Billet de la rédaction
Décembre 2010
L’écrit décrit les cris
Des « mystères du corps parlant » (thème du dernier rendez-vous de l’Internationale des Forums) à « la parole et l’écrit », qui occupera les Journées nationales, nous pouvons dire que le thème de travail se poursuit, avec, en toile de fond, cette lalangue qui a déposé sur notre corps la trace des effets de jouissance liés à notre prise dans le langage.
Marguerite Duras l’évoquait en d’autres termes. « C’est ça l’écriture. C’est le train de l’écrit qui passe par votre corps. Le traverse. C’est de là qu’on part pour parler de ces émotions difficiles à dire, si étrangères et qui néanmoins, tout à coup s’emparent de vous (1). » Lacan, on s’en souvient, lui rendant hommage (2) en 1965, disait d’elle qu’elle s’avérait savoir sans lui ce qu’il enseignait.
Du cri du corps à la parole signifiante, le passage se fait par cette écriture préalable transmise par la voie/voix de l’Autre, laissant son inscription sur le corps du sujet ; cet Autre toujours là, convoqué derrière la solitude du manque-à-être de tout parlêtre, seul avec sa jouissance, avec son fantasme. C’est cette solitude si précieuse à Marguerite Duras qui lui permet d’écrire, en se soutenant de la voix d’un narrateur s’adressant au lecteur.
Certains écrits, qu’ils soient poétiques ou romanesques, se font le relais de ce dit indicible, touchant de trop près au réel, lorsque la parole ne peut s’énoncer. C’est ainsi que l’évoque Philippe Forest, « le roman répond à l’appel du réel tel que cet appel s’adresse à chacun dans l’expérience de l’“impossible”, dans le déchirement du désir et celui du deuil. Quelque chose arrive alors qui demande à être dit et ne peut l’être que dans la langue du roman car cette langue seule reste fidèle au vertige qui s’ouvre ainsi dans le tissu du sens (3) ».
De l’écrit à la lecture, la voix s’impose, qu’elle soit haute ou intérieure, la sienne ou celle de l’autre, dans un pas de deux ou à trois. C’est à ce thème qu’est consacré ce Mensuel. À votre tour donc, lecteurs, de prêter votre voix aux textes qui vont suivre pour leur donner en écho l’interprétation qui résonnera pour vous, et faire de ce numéro une lettre parvenue à destination.
M. O.
Lire a suite ici
Décembre 2010
L’écrit décrit les cris
Des « mystères du corps parlant » (thème du dernier rendez-vous de l’Internationale des Forums) à « la parole et l’écrit », qui occupera les Journées nationales, nous pouvons dire que le thème de travail se poursuit, avec, en toile de fond, cette lalangue qui a déposé sur notre corps la trace des effets de jouissance liés à notre prise dans le langage.
Marguerite Duras l’évoquait en d’autres termes. « C’est ça l’écriture. C’est le train de l’écrit qui passe par votre corps. Le traverse. C’est de là qu’on part pour parler de ces émotions difficiles à dire, si étrangères et qui néanmoins, tout à coup s’emparent de vous (1). » Lacan, on s’en souvient, lui rendant hommage (2) en 1965, disait d’elle qu’elle s’avérait savoir sans lui ce qu’il enseignait.
Du cri du corps à la parole signifiante, le passage se fait par cette écriture préalable transmise par la voie/voix de l’Autre, laissant son inscription sur le corps du sujet ; cet Autre toujours là, convoqué derrière la solitude du manque-à-être de tout parlêtre, seul avec sa jouissance, avec son fantasme. C’est cette solitude si précieuse à Marguerite Duras qui lui permet d’écrire, en se soutenant de la voix d’un narrateur s’adressant au lecteur.
Certains écrits, qu’ils soient poétiques ou romanesques, se font le relais de ce dit indicible, touchant de trop près au réel, lorsque la parole ne peut s’énoncer. C’est ainsi que l’évoque Philippe Forest, « le roman répond à l’appel du réel tel que cet appel s’adresse à chacun dans l’expérience de l’“impossible”, dans le déchirement du désir et celui du deuil. Quelque chose arrive alors qui demande à être dit et ne peut l’être que dans la langue du roman car cette langue seule reste fidèle au vertige qui s’ouvre ainsi dans le tissu du sens (3) ».
De l’écrit à la lecture, la voix s’impose, qu’elle soit haute ou intérieure, la sienne ou celle de l’autre, dans un pas de deux ou à trois. C’est à ce thème qu’est consacré ce Mensuel. À votre tour donc, lecteurs, de prêter votre voix aux textes qui vont suivre pour leur donner en écho l’interprétation qui résonnera pour vous, et faire de ce numéro une lettre parvenue à destination.
M. O.
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