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dimanche 12 décembre 2010

Les vocalises de la passion. Psychanalyse de l'opéra
Marie-France Castarde


« Le propre de l'opéra est d'offrir à l'inconscient de chaque auditeur un miroir [...] de ses fantasmes originaires : fantasmes de la naissance et de la mort, de la scène primitive, de la différence des sexes, de la séduction, de la castration. » Déjà auteur de La Voix et ses sortilèges (1987), la psychanalyste Marie-France Castarède évoque au fil de sa démonstration les liens très étroits qui unissent l'opéra - la musique, la voix, les thèmes dramatiques - et les manifestations de notre inconscient.

L'exemple le plus frappant et récurrent concerne la dramaturgie de la plupart des opéras : le désir et son interdiction, puis la transgression, et enfin le châtiment déculpabilisant. Cette construction suit celle de la situation oedipienne, lorsque l'enfant désire inconsciemment le parent de sexe opposé et devient le rival du parent de même sexe. Le thème même de l'opéra reste depuis sa création la passion, qui peut mener à la folie. Et dans l'opéra, tout peut et doit être tenté pour vivre sa passion, et ainsi restaurer le manque de la séparation de la mère et son enfant, « jusqu'à en mourir ».

Ce qui nous transporte dans l'opéra, n'est-ce pas au fond de voir les héros et les héroïnes vivre plus pleinement que tout un chacun leurs passions ? Passion amoureuse, qui ne peut se vivre sereinement, mais est au contraire vouée à une destinée tragique, à cause des obstacles impossibles à surmonter : écarts de milieux ou de conditions sociales (La Bohème, La Traviata), de religions (Norma), d'appartenances ethniques (Madame Butterfly ou Othello), de clans (Roméo et Juliette)... Passion du pouvoir, apanage essentiellement masculin alors que les grandes figures amoureuses sont principalement féminines.

Rapportés aux conceptions freudiennes sur le primat du phallus, le pouvoir ou la puissance sont les traits centraux de la masculinité dans les personnages de Macbeth ou de Boris Godounov (du Russe Modest Moussorgski). Une relecture originale et vivante des grands opéras mais aussi d'oeuvres moins connues du grand public, comme Peter Grimes (1945) de Benjamin Britten.
Gilles Marchand



 

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