Grégoire René. 9 août 2022
Les 2 et 3 août derniers, un homme souffrant de troubles de santé mentale abat trois individus dans les rues de Montréal. Quelques heures plus tard, le premier ministre François Legault, offrant au passage ses condoléances aux familles des victimes, se dit néanmoins « content qu’on se soit débarrassé de cet individu-là » et se questionne sur la pertinence de « l’avoir relâché ». Il se demande alors si un resserrement des mesures sur la détention des individus souffrant de troubles de santé mentale est nécessaire.
Dans le cadre de mes recherches en bioéthique, je m’intéresse notamment à l’influence des politiques sociales néolibérales sur la psychiatrie et sur la perception de la santé mentale au sens plus large. À ce titre, il m’apparaît intéressant d’analyser les déclarations du premier ministre comme témoignant d’une certaine perception de la maladie mentale qui semble prendre davantage d’espace dans le débat public des dernières années.
Pour mieux saisir cette idée, il faut remonter à un moment charnière de l’histoire de la psychiatrie. Alors que depuis la naissance de la discipline, la maladie mentale fut largement traitée par la coercition (à la fois des soins, mais également des individus dans des établissements de détention), les années 1960 sont marquées par un vaste mouvement de désinstitutionnalisation. On vise, dès lors, à réintégrer dans la collectivité les individus souffrant de troubles de santé mentale, en limitant fortement l’usage de détentions et de traitements involontaires.
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