blogspot counter

Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 20 janvier 2012


Quand la dangerosité devient le grand critère de la justice pénale


Par ALAIN BLANC Magistrat, SOPHIE BARON-LAFORÊT Psychiatre (Association française de criminologie)
Nul ne sait si, dans les semaines qui précéderont l’élection présidentielle de mai 2012, un crime particulièrement horrible surviendra ou non. En revanche, il nous semble utile de formuler dès maintenant des recommandations sur les questions qui se posent sur le fonctionnement de la justice pénale et les attentes de nos concitoyens à ce sujet car les prises de positions des responsables politiques, mandatés ou non par les candidats à l’élection présidentielle pour s’exprimer sur les questions pénales, ont en effet pris jusqu’à présent un tour réellement préoccupant, quel que soit le bord d’où elles venaient.
Tout a déjà été dit sur l’effet désastreux de l’accumulation de lois souvent contradictoires censées garantir le non-renouvellement de faits divers, prétextes à leur élaboration en urgence au Parlement. Il en est de même concernant la question des moyens des services publics en charge de ces questions, qu’il s’agisse de la police, de la justice, de la psychiatrie ou plus largement des politiques publiques contribuant à la prévention de la délinquance et en particulier de la récidive.
Venons-en au cœur du sujet : depuis quelques années, nous sommes, avec la question pénale, comme sur un toboggan qui entraîne tout le monde en chute libre : la dangerosité est en train de devenir l’alpha et l’oméga, la pierre angulaire de toute la politique pénale : la loi du 28 février 2008 a instauré la rétention de sûreté et la privation de liberté perpétuelle sans crime ni délit. Dans le même mouvement, à bas bruit, le psychiatre et le juge se voient de plus en plus assignés par les responsables politiques - et l’opinion qu’ils contribuent à façonner - non plus pour l’un, à soigner et à apaiser la souffrance, pour l’autre à dire le droit et à rendre une décision juste, mais pour l’un et l’autre, d’abord, à prévoir le risque de dangerosité.
Il y a là un risque grave pour tout le monde, sans garantie d’améliorer la sécurité des personnes : celui de voir le médecin et le juge («mais le constat vaut pour d’autres professionnels dans le travail social, l’enseignement, la police, la recherche…») ne plus assurer leur mission première. Déjà, les psychiatres déplorent d’être mobilisés sur des urgences considérées comme plus sensibles ou médiatiques aux dépens des soins à des malades qui souffrent mais dérangent moins leur environnement. De même, les délibérés des chambres correctionnelles ou des cours d’assises intègrent de plus en plus le «risque de récidive» dans le calcul des peines qu’ils prononcent. Tant que les malades sont malgré tout soignés et que les peines restent «justes», rien de grave, nous dira-t-on.
Mais ne voit-on pas là en germe un risque de dérive ? Car la pollution des esprits est générale : l’étranger, le malade, le pauvre, le sans domicile fixe, et même l’enfant sont de plus en plus perçus comme potentiellement dangereux. C’est ce qui explique la régression historique qui est actuellement en cours pour notre droit des mineurs, mais aussi ce qui n’est - peut-être - qu’une «bourde» : le récent programme du ministère de l’Education nationale dit de «détection des risques» chez les enfants de moins de 3 ans, là où rien n’aurait été sans doute critiquable s’il s’était agi de repérage des «besoins» de ces mêmes enfants.
Mais revenons à la justice pénale. Dans ce domaine très surexposé, les effets de cette obsession de la dangerosité sont considérables : le récent quasi-lynchage à Brest d’un marginal pris par erreur pour un pédophile et décédé dans la foulée d’un arrêt cardiaque, l’illustre concrètement. On se souvient qu’ailleurs, quelques mois plus tôt, son ADN avait sauvé du même sort un ancien condamné pour agression sexuelle.
Le projet de loi de programmation d’exécution des peines - présenté une fois de plus en urgence devant le Parlement, et quelques mois avant l’échéance présidentielle - en est un autre avatar.
D’une part, seule la dangerosité supposée et la durée de peine des détenus y sont prises en compte - à l’exclusion de tout critère criminologique minimal - pour définir une priorité : affecter 7 000 places à des condamnés à moins de trois mois, alors qu’ils relèvent d’un aménagement de leur peine comme l’exige la loi du 10 novembre 2009 (c’était hier…).
D’autre part, et les suites du drame du Chambon-sur-Lignon n’ont pas fini d’alimenter ce débat important, le même projet de loi prévoit que le médecin informe le juge de l’application des peines sur «l’effectivité» (exposé des motifs) des soins suivis par le condamné ou sur leur «régularité» (article 5 du projet de loi). Tout cela risque de se solder par un compromis très approximatif autour d’un concept qui l’est tout autant : celui de «secret partagé» alors que les questions qu’il sous-tend sont complexes.
