Malades de père en fils
Publié le 29/11/2010
« Tel père tel fils » : ce dicton semble posséder notamment une portée épidémiologique en psychiatrie. Car dans la descendance des patients avec antécédents psychiatriques, on connaît le risque de développer une problématique analogue d’une génération à l’autre. Portant sur toute la population danoise née entre 1980 et 1994 et suivie jusqu’en décembre 2008 (soit près de 900 000 personnes !), une étude sur ce thème montre que cette probabilité ne concerne pas seulement les affections identiques à celles des parents (comme la schizophrénie ou la maladie bipolaire, troubles où la dimension génétique est bien établie), mais aussi « une large variété de troubles » et que ce risque s’avère plus élevé parmi les sujets dont les deux parents sont atteints d’une maladie mentale. En particulier, les enfants dont le père et la mère relèvent simultanément d’un diagnostic psychiatrique sévère ont statistiquement « treize fois plus de risques de développer une schizophrénie » et « huit fois plus de risques d’être concernés par une toxicomanie. » Plus généralement, on observe une association significative entre les troubles psychiatriques des parents (psychoses affectives ou non affectives) et ceux des enfants, même pour des affections « non considérées jusqu’alors comme cliniquement connexes. » Les enfants des personnes sans pathologie mentale sévère mais avec un autre trouble psychiatrique ont aussi un risque plus élevé d’être, à leur tour, atteints d’une maladie mentale.
Selon les auteurs, ces résultats soulignent le rôle des facteurs de vulnérabilité familiale et pourraient avoir également des retombées pour la classification des maladies mentales. Dans ces facteurs sous-tendant l’association trans-générationnelle entre pathologies, les gènes ne sont probablement pas seuls en cause et l’environnement pourrait intervenir, par exemple par le biais de complications obstétricales, ou d’un contexte traumatisant : séparation des parents, décès précoce d’un parent, maltraitance, difficultés socio-économiques… Pour mieux comprendre cette dimension familiale des maladies mentales, des recherches ultérieures devraient préciser le rôle respectif de ces différents éléments.
Dr Alain Cohen
Dean K et coll. : Full spectrum of psychiatric outcomes among offspring with parental history of mental disorder. Arch Gen Psychiatry, 2010 ; 67 : 822-829.
Publié le 29/11/2010
« Tel père tel fils » : ce dicton semble posséder notamment une portée épidémiologique en psychiatrie. Car dans la descendance des patients avec antécédents psychiatriques, on connaît le risque de développer une problématique analogue d’une génération à l’autre. Portant sur toute la population danoise née entre 1980 et 1994 et suivie jusqu’en décembre 2008 (soit près de 900 000 personnes !), une étude sur ce thème montre que cette probabilité ne concerne pas seulement les affections identiques à celles des parents (comme la schizophrénie ou la maladie bipolaire, troubles où la dimension génétique est bien établie), mais aussi « une large variété de troubles » et que ce risque s’avère plus élevé parmi les sujets dont les deux parents sont atteints d’une maladie mentale. En particulier, les enfants dont le père et la mère relèvent simultanément d’un diagnostic psychiatrique sévère ont statistiquement « treize fois plus de risques de développer une schizophrénie » et « huit fois plus de risques d’être concernés par une toxicomanie. » Plus généralement, on observe une association significative entre les troubles psychiatriques des parents (psychoses affectives ou non affectives) et ceux des enfants, même pour des affections « non considérées jusqu’alors comme cliniquement connexes. » Les enfants des personnes sans pathologie mentale sévère mais avec un autre trouble psychiatrique ont aussi un risque plus élevé d’être, à leur tour, atteints d’une maladie mentale.
Selon les auteurs, ces résultats soulignent le rôle des facteurs de vulnérabilité familiale et pourraient avoir également des retombées pour la classification des maladies mentales. Dans ces facteurs sous-tendant l’association trans-générationnelle entre pathologies, les gènes ne sont probablement pas seuls en cause et l’environnement pourrait intervenir, par exemple par le biais de complications obstétricales, ou d’un contexte traumatisant : séparation des parents, décès précoce d’un parent, maltraitance, difficultés socio-économiques… Pour mieux comprendre cette dimension familiale des maladies mentales, des recherches ultérieures devraient préciser le rôle respectif de ces différents éléments.
Dr Alain Cohen
Dean K et coll. : Full spectrum of psychiatric outcomes among offspring with parental history of mental disorder. Arch Gen Psychiatry, 2010 ; 67 : 822-829.
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