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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 16 avril 2020

Coronavirus. Roger Guesnerie : "En route vers une 3e mondialisation ? "

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A Paris, l’infortune des « confinés dehors »



Par  et    Publié le 15 avril 2020

Nul ne veut mourir seul sur le boulevard de la Chapelle. Allongé sur le bitume crasseux, le corps comme désarticulé, appuyé sur le grillage qui surplombe les trains de la gare du Nord, un homme d’une cinquantaine d’années quitte doucement ce monde à l’arrêt. Hagard et désorienté, il ne prête même plus attention à Barbès et à ses rues vides où, ce vendredi 10 avril vers 17 heures, ne grouillent plus que des petits dealeurs et des toxicomanes aguerris à toutes les combines de la survie dans Paris.
Même les rayons de soleil de ce printemps qui démarre paraissent l’accabler un peu plus. Il n’a ni toit ni d’autres habits que cette tenue d’hôpital trop large pour son corps fluet. Il ne parle plus. Des pompiers ont été alertés par des policiers écumant les 10e et 18e arrondissements, qui suspectent une infection au coronavirus.
Depuis la mise en place du confinement, il n’est plus possible de regarder ailleurs. Les ombres qui errent en quête de survie ont investi le nord-est de Paris. « On ne fait quasiment plus que du Covid-19 », dit l’un des policiers, inquiet de la dégradation rapide de l’état de santé de l’homme sans nom. Un pompier en combinaison intégrale tente de le soulager en lui apportant de l’oxygène médical. Il faut le transporter à l’hôpital Lariboisière, tout proche. Il est bientôt 18 heures. Il ne mourra pas sur le boulevard de la Chapelle.
Dans le quartier de Belleville, le 4 avril à Paris.
Dans le quartier de Belleville, le 4 avril à Paris. DIANE GRIMONET

Les géniales créations de Marcel, inventeur passionné de défis techniques

Les géniales créations de Marcel, inventeur passionné de défis ...


"Marcel, un homme au fil du temps" ou les créations géniales de montres et d’horloges d’un inventeur philosophe.

Marcel Bétrisey , un créateur, un inventeur ou un artiste, peut-être ni l’un ni l’autre. Parcours de vie plein de méandres pour ce personnage de la capitale Valaisanne. En visitant son atelier de la vielle ville de Sion on découvre un monde ou le temps est suspendu, ou les défis techniques rencontrent l’humour et l’amour, ou les changements de cap ne sont pas forcément conscients.


CovidEcoute : une plateforme de soutien psychologique gratuite pour tous



Par Lucien Fauvernier  15 avril 2020

La situation exceptionnelle de confinement que nous vivons actuellement peut-être difficile à vivre et nous faire souffrir. Trouver un soutien psychologique est alors essentiel pour ne pas s’enfermer dans un mal-être important. Pour aider le plus grand nombre, la Fondation FondaMental vient de lancer la plateforme CovidEcoute, qui propose à tous de trouver une solution gratuite d’accompagnement psychologique.


Coronavirus et confinement : Dispositif d’écoute et de soutien psychologique

16 AVRIL 2020





ALGERIE
L’Etablissement hospitalier Fernane Hanafi de Oued Aïssi spécialisé dans la prise en charge des maladies mentales a mis en place un dispositif d’écoute ayant pour but le soutien et l’accompagnement psychologique pour la population, afin de faire face aux conséquences du confinement et la crise sanitaire qui affecte la région.
Trois lignes téléphoniques sont ouvertes au public à cet effet depuis mardi 15 avril pour recevoir les appels de «tout professionnel de la santé en situation d’épuisement, personnes atteintes du Covid-19 ou suspectées de l’être et les sujets se sentant anxieux, stressés ou angoissés», selon un communiqué de l’EHS de Oued Aïssi.

L’acide folique, un traitement d’appoint parfois efficace en psychiatrie

Publié le 15/04/2020




Pour soulager le fardeau humain et économique représenté par les principales maladies mentales (comme les psychoses et les troubles bipolaires), des traitements alternatifs ou adjuvants sont en permanence recherchés. Dans cette optique, des auteurs de Chine et d’Australie ont réalisé une méta-analyse d’essais contrôlés randomisés pour évaluer « l’efficacité et la sécurité » de l’acide folique (vitamine B9 comme éventuel traitement d’appoint contre trois troubles mentaux importants : la schizophrénie, le trouble bipolaire, et le trouble dépressif majeur.

