier, et tous se mettre à espérer.

mercredi 13 avril 2011

Cartographie de l'offre de soins en santé mentale. 600 établissements assurent une prise en charge en psychiatrie en 2008

13.04.11 

Dans un document de travail qui vient d'être mis en ligne, la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (DREES) propose plusieurs états des lieux de l'offre de soins en santé mentale en 2008. Le constat est d'abord national puis régional avec pour cela différentes fiches d'analyse de la situation (une par région). L'étude repose sur des données issues du Recueil d’information médicalisée en psychiatrie (RIM-P), de la Statistique annuelle des établissements de santé (SAE) et des Rapports d’activité de psychiatrie (RAPSY), avec des précisions en préambule concernant les différents recueils.

Après un éclairage national, la DREES livre pour chaque région des données statistiques sous forme de cartes et de tableaux, apportant un éclairage sur la situation de la psychiatrie en 2008. Tout d'abord est détaillée la répartition des lieux de soins et densités d'équipements en psychiatrie générale. Suivent les mêmes informations mais pour la psychiatrie infanto-juvénile. Cette dernière activité se caractérise par une part importante des prises en charge à temps partiel, indiquent la DREES. "Les places en hôpital de jour et de nuit représentent ainsi 73% des capacités d'accueil (en lits et places) en psychiatrie infanto-juvénile contre 23% en psychiatrie générale", lit-on dans ce rapport.

Au total, 600 établissements de santé assurent une prise en charge en psychiatrie et la moitié d'entre eux sont des établissements publics, représentant les deux tiers de l'ensemble des lits et places de prise en charge à temps complet. Autre caractéristique, les patients de psychiatrie en établissements de santé sont essentiellement pris en charge en ambulatoire. 3 790 centres médico-psychologiques (CMP) et unités de consultation du secteur sont également recensés.
L.W.
La folie mise en chaîne et en scène
Par ERIC FAVEREAU

C’était en 1793 : Jean-Baptiste Pussin, un ancien patient nommé surveillant et sa femme, Marguerite, amènent Philippe Pinel, médecin chef de Bicêtre, à retirer les entraves et les chaînes aux aliénés. Geste hautement symbolique, entré depuis dans l’histoire de la psychiatrie. En 2011, «l’Assemblée nationale vote une surveillance et un contrôle à domicile des personnes malades sous camisole chimique», a expliqué le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, lors d’une manifestation qui s’est tenue samedi devant la statue de Pinel, aux portes de l’hôpital la Pitié à Paris. «Deux siècles après, les chaînes sont de retour», ont scandé les manifestants.

«Des
chaînes, pour quoi faire ?» a-t-on envie de demander quand on lit la très jolie pièce de théâtre que vient d’écrire et de jouer Jean-Christophe Dollé. Abilifaïe Leponaix (1) est un texte où quatre schizophrènes se côtoient, se parlent, s’évitent, puis se retrouvent. On est loin de la rigolade autour du fou, ou de la peur devant le délire. Les mots sont là, justes. Et on les écoute. «On dit : être fou, c’est mal. Enfin, on ne le dit pas, mais on le pense. Le dire, c’est mal, le penser c’est bien. Etre fou, c’est mal. Ah bon ? J’ai fait quelque chose de mal, moi ? Etre fou, non, c’est comme être un chien, ou être une pierre, ou être un sèche-linge», dit ainsi Antoine.

Puis Ketty : «Les crises, les hallucinations, les voix qu’on entend, tout ça, c’est simplement pour se rassurer. Une manière de lutter contre les résistances du monde. Des armes qu’on fabrique pour résister. Mais pourquoi les gens s’acharnent à nous démontrer qu’on a tort ? On ne devrait pas avoir à lutter. Si les gens acceptaient, on n’aurait pas besoin de lutter. Parce que cette lutte, c’est une souffrance pour nous.»

Ouencore Soizic : «Moi, je veux bien qu’on me dise que je suis folle. Ça ne me dérange pas. Je suis folle, je le sais. Mais, parfois, j’aimerais bien que quelqu’un me dise ce que c’est exactement, être fou. Ça m’aiderait de l’entendre.» Et ainsi se poursuit ce dialogue, sans queue ni tête, tout simplement humain. Ces échanges ne tombent pas du ciel. Ils ont été construits à partir de témoignages recueillis par une psychologue, puis Jean-Christophe Dollé les a mis en scène.

(1) Ed. l’Ecarlate, 92 pages, 11 euros. Abilifaïe et Leponaix sont deux médicaments prescrits aux schizophrènes.

