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mercredi 15 décembre 2010

Reuters
Publié le 13/12/2010
Le procès d'un meurtre relance le débat sur la récidive

L'ouverture lundi du procès du meurtrier présumé d'une jeune fille tuée dans le RER relance le débat en France sur la récidive, les expertises et le suivi des criminels sexuels.

Thierry Deve-Oglou, 43 ans, qui comparaît devant la cour d'assises de Pontoise (Val-d'Oise), est accusé d'avoir tué de 34 coups de couteau le 25 novembre 2007 dans une rame du RER D Anne-Lorraine Schmitt, 23 ans, après avoir selon le dossier tenté de la violer.

L'empreinte génétique de l'accusé, qui s'était blessé lui-même, a été décelée sur le corps de la victime. Thierry Deve-Oglou, qui a reconnu les faits, encourt la réclusion à perpétuité. Le verdict est attendu mercredi.

Thierry Deve-Oglou avait été condamné à cinq ans de prison dont deux avec sursis pour le viol d'une femme sous la menace d'une arme le 25 janvier 1995, déjà dans une rame du RER D.

Il a purgé deux ans de prison avant de bénéficier d'une libération conditionnelle. L'accusé travaillait au moment des faits chez un négociant en bois, où il était bien noté par sa hiérarchie. Son entourage l'a décrit comme renfermé et impulsif.

Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, s'est prononcé pour l'affectation de jurés populaires aux juridictions d'application des peines pour éviter la répétition de tels cas.

"Nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Cette réforme est absolument nécessaire. L'idée qu'il y ait des jurés populaires pour l'application des peines est absolument essentielle à mes yeux", a-t-il dit sur France Info.

Les expertises réalisées lors du premier procès de 1996 avaient conclu que l'accusé n'était pas un malade mental et il n'avait pas été jugé dangereux.

EXPERTISES EN QUESTION

Des expertises contradictoires ont été rendues dans l'affaire Schmitt, deux concluant que le meurtrier présumé ne souffrait d'aucun trouble mental, mais la troisième concluant à une "dangerosité psychiatrique extrême" du fait d'une psychose.

Un collège d'experts désigné pour trancher a conclu à son entière responsabilité et, tout en excluant une maladie mentale, a parlé de "troubles de la personnalité".

Le général Philippe Schmitt, père de la victime, a milité après le crime dans des associations pour que soit durci le traitement judiciaire des criminels sexuels.

Il conteste notamment le régime carcéral français qui, par le truchement de réductions de peines automatiques ou quasi automatiques, fait que les condamnés criminels n'exécutent la plupart du temps qu'environ la moitié de leurs condamnations.

Les personnes ayant soutenu le général, notamment l'Institut pour la justice, proche de la droite, estiment que les experts psychiatres et psychologues travaillent mal en France au plan judiciaire et réclament de nouvelles règles.

La psychiatrie, qui n'est pas une science exacte, a déjà conduit à des diagnostics judiciaires problématiques. L'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) se dit favorable à la création d'un institut pour améliorer le recrutement et la sélection des experts dans tous les domaines.

Concernant les libérations conditionnelles, le syndicat souligne que, même s'il avait purgé une peine de dix ans de prison ferme pour la première affaire, soit le double de sa peine, Thierry Deve-Oglou aurait été libre en 2007.

L'USM répète qu'il est à ses yeux impossible à des agents de probation chargés chacun de centaines de dossiers de détenus, d'assurer un suivi efficace de chaque personne. Thierry Deve-Oglou n'y était pas soumis au moment des faits.

Cette affaire avait amené Nicolas Sarkozy à faire voter la loi sur la "rétention de sûreté", qui permettrait de maintenir enfermées, après l'exécution de leurs peines, les personnes condamnées à plus de 15 ans de réclusion et jugées dangereuses.

Le Conseil constitutionnel a interdit l'application rétroactive de ce texte, car il fonde la détention non sur un crime mais sur des faits futurs hypothétiques.
Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse




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