«Le risque humain et psychique du confinement risque de dépasser le risque sanitaire»

Par Anastasia Vécrin — 
A Lavau-sur-Loire près de Nantes, le 28 mars.
A Lavau-sur-Loire près de Nantes, le 28 mars. Photo Loïc Venance. AFP

Selon le psychiatre Stephan Eliez, le confinement exacerbe les tensions émotionnelles comme l'angoisse liée au virus ou le stress généré par le télétravail. Et toutes les familles ne sont pas égales face à la promiscuité.

«Et toi, tu survis ?» c’est ainsi que se prennent les nouvelles sous le règne du Covid-19. Avec les enfants et parfois le télétravail, la vie familiale peut devenir champ de bataille, ou plutôt guerre de positions. D’autant que les problèmes qui existaient auparavant ne se sont pas volatilisés, ils sont eux aussi assignés à résidence : conflits dans le couple, soucis d’argent, enfants souffrant de trouble du comportement… Pour Stephan Eliez, professeur en psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, à la faculté de médecine de l’université de Genève, toutes les familles ne sont pas égales dans ce confinement. Dans Etre Parent et s’aimer comme avant (Odile Jacob, 2020), il propose des techniques pour rester en contact avec nos émotions et celles des autres.

Et si cette crise changeait radicalement le monde du travail...

Alternatives Economiques

15/04/2020

Dominique LhuilierPsychologue du travail, professeure émérite au Conservatoire national des Arts et Métiers
Le monde du travail est profondément bouleversé par la crise sanitaire et les options retenues en matière de gestion de l’épidémie. Une nouvelle division du travail prévaut, qui vient s’ajouter ou transformer les précédentes.
Ainsi, schématiquement, on peut distinguer aujourd’hui des « sans travail », confinés : les anciens et les nouveaux chômeurs, les anciens et les nouveaux « placardisés », ceux d’avant la crise sanitaire et ceux qui les ont rejoints (congé pour garde d’enfant, chômage partiel, artisans, commerçants, indépendants, arrêts maladies…). Ceux-là font l’expérience à la fois d’une perte brutale de leurs activités professionnelles et de l’enfermement. La première vient amplifier la seconde. S’y substituent de nouvelles activités à plein temps, celles de la sphère domestique et familiale, au prix d’une intensification des enjeux et tensions dans la répartition genrée des tâches.

mercredi 15 avril 2020

Les Consultations poétiques par téléphone.

TENIR PAROLE

Un manifeste poétique

Chers amis, chers spectateurs, chers abonnés, chers non abonnés,

Chers artistes, chers salariés du théâtre, chers collègues,
Chers enseignants, chers étudiants, chers responsables d’associations,
Chers défenseurs du Théâtre Public,



Après 4 semaines de confinement, toute l’équipe du Théâtre de la Ville, sa troupe et l’ensemble des jeunes actrices et acteurs que nous avons virtuellement réunis et formés pour l’occasion, sont tous engagés à nos côtés pour proposer, depuis le 23 mars, une action artistique d’envergure que nous menons en ces jours si particuliers : Les Consultations poétiques par téléphone.  



Aujourd’hui un virus nous attaque, et certains sont vaincus. Contre lui, nous avons heureusement les sciences, la médecine et quelques mesures indispensables à observer. Artistes, nous savons que la poésie ne peut pas faire de mal.



Au moment où la moitié de la planète est confinée nous cherchons un monde commun qui puisse naître de notre désir collectif, celui d’un groupe d’artistes qui veut répandre la puissance de l’art et de la poésie pour Tenir parole.



Depuis toujours, nous croyons aux pouvoirs bénéfiques de la poésie, à ses influences concrètes sur nos cœurs, nos corps et nos esprits.


Nous croyons que la poésie n’est pas coupée de la vie, qu’elle est l’essence qui frémit en chacun de nous, qui nous réunit au cœur de notre solitude et de notre isolement.