Le Télégramme.com

Radio. La thérapie par les ondes
12 avril 2011

À l'image de la Califata argentine chantée par Manu Chao, «Micro Stand-Art» diffuse, chaque trimestre à Morlaix, la voix de ceux qui l'ont un peu perdue. Depuis un an, la radio est devenue un allié thérapeutique de l'hôpital psychiatrique. La parole y supporte le mental.

L
a semaine de la santé mentale, qui s'est déroulée en mars, eux, ils s'en fichent. Dans leur prochaine émission, Danièle, Bertrand, Catherine ou Karine parleront de voile, de course à pied, du poète turc NazimHikmet ou de Jean Ferrat. Pas de cette maladie qui fait pourtant leur quotidien. Comme tous les lundis après-midi, le groupe inscrit à l'atelier radio de l'association morlaisienne Stand- Artsplanche à son rythme et selon ses envies, sur les 50 minutes d'interviews, reportages, bons mots, commentaires... qui accompagneront l'auditeur de Radio Nord Bretagne (RNB, basée à Plouigneau, près de Morlaix) le samedi 7mai.

Éviter «ce fâcheux repli sur soi»

Les uns viennent libérer ici leur parole depuis la création de l'atelier, en novembre2009, les autres n'en sont qu'à leur troisième ou quatrième séance. Devant le micro posé sur une simple table en formica, les joues s'empourprent. On rit, on se met à chanter du Boris Vian. L'une des trois infirmières encadrantes, Nadine Gourlaouen, bidouille l'ordinateur. Le formateur professionnel désigné pour un an (Pierre-Yves Bulteau, un ancien de Radio France) aide Danièle sur internet. Difficile, du premier coup d'oeil, de distinguer les soignants des soignés. «Avec la radio, je m'exprime, je reprends confiance en moi. J'évite ce fâcheux repli sur soi qui fait partie de la maladie, expose sans complexe Karine, 46ans. Je crois qu'aucun d'entre nous, ici, n'est un cas lourd ou désespéré. Nous sommes pour beaucoup, des accidentés de la vie, ultra-réceptifs dans un monde devenu ultra-agressif!».

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Appel à manifester le 12 mai. Des acteurs de la naissance demandent la réorganisation de la périnatalité

11.04.11 

Une douzaine d'organisations* syndicales, professionnelles et associatives appellent à une manifestation nationale le 12 mai prochain pour la réorganisation de la périnatalité en France. Elles défendent dans leur communiqué d'appel à la grève la création de maisons de naissance mais aussi l'accès à une offre de suivi physiologique dans les maternités de proximité et le développement des espaces "nature" dans celles de niveaux 3.

Le mot d'ordre pour cette journée de contestation est "une femme / une sage-femme".

Pour diversifier l'offre de soins, les signataires de cet appel revendiquent : l'autonomie de la formation initiale des sages-femmes dans l'université, l'évolution du statut de ces professionnels dans le secteur public, la revalorisation des salaires tous secteurs confondus et enfin la revalorisation des cotations des actes "sage-femme".
L.W.

* Sont signataires de l'appel à manifester : l'Organisation nationale des syndicats de sages-femmes (ONSSF), l’Union nationale et syndicale des sages-femmes (UNSSF), le syndicat CGT, le syndicat SUD santé, le Collège national des sages-femmes (CNSF), l’Association nationale des sages-femmes libérales (ANSFL), l’Association nationale des sages-femmes territoriales (ANSFT), l’Association des sages-femmes françaises (ASFEF), Sages-femmes formation (SFF), le Collectif des associations et syndicats de sages-femmes (CASSF) avec le soutien du Collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE) et de l’Association nationale des étudiants sages-femmes (ANESF).

La prise en charge des soins médicaux, un acquis menacé

Rien de plus naturel, aujourd'hui en France, que d'aller chez le médecin puis d'acheter les médicaments prescrits chez le pharmacien et de voir ces frais de soins pour l'essentiel remboursés, voire acquis quasiment sans débours.

Cette prise en charge est pourtant loin d'être une évidence. Dans son "Rapport mondial sur la sécurité sociale 2010-2011", le Bureau international du travail (BIT) note que "près d'un tiers des individus (dans le monde) n'a accès à strictement aucun service ou établissement de santé. Pour une proportion plus élevée encore, des dépenses de santé inévitables sont parfois synonymes de catastrophe financière pour le foyer".