Venons-en à trois questions de fond qui nous paraissent déterminantes si l’on veut définir des perspectives sérieuses et avec un minimum de recul dans ce domaine. L’une concerne les débats sur l’expertise des prévenus ou accusés avant le procès pénal, l’autre, les conditions dans lesquelles la peine est définie par les juges et les jurés, la dernière les politiques d’exécution des peines et leur évaluation.
Sur l’expertise. Si des débats doivent avoir lieu sur les méthodes permettant de mieux connaître les personnes vis-à-vis desquelles la justice doit statuer, et de repérer ce qui peut être discerné sur leurs perspectives d’évolution (y compris les risques de réitération), ce ne sont ni les affrontements idéologiques ni les dogmatismes qui permettront d’y voir plus clair.
Ce serait une erreur de penser qu’il faut choisir entre la clinique psychiatrique et les méthodes «actuarielles» (ou statistiques), abusivement présentées par leurs émules comme plus «scientifiques». Clinique et méthodes actuarielles n’ont absolument pas la même fonction. Elles sont, par rapport à la définition de ce qui serait une politique publique de prévention de la récidive, plus complémentaires qu’exclusives l’une de l’autre.
Si l’on veut bien admettre qu’il s’agit d’une question scientifique, celle de déterminer ce que les techniques et les méthodes mises à jour jusqu’à présent peuvent apporter, recourons, comme cela a déjà été fait sur d’autres questions du même ordre, à la Haute Autorité de santé et à une «conférence de consensus» qui fera le point sur les savoirs en la matière et contribuera à un vrai débat démocratique à partir des analyses et des propositions qu’elle formulera.
Sur les conditions dans lesquelles la peine est définie et prononcée. Au moment où la peine est sans cesse critiquée et remise en question, où certains extrémistes faisant litière de tout principe humaniste vont jusqu’à réclamer l’instauration de peines perpétuelles incompressibles et non aménageables, donnons-nous les moyens de faire en sorte que cette peine soit déterminée dans des conditions sérieuses. Il est temps de recourir à la «césure du procès pénal» en deux temps. Celle-ci est seule en mesure de faire en sorte que la nature et le quantum de la peine soient débattus contradictoirement à partir de données examinées, pesées et discutées par celui ou celle dont la culpabilité est acquise, par l’accusation et par la défense.
A cette fin, un «temps du choix de la peine» doit être instauré en lieu et place des échanges convenus dans les procès actuels en fin de débat sur la culpabilité, sans autre contenu, d’une pauvreté le plus souvent affligeante, que celui autour de la «gravité» des faits.
De la qualité de ce débat-là, qui exige du temps, des données riches sur la personnalité et l’environnement du condamné sont indispensables pour garantir la crédibilité et la légitimité de la peine prononcée et sa capacité à être comprise, y compris par celui à qui elle est infligée.
L’exécution des peines. Nous sommes en janvier 2012 et plusieurs maisons d’arrêts sont obligées de mettre des matelas par terre dans les cellules pour garder des détenus dont beaucoup sont condamnés à des peines de moins de six mois. L’articulation entre les juridictions, parquet et siège, et les services pénitentiaires, malgré la loi du 10 novembre 2009 censée corriger les effets de celle du 10 août 2007 sur les peines planchers, n’a pas permis de généraliser les aménagements pour ces courtes peines, dont beaucoup se traduisent par des incarcérations impossibles à aménager en si peu de temps. C’est l’une des conclusions d’un colloque inauguré par le garde des Sceaux début novembre 2011 à l’IEP de Paris.
La seule réponse proposée à cette situation, non contestée en l’état par l’opposition, est de créer 7 000 places pour les moins de trois mois dont on sait - mais le projet de loi n’en dit mot - qu’il s’agit pour l’essentiel, en dehors des conduites en état alcoolique, de «petits voleurs» récidivistes pour la plupart, alcooliques et/ou toxicomanes, tous désocialisés, sans emploi, souvent sans hébergement.
Cette unique réponse est envisagée au moment où l’on entre dans une crise économique que l’on nous annonce comme sans précédent, c’est indigne.
Tout est-il mis en œuvre pour faciliter la mobilisation d’autres réponses ? De quelles évaluations disposons-nous et, quand elles existent - c’est le cas sur ce sujet -, qu’en fait-on ?
Les réponses ne sont pas - ou pas seulement - dans de nouvelles places de prison. Si beaucoup dépendent de la justice, de ses professionnels et des politiques régionales et locales à définir conjointement, elles dépendent aussi des autres services de l’Etat et des collectivités territoriales et du développement de la recherche sur des enjeux essentiels pour la cohésion et le respect de l’état de droit dans notre pays.
Ces propositions ne sont pas les seules à pouvoir contribuer à une meilleure qualité de la justice pénale et à renforcer sa légitimité. Mais elles ont le mérite, essentiel en ces temps de polémique et d’approximations, de faire appel à la fois aux savoirs disponibles et à la responsabilité de chacun.