Nous croyons au lien entre les êtres.

"Il est indispensable de garder le lien"

Publié le 

La psychiatrie s'organise pour épauler l'EPS Ville-Évrard face au coronavirus

Publié le 14/04/20

Pour faire face au Covid-19, l'établissement public de santé (EPS) Ville-Évrard à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) a ouvert le 10 avril une troisième unité d'entrants sur son site principal. Cette opération a été rendue "possible par la transformation d'une unité d'hospitalisation temps plein et la disponibilité de lits dans d'autres unités d'hospitalisation de l'établissement", souligne l'hôpital psychiatrique francilien dans un communiqué. Il dispose désormais de 46 lits d'entrants et 21 lits fléchés Covid-19*.

Ville-Évrard s'est en effet retrouvé "dans une situation critique" début avril en dépit du dispositif de crise mis en place avec l'ouverture d'une unité d'hospitalisation Covid-19 de 21 lits et la transformation de 2 unités d'hospitalisation temps plein en unités d'entrants (15 lits à Neuilly-sur-Marne et 18 à Aubervilliers, lire notre article).

Des vidéos aident les professionnels à gérer le Covid-19 de retour du travail

Publié le 14/04/20 

Les réponses aux questions des soignants en vidéo, des animations couloir, des stars en ligne avec des séniors isolés, le cri d'alarme des aidants familiaux... La rédaction d'Hospimedia a sélectionné des événements marquants de la semaine écoulée.
[Médiathèque] Protéger les résidents, c'est essentiel. Mais comment bien protéger ses proches ? Le Gérond'if se penche sur la question. En collaboration avec le syndicat de gériatrie des hôpitaux de Paris La Collégiale, le gérontopôle propose depuis ce 10 avril une série de vidéos pour "répondre aux questions que se posent tous les professionnels en contact avec les personnes âgées quant aux conduites à tenir pour protéger leur entourage" dans le cadre de l'épidémie de Covid-19. Deux premiers volets ont été mis en ligne à ce jour. Le premier aborde les attitudes à adopter en rentrant chez soi pour limiter l'anxiété et l'épuisement psychologique de ses proches. Le second fait le point sur les premiers gestes à adopter lors du retour à domicile pour prévenir toute transmission.

Le Gouvernement publie des recommandations pour la prise en charge des handicaps

Publié le 14/04/20

Dans une fiche à destination des établissements et des services, le ministère des Solidarités et de la Santé rappelle les dispositions à mettre en œuvre pour l'accompagnement des personnes en situation de handicap durant la crise du Covid-19.
Le ministère des Solidarités et de la Santé sort une fiche (à télécharger ci-dessous) pour rappeler les actions et dispositifs à déployer afin d'accompagner au mieux les personnes en situation de handicap au fil de la crise sanitaire. Il insiste tout particulièrement sur l'importance de la continuité des soins pour ces publics fragiles. Le document explique que l'astreinte sanitaire à destination des personnes âgées "peut élargir son périmètre pour les populations vulnérables, dont les personnes en situation de handicap et notamment polyhandicapées". Une autre "hotline" est mutualisée avec le secteur grand âge, celle des soins palliatifs.

Les Ehpad confinés avec leur personnel en Charente arrêtent l'expérience

Publié le 14/04/20

En Charente, les deux Ehpad qui se sont engagés dans le confinement avec le personnel stoppent l'opération. L'ARS Nouvelle-Aquitaine se dit opposée à ce type de confinement total et durable avec les personnels. Et la CFDT plus encore.
Solution pertinente pour les uns qui protège les résidents et soude les équipes, fausse bonne idée, dérogation au droit du travail et pression insupportable sur les salariés pour les autres... Le confinement des personnels à l'intérieur des Ehpad divise. Difficile également de maintenir cet isolement volontaire sur la durée. La plupart de ceux qui ont démarré cette expérience en mars dernier sont en phase de déconfinement. D'autant que la doctrine de l'ARS Nouvelle-Aquitaine est pour le moins réservée sur ce genre de pratiques.

