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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 8 novembre 2019

Les enfants de la rue de Jim Goldberg

Dans « Raised by Wolves », publié en 1995, le photographe Jim Goldberg a documenté les destins de jeunes Californiens pour lesquels le trottoir servait de foyer. Son travail sera exposé à Paris Photo.
Par   Publié le 01 novembre 2019
« Hollywood et Highland », Los Angeles, Californie, 1988.
« Hollywood et Highland », Los Angeles, Californie, 1988. Jim Goldberg. Courtesy of the artist, Casemore Kirkeby Gallery, SF, and Pace/MacGill Gallery, NY
Installé depuis des années à l’est de San Francisco, dans la petite ville de Kennedy, Jim Goldberg a dû s’accommoder récemment des coupures de courant destinées à prévenir les feux qui assaillent, chaque fin d’été, la forêt californienne. Un handicap pour le photographe, en pleine préparation de l’exposition qui lui sera consacrée début novembre à Paris Photo, mais aussi une promesse de tranquillité qui ne lui a sans doute pas tout à fait déplu. « Quand je travaille sur le terrain, je m’immerge complètement, confie-t-il. Mais chez moi, à la campagne, je peux réfléchir à ce que j’ai photographié, élaborer des projets et me ressourcer. »

Ecrans et capacités cognitives, une relation complexe

L’intérêt suscité par le livre de Michel Desmurget, « La Fabrique du crétin digital », est l’occasion de faire le point sur un domaine où, s’il existe beaucoup d’études, la science a du mal à trancher.
Par   Publié le 28 octobre 2019
« La multiplication des écrans engendre une décérébration à grande échelle. » C’est ce qu’affirme le chercheur en neurosciences Michel Desmurget dans un entretien au Monde, très lu et commenté sur notre site. A l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage La Fabrique du crétin digital. Les dangers des écrans pour nos enfants, ce chercheur a aussi alerté dans de nombreux autres médias sur les risques de l’exposition des enfants aux écrans.
Dans une interview au groupe L’Est républicain, très partagée depuis quelques semaines sur Facebook, il s’inquiétait ainsi pour « la première génération dont le QI sera inférieur à la précédente ». Sur RMC, il expliquait que « plus les enfants regardent d’écrans, plus le QI diminue ».
Ces formules-chocs résumées et alarmantes se propagent massivement auprès des parents, des enseignants et des générations exposées aux écrans, suscitant de nombreuses interrogations. Le point pour y voir plus clair dans un domaine où il existe beaucoup d’études mais où la science a bien du mal à trancher.

1. Les capacités cognitives sont-elles en baisse ?

C’est le point de départ de certaines recherches concernant nos changements environnementaux (éducation, nutrition, pollutions diffuses, écrans, etc.) : on constaterait une baisse des capacités cognitives des dernières générations, plus précisément depuis le milieu des années 1990. « Depuis 2000, c’est la première fois que le QI commence à descendre », affirme ainsi Michel Desmurget sur RMC. Mais ce point de départ est-il acquis ?
Pendant longtemps, dans les pays industrialisés, on a cru que le QI moyen ne ferait qu’augmenter, avec l’amélioration de la scolarisation, du niveau d’études, des conditions sanitaires… L’accroissement régulier du résultat moyen à des tests de QI avait même un nom : l’effet Flynn, en référence au chercheur néo-zélandais James Flynn à l’origine de ce calcul.
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Lindsay Caldicott

christian berst art brut
klein & frérot


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biographie

Lindsay Caldicott, née à Leicester en 1954, se forma au métier de technicienne en radiographie thérapeutique dès l'âge de 16 ans. Après un séjour en Israël, elle travailla au service de radiographie d’un hôpital hollandais de 1978 à 1983, puis de nouveau de 1988 à 1990, à Amsterdam, après une trêve durant laquelle elle étudia avec brio les beaux-arts au Middlesex Polytechnic à Londres. 
Ayant été abusée dans son enfance, elle souffrait de problèmes psychiques sérieux, qu’elle parvint à gérer jusqu’à une crise plus grave en 1990, qui la contraint à quitter son emploi en Hollande et à rentrer à Leicester, à l’âge de 34 ans. Elle passa l’essentiel des 24 ans suivants en hôpital psychiatrique, jusqu’à son suicide en 2014. 

Jacqueline, écrits d’art brut

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Par Orianne Hidalgo-Laurier   publié le 7 nov. 2019


<i>Jacqueline [ʒaklin], écrits d’art brut</i> de Olivier Martin-Salvan
Jacqueline [ʒaklin], écrits d’art brut de Olivier Martin-Salvan © Raphaël Mesa

Avec cette pièce qui fait vibrer les mots d’hommes et de femmes internés, Olivier Martin-Salvan et Philippe Foch réalisent non seulement une prouesse d’interprétation mais oppose à la misère psychologique, idéologique et culturelle de la langue, un chœur viscéral, plein de chair et bien en vie.

