Il y a quelque temps, ma fille aînée, âgée de 9 ans, est rentrée de l’école en se plaignant qu’il y avait des « histoires ». Très affectée, elle m’a fait le récit de ces histoires qui se déroulent au sein d’un groupe d’amies, et dont on connaît bien la chanson : les « t’es plus ma copine » et autres « j’te parle plus », les renversements d’alliances et les exclusions.
Première observation : les temps ont changé. Sa première phrase, lorsqu’elle m’a parlé de ces disputes, a été : « Je ne sais pas si c’est de l’harcèlement » (ce n’était pas le moment de faire une leçon sur le « h » aspiré). Ce n’est pas du harcèlement, ai-je répondu, mais le fait même que ce mot lui vienne spontanément en CE2 m’a fait penser à tout ce qui est expliqué aujourd’hui aux enfants au sein de l’institution scolaire et qui ne l’était pas avant.
Deuxième observation : les temps n’ont pas changé. Ces disputes emploient les mêmes expressions qu’il y a trente-cinq ans et, sans doute, qu’il y a soixante ans. A tel point que ce récit était douloureux à entendre pour moi, tant il me rappelait de mauvais souvenirs. On le sait, être parent, c’est aussi revivre son enfance. Ce qu’on anticipe moins, c’est à quel point certaines émotions restent imprimées au fer rouge dans notre chair et ressurgissent, intactes, comme un diablotin qui sort de sa boîte, lorsque nos enfants les vivent à leur tour.
Quand j’en ai discuté avec mon compagnon, il n’a pas réagi comme moi. Et pour cause : il n’a pas souvenir d’histoires du même type à l’école et au collège. Alors, dans une démarche que l’on peut qualifier de très légère, j’ai entrepris de généraliser ce cas particulier. N’y a-t-il que les filles qui ont des histoires à l’école ? Pourquoi n’ai-je ni souvenirs ni récits de conflits similaires parmi les garçons ?
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