Ce mardi 14 avril, les dix-huit salariés confinés 24h/24 depuis le 24 mars avec les cinquante-neuf résidents de l'Ehpad Bergeron-Grenier à Mansle (Charente, lire notre article) ont rejoint leur domicile pour une semaine de congés. "Nous sommes fatigués, explique à Hospimedia Pascal Ramirez, le directeur, mais cette fatigue n'est rien à côté de celle de nos collègues qui affrontent le Covid-19 dans leurs établissements". Il avait tout prévu : six salariés devaient sortir et neuf rentrer. Les entrants étaient même prêts à s'autoconfiner quelques jours dans un bâtiment à côté. "Mais quand on a demandé à l'ARS Nouvelle-Aquitaine s'il était possible de tester l'équipe relais, elle a refusé en expliquant que les tests n'étaient pas assez fiables. À partir de là nous n'avions plus d'autre choix que d'arrêter le confinement total, ce qui signifie la fin des activités collectives pour nos résidents. Mais je ne regrette rien, je me dis qu'on leur aura épargné trois semaines d'une vie de distanciation sociale, si délétère à cet âge."

Psychologie, kinésithérapie… Pour les étudiants, le casse-tête des stages obligatoires

Dans certaines formations à des professions réglementées, la difficulté ou l’impossibilité de réaliser les stages obligatoires en cette période de pandémie génère une vive inquiétude chez les étudiants.
Par  Publié le 14 avril 2020
Hors de question d’y déroger. Alors que, avec le confinement, toute une série de structures d’accueil de stages étudiants fermaient, l’Association des enseignants-chercheurs en psychologie (AEPU) s’est empressée d’alerter les universités sur « la nécessité de respecter strictement la règle minimale de 500 heures effectives de stage professionnel dans la filière »« On a eu peur que certains établissements prennent des libertés sur la réalisation de ces stages pour les étudiants de master 2, et que ces jeunes puissent devenir psychologues sans cette règle minimale », explique David Clarys, président de l’AEPU et doyen de l’UFR de sciences humaines de l’université de Poitiers.

Mourir seul

Mis en ligne le 14/04/2020



© Véronique de Viguerie/Getty Images/AFP
À Mulhouse (Haut-Rhin), le 2 avril, les funérailles d'une femme âgée morte du Covid-19 se font dans la plus stricte intimité du fait des mesures de confinement. © Véronique de Viguerie/Getty Images/AFP

Dans les hôpitaux, dans les Ehpad, de nombreuses personnes, atteintes du Covid-19 ou d’autres pathologies, meurent sans avoir pu dire adieu à leurs proches. Quant aux obsèques, elles ne peuvent être organisées comme à l’accoutumée, car le nombre de personnes admises est sévèrement restreint. Comment supporter, ou surmonter, cette solitude dans la mort et les rites ? Témoignages de soignants et réponses de trois philosophes.

VINCIANE DESPRET

Philosophe et psychologue, professeure à l’université de Liège, elle s’intéresse à des sujets très divers et peu fréquents en philosophie, comme les animaux, avec Le Chez-soi des animaux (Actes sud, 2017) ou, dernièrement, Habiter en oiseau (Actes Sud, 2019). Elle a également travaillé sur notre rapport aux morts, avec Au bonheur des morts (Les Empêcheurs de penser en rond-La Découverte, 2015).

DENIS MOREAU

Professeur de philosophie à l’université de Nantes, il est spécialiste de philosophie du XVIIe siècle, et notamment de René Descartes. Rationaliste et catholique, il explore le champ de la philosophie de la religion avec Mort, où est ta victoire ? (Bayard, 2017) ou encore Nul n’est prophète en son pays. Ces paroles d’Évangiles aux origines de nos formules familières (Seuil, 2019).