Pour tout préambule, une anémone de mille tiges de bois se meut entre les barreaux d’une cage, jouant avec les rais de la lumière et les réverbérations métalliques. Au sol, à l’extérieur, gravite une masse multicolore et rampante. Et puis, la chrysalide éclot : un homme géant s’en élève, magnifié par les couches de vêtements bariolés, qui de cocon deviennent manteau, rehaussant sa longue barbe brune. Et d’une voix puissante : « J’ai eu trois maris, j’ai eu des trillions des billions d’enfants, entre autres une portée de 400. L’aîné s’appelle “Hurteran”. […] Ils sont en bas dans les bas-fonds, où on leur fait supporter des vices monstrueux. Ils ont le toupet de prendre mes enfants, de les cuire en pain et de me les donner à manger. […] Je suis le commencement du monde et j’ai vécu des siècles. » Le Chronos se racle le ventre nerveusement, fouille dans ses nippes. Ce qui naît sous nos yeux comme un conte, où le merveilleux côtoie l’angoisse, prend en réalité sa source dans les écrits qu’Olivier Martin-Salvan a exhumé de l’invisibilité voire de l’indifférence. Fouillant dans les archives de l’hôpital psychiatrique de Saint-Anne à Paris et puisant dans les Écrits bruts rassemblés par Michel Thévoz et publiés en 1979. Des textes « bruts » donc, auxquels le comédien et le musicien donnent chair et voix.


A Epinay-sur-Orge, l’hôpital psychiatrique cherche sa nouvelle identité

Par Nolwenn Cosson   Le 7 novembre 2019


 Epinay-sur-Orge, vendredi 25 octobre 2019. Ce château, construit en 1743, a longtemps été occupé par les directeurs de l’hôpital.
Epinay-sur-Orge, vendredi 25 octobre 2019. Ce château, construit en 1743, a longtemps été occupé par les directeurs de l’hôpital. LP/Nolwenn Cosson

Il connaît le site - 98 ha ! - comme sa poche. Et peut animer une soirée entière juste sur les anecdotes. Des histoires de vie qu'il ne veut pas voir tomber dans l'oubli. Alors que le centre hospitalier spécialisé dans la santé mentale de Perray-Vaucluse, situé principalement à cheval sur les communes de Sainte-Geneviève-des-Bois et d'Epinay-sur-Orge, ferme petit à petit, Patrick Hottot fourmille de projets pour sauvegarder ce patrimoine unique en son genre. Avec l'association Les amis de Vaucluse, qu'il préside, il vient de présenter à la direction du Groupe hospitalier universitaire (GHU) de psychiatrie & neurosciences, propriétaire du domaine, ses idées de reconversion : rouvrir la maison du patrimoine et créer un musée de la psychiatrie.


Premiers mots

Par Aurélie Charon
28 MIN


Glenn Besnard est ingénieur du son. Il est aussi le père d'une petite fille de deux ans, qui découvre les mots et le langage. Depuis la naissance d'Elea, il enregistre les sons qu'elle émet : sa voix, ses gestes, ses cris, ses jeux... jusqu'à ses premiers mots. Il sonde la naissance du langage, et signe en creux un hommage : cinquante ans avant lui, Yann Paranthoën faisait entendre d'autres balbutiements. Une nouvelle Expérience à hauteur d'enfant.

Premiers mots
Premiers mots Crédits : Glenn Besnard

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Et la parole fut

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L’homme est le seul animal à maîtriser le langage. C’est inscrit dans ses gènes. Mais d’où vient cette faculté hors normes et comment a-t-elle évolué ? Même si elle reste controversée, l’hypothèse la plus plausible est celle d’une « mutation mineure » survenue en Afrique de l’Est voilà environ 80 000 ans.


© UNICEF | Pierre Holtz
Intellectuel engagé de longue date sur la scène politique américaine, Noam Chomsky reste aussi, on a tendance à l’oublier, un chercheur de premier plan. Pourtant, le travail universitaire n’a pas été pour lui, loin de là, un havre de paix face aux remous du débat public. La linguistique, son ­domaine de recherche principal (mais non exclusif, loin de là), constituait déjà un nid à controverses longtemps avant qu’il ne s’y intéresse – au point que dès 1866, la Société de linguistique de Paris avait expressément exclu toute discussion sur l’origine du langage, sujet beaucoup trop dérangeant pour l’ambiance contemplative d’une société ­savante. Devenu maître de conférences au Massachusetts Institute of Technology (MIT) en 1956, Chomsky n’a pas tardé à jeter un nouveau pavé dans la mare.
À l’époque, il est généralement ­admis que l’esprit humain à la naissance se présente comme une page blanche sur laquelle s’inscrit toute expérience ultérieure (1). Le langage est ainsi consi­déré comme un comportement acquis, ­imposé de l’extérieur aux enfants qui ­apprennent à parler. Telle est en tout cas la conception d’un psychologue comportementaliste réputé, Burrhus ­Skinner, auteur en 1957 d’un livre sur le comportement verbal, Verbal Behaviour. Jusqu’à ce que le jeune Chomsky fasse soudain parler de lui, en 1959, en publiant dans la revue Language un ­article où il démolit impitoyablement le livre de Skinner. Il substitue aux idées behaviouristes une théorie du langage qu’il a déjà ébauchée en 1957 dans son propre ouvrage, Structures syntaxiques.
Pour Chomsky, le langage humain n’est pas une extension des autres formes de communication animale : il est unique en son genre. Car, derrière l’évidente diversité linguistique ­humaine, montre-t-il, toutes les langues sont en réalité des variations sur un seul thème fondamental. De surcroît, puisque tous les enfants normalement constitués ­apprennent leur langue mater­nelle sans qu’il soit nécessaire de la leur ensei­gner (et même en dépit de l’inattention paren­tale), l’aptitude au langage est innée et partie intégrante de l’héritage biologique spécifiquement humain.