Mélancolie - Essai sur l'âme occidentale
Par Làszló F. Földényi

Natalia Zaremba-Huzsvai (Traducteur), Charles Zaremba (Traducteur)



La mélancolie, nous dit László F. Földényi, est une tonalité constante du tempérament de l'homme occidental, quels que soient les contextes idéologiques qui le baignent. Il y aurait donc un fond de mélancolie, un esprit mélancolique à l’œuvre dans les soubresauts de la culture européenne. Tour à tour marque des devins et des hommes d’exception de l’Antiquité, maladie mentale caractérisant l’insensé du Moyen Age, altération psychique du héros romantique plongé dans la tristesse et l’ennui ou du névrosé ordinaire qui court les rues de la vie moderne, cette figure singulière des maladies de l’âme n’en reste pas moins l’expression aiguë des profondes contradictions de l’identité humaine.
Cette affection - aubaine ou fatalité - traverse les époques en convoquant autour d’elle philosophie, médecine, esthétique, art, ce qui en fait le lieu par excellence où ne cesse de se poser et de se renouveler l’interrogation sur le sens de l’existence. C’est que la mélancolie a l’audace de dévoiler le ressort caché de la condition humaine : cette ambivalence inconfortable de l’homme écartelé entre son destin d’être fini et son désir d’infini, s’éprouvant avec un plaisir jouissif ou une souffrance accablante.
Mais toujours, vertigineusement, comme un moins que rien qui désire plus que tout. La mélancolie, c’est l’histoire de cette épreuve solitaire indépassable mais c’est aussi et surtout une épreuve décisive de lucidité, selon le pessimisme serein du philosophe, qui lui rend ici un brillant hommage.

samedi 14 janvier 2012


Deux psychiatres de St Anne suspendus

Deux psychiatres, chefs de service hospitalier, ont été sanctionnés pour manquements au Code de déontologie médicale par la chambre disciplinaire du Conseil régional de l’Ordre des médecins d’Ile-de-France.
A priori, rien que de très banal, mais voilà il ne s’agit pas de n’importe qui, et encore moins de n’importe quelle situation. L’un des deux contrevenants n’est autre le professeur Gérard Massé, qui fut jusqu’à peu président de la commission médicale d’établissement de l’hôpital St Anne.
Ces deux psychiatres ont été poursuivis à la suite de la diffusion le 7 mai 2010 sur la chaîne télévisée Arte d’un documentaire «Sainte-Anne, hôpital psychiatrique», filmé dans leur service respectif. Gérard Massé est sanctionné d’une interdiction d’exercice d’un an dont neuf mois avec sursis et le Dr François Petitjean, qui a quitté Saint-Anne depuis, d’une interdiction d’exercice de trois mois dont deux mois avec sursis. L’application de la sanction reste toutefois soumise à un éventuel appel des deux médecins devant la chambre disciplinaire du Conseil national de l’ordre des médecins, dans un délai de 30 jours suivant la notification.
 Que leur reproche-t-on? La mention du nom de certains patients, voire de leurs médicaments, traitements, le non-respect de leur dignité, voire la déconsidération de la profession font partie des griefs portés leur encontre, sur la base du Code de déontologie. Ce long reportage avait suscité un véritable choc,tant les conditions de traitements des patients hospitalisés manquaient singulièrement de «chaleur humaine», et de "simple hospitalité". Et cela était d’autant plus inquiétant que cela intervenait dans un des services les plus dotés de France. Qui plus est, Gérard Massé, chef du service à l’hôpital Sainte-Anne a été l’auteur d’un rapport sur la psychiatrie, il a mis en place la mission nationale d’appui en santé mentale qu’il a dirigée jusqu’en février 2008. Le professeur Gérard Massé a toujours été trés contesté, pour manifester beaucoup de soins à l'évolution de sa carrière. Celle ci vient de prendre un sacré coup d'arrêt.
Eric Favereau


CH Sainte-Anne (Paris)Deux chefs de service sanctionnés pour manquements au code de déontologie médicale

