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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 29 août 2014

Près de trois quarts des dépressions ne sont pas traitées dans les cancers

28/08/2014

Le chiffre est saisissant. Selon une étude écossaise publiée dans « The Lancet Psychiatry » chez 21 151 patients suivis en service d’oncologie (sein, poumon, colo-rectal, génito-urinaire, gynécologie) entre mai 2008 et août 2011, près de trois quarts des patients ayant un cancer et une dépression ne recevraient pas de traitement pour leur mauvaise santé mentale. Cet état de fait devrait d’autant plus interpeler qu’une dépression est bien identifiée comme facteur de raccourcissement de l’espérance de vie et qu’une forme majeure est fréquente dans les cancers.

Serge Doubrovsky : “L'autofiction existait avant moi. Simplement, je lui ai donné un nom”

Nathalie Crom 
« Je suis un écrivain du XXe siècle, qui connaît l’extension de son nom, et du genre littéraire qu’il a lancé, au XXIe », dit avec douceur, avec étonnement presque, Serge Doubrovsky, en cet après-midi du mois d’août, assis dans un fauteuil, dans son appartement de l’Ouest parisien. Le Monstre, qu’il a écrit entre 1970 et 1977, et qui était demeuré à ce jour inédit, paraît ces jours-ci chez Grasset. Un livre hors norme ( mille sept cents pages), écrit sous l’égide de Freud et de Proust, et où sa plume prend de saisissants accents céliniens. En 1977, l’écrivain en avait tiré Fils, considéré comme le livre fondateur de l’autofiction. Extraits d'une rencontre avec un écrivain qui, à 86 ans, ne revendique rien – ni honneurs ni influence. Rien, si ce n’est « la langue française pour seule patrie ».

L’écrivain et le professeur en vous ont-ils la même définition de l’autofiction ?

L’écrivain l’a inventée, poétiquement, et le professeur et critique, que je suis aussi, lui a donné une définition plus précise. Celle qu’on propose toujours, depuis Fils, c’est : « une fiction d’événements et de faits strictement réels ». Une des formulations à laquelle je me tiens aujourd’hui, c’est « un récit dont la matière est entièrement autobiographique, la manière entièrement fictionnelle ». Il ne s’agit pas de raconter ma vie telle qu’elle s’est déroulée, mais selon la façon dont les idées me viennent. C’est-à-dire de manière non linéaire, et même disloquée. C’est notamment en cela que je me suis éloigné des écrivains du Nouveau Roman, qui ont été des amis personnels – Alain Robbe-Grillet, Claude Simon, Nathalie Sarraute et les autres, que j’aime en tant que personnes et que je respecte en tant qu’écrivains. Avec l’autofiction et le succès qu’a rencontré le genre, on a changé d’époque : on n’est plus dans le Nouveau Roman, mais plutôt avec Derrida, dans l’ère postmoderne – la déconstruction des textes, la brisure, la cassure du récit. Le récit de ma vie, je le disloque, je le déconstruis, pour en faire sortir ce qu’il peut y avoir d’intéressant.



L'Amour et les forêts Eric Reinhardt

ROMAN
L'auteur de Cendrillon magnifie l'existence d'une lectrice prisonnière d'un enfer conjugal. Et fait de la jeune femme une reine de tragédie.
On aime passionnément
« Vos livres, c'est quoi, quel genre ? Des romans ? Des romans policiers, des romans d'amour, des nouvelles, des essais philosophiques ? — Uniquement des romans. — D'amour ? — Si vous voulez. Mais pas seulement. — Vous en avez écrit combien ? — Cinq. » Exact ! Depuis son premier roman (Demi-sommeil, 1998), Eric Reinhardt entrecroise la réalité et la fiction, l'autre et le moi. Sans répugner à se mettre en scène — comme dans ce court dialogue de L'Amour et les forêts — il jongle avec fascination entre les histoires économico-politiques d'aujourd'hui et les abîmes intimes romantiques. Et c'est merveille de le voir s'enchâsser avec empathie ou drôlerie dans des destins étrangers. Ainsi ce sixième opus a-t-il surgi d'une authentique correspondance, puis de réelles rencontres, avec deux lectrices. Evidemment retravaillées, ré-inventées... L'art du romancier n'en est que plus troublant. Les héroïnes féminines ont toujours occupé chez lui une place de choix, surtout les fortes, les puissantes. Mais Bénédicte Ombredanne, cette fois, ne semble pas de la race des reines. Apparaissant toujours dans le récit prénom et nom joints, telles les dévastées de Marguerite Duras, ce professeur de lettres au magnifique pseudonyme a donc écrit à l'auteur, en 2008, pour le remercier de lui avoir redonné goût à l'existence, via son dernier livre, Cendrillon.











jeudi 28 août 2014

Cyberélèves, super-progrès

LE MONDE | Par 

"La Fin de l'école", par François Durpaire et Béatrice Mabilon-Bonfils, Presses universitaires de France, 288 pages, 19 euros.

Sortir l’école de l’âge de pierre. L’idée n’est pas nouvelle et revient en cette rentrée avec l’ouvrage coécrit par l’historien François Durpaire et la sociologue Béatrice Mabilon-Bonfils. Leur regard est original et futuriste. Le vieux schéma de l’instruction républicaine est révolu : niveau général décroissant, méritocratie en berne, absentéisme, qualité déplorable de l’anglais, écart dramatique entre Nord et Sud à l’échelle mondiale.
Pour y remédier, il faut s’adapter à l’ère numérique, suggèrent ces deux universitaires. Aujourd’hui, la connaissance n’est plus l’apanage de l’école. Depuis une vingtaine d’années, une encyclopédie appelée Internet est à portée de clic : Wikipédia, livres audio, jeux interactifs sur tablette sont autant d’outils qui rendent obsolètes les manuels scolaires entassés dans ces cartables trop lourds. L’accès au savoir est libre et illimité.

La folie entre administration et justice. L'institution psychiatrique au prisme du droit

Jeudi 16 octobre 2014


RÉSUMÉ
Une étude des institutions politiques et administratives inclut nécessairement celle de l'institution psychiatrique. La psychiatrie détient en effet une dimension sociale incontestable. Les troubles du comportement autant que la désocialisation peuvent perturber une certaine conception de l’ordre public ; ils sont d'ailleurs au nombre des arguments avancés pour solliciter une nouvelle loi sur la santé mentale. Aujourd'hui coincée entre l'impératif médical et la logique sécuritaire, la psychiatrie publique se déroule dans des planifications reconstruites autour du dogme de la réduction des déficits – ce qui fait craindre «  un repli asilaire ». Afin de cerner ce risque, il apparaît nécessaire de comprendre comment ont été bâtis les espaces (asiles, hopitaux, centres) et pour quelle raison comme de quelle manière les malades, les patients, évoluent dans ces lieux.


Et un, et deux, et trois mensonges

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO Par 
Dans le film Menteur, menteur, Jim Carrey incarne un menteur pathologique, évidemment avocat de son métier (Hollywood ne rate ­jamais un bon cliché), qui se ­retrouve dans l’incapacité de dire autre chose que la vérité, « toute la vérité et rien que la vérité » pendant une journée entière. On peut rire des situations dans lesquelles se fourre le mythomane contraint au repentir, mais serions-nous moins gênés si, 24 heures durant, nous étions à sa place ? Combien de fois prenons-nous des libertés avec la vérité ? Pensez à vos entretiens d’embauche, aux discussions de vos rendez-vous galants, et à la réponse que, quelques heures plus tard, vous faisiez (ou qu’on vous faisait) à la question : « Alors, heureuse ? »

Alors, combien de mensonges par jour ? Les chercheurs en psychologie aimeraient bien le savoir mais, la vraie vie étant différente des films ou de la télévision, il est difficile de voir quand une personne sert un bobard. Le gène Pinocchio n’a pas encore été implanté dans l’espèce humaine et les détecteurs de mensonge s’avèrent d’une fiabilité douteuse. Le plus simple, s’est dit une équipe américaine en 2002, c’est encore de demander aux menteurs.

PEACE – Fumer du cannabis en couple limiterait les violences conjugales

Le Monde Blogs 
AFP/JAVIER SORIANO
AFP/JAVIER SORIANO

Les couples mariés qui fument régulièrement du cannabis ensemble ont moins de chances d’être concernés par les violences conjugales que les autres. L’affirmation est très sérieuse ; elle est donnée par des chercheurs des universités Yale, de Buffalo et Rutgers dans une étude publiée par la revue scientifique Psychology of Addictive Behaviors et reprise par le quotidien britannique The Independent mercredi 27 août.

Des chercheurs réécrivent la mémoire des souris

Le Monde.fr Par 
Les neurones de l’hippocampe de souris, visibles ici en rouge, ont été activés par un rayon laser arrivant via une fibre optique (canal noir au centre)., ce qui a fait revivre aux souris les souvenirs qui y étaient stockés.
«Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. [...] D’où avait pu me venir cette puissante joie ?»Lorsqu’il croque dans sa madeleine qui lui rappelle son enfance, Marcel Proust est envahi de souvenirs et d’émotions agréables intimement liés. Notre cerveau, en effet, est bien plus qu’un simple disque dur. Il agrémente chaque souvenir (lieu, date…) de sentiments et de sensations appelées « valences émotionnelles ».
Peut-on intentionnellement modifier ces valences, par exemple pour embellir des souvenirs douloureux ? C’est ce que vient de réaliser une équipe de neurobiologistes du Massachusetts Institute of Technology (MIT), à Boston.
Ils ont pour cela eu recours à une technique récente appelée optogénétique, qui permet de commander des neurones avec simplement de la lumière. En activant certains neurones chez la souris, ces chercheurs ont artificiellement pu leur faire revivre des souvenirs et même altérer les émotions associées.
Les souvenirs sont-ils physiquement constitués par des réseaux de neurones quelque part dans le cerveau ? La question est longtemps demeurée sans réponse. Dans les années 1930, le neurochirurgien canadien Wilder Penfield établit par hasard un premier lien entre la mémoire et son support biologique. Alors qu’il stimule électriquement le cerveau de patients épileptiques, et plus particulièrement une région appelée l’hippocampe, ces derniers se mettaient à revivre certains souvenirs.

Les chercheurs ont par la suite continué à explorer les liens entre hippocampe et mémoire, mais sans jamais parvenir à des démonstrations irréfutables.

Giovanni Bosco, miracle à l’italienne

BRIGITTE OLLIER ENVOYÉE SPÉCIALE À LAUSANNE

Les rêves fous des dissidents

BRIGITTE OLLIER (À LAUSANNE)

Toile de Giovanni Bosco. (Photo Arnaud Conne. Atelier de numérisation. Ville de Lausanne. Collection de l'Art brut.)

EXPO
L’exposition «l’Art brut dans le monde» présentée en Suisse, permet de découvrir sept créateurs rebelles.
L’art brut est un art présent et pluriel, universel. C’est cette démonstration que souhaitait faire Lucienne Peiry, qui dirigea la Collection de l’art brut de 2001 à 2012, après Michel Thévoz, et qui fut ensuite en charge de la recherche et des relations internationales pour le musée (le poste est supprimé à la fin de cette année), afin d’ouvrir davantage la Collection vers de nouveaux horizons. Dans ce musée hors norme, où il n’est pas rare de croiser des visiteurs bouleversés, respirent les œuvres rebelles d’une tribu à part entière, insoumise. 

Psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, psychopathologie et handicap

parJean-Philippe Raynaud


Premières lignes

Je développerai ici quelques réflexions d’un praticien de terrain, exerçant depuis une douzaine d’années au sein d’un hôpital de jour de psychiatrie de service public, auprès d’enfants qui présentent ce que l’on appelle aujourd’hui un handicap psychique.Les enfants que nous soignons présentent des troubles sévères, nécessitant des soins intensifs, multidimensionnels et prolongés, mais dont l’évaluation...


Le Sentiment de soi Histoire de la perception du corps (XVIe-XXe siècle)

Georges Vigarello

Date de parution 04/09/2014

Yoga, méditation et autres techniques de bien-être : l’idée est aujourd’hui largement répandue que nous pouvons agir sur notre humeur et nos états d’âme par un travail sur le corps. Or cette idée a une histoire que Georges Vigarello révèle ici, proposant un parcours fascinant à travers l’histoire des représentations de l’intime.
Jusqu’au XVIIIe siècle, le moi était circonscrit à la pensée et à l’esprit : « je pense, donc je suis ». C’est avec les Lumières qu’apparaît, dans les textes de Diderot ou de l’Encyclopédie, l’idée d’un sixième sens pour désigner les perceptions internes du corps. Cette conscience inédite s'exprime dans la notion nouvelle de sentiment de l'existence. Le corps coïncide avec le moi : véritable révolution de la perception de soi, qui s’exprimera bientôt abondamment dans les journaux intimes.

Moi, mon fils et sa schizophrénie

Christine Mateus | 21 août 2014

Dominique Laporte évoque avec émotion la grave maladie de son fils, qui s'est suicidé à 31ans. Méconnue, la schizophrénie touche 1 % des Français.


Repli sur soi, comportement imprévisible, hallucinations, délire de persécution… Dominique Laporte, comédienne de théâtre, raconte dans son livre le calvaire vécu par son fils diagnostiqué schizophrène à l’âge de 19 ans. (LP/Philippe de Poulpiquet.)

« Nous sommes partis pour une très longue route. » Lorsque le psychiatre s'adresse en ces termes à Dominique Laporte, elle ne sait pas encore à quel point cette prophétie sera douloureusement accomplie. Treize années d'épreuves au . Xavier, son fils, est âgé de 19 ans quand le diagnostic tombe : schizophrénie. 


Joli succès en 2008, le livre de cette comédienne de théâtre, retraçant le tsunami que représente l'arrivée de cette maladie dans sa famille, ressort aujourd'hui*. Les témoignages qui traitent du quotidien de parents avec leur enfant schizophrène sont en effet très rares. Et celui-ci est sans concessions. Pour elle, comme pour l'Institution psychiatrique. « Nous avons vécu dans la hantise quotidienne des excès de Xavier. Les véritables soins n'ont commencé que le jour où il s'est armé d'une carabine pour tirer sur les toits. Placements d'office, traitements divers, hospitalisations musclées, retours au domicile familial, piqûres à effet retard, chambres d'isolement, rien n'y fit », tranche l'auteur.


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mercredi 27 août 2014

La rue, grande faucheuse des SDF

PIERRE BENETTI

Selon le bilan divulgué lundi par le Collectif les morts de la rue (CMDR), 454 sans-domicile-fixe seraient morts en 2013. Parmi eux, 15 enfants de moins de 15 ans (contre 3 en 2012), dont 10 de la communauté rom. Ce recensement n’est pas exhaustif, a précisé le collectif : «La réalité des décès est peut-être six fois plus grande que nos chiffres», commente Cécile Rocca, la coordinatrice du mouvement. D’où l’intérêt de la première étude scientifique consacrée à la question et menée par une équipe d’épidémiologistes français (lire ci-contre), publiée en juillet dans une revue britannique.