Plus profondément, les structures syntaxiques fondamentales sont pour Chomsky elles-mêmes innées : les jeunes enfants n’auraient à ­apprendre que des détails périphériques qui ­varient selon les langues. Ainsi, selon ses conceptions initiales, les différences entre les idiomes ne sont que des différences d’« externalisation ». Quel que soit le substrat biologique qui ­détermine l’aptitude au langage (nul besoin de le connaître exactement pour admettre qu’il existe), c’est cet « organe linguis­tique spécialisé » qui permet aux ­humains – et à eux seuls parmi toutes les espèces – de maîtriser le langage. Cette disposition humaine fondamentale impose à l’apprentissage linguistique un ensemble de contraintes qui dessine la structure d’une « grammaire universelle » profondément ancrée en nous.
Selon les premières formulations de cette théorie, le langage procède à la fois de « structures superficielles » qu’illustrent les langues parlées dans le monde et de « structures profondes » qui reflètent les concepts sous-jacents formés dans le cerveau. Selon cette ­approche, les significations profondes et les sonorités superficielles sont liées par une « grammaire transformationnelle » qui règle la transformation de la production mentale intérieure en sonorités discursives extérieures.
Ces cinquante dernières années, la plupart des intuitions initiales de Chomsky ont été totalement validées par les linguistes – seuls quelques passionnés du langage des chimpanzés (dont les arguments sont démolis par le livre chroniqué ici) contesteraient aujour­d’hui le fait que la capacité pleine et entière d’acquérir et d’utiliser le langage soit une caractéristique à la fois innée et exclusivement humaine. Mais, dans le détail de leur formulation, beaucoup de ces idées ont profondément divisé les spécialistes, au point qu’une coterie non négligeable de linguistes considère Chomsky et ses disciples avec la suspicion qui, dans d’autres contextes, pèserait sur les membres d’une secte.

Mourir «si je veux, quand je veux» ?

Par Elisabeth Roudinesco, historienne de la psychanalyse — 
Lors d’un rassemblement organisé à Paris, en décembre 2014, au moment de la remise du rapport Claeys et Leonetti.

Lors d’un rassemblement organisé à Paris, en décembre 2014, au moment de la remise du rapport Claeys et Leonetti. Photo Valérie Dubois. Hans Lucas

En matière de fin de vie, il est urgent que la loi soit modifiée afin de permettre à des malades gravement atteints et en fin de vie de cesser de souffrir inutilement. Pour autant, ce droit doit rester très encadré.

Tribune. A la lecture de la tribune rédigée par un groupe de féministes (Libération du 1er novembre), dont certaines avaient signé, en 1971, le Manifeste des 343, on éprouve un véritable malaise. Loin de revendiquer une amélioration de la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie, votée en 2015, les signataires réclament l’instauration d’une loi qui stipulerait que chaque citoyen français pourrait, «quand il le veut», bénéficier d’une aide à la mort. Si cet appel était entendu, il entérinerait l’idée que l’on peut tuer légalement les dépressifs, anxieux, suicidaires ou borderlines qui en feraient la demande. Et dieu sait s’ils sont nombreux !
Mais plus étonnant encore, cet appel invite les élus de la République à se «détacher des lobbys pharmaceutiques et religieux» afin de faciliter à toute personne qui en exprimerait le désir la possibilité de mettre un terme à sa vie, en étant aidée par un organisme. Soit parce qu’elle serait «fatiguée de vivre» soit parce qu’elle aurait le sentiment d’une «vie accomplie». Telle est la signification de cette proposition : «Nous exigeons aujourd’hui pour nous et pour tous qu’il soit fait droit à cette liberté fondamentale : mourir dignement, si nous le voulons quand nous le voudrons.» Et les signataires ajoutent que 96 % des Français sont favorables à l’euthanasie et au suicide assisté, ce qui est inexact. Si l’on étudie de près le sondage cité (Ipsos), on constate que 60 % des Français considèrent que ce droit doit être encadré et réservé à des personnes atteintes de pathologies graves ; 36 % invoquent le droit à la liberté d’en finir avec la vie, quelles que soient les conditions de santé.