Malgré une décision de la Cour suprême des États-Unis déclarant (dès 1890 !) l’isolement dans les prisons « inconstitutionnel », le recours à ce procédé est, « plus de cent ans plus tard, loin d’être illégal », dans ce pays comme dans d’autres. Au contraire, l’isolement est souvent « largement pratiqué » par les autorités pénitentiaires du monde entier, sans parler des médecins prescrivant une chambre d’isolement dans les hôpitaux psychiatriques pour « malades difficiles. »
Si elle présentait un caractère exceptionnel, cette situation serait encore acceptable, faute d’autre solution concrète. Mais appliquée couramment, et à une grande échelle, elle suscite un malaise dans des pays à prétention humaniste et démocratique. Par exemple, « les États-Unis détiennent le plus grand nombre de prisonniers à l’isolement, avec des estimations allant de 20 000 à 80 000 détenus à un moment donné. » On a même reproché au système carcéral des États-Unis de constituer de facto « le plus grand établissement psychiatrique » du pays, car il est « démontré que l’isolement induit psychoses, dépressions, anxiété, voire un risque aigu de suicide. »
Et pourtant, l’Organisation des Nations Unies a dénoncé officiellement cette pratique de l’isolement, comme inhumaine, voire assimilable à une torture… Mais en matière de confinement carcéral, rien ne change. Comment convaincre les décideurs que l’isolement prolongé représente, sinon une torture au sens strict, du moins un équivalent et « un problème négligé de santé publique », puisqu’il exacerbe les pathologies mentales et les risques de suicide ?
Émanant d’un jeune psychiatre américain, ces réflexions ont en fait une portée universelle, tant la privation de liberté et l’enfermement d’un sujet « dérangeant » l’entourage social sont des réponses (judiciaires ou psychiatriques) tristement communes, à toutes les époques et dans toutes les cultures. Même si ce sujet est très sensible, nous devrions donc œuvrer de notre mieux pour « protéger la dignité humaine et les droits des prisonniers. »
Dr Alain Cohen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire