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mardi 6 juin 2017

L’évaluation du risque suicidaire, un problème éthique ?

23/05/2017


La majorité des membres des comités d’éthique pour la recherche considère qu’il peut être dangereux d’évaluer les risques suicidaires (1). Cette réticence concernant l’évaluation des risques suicidaires n’existe pas seulement en recherche, mais aussi en clinique. Pour estimer l’impact émotionnel d’une telle évaluation, l’équipe de Harris (2) a entrepris une étude randomisée à double insu auprès 259 habitants de Singapour, maîtrisant l’anglais, dont la majorité était des étudiants universitaires (77 %), de sexe féminin (58 %), d’origine chinoise (66 %).

Les participants des deux groupes ont d’abord répondu à des questions sur l’affect (3), la dépression et le soutien social. Par la suite, le groupe expérimental (n = 122) a été soumis aux questionnaires pour l’évaluation du risque de suicide, le Suicidal Affect- Behavior-Cognition Scale (4) et le Reasons for Living versus Reasons for Dying (RFL/RFD), alors que le groupe contrôle a répondu à des questions sur la qualité de vie (5). Le questionnaire sur l’affect a, à nouveau, été proposé, suivi d’une entrevue de débriefing afin d’obtenir des données qualitatives.

Pas d’effet sur l’affect

Aucun effet de l’évaluation du risque de suicide sur l’affect n’a pu être démontré, et ceci, quelle que soit l’importance des risques de suicide, tant dans les données quantitatives que qualitatives. Les différences de scores d’affect montrent que les réactions aux questionnaires ont été positives chez 20 % des participants, négatives chez 24 % et neutres pour les autres. Les analyses de régression linéaire révèlent que ce sont les symptômes dépressifs et la perception du soutien familial qui prédisent les changements de l’affect et non pas les risques suicidaires. Il est à noter que les participants dépressifs des deux groupes ont une diminution statistiquement significative des affects positifs.
En somme, cette étude est rassurante puisqu’elle démontre que l’évaluation des risques suicidaires n’a pas d’effets iatrogéniques, du moins à court terme.
Cécile Michaud, inf., PhD
RÉFÉRENCES
(1)Lakeman R, FitzGerald M : The ethics of suicide research: The views of ethics committee members. Crisis. 2009; 30:13–9. http://doi.org/10.1027/0227-5910.30.1.13
(2)Harris KM, Goh MTT : Is suicide assessment harmful to participants? Findings from a randomized controlled trial. Int J Ment Health Nurs., 2016;181–90. http://doi.org/10.1111/inm.12223
(3)https://booksite.elsevier.com/9780123745170/Chapter%203/Chapter_3_Worksheet_3.1.pdf
(4)http://dustinkmacdonald.com/the-suicidal-affect-behavior-cognition-scale-sabcs/
(5) http://apps.who.int/iris/bitstream/10665/77775/1/WHO_MSD_MER_Rev.2012.02_eng.pdf?ua=1

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