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jeudi 7 mai 2015

Pédopsychiatrie le présent rattrapé par son passé

Docteur Benouniche  Abdelhak
  Psychiatre le 05.05.15


Régulièrement et de façon récurrente, les dysfonctionnements liés à la pratique psychiatrique dans notre pays manifestent leurs effets freinateurs du développement  d’une discipline longtemps ostracisée par les pouvoirs publics.
Le dernier exemple en date concerne une tentative d’OPA sur un service de pédopsychiatrie,  sous la forme de l’affectation dans ce service  d’un chef de service pour adultes, alors que des postes en rapport avec sa formation initiale sont toujours vacants. Pour comprendre la logique de cette situation absurde et son inconséquence, il importe de  prendre la mesure d’un rapport de force où la domination de la psychiatrie d’adultes est sans partage, la pédopsychiatrie étant sous tutelle, susceptible tout au plus de bénéficier d’un strapontin à l’ombre de «la grande sœur», mais certainement pas d’une reconnaissance de son autonomie.
Il faut saluer le courage et la ténacité des équipes de pédopsychiatrie qui militent inlassablement pour la reconnaissance de leur discipline comme spécialité à part entière, ce à quoi participe la mise en place récente d’un cursus de résidanat de pédopsychiatrie. Plus de 20 ans après l’assassinat de Boucebci, la pédopsychiatrie semble enfin faire l’objet d’un début de reconnaissance.
La prise de conscience salutaire des pédopsychiatres pour une spécialité indépendante de toute tutelle n’est pas nouvelle, elle est le résultat de la longue lutte pour la reconnaissance de la souffrance mentale chez l’enfant et l’adolescent que Boucebci avait initiée et que des équipes soignantes ont prolongée par des pratiques humanistes auprès d’enfants et de leurs familles en proie à une grande détresse. L’histoire dira un jour la solitude de ces soignants face à des pouvoirs pleins de morgue et de suffisance, détruisant à coups de «règlements» ce que ces soignants  avaient péniblement construit.
Faut-il rappeler ici la fermeture des rares structures pédopsychiatriques de l’époque : clinique des Oliviers, centre de  bab El Oued, clinique de deux-moulins et l’acharnement de l’administration contre les équipes soignantes concernées. Le coup de force contre lequel s’insurgent les pédopsychiatres n’est donc pas le premier, il s’inscrit dans la lignée des violences assénées à une discipline naissante menaçant  le pouvoir omnipotent de la psychiatrie d’adultes.

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