12.01.12 Le 3 janvier dernier, la chambre disciplinaire du Conseil régional de l'ordre des médecins (CROM) d'Île-de-France a sanctionné deux chefs de service de l'hôpital psychiatrique Sainte-Anne à Paris pour avoir méconnu leurs obligations déontologiques. Comme le précise le CROM à Hospimedia, l'un s'est vu interdire d'exercice pour une durée d'un an, dont neuf mois avec sursis, le second pour trois mois, dont deux avec sursis. Ces deux psychiatres ont été poursuivis par le Conseil départemental de l'ordre des médecin (CDOM) de Paris suite à la diffusion le 7 mai 2010 sur la chaine télévisée franco-allemande ARTE du documentaire "Sainte-Anne, hôpital psychiatrique", filmé dans leur service respectif. En cause, des manquements aux articles 2, 3, 4, 7, 10, 13, 31, 35, 36 et 95 du code de déontologie médicale pour, entre autres, l'évocation du nom de certains patients, l'absence de floutage sur les visages, la divulgation des traitements, etc. Toutefois, l'application de cette sanction reste soumise à un éventuel appel des deux praticiens devant la chambre disciplinaire du Conseil national de l'ordre des médecins (CNOM), pour lequel il disposent d'un délai de 30 jours à compter de la notification de la décision.
T.Q.

À télécharger :


Psychiatrie - Soins sous contrainte en ambulatoire : projet de décret

10.01.2012 


Le projet de décret sur le suivi ambulatoire des patients en soins psychiatriques sous contrainte précise le contenu des conventions qui devront être signées par les directeurs d'établissement.

Le projet de décret sur "la réinsertion sociale des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques" a été présenté aux fédérations hospitalières, aux conférences nationales de directeurs d'hôpitaux et de présidents de commissions médicales d'établissement (CME) et aux associations d'usagers et de famille. Il a été envoyé pour avis aux syndicats de praticiens hospitaliers.

Le projet de décret est un texte d'application de la loi du 5 juillet 2011 sur les soins psychiatriques sous contrainte concernant les patients qui seront suivis en ambulatoire avec un "programme de soins", une des nouveautés introduites par cette loi.

La loi prévoit, à son article 8, la signature de conventions entre l'établissement de santé accueillant des patients sous contrainte, le préfet, les collectivités territoriales compétentes et le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) pour déterminer comment "assurer le suivi" et "favoriser la réinsertion sociale" de ces patients. Les conventions doivent aussi préciser les conditions dans lesquelles une réhospitalisation à temps plein peut être mise en œuvre.
Selon le projet de décret, la convention devra porter sur les modalités de coopération entre les professionnels sanitaires, médicosociaux et sociaux et des services territoriaux d'assistance sociale pour la prise en charge de la personne, sur "les conditions d'organisation des réponses des différents acteurs sur un territoire déterminé et les procédures à mettre en œuvre en cas d'urgence".



Lire la suite ici








Condamnés dangereux : les maires ne seront pas prévenus

Par le 12 janvier 2012 à 16h52
Lors de l'examen du projet de loi sur l'exécution des peines, les députés ont repoussé de justesse un amendement UMP qui permettait à un maire d'être informé de la présence de condamnés considérés comme dangereux et susceptibles de récidiver.

L'amendement, déposé par Richard Mallié (UMP) et signé par près de 200 députés du même bord, prévoyait qu'"à sa demande", un maire puisse être informé par le parquet de la présence d'une personne "faisant l'objet d'une surveillance judiciaire" (au moins dix ans de prison avec risque de récidive)  ou d'une "surveillance de sûreté" (après une période de rétention de sûreté).  


Le rapporteur du projet de loi, Jean-Paul Garraud (UMP), s'est lui aussi montré réticent, craignant "un piège pour les maires". "Que va-t-il faire de cette information?" impossible à divulguer, du fait du secret professionnel. "Il faudrait qu'il puisse partager l'information avec la police ou avec le directeur d'école", a-t-il plaidé. Emile Blessig (UMP) a dit craindre lui aussi que cela se "retourne contre le maire" et Patrice Martin-Lalande (UMP) a jugé l'amendement "dangereux". 


Information des établissements scolaires
Si l'amendement sur les maires a été retoqué, en revanche, les élus ont adopté un amendement prévoyant qu'"en cas de placement sous contrôle judiciaire pour des crimes ou délits violents ou de nature sexuelle, la justice informe les responsables des établissements scolaires de cette mesure et de la nature des faits commis". Cette mesure fait suite au meurtre en novembre dernier dans la Haute-Loire d'une adolescente, Agnès, par un lycéen de son internat qui avait été mis en examen pour viol en 2010 dans le Gard. Un amendement de l'UMP Jean-Paul Gara a également été adopté qui propose d'améliorer l'échange d'informations "entre la justice et les médecins qui suivent les personnes poursuivies ou condamnées pour des crimes ou délits violents ou de nature sexuelle ou justifiant un traitement et qui sont soumis à une obligation de soins ou une injonction de soins".