JEAN-LUC NANCY

Avec ses amis Jacques Derrida ou Philippe Lacoue-Labarthe, il est l’une des figures de la « déconstruction », qui remet en question les dichotomies héritées de la pensée occidentale. Professeur émérite à l’université de Strasbourg, il est l’auteur d’une œuvre prolifique centrée sur la philosophie allemande (La Tradition allemande dans la philosophie, dialogue avec Alain Badiou, Éditions Lignes, 2017) et la question du corps (Sexistence, Galilée, 2016). Il a également raconté l’expérience de sa greffe du cœur dans L’Intrus (Galilée, 2000). Il vient de faire paraître La Peau fragile du monde (Galilée).
« Est-ce que je peux la toucher ? — Ce n’est pas prudent, répond le médecin à la porte de la chambre, vous connaissez le très fort risque de transmission du virus. » Et pourtant, « la seule chose que l’on ait envie de faire avec un proche qui est en train de partir, c’est de lui prendre la main, de le prendre dans ses bras. Mais là, il n’y a pas de contact physique. C’est effroyable ». Quand Thomas Hovasse, cardiologue interventionnel devenu en quelques jours « covidologue » à l’hôpital Jacques-Cartier à Massy (Essonne), raconte les derniers jours des malades du Covid-19, on sent la détresse et l’anxiété générales. Car rien n’est plus comme avant. Les visites habituelles sont interdites dans tous les services. C’est seulement « quand on pense que les choses vont mal se passer pour certains patients qu’on autorise les familles à venir voir leurs proches », admet Thomas Hovasse. Comme les soignants, les membres de la famille doivent être masqués et, comme il dit, en « tenue de cosmonaute », ce qui rend le contact difficile. Dire adieu à un proche le visage couvert et sans pouvoir le toucher est perturbant. « Mais il est possible qu’à cause d’une aggravation brutale, les proches n’aient pas le temps de venir. Ce satané virus peut provoquer une détresse respiratoire en quelques heures. » Depuis quelques semaines, que l’on soit malade ou non du Covid-19 d’ailleurs, puisque les visites sont limitées pour tout le monde, on meurt très souvent seul.
Cette situation, on le sait, est également dramatique pour les aînés, qu’ils soient restés chez eux ou qu’ils vivent dans un établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Anne-Claire Rousselot, psychologue clinicienne dans le secteur de Maisons-Alfort (Val-de-Marne), constate « l’aggravation de la solitude des personnes âgées. Les ateliers de médiation thérapeutique, dits “ateliers mémoire”, qui servaient à rompre la solitude et à créer du lien social ont été supprimés. On se retrouve avec des patients complètement isolés chez eux, et qui ne comprennent pas. Certains, comme cette dame de 95 ans à qui j’ai parlé l’autre jour, ont des angoisses de mort. Elle m’a dit : “Je pourrais mourir seule.” Tout ce qui était ritualité a été interrompu. Les repas portés aux personnes âgées, par exemple, sont désormais posés devant la porte de leur domicile. » 

“Le confinement qui protège les personnes âgées les menace aussi. C’est très mal vécu. Nous constatons une sorte de déclin moral devant l’isolement”

Claire Patry, gériatre

Dans les Ehpad, la situation n’est guère plus brillante : « Les patients sont confinés dans leurs chambres. Tout le monde porte des masques. Les repas sont apportés en chambre. Il n’y a plus d’intervenants extérieurs. Et les familles ne peuvent plus venir depuis des semaines. » C’est terrible pour les personnes âgées qui sont, souligne Anne-Claire Rousselot, des « éponges émotionnelles. Elles ressentent très fortement ce que ressent leur entourage. C’est encore plus compliqué pour les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, car elles ne peuvent respecter les “gestes barrières” et les consignes. Et certaines souffrent énormément du changement de leurs habitudes ». C’est ce que confirme Claire Patry, gériatre à l’hôpital Bretonneau à Paris, mais aussi dans des Ehpad : « le confinement qui protège les personnes âgées les menace aussi. C’est très mal vécu. Nous constatons une sorte de déclin moral devant l’isolement. Et nous, les soignants, nous nous sentons souvent impuissants face à cette solitude. Beaucoup d’entre nous sommes nous-mêmes malades. Nous nous retrouvons donc moins nombreux, devant des personnes très angoissées, et en l’absence des proches. » Les aînés meurent dans la solitude, en tout cas sans revoir leurs proches. C’est pour répondre à cette situation de détresse qu’Emmanuel Macron, lors de son allocation du 13 avril, a annoncé que les adieux avec les proches seraient désormais rendus possibles dans les hôpitaux et les maisons de retraite