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jeudi 9 février 2017

Un plaidoyer est adressé aux candidats pour répondre aux "défis prioritaires" de la santé mentale


L'Uniopss, en partenariat avec l'Association des établissements participant au service public de santé mentale (Adesm) et Santé mentale France, formulent des propositions concrètes, sous forme de plaidoyer adressé aux candidats à la présidentielle. Le but est de "répondre aux défis prioritaires" en santé psychique des Français.

Afin de répondre à une dizaine de "défis prioritaires" en santé mentale, identifiés à l'issue d'un colloque organisé à Blois (Loir-et-Cher) fin 2016, l'Uniopss, en lien avec ses partenaires, l'Association des établissements participant au service public de santé mentale (Adesm) et Santé mentale France, a diffusé le 2 février des "propositions opérationnelles" à destination des candidats à l'élection présidentielle 2017. Ce corpus de propositions, édité sous le nom de "Consensus de Blois", reconnaît en préambule que la loi de modernisation de notre système de santé "constitue une avancée pour la santé mentale" mais qu'un "long chemin reste encore à parcourir". Parmi les onze priorités identifiées, "l’un des défis majeurs est la participation active des personnes en difficulté psychique sur tous les aspects que suppose le plein exercice de leurs droits de citoyens", expliquent les auteurs de la plateforme. En effet, ces personnes rencontrent "encore aujourd’hui de nombreux obstacles pour faire entendre leur voix dans la cité et c’est pourquoi le consensus demande notamment à ce que soit accordé aux représentants d’usagers un statut légal ou réglementaire qui prenne en compte leur mission de représentation". L’une des autres thématiques "fortes de ce consensus est, à l’instar des autres politiques de santé, la volonté de trouver des réponses aux inégalités territoriales persistantes" en matière d’offre de soins et d’accompagnement.

Une synthèse de huit propositions d'évolution 


Les huit propositions retenues par les auteurs du "Consensus de Blois", déclinées en sous-propositions concrètes, sont les suivantes :

  • (re)mettre les personnes au cœur de leur parcours de santé en leur donnant les moyens de participer aux dispositifs qui les concernent et en faisant de leurs droits de citoyens une priorité ;
  • adapter les dispositifs de soins et d’accompagnement aux populations présentant des vulnérabilités particulières ;
  • améliorer la continuité des parcours de soins, développer les dispositifs pratiquant "l’aller-vers" (par exemple des équipes mobiles) et s’inscrivant dans le territoire de proximité des personnes ;
  • renforcer le décloisonnement des acteurs du champ de la santé mentale (secteurs sanitaire, social et médico-social), notamment à travers des formations transversales communes ;
  • diminuer les inégalités d’accès aux soins et à l’accompagnement en santé mentale et encourager la composition d’un "panier de services"sur les territoires (1) ;
  • faire de la prévention et de la promotion de la santé mentale une priorité ;
  • sensibiliser le grand public à la santé mentale afin de lutter contre la discrimination et la stigmatisation des personnes souffrant de troubles psychiques.

Des formations professionnelles croisées et/ou communes


Concernant le décloisonnement, la plateforme explique que le développement du dialogue entre les différents secteurs peut reposer sur plusieurs leviers, comme par exemple la mise en place de formations croisées et/ou communes des acteurs des territoires de santé mentale et sur les vulnérabilités spécifiques comme les conduites addictives. Les médecins généralistes devraient "se voir offrir la possibilité d’être formés à la santé mentale par le biais de stages en service de psychiatrique et en établissement et service social et médico-social, en formation initiale et continue". Il conviendrait également, estiment les associations, de renforcer les formations des professionnels sur la prévention ainsi que sur la participation des personnes. Elles recommandent également d'ajouter à la formation des internes en médecine et en psychiatrie un semestre obligatoire dans le secteur médico-social. Le rapprochement de la médecine de ville, de la psychiatrie de secteur ainsi que des établissements et services sociaux et médico-sociaux pourrait passer par les communautés professionnelles territoriales de santé créées par la loi de Santé, estiment-elles. Les associations prônent aussi un "décloisonnement des différents services" du ministère de la Santé, ainsi qu'une unification des autorités par secteur ou type d’activité, telle que préconisée par le rapport Vachey-Jeannet (2) de 2012. Au volet des parcours de soins, la plateforme préconise notamment de généraliser la nomination d’un coordinateur de parcours, surtout lorsque la personne suivie a un parcours complexe, ou encore de fixer des délais d’accueil et de réponse aux situations d’urgence et de crise comme pour le premier entretien en psychiatrie.


Le Collectif schizophrénies interpelle aussi les candidats

À quelques mois de l'élection présidentielle, le Collectif schizophrénies, qui fédère six associations (3) dédiées à cette pathologie, s’étonne que le sujet de la santé mentale demeure absente des programmes électoraux des candidats déclarés. Ceci "alors que plus de 2 millions de personnes vivent avec des troubles psychiques sévères, soit au moins 10 millions [...] en comptant l’entourage", rappelle-t-il le 2 février dans un communiqué. Et de s'étonner de ce silence en France, alors que le Premier ministre britannique, Theresa May, "a annoncé des plans [...] pour lutter contre la stigmatisation associée à la maladie mentale et demandé le retour d'expérience des personnes concernées". Le collectif enjoint en conséquent les candidats à faire rapidement connaître leurs positions en la matière.
Caroline Cordier
(1) Sur le modèle des propositions formulées dans le rapport Laforcade (lire ci-contre).
(2) Le rapport de Laurent Vachey (inspecteur général des finances) et Agnès Jeannet (inspectrice générale des affaires sociales) sur "Les Établissements et services pour personnes handicapées : offre et besoins, modalités de financement" a été publié en octobre 2012.
(3) Les associations membres du collectif sont : Schizo Oui, Schizo Espoir, Promesses, Schiz'osent être, Schizo Jeunes et Solidarité Réhabilitation.

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