C’est par un discours apaisant et didactique adressé ce mercredi aux syndicats représentatifs de personnels que le patron des hôpitaux parisiens de l’AP-HP (Assistance publique - Hôpitaux de Paris), Martin Hirsch, a ouvert ce mercredi le délicat chantier des 35 heures et de la réorganisation du temps de travail.
Avant même le début des négociations officielles, prévues du 28 mai au 18 juin, Martin Hirsch a fixé les objectifs et écarté plusieurs mesures susceptibles de susciter des « craintes inutiles et infondées », afin de déminer ce dossier « sensible et difficile » et de rassurer les syndicats, déjà sur la brèche.
« En ouvrant ces discussions, nous ne déclarons pas une guerre », a assuré le directeur général de l’AP-HP. Une page Internet du site de l’AP-HP est entièrement consacrée au temps de travail. Martin Hirsch y explique en vidéo sa vision des choses.
Éviter la suppression de 4 000 emplois
Premier CHU de France, l’AP-HP souhaite réformer dès le 1er janvier 2016 l’organisation du travail des quelque 75 000 agents non médicaux répartis dans les 38 établissements afin d’économiser 20 millions d’euros par an, le tout sans diminuer la masse salariale, qui représente 60 % du budget.
Sans ce réaménagement nécessaire des 35 heures, prévient Martin Hirsch, 4 000 emplois pourraient être mécaniquement supprimés sur cinq ans, au regard de la trajectoire financière que s’est fixée l’AP-HP (qui espère revenir à l’équilibre en 2016).
Ce chantier a également pour but d’harmoniser les différents rythmes de travail, très hétérogènes. Deux agents sur trois travaillent 7 h 36 de jour (38 heures par semaines) ou 7 h 50, d’autres 10 heures de nuit, 12 heures de jour, au forfait… La réduction du temps de travail (RTT) varie entre 20 et 24 jours.
Améliorer la concordance des temps médical et non médical
Si les praticiens hospitaliers ne sont pas directement visés par cette réorganisation du travail, ils devront néanmoins se livrer « dans un cadre approprié », à des « discussions nécessaires sur l’adaptation de l’organisation de leurs temps ».
De fait, la question de la « synchronisation » entre le temps de travail des personnels et des médecins sera effectivement posée lors de ces négociations. Pour Martin Hirsch, il faut « améliorer la concordance des temps » de travail de chacun et tendre à « l’équité entre catégories ».
Hormis dans certains services comme la réanimation (et sous réserve d’évaluation), l’organisation en plage de 12 heures ou en sept heures de travail ne sera pas généralisée, a déjà assuré Martin Hirsch.
Grève le 21 mai
Ce discours préliminaire suffira-t-il à calmer la grogne croissante des syndicats de personnels ?
En début de semaine, l’intersyndicale CFTC-UNSA-CFE-CGC-SMPS (cadres et directeurs) a dénoncé derrière ce réaménagement des 35 heures un objectif d’économies à hauteur de « 1 000 postes en équivalents temps plein par an, sur quatre ans ». La CFDT s’est insurgée d’une réforme « extrêmement violente pour les agents ». Et dès la semaine dernière, l’intersyndicale CGT-SUD-FO lançait un appel à la grève pour le 21 mai.
Solitude des directeurs
Solidaire de Martin Hirsch, la Fédération hospitalière de France (FHF) rappelle de son côté avoir ouvert la boîte de Pandore des 35 heures l’année dernière. Plus de 400 millions d’euros pourraient être économisés si les hôpitaux plafonnaient les RTT à 15 jours, estime la FHF. « Le sujet n’est pas de supprimer brutalement les 35 heures à l’hôpital mais de donner de la souplesse aux organisations, et revenir sur des accords dérogatoires qui ont pu accorder jusqu’à 25 ou 30 jours de RTT dans plusieurs hôpitaux, précise ce mercredi la FHF au « Quotidien ». Sur ce dossier très sensible, les directeurs d’hôpitaux ressentent souvent une très grande solitude et un manque de soutien évident des agences régionales de santé et des élus locaux qui président les conseils de surveillance. »
Anne Bayle-Iniguez (avec AFP)
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