De plus, les règles de droit, complexes et nombreuses, qui sous-tendent ces mécanismes, sont loin d'être immuables : des impératifs économiques, des choix politiques traduits dans le budget des Etats ou les budgets sociaux, ont conduit à une évolution des principes gouvernant la prise en charge des soins. Les préceptes originels de l'assurance sociale ont été peu à peu amendés, modifiés, voire abandonnés.

Le premier principe, celui des cotisations proportionnelles au salaire, a vite connu des dérogations, par exemple par la création d'une cotisation forfaitaire annuelle des étudiants.

Mais l'instauration d'une affiliation gratuite au régime général - la couverture maladie universelle (CMU) - marque une mutation profonde. Même si la CMU est à bien des égards heureuse, elle conduit à la prise en charge de frais de soins sur critère de ressources.

La gestion par les représentants des employeurs et des assurés, autre caractéristique de l'assurance sociale, n'a pas été pleinement mise en oeuvre : l'Etat n'a ainsi jamais accordé aux partenaires sociaux le pouvoir de fixer les cotisations en fonction des dépenses.

Ce principe de "démocratie sociale" a été abandonné en deux temps, en 1996 et en 2004, au profit d'une gestion étatique de l'offre de soins au niveau régional.

DÉSENGAGEMENTS

Seul subsiste de l'assurance-maladie initiale "l'élément de solidarité", c'est-à-dire la déconnexion des prestations du montant des cotisations, qui permet la redistribution entre assurés.

Depuis l'origine, le régime de base ne prend pas en charge tous les frais de soins, tant par économie que par souci de modérer la consommation médicale. S'est alors développé un marché de la prise en charge complémentaire des frais de soins sur lequel opèrent des mutuelles, des assureurs et des institutions paritaires de prévoyance.

La couverture des salariés est devenue un objet de négociation collective pour les partenaires sociaux de l'entreprise ou de la branche. Mais les "complémentaires" ont changé de fonction : du fait de désengagements successifs du régime de base, elles assurent une plus grande part des remboursements de frais médicaux.

L'assurance-maladie du régime général de Sécurité sociale pourrait ainsi à terme être remplacée par une obligation de conclure un contrat individuel ou familial d'assurance-santé, comportant des garanties minimales impératives à un tarif fixé par la loi.

Moyennant un supplément, cofinancé ou non par l'employeur, des garanties supplémentaires au contrat de base pourraient être acquises. La CMU prendrait en charge les plus démunis ou ceux considérés comme "inassurables".

Les agences régionales pour la santé verraient leurs fonctions limitées au contrôle de qualité ou à l'accessibilité de l'offre de soins.

Scénario impossible ? A voir.

C'est déjà le modèle néerlandais, l'israélien, le suisse ou l'américain. C'est aussi ce qui est envisagé par certains pour la future prise en charge de la dépendance des personnes âgées, qui devient ainsi un véritable ballon d'essai pour la protection santé du futur.
La "une" du "Monde Economie", daté 12 avril.
La "une" du "Monde Economie", daté 12 avril.DR

Francis Kessler
, maître de conférences à l'université Paris-I

magicmaman.com

Les jumeaux homozygotes pas vraiment identiques ?

D’après une étude réalisée par un généticien et un psychologue de l’université du Western Ontario au Canada, les vrais jumeaux ne seraient pas semblables face à certaines maladies génétiques telles que la schizophrénie.
04/04/2011

LES JUMEAUX

Et si les « vrais » jumeaux n’étaient pas génétiquement identiques ? Des chercheurs de l’université du Western Ontario au Canada se sont penchés sur cette idée et tout particulièrement face à des maladies génétiques telles que la schizophrénie.


Pour cela, ils ont étudié une population de jumeaux possédant des gènes de prédisposition à la maladie et ont constaté que seulement la moitié d’entre eux la développait. Leurs conclusions ? « Cela signifie que contrairement à ce que l'on pensait, les jumeaux ne sont pas génétiquement identiques ou que les causes de la maladie sont dues à des facteurs extérieurs inconnus » explique Shiva Singh, un des auteurs de l’étude.


Des résultats étonnants sachant que les jumeaux étaient dits homozygotes
donc « vrais jumeaux ». Censés avoir un génome identique, ils pourraient être quelques peu génétiquement différents. Richard O’Reilly, co-auteur de l’enquête explique: « Le génome n'est pas statique et les cellules peuvent se développer et se différencier de manière individuelle en perdant ou en gagnant certaines caractéristiques au cours du temps ». Ainsi, près de 12% de l’ADN des jumeaux homozygotes s’exprimeraient de manière différente !

Source : www.lesechos.fr