Des comédiens réinventent l’art de la consultation
Utiliser des acteurs pour apprendre aux praticiens à parler aux patients. Une pratique encore trop rare en France.
Selon la Sofres, un tiers des français hospitalisés en 2012 sont insatisfaits de la qualité du dialogue avec le personnel médical. Comment, dès lors, apprendre aux soignants à trouver les mots justes ? Rarissime en France, la technique du patient simulé, où des acteurs jouent le rôle de malades, lève pourtant cet embarras. Créée en 1963 aux Etats-Unis par le neurologue Howard Barrows, elle est aujourd’hui très développée aux Etats-Unis, en Angleterre comme en Suisse Romande.
Dans cet hôpital virtuel, chaque élève s’adonne, quatre jours par an, au jeu du patient simulé. « Mme Magnin, 24 ans, brûlée à la jambe au troisième degré, vient pour refaire son pansement » annonce le professeur. Un premier volontaire se jette à l’eau. Voix éteinte, regard vide, la comédienne qui incarne Mme Magnin, se plaint d’insomnies, de ne pouvoir reprendre une vie normale. Recroquevillée dans son fauteuil, elle ressemble à une pauvre petite fille. Si l’étudiant s’abrite derrière une posture, elle force le trait, pour le pousser dans ses derniers retranchements. « Hospitalisés, les patients tombent souvent dans un mutisme profond. J’ai dû travailler cette souffrance en sourdine. Donner à voir le repli, la gestuelle, tout l’échange non-verbal » témoigne la comédienne, Géraldine Dupla.
La technique du patient simulé « prépare l’étudiant à faire face à des situations humaines pleine d’inattendus » souligne Otilia Froger, professeure à l’école de La Source. Vincent, élève en troisième année, avoue s’être libéré ainsi de l’angoisse que lui inspirait les stages pratiques. Car la simulation offre un cadre où la maladresse comme l’échec restent sans conséquence pour le patient. « Un jour, je jouais une femme de cinquante-ans en phase terminale d’un cancer. L’élève infirmier est entré et m’a lancé un peu condescendant : Quel est le problème aujourd’hui madame ? Je lui ai répondu, le problème, c’est que je meurs dans une semaine ! Cette réplique a tout de suite recentré la situation » se souvient Géraldine Dupla. Parallèlement, l’école sollicite des « patients-partenaires », de vraies personnes âgées, pour sensibiliser les élèves à la gériatrie.
15 janvier 2013
15 janvier 2013
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