Incitation financière pour les experts psychiatres. Des internes en psychiatrie pourront obtenir une incitation financière pour pallier la pénurie d'experts psychiatres que connaît la justice, s'ils s'engagent à suivre un cursus en sciences criminelles ou psychiatrie, a également voté jeudi l'Assemblée. Ils devront aussi s'engager à être inscrits pour deux ans au moins, une  fois leurs études finies, sur une des listes d'experts judiciaires près les cours d'appel, lorsque le nombre des experts y figurant est insuffisant. Pour augmenter le nombre d'experts psychiatres judiciaires, le projet de  loi prévoit aussi une indemnité pour perte de ressources de 300 euros, en complément du tarif de l'expertise elle-même, lorsque l'expertise sera conduite par un psychiatre libéral.  


Lire la suite ici


Espace Analytique vous informe de ses prochaines

Journées d’études les 10 mars - 11 mars 2012 

Voir le programme joint (format pdf)

Ces troubles qu’on appelle bipolaires et la psychanalyse

La nouvelle nosographie psychiatrique impose la catégorie du trouble « bi-polaire » dont le succès croissant interroge nos pratiques. Peut-on alors considérer que l’écart croissant entre clinique psychiatrique et clinique psychanalytique est une chance pour cette dernière, contrainte alors à assumer une rupture avec le discours de la psychiatrie ? Est-il à redouter que cette nouvelle dénomination se soutenant de prescriptions chimiothérapeutiques et de remédiations ne complique le repérage des lignes de force de la subjectivité, d’autant que l’incontestable succès médiatique du trouble « bi-polaire » fonctionne aujourd’hui comme une identité ? Un affleurement pulsionnel nouvellement entendu se masque-t-il sous l'étiquette « bi-polaire » et comment le prendre en compte dans le vif du transfert ?
C’est bien aussi le rapport de la subjectivité à la mélancolie qui refait question aujourd’hui, au-delà du plan psychopathologique, pour venir interroger les destins de la mélancolie dans l’actuel du lien social et de la sublimation. 
12 rue de Bourgogne
75007 Paris



Le futur incertain de la psychiatrie
Publié le 12/01/2012


Pour les éditorialistes du British Journal of Psychiatry, la psychiatrie est une profession en crise, écartelée entre maintes « orientations théoriques », des « débats sur la nature des troubles », des reproches sur « l’inefficacité de certains traitements » et une « stigmatisation de la profession. » Les auteurs font un parallèle avec l’histoire des apothicaires : puissants et respectés, ils ont progressivement perdu leurs prérogatives, les actuels pharmaciens ne récupérant qu’une faible partie des fonctions et du rôle social dévolus jadis aux apothicaires.
On peut aussi faire le parallèle avec l’histoire des chirurgiens-barbiers : leur profession a disparu pour se refondre radicalement dans deux métiers a priori sans affinité aujourd’hui, les chirurgiens (relevant désormais des études de médecine) et les coiffeurs ! De même, facilitée notamment par le fait que les jeunes psychiatres se forment de plus en plus dans des cadres extra-hospitaliers (vu la diminution drastique des places en hôpital psychiatrique), la « démédicalisation » rampante de la psychiatrie pourrait déboucher, redoutent les auteurs, sur une disparition de l’enseignement de la clinique psychiatrique « à l’ancienne » (accélérée aussi par la vision trop réductrice du DSM).
Cette situation risque elle-même d’entraîner un redéploiement des tâches des psychiatres vers des professions différentes : autres praticiens (généralistes, neurologues, gériatres, pédiatres…), psychologues et divers psychothérapeutes, éducateurs, assistants de service social, etc. On pourrait ajouter (hélas) à cette liste non exhaustive la profession de gardien de prison, vu la proportion considérable de malades mentaux chez les sujets échouant à la « caseprison » malgré (ou à cause de) leur pathologie psychiatrique…
 Si le futur de la spécialité paraît donc incertain, les auteurs rappellent toutefois que la profession de médecin est «immuable, mais puisque les êtres humains auront toujours besoin de soins médicaux et d’attention, la médecine et des spécialités comme la psychiatrie continueront de prospérer. » Dès le XVIIème siècle, La Bruyère formulait une telle opinion, susceptible de motiver les générations nouvelles : « Tant que les hommes pourront mourir et qu’ils aimeront vivre, le médecin sera raillé et bien payé. »
Dr Alain Cohen
Oyebode F et Humphreys M : : The future of psychiatry. Br J Psychiatry, 2011; 199: 439–440.
M > Le Magazine > L'époque


