laMarseillaise
Prédictibilité illusoire
06-12-2010
Quelle prise en charge pour les auteurs de violences sexuelles ? Une des questions auxquelles les professionnels de la psychiatrie ont tenté de répondre vendredi à Marseille, lors d'un colloque sur les troubles comportementaux.
Sous un titre abscons pour la plupart des lecteurs « apport des neurosciences au confluent de la psychiatrie et de la justice », un important colloque s’est tenu vendredi à l’amphi HAI de la Timone. Cette journée a été organisée sous l’égide de la clinique universitaire et psychiatrique, dirigée par le Pr Christophe Lançon ainsi que sous l’impulsion du tout nouveau Centre de ressources interrégional pour la prise en charge des auteurs de violences sexuelles CRIR-AVS.
De cet événement hospitalo-universitaire, qui s’adressait en priorité aux professionnels du secteur psychiatrique, on peut en retirer un certain nombre d’idées sur la réalité des personnalités violentes ainsi que l’actualité de certaines thérapeutiques à l’œuvre depuis quinze ans, pour finir par les changements législatifs récents (loi du 25 février 2008) créant la rétention de sûreté pour les personnes condamnées à plus de quinze ans de réclusion criminelle.
Chose peu courante dans un colloque de la spécialité psychiatrique, l’invitation d’un généticien, le Pr Pierre Roubertoux, en raison de ses travaux sur l'hypothèse d’un gène de la violence. « On a pu penser qu’ils étaient impliqués ceux portés par le chromosome Y, liés aux neuromédiateurs excitateurs, aux endrogènes, à la sérotonine », commence-t-il par dire. Pour autant, les choses se complexifient puisque le gène code lui-même des protéines et l’on passe d’une causalité déterministe à une causalité probabiliste, en raison des erreurs dans le processus de codage. Conclusion les gènes candidats ne sont pas valides. Ouf ! on est quand même rassuré la perspective eugéniste s’éloigne.
Bien que participant au CRIR-AVS, le Pr Christophe Lançon joue dans ce débat le rôle d’empêcheur de tourner en rond. Dans une intervention volontairement absurde, il explique rien de moins que le concept de personnalité ne correspond qu’à du verbiage et que de ce fait, il ne saurait définir les troubles de la personnalité ? Le professeur en psychiatrie joue l’aiguillon et se moque de la localisation systématisée d’une géographie du cerveau des structures du lobe préfrontal, identifié abusivement comme le siège des actions violentes.
Cependant on cesse de sourire à la présentation de l’exposé du Pr Florence Thibaut sur le traitement hormonal des auteurs d’agressions sexuelles. Les traitements anti-androgènes associés aux antidépresseurs sérotoninergiques permettent de réduire les pulsions sexuelles, après consentement éclairé et plus précisément, suite à un à une condamnation d’une peine de prison ferme et d’une injonction thérapeutique.
ANTONIO MOREIRA
Prédictibilité illusoire
06-12-2010
Quelle prise en charge pour les auteurs de violences sexuelles ? Une des questions auxquelles les professionnels de la psychiatrie ont tenté de répondre vendredi à Marseille, lors d'un colloque sur les troubles comportementaux.
Sous un titre abscons pour la plupart des lecteurs « apport des neurosciences au confluent de la psychiatrie et de la justice », un important colloque s’est tenu vendredi à l’amphi HAI de la Timone. Cette journée a été organisée sous l’égide de la clinique universitaire et psychiatrique, dirigée par le Pr Christophe Lançon ainsi que sous l’impulsion du tout nouveau Centre de ressources interrégional pour la prise en charge des auteurs de violences sexuelles CRIR-AVS.
De cet événement hospitalo-universitaire, qui s’adressait en priorité aux professionnels du secteur psychiatrique, on peut en retirer un certain nombre d’idées sur la réalité des personnalités violentes ainsi que l’actualité de certaines thérapeutiques à l’œuvre depuis quinze ans, pour finir par les changements législatifs récents (loi du 25 février 2008) créant la rétention de sûreté pour les personnes condamnées à plus de quinze ans de réclusion criminelle.
Chose peu courante dans un colloque de la spécialité psychiatrique, l’invitation d’un généticien, le Pr Pierre Roubertoux, en raison de ses travaux sur l'hypothèse d’un gène de la violence. « On a pu penser qu’ils étaient impliqués ceux portés par le chromosome Y, liés aux neuromédiateurs excitateurs, aux endrogènes, à la sérotonine », commence-t-il par dire. Pour autant, les choses se complexifient puisque le gène code lui-même des protéines et l’on passe d’une causalité déterministe à une causalité probabiliste, en raison des erreurs dans le processus de codage. Conclusion les gènes candidats ne sont pas valides. Ouf ! on est quand même rassuré la perspective eugéniste s’éloigne.
Bien que participant au CRIR-AVS, le Pr Christophe Lançon joue dans ce débat le rôle d’empêcheur de tourner en rond. Dans une intervention volontairement absurde, il explique rien de moins que le concept de personnalité ne correspond qu’à du verbiage et que de ce fait, il ne saurait définir les troubles de la personnalité ? Le professeur en psychiatrie joue l’aiguillon et se moque de la localisation systématisée d’une géographie du cerveau des structures du lobe préfrontal, identifié abusivement comme le siège des actions violentes.
Cependant on cesse de sourire à la présentation de l’exposé du Pr Florence Thibaut sur le traitement hormonal des auteurs d’agressions sexuelles. Les traitements anti-androgènes associés aux antidépresseurs sérotoninergiques permettent de réduire les pulsions sexuelles, après consentement éclairé et plus précisément, suite à un à une condamnation d’une peine de prison ferme et d’une injonction thérapeutique.
ANTONIO MOREIRA
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