CHRONIQUE «AUX PETITS SOINS»
On en parle peu, ce sont en majorité des hommes, et les causes de leur acte sont, bien sûr, multiples et intimes. On estime que le nombre de suicides de médecins est trois fois supérieur à celui de la population générale. Le 5 janvier, par exemple, selon la Voix du Nord, un gynécologue obstétricien de l’hôpital privé de Villeneuve-d’Ascq (Nord) s’est donné la mort dans son cabinet : âgé de 55 ans, il a été découvert par des collègues dans son bureau, où il s’était enfermé au petit matin. L’homme s’est suicidé en se tirant une balle de fusil de chasse.
Jean Pellet, lui, est vivant. Cardiologue au sein du Groupe hospitalier mutualiste de Grenoble, il a mis en mots le suicide de ses confrères, en se mettant à la place de l’un d’entre eux ; puis en écrivant un très beau monologue, comme une longue lettre qu’on laisse sur le bureau (1) :«Un homme seul, assis, au bord du lit. Il se tient le bras gauche où apparaît un dispositif de perfusion… Sur la table de nuit, une seringue remplie d’un liquide blanc est prête, une boîte de comprimés ouverte. Il y a également des ampoules cassées et plusieurs seringues vides. Sur la table de nuit de l’autre côté du lit, un réveil numérique ; 2 heures. Une bouteille de whisky largement entamée, un verre. Il y a quelques livres ouverts.»