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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 21 septembre 2011


Phobie scolaire : un symptôme qui cache autre chose

FLORENCE TRAULLÉ Publié le mardi 20 septembre 2011 Elle touche aussi bien les petits que les ados. La phobie scolaire suscite souvent l'incompréhension. À Villeneuve d'Ascq, une clinique soigne, au-delà de ce seul trouble.

C'est la seule clinique du genre dans la région. Une équipe médicale pluridisciplinaire mais aussi des profs et un vrai chef d'établissement de l'Éducation nationale car la clinique des Quatre Cantons est à la fois lieu de soins psychiatriques et établissement scolaire. On y soigne et on y enseigne. Une unité soins/études. « Nous sommes une clinique où il y a des cours. Les deux sont articulés. Je précise toujours aux parents que ce n'est pas une école pour enfants difficiles » explique Robert Vanovermeir, le directeur des études. « Ce n'est pas non plus un lycée avec une grosse infirmerie ni l'école à l'hôpital » ajoute le Dr Catherine Goudemand-Joubert, psychiatre. Un bon tiers des jeunes hospitalisés ici arrive pour un problème de phobie scolaire. C'est la demande initiale. « La phobie scolaire, c'est un symptôme qui peut recouvrir beaucoup de choses » affirme d'emblée le Dr Goudemand. Elle parle de « refus anxieux de l'école » qui se traduit par des crises de panique ou d'autres somatisations. « L'enfant ou l'adolescent est incapable d'aller en classe. Ce n'est pas du tout du caprice, et cela n'a rien à voir avec l'école buissonnière. » Elle parle de « symptôme bruyant » derrière lequel « il y a souvent une angoisse de séparation majeure, même si elle est inconsciente. Ou une inhibition de la pensée. Ils n'osent plus penser, plus apprendre. » Un symptôme devant lequel les parents se trouvent totalement désemparés et qui nécessite une prise en charge thérapeutique car « la phobie scolaire mène parfois à la phobie sociale et peut conduire à un état dépressif » ajoute le Dr Goudemand. Isolement, rupture avec les copains, journées passées à ne rien faire, un engrenage dangereux. Les jeunes arrivant ici avec un symptôme de phobie scolaire sont souvent déscolarisés depuis un an en moyenne. « Certains ont des scolarités très "explosées". Ils ont plusieurs fois changé d'établissement ou de filière en pensant que ça ira mieux » note Robert Vanoveirmer mais, en remontant le fil de leur histoire scolaire, il constate que, beaucoup, ont eu une scolarité régulière en primaire avant de « décrocher un peu en troisième. Même s'ils boitillaient, ils s'en sortaient. Souvent, l'effondrement se produit après le passage au lycée ». Le Dr Goudemand rencontre « beaucoup de perfectionnistes qui, avant, étaient de très bons élèves ».
Entretiens directs avec un psychiatre, thérapies de groupes, ateliers et thérapies familiales sont mis en place par l'équipe médicale. Toute une palette d'outils déclinée pour chaque jeune, en y associant la famille. « Cela se fait progressivement » explique le Dr Goudemand. « Souvent, les familles ont déjà consulté avant de venir ici. Le symptôme de leur enfant a perturbé la famille et l'a fait réagir de telle ou telle façon.


Cela peut faire boule de neige. Démonter un peu tout ça permet d'aborder d'autres problématiques » constate la psychiatre qui reconnaît la subtilité de cette prise en charge. « Nous-mêmes n'avons pas toutes les réponses. C'est en cheminant avec la famille et le jeune que l'on va réussir à dénouer ce qui se passe. » Et d'ailleurs « la prise en charge au niveau des soins ne s'arrête pas quand le symptôme de phobie scolaire a disparu » ajoute le directeur des études. Il arrive que des jeunes patients retournent au lycée mais restent soignés dans l'établissement.Un projet global
La particularité de cette clinique, offrant une scolarisation sur place de la troisième au lycée « est de faire le pari que les cours participent au processus de soins. C'est un projet global. Nous avons des exigences scolaires