Dans la lutte contre le terrorisme, la prudence et la discrétion devraient s’imposer. Le 18 août, Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, a cependant rendu publique son intention de «mobiliser l’ensemble des hôpitaux psychiatriques [et] des psychiatres libéraux, de manière à essayer de parer [la] menace terroriste individuelle». Que les psychiatres réagissent comme ils le font aujourd’hui n’a rien de surprenant. Les positions qu’ils expriment contestent sur le fond comme sur la forme cette proposition. La médicalisation et la psychiatrisation de phénomènes dont on sait la complexité pourraient donner à penser que nous aurions ainsi prise sur une part d’ombre des causalités d’actes pourtant considérés comme «barbares». Une détection médicale précoce des risques renforcerait l’efficacité des services de renseignement. Comme si le terrorisme était assimilable à une pathologie, et que son éradication relevait d’une prévention médicale.
L’approche du ministre paraîtrait en fait recevable s’il s’agissait de solliciter l’expertise psychiatrique afin de mobiliser les compétences qui lui sont reconnues pour mieux identifier et comprendre les différents facteurs incitatifs. Les services de l’Etat n’ont certainement pas attendu l’annonce ministérielle pour bénéficier du concours d’analystes psychiatres ou psychologues.
Il n’est pas juste d’affirmer que le profil des auteurs d’actes terroristes a pour principale caractéristique leur fragilité psychique. Les études scientifiques en attestent. Les observateurs avertis constatent que le mode opératoire des terroristes tient à la rigueur et à la cohérence de l’exécution de leur projet.
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