Illustration: Shannon Freshwater pour M Le magazine du Monde | DR


Par Laure Mentzel / Illustrations Shannon Freshwater
Sur l'écran, une grand-mère à col Claudine enfourne son bras entre les mâchoires d'un crocodile en plastique. Cette pédopsychiatre chevronnée mime devant la caméra le concept lacanien de "mère crocodile" - envahissante et castratrice - qui a autrefois expliqué les causes de l'autisme. Dans les années 1950, on considérait avec Bruno Bettelheim et Jacques Lacan que cette pathologie résultait d'un trouble de la relation mère-enfant. A l'heure où le monde entier tient pour acquise l'origine neurobiologique du handicap et la nécessité de rééduquer les enfants qui en sont atteints, la professionnelle expose son approche sans ciller : ce qu'il faut soigner avant tout, c'est la"folie maternelle". A en croire le documentaire Le Mur de Sophie Robert dont est extraite cette scène, les psychiatres français seraient dépendants des théories psychanalytiques, considérées partout ailleurs comme obsolètes pour le traitement de l'autisme. Les paroles de psychiatres se succèdent et accablent surtout ceux qui les prononcent : parents forcément coupables du handicap de leur enfant, retard de langage dû à un désir de "rester dans l'oeuf", absence de solution, rejet de l'idée même de progression... Le film glace et agace. N'y a-t-il donc aucun psychiatre digne de ce nom en France ? Les découvertes des neurosciences et les thérapies cognitives et comportementalistes, qui ont fait leurs preuves dans les pays anglo-saxons et scandinaves, s'arrêtent-elles comme le nuage de Tchernobyl à nos frontières ? Le 8 décembre dernier, on en débattait au tribunal de Lille. Sophie Robert y était assignée par certains des professionnels interviewés désireux de faire interdire Le Mur.
En cause, selon les conclusions de leur avocat, un montage qui porterait atteinte à leur réputation et à leur droit moral."Présenté comme un film documentaire"Le Mur est "en réalité un film militant" qui les "ridiculise". Quant à ceux des intervenants qui n'ont pas porté plainte, ils inondent la Toile de rectificatifs courroucés, et dénoncent des procédés"malhonnêtes". Un "abus de confiance" selon Caroline Eliacheff qui a pris position en faveur des psychanalystes sur France Culture. Sophie Robert répond d'une voix douce qu'elle n'avait"pas prévu de faire un film à charge sur la psychanalyse". Au contraire, c'est parce que la discipline l'intéresse qu'elle a commencé à s'y pencher. Au fil des discussions, elle admet aussi que si le problème n'est pas plus connu et son film pas diffusé, c'est sans doute parce que "les décideurs, les leaders d'opinion sont tous sur le divan". Comprendre : entre analysés, on se serre les coudes pour défendre les disciples de Freud et de Lacan. Le Mur est-il un brûlot caricatural, ou un nécessaire cri d'alarme ? Le tribunal donnera le 26 janvier une réponse juridique à ce qui est plutôt une question de santé publique. Qu'il soit alors interdit ou non, le film aura eu le mérite de poser la question des prises en charge "à la française" alors que l'autisme a obtenu en décembre dernier le statut de grande cause nationale 2012 pour "méliorer son dépistage précoce, développer l'accompagnement des enfants autistes et favoriser leur intégration et leur maintien en milieu scolaire ordinaire".Psychanalystes contre comportementalistes, la guerre est-elle déclarée ? Avec, selon l'Inserm, un enfant sur 156 touché par ce handicap, la question mérite d'être posée.
EN FRANCE, certains membres du corps médical voient encore dans la mauvaise relation maternelle la cause des troubles autistiques. Virginie Gouny en a fait l'amère expérience. Mère d'un petit Mattéo de presque 3 ans, quand elle est allée consulter un pédopsychiatre, elle a été surprise : c'est à elle que le médecin posait des questions. Cet enfant, l'avait-elle vraiment désiré ? Acceptait-elle, maintenant qu'il était là, de s'en séparer ? Le rapport du psychiatre, lapidaire, décrit un"enfant de la pilule du lendemain". On diagnostique Mattéo "TED", c'est-à-dire atteint de "troubles envahissants du développement". C'est le nouveau nom de l'autisme, le terme étant inapproprié à la multiplicité des maux qu'il recouvre. De l'autisme de type Kanner, qui touche des enfants aux capacités intellectuelles parfois altérées, aux génies atteints du syndrome d'Asperger - à l'image du héros du film Rain Man -, les manifestations sont nombreuses et n'ont pour point commun qu'une incapacité à communiquer, à percevoir le réel et à s'y adapter. Le psychiatre préconise une prise en charge au centre médico-psychologique (CMP). Dans ces centres, où le personnel n'est pas toujours formé à l'autisme, on exclut souvent des soins les parents, mais aussi les séances de psychomotricité et d'orthophonie indispensables aux progrès des enfants. Estomaquée par ce diagnostic en forme d'accusation, Virginie cherche d'autres solutions pour son fils. Mais en province, "si on refuse le CMP, on est en roue libre".
Pourtant, dans ces centres de quartier, la formation sur les troubles du développement n'est pas toujours pointue. Le personnel, encore très imprégné des théories psychanalytiques, les applique à la lettre, entravant alors les progrès des enfants autistes. Depuis toujours, Valérie Sochon soupçonne que son fils a un problème. Elle s'en ouvre à son médecin traitant, qui lui prescrit, à elle, des antidépresseurs et des anxiolytiques. Son fils grandit mal, il a des phobies alimentaires et des carences. A 4 ans, on lui propose un accompagnement en CMP. Mais tout ce qui est offert à Alexis, ce sont des "repas thérapeutiques" où on l'oblige à préparer et manger les nourritures qu'il a en horreur, et la "pataugeoire", dans laquelle on l'observe barboter. Au mieux. Au pire, on lui plonge la tête dans l'eau pour lui faire revivre l'accouchement, en espérant le délivrer de son trauma originel. Alexis a 5 ans et l'équipe pédagogique recommande son placement. Valérie finit par entendre parler d'un pédopsychiatre de renom qui vit en Bretagne. Elle quitte tout pour aller le consulter, et s'installe dans sa région. Aujourd'hui, Alexis est scolarisé à temps plein au collège du coin, où il obtient de très bons résultats. M. Khanfir a lui aussi pallié les insuffisances de l'institution. Son fils Ryan "comme dans Il faut sauver le soldat Ryan" est autiste. Après quelques années dans un hôpital de jour, il est envoyé dans un centre moins spécialisé, "un parking pour gosses lourdement handicapés". Ryan devient alors taciturne, violent, et perd totalement l'usage de la parole. Depuis sa sortie, il a appris, avec un éducateur privé formé aux méthodes comportementalistes, à communiquer, à être propre, sociable. Et plus heureux.
HOWARD BUTEN, LE CÉLÈBRE CLOWN-PSYCHOLOGUE-ÉCRIVAIN AMÉRICAIN, qui travaille avec de jeunes autistes français depuis des années, n'hésite pas à critiquer vertement le système hexagonal, encore trop imprégné de psychanalyse et braqué contre les méthodes comportementalistes. Que disent-ils, les psychiatres " vieille école " ? Que les thérapies cognitives et comportementales sont un "dressage""Mais la plus grande violence qu'on peut faire à un enfant autiste est de le laisser croupir dans son autisme", répliquait déjà il y a vingt ans, aussi politiquement incorrect qu'énergique, le psychiatre Stanislaw Tomkiewicz.
ABA, Teacch, PECS : à Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne), ces acronymes de traitements comportementaux sont désormais le quotidien d'une trentaine de personnes. Douze enfants et quatorze adultes s'y consacrent sans relâche dans le petit institut médico-éducatif L'Eclair. Une enclave d'efficacité et de douceur fondée par Liora Crespin, mère d'un enfant autiste, et subventionnée par l'Etat. Dans l'entrée du bâtiment, des manteaux sont accrochés sous des casiers, comme dans toutes les écoles. A côté du nom de l'enfant, sa photo. Partout, des repères visuels, qui permettent une structuration de l'espace et du temps : un emploi du temps vertical composé de vignettes qu'on scratche et qu'on déplace au fil de la journée, permettra de visualiser les tâches accomplies et celles à venir. Des cartes aussi pour s'exprimer : télévision, Meccano, boire. Les enfants "non verbaux" apprennent à communiquer, à exprimer des demandes sans crier, et ainsi à modifier un comportement souvent inadapté. L'institut est propre, calme et coloré. Dans une délicieuse odeur de gâteau, des enfants jouent et apprennent indistinctement. Marelle ou exercice de psychomotricité, une petite fille saute d'un cerceau à l'autre, sous les encouragements d'un adulte. Dans la "salle bleue", un petit garçon réclame des bonbons à une jeune femme assise à côté de lui à une table miniature. Elle utilise la méthode ABA (analyse du comportement appliquée), consistant à récompenser d'une friandise ou d'un petit plaisir les enfants qui ont su répondre correctement à une demande. Quant à la patisserie qui parfume les couloirs, les enfants l'ont fait pendant un atelier cuisine, mais c'est l'occasion, aussi, d'apprendre quelque chose : à compter jusqu'à trois comme le nombre d'oeufs à casser. L'occasion aussi pour Audrey, dont c'est l'anniversaire, de souffler ses six bougies... L'une des grandes différences entre les thérapies comportementales et la psychanalyse traditionnelle tient à la participation des parents au programme éducatif. L'enfant, sans relâche, est stimulé par tous les adultes de son entourage afin d'acquérir autonomie et cognition.
Ces méthodes fonctionnent : au royaume-uni où elles sont appliquées, les trois quarts des enfants autistes sont intégrés en milieu scolaire, contre environ un quart en France. Mais loin de méconnaître les succès de ces thérapies, la médecine française, moins agrippée à ses textes psychanalytiques que le film le raconte, envisage désormais de les inclure dans son dispositif de soins. Liora Crespin exhibe fièrement le rapport d'une équipe de l'hôpital Sainte-Anne chargée de tester régulièrement le programme, qui note des "progrès importants", et conclut :"C'est un vrai plaisir pour nous de collaborer avec l'équipe de cette structure."
LE PSYCHIATRE MOÏSE ASSOULINE INSISTE : le hiatus ne se situe pas entre psychanalystes et comportementalistes, mais entre les tenants d'une prise en charge intensive et les autres. L'hôpital d'Antony pour jeunes autistes qu'il dirige ressemble à tout sauf à un hôpital. C'est un chaleureux pavillon de banlieue bordé d'un petit jardin. Dans une pièce, tous les adolescents et les soignants sont rassemblés pour la réunion hebdomadaire. Les adolescents sont contents d'être de retour dans cette structure qui les accueille comme une école. La semaine d'avant, c'étaient les vacances de Noël. Dans leurs familles, ils se sont ennuyés de l'hôpital. Un hôpital où on applique notamment les méthodes comportementalistes : ici aussi, on trouve des photos sur chaque porte, et des emplois du temps en images. C'est du bon sens que d'aider les enfants non verbaux à communiquer. Surtout, ici, tous les soignants respectent ceux qu'ils appellent "nos jeunes". Ce qui implique non de les abandonner à leur handicap mais au contraire de leur proposer des activités passionnantes, valorisantes et stimulantes. C'est à Antony que Le Papotin a vu le jour il y a trente ans. Les interviews de ce "journal atypique", comme le proclame sa " une ", sont entièrement réalisées par les patients de l'hôpital de jour, et il faut les lire pour en admirer la pertinence. A Mazarine Pingeot : "Tu serais la fille cachée [de Mitterrand], pourquoi ?" A Bertrand Delanoë : "La question va paraître un peu crue, mais tant pis, depuis quand avez-vous choisi le mode de vie [l'homosexualité] qui est le vôtre ?" Rien d'étonnant à la remarque d'Howard Buten, interviewé dès la première édition du journal : "Sans rentrer dans la méchanceté gratuite (...), je crois avoir trouvé les seuls journalistes qui méritent d'être mes amis à Paris."
Ils sont tous dans le même camp : celui des "jeunes". Psychanalystes, comportementalistes, qu'importe l'étiquette pourvu qu'il y ait du mieux. Bernard Golse, pédopsychiatre à l'hôpital Necker et psychanalyste, est l'un des interviewés mécontents de Sophie Robert. Hautain, il affirme d'un air d'évidence qu'"aucun trouble relationnel mère-enfant ne peut expliquer l'autisme". Au contraire, il se dit "solidaire des parents" qui veulent que leur enfant aille à l'école. Il poursuit, furieux : "Nous sommes le fruit d'une agressivité qui devrait aller à l'Etat, qui ne respecte pas la loi. Pour accueillir des autistes à l'école, il ne faut pas supprimer 44 000 postes d'enseignants tous les deux ans." C'est du côté de l'Etat qu'il faut donc désormais chercher les causes du retard français. Bernard Golse appartient au conseil d'administration du Craif, le Centre ressource autisme d'Ile-de-France. Des parents et des professionnels en nombre égal y siègent pour faire évoluer la situation des personnes avec autisme. Pour Jacques Baert, président du Craif et père d'un adulte autiste de 30 ans, cette querelle de chapelles psychanalystes versuscomportementalistes, soignants contre parents, est dangereuse, avant tout pour les autistes. "On arrive enfin à travailler tous ensemble", souligne-t-il posément. L'homme déplace le débat :"Ce qu'il faut à un autiste, c'est peut-être idiot, mais c'est le respect. Le respect de soi, qui s'acquiert avec des activités valorisantes", comme les Centre d'aide au travail où son fils est désormais inséré. "Le paradoxe avec les parents, c'est qu'ils voudraient que leurs enfants aillent à l'école comme tout le monde, travaillent comme tout le monde, mais leurs enfants ne sont pas comme tout le monde, et il faut en tenir compte aussi." Rééducation, psychothérapie, intégration en milieu ordinaire, internats... Rien n'est parfait mais tout doit être tenté. Jacques Baert conduit. Parler de ces sujets si sensibles l'a déconcentré, et il a perdu son chemin. Son ordinateur de bord lui indique soudain la bonne direction. Mains sur le volant, l'homme quitte alors un instant son air grave pour un trait d'humour un peu noir : "Vous voyez, les traitements de l'autisme, ce n'est pas aussi évident qu'un GPS, ce n'est jamais miraculeux !"


20 minutes.fr 

Autisme: La FuturoSchool, une autre école pour des enfants différents

Créé le 12/01/2012

REPORTAGE - L'association «Vaincre l'autisme» prône une méthode comportementale, alternative à la psychiatrie, pour aider les jeunes...

Lire la suite ici