Prise en charge des lombalgies chroniques : aurions-nous tout faux ?
Les lombalgies chroniques non spécifiques sont dans les pays occidentaux, la deuxième cause d’invalidité. Et la situation n’est pas près de s’améliorer car le nombre de personnes atteintes s’élève d’année en année malgré l’augmentation des prises en charge par physiothérapie, opioïdes, infiltrations et/ou chirurgie. Mais ne faut-il pas revoir le modèle patho-anatomique classique de cette maladie pour la placer dans un contexte bio-psycho-social pour la prendre en charge efficacement, se demande Peter O’Sullivan (Perth, Australie) dans un éditorial du British Journal of Sports Medicine ? Pour tenter de convaincre, il rappelle à ce titre que les lombalgies sont liées en grand partie à l’incapacité des muscles de se relaxer, tout en permettant une hyperactivité des autres muscles du tronc parfois hypertrophiés de ce fait. De plus, il n’existe aucune corrélation entre la densité musculaire lombaire et l’importance de la lombalgie ou sa situation.
Dans ces conditions, le spécialiste australien propose de mieux prendre en compte la notion multidimensionnelle des lombalgies non spécifiques, de favoriser l’apprentissage par le patient des situations et circonstances qui augmentent (ou diminuent) la douleur et de montrer de l’empathie pour mieux percevoir les craintes des patients et leurs attentes. Mais ce n’est pas suffisant : il faut également débusquer toutes les habitudes cognitives mal adaptées (catastrophisme, anxiété, peurs irraisonnées), identifier les phénomènes de sensibilisation centrale et périphérique, analyser les stratégies d’évitement pour en retenir les attitudes bénéfiques, faciliter les modifications de comportement dans une approche multidisciplinaire indispensable et suivre régulièrement le patient dans sa globalité.
Vœu pieux ?
Dr Dominique-Jean Bouilliez
O’Sullivan P : It’s time for change with the management of non-specific chronic low back pain. Br J Sports Med 2012 ; 46 (3) : 224-7.
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