Cerveau : un large éventail de paradoxes…
Publié le 27/04/2012
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Avec des ténors comme Gregory Bateson ou Paul Watzlawick, l’École de Palo Alto[1] avait déjà largement exposé l’importance épistémologique des paradoxes. The British Journal of Psychiatry analyse The paradoxical brain (Le cerveau paradoxal)[2], un ouvrage dû au Pr. Narinder Kapur[3] et à plusieurs coauteurs, et couvrant « un large éventail de paradoxes du cerveau, à travers plusieurs disciplines. » Par exemple, les neurologues connaissent bien l’effet paradoxal de certains médicaments anti-comitiaux risquant parfois d’aggraver une épilepsie[4] !
Autre constat déroutant, venu cette fois des études épidémiologiques : l’effet apparemment protecteur du tabac sur le risque de développer une maladie de Parkinson[5]. Dans un autre domaine, celui de la « cognition comparée » entre les êtres humains et les chimpanzés, les auteurs évoquent un « chapitre fascinant » montrant que ces singes semblent capables d’identifier « en un seul regard plus de chiffres qu’un humain » et possèdent une sorte de « mémoire photographique. »
La question de l’intelligence en découle et suscite d’ailleurs une aporie, car certains proposent précisément de définir cette faculté mystérieuse par le fait de s’interroger sur soi-même et sur l’intelligence ! Intimement lié aux boucles paradoxales, ce phénomène d’autoréférence en est presque la signature. Et rappelons que pour Einstein, la spécificité de l’intelligence résidait moins dans l’aptitude à fournir des réponses qu’à formuler des interrogations : « Les machines, disait-il, pourront un jour résoudre tous les problèmes, mais jamais aucune d’entre elles ne pourra en proposer. »
Pour le commentateur, tous ces paradoxes sont « intellectuellement stimulants », mais ils nous rappellent les « limitations de notre compréhension actuelle du cerveau », surtout par comparaison avec d’autres organes d’apparence moins paradoxale. Ils offriraient aussi aux spécialistes des neurosciences des pistes (des « avenues » dit l’auteur) pour développer « de meilleures théories » visant à éclairer nos conceptions du fonctionnement cérébral, sur le versant normal comme pathologique.
[2] Narinder Kapur The paradoxical brain, Cambridge University Press, 2011.
[3] http://www.soton.ac.uk/psychology/about/staff/Narinda.page
[4] http://www.fondation-epilepsie.fr/pdf/recherches_et_perspectives/rech_1003.pdf
[5] http://www.campusphilanthropes.fr/index.php?/le-role-du-tabac-dans-la-maladie-de-parkinson.html
[3] http://www.soton.ac.uk/psychology/about/staff/Narinda.page
[4] http://www.fondation-epilepsie.fr/pdf/recherches_et_perspectives/rech_1003.pdf
[5] http://www.campusphilanthropes.fr/index.php?/le-role-du-tabac-dans-la-maladie-de-parkinson.html
Dr Alain Cohen
Cavanna AE : Books reviews. Br J. Psychiatry 2012 ; 200 : 168–169.
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