Le CHU Amiens-Picardie envisage une autre organisation du temps de travail avec le dispositif dit des cycles et roulements. Avant toute généralisation, il sera ajusté autant que possible en fonction des remontées du terrain. Ce dispositif ne satisfait pas les syndicats qui dénoncent une mauvaise réponse à la lutte contre l'absentéisme.
Le CHU Amiens-Picardie prévoit de mettre en place une organisation du travail reposant sur les cycles et roulements dans l'ensemble de ses services, comme le prévoit le décret de janvier 2002. Ces plannings prévisionnels, établis sur quatre à douze semaines et définis service par service, permettent "une meilleure anticipation", indique à HospimediaValérie Bénéat, directrice des ressources humaines (DRH) du CHU. En passant d'un planning établi sur une période courte (un mois) à un planning sur une période plus longue (douze semaines) et qui se répète à l'identique d'un cycle à l'autre, les services mais aussi les personnels disposent d'une meilleure visibilité des temps de travail et des temps de congés/repos, ajoute-t-elle. De plus, estime Valérie Bénéat, rester sur un mode de fonctionnement en plannings courts amène "des problématiques de tout ordre", notamment au regard de la réglementation sur le temps de travail. Avec cette organisation, le CHU vise le respect de l'équité entre les personnels, l'adaptation des ressources aux besoins des patients et l'équilibre des temps de repos et de travail, explique-t-elle. Par ailleurs, elle est convaincue que la mise en place de cycles de travail a un impact non pas sur les ressources en tant que telles mais sur les taux d'absentéisme. "Dès lors que l'on est dans une meilleure anticipation et un meilleur suivi de la réglementation, cela permet une meilleure gestion de l'absentéisme", souligne-t-elle. L'organisation se fait en fonction du service, du nombre d'agents et par grade. L'organisation est donc personnalisée, propre à chaque service, rappelle Valérie Bénéat.
Ajustements avant généralisation
Actuellement, quatre ou cinq services fonctionnent déjà sur ce modèle au CHU d'Amiens mais d'autres l'expérimentent depuis le 1er octobre. En effet, l'établissement picard a prévu de le tester dans quatre services pilotes sur dix à douze semaines avant de le généraliser avec une échéance de deux ans. Comme il s'agit d'une "technique complexe" à mettre en place, indique la DRH, le CHU souhaite prendre le temps de l'évaluation. Fin décembre-début janvier, un point sera donc fait avec les services pilotes pour identifier ce qui fonctionne ou pas. Des ajustements et corrections seront effectués en concertation avec l'encadrement et les équipes. "Le dispositif ne sera mis en production que lorsqu'il fonctionnera pleinement et fera consensus", assure Valérie Bénéat. Pour l'heure, les syndicats CGT, CFDT, FO et Unsa, réunis en intersyndicale, s'opposent à cette organisation. "Ce qui nous a surpris", explique la DRH, parce que généralement ce sont les organisations syndicales qui réclament la mise en place des cycles et roulements. Ils craignent notamment, explique-t-elle, "un cadrage imposé qui ne repose plus sur les demandes des agents pour poser leurs congés et RTT. L'idée est de prévoir et d'anticiper tout en respectant autant que possible les volontés de chacun. La gestion du temps est fondamentale car elle permet l'amélioration de la qualité de vie au travail et personnelle et d'assurer aussi une répartition équitable du temps de travail entre les agents." L'évaluation qui sera faite durant la période des vacances de Noël devrait permettre, en concertation avec les organisations syndicales, de réajuster les points de blocage, ajoute-t-elle.
Un nouvel outil insatisfaisant pour répondre à l'absentéisme
Côté intersyndicale, ce n'est pas de savoir quel outil mettre en place pour la gestion des plannings qui pose problème mais plutôt les moyens accordés aux services pour pouvoir tourner 24 heures sur 24 et 365 jours par an tout en respectant l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Avec en toile de fond, le sujet épineux de l'absentéisme qui est de 10% en moyenne actuellement. La porte-parole de l'intersyndicale rappelle que la situation de sous-effectif latent service par service au sein du CHU n'est pas chiffrée. "Un nouvel outil de travail d'accord mais, quel que soit cet outil, il ne fonctionnera pas si on reste en sous-effectif et veut préserver le droit à congés de chaque agent", estime-t-elle. L'intersyndicale demande donc qu'une concertation sur les besoins en effectifs soit ouverte. Par exemple, elle souhaite une embauche pérenne des contractuels dont le nombre est en croissance. Une lettre ouverte a été adressée en ce sens le 7 octobre à la directrice générale du CHU, Danielle Portal, restée pour l'heure sans réponse. Les syndicats y indiquent refuser d'être associés "à ce travail d'expérimentation sans qu'à aucun moment vous n'ayez ouvert au préalable [...] de réelles négociations pour mettre en évidence les moyens humains nécessaires pour mettre en place cet outil". La porte-parole insiste, "ce projet renverse la vapeur", les congés ne pouvant pas toujours être respectés faute d'effectifs suffisants pour assurer la prise en charge des patients. Et de souligner que les rappels durant les congés des agents sont presque toujours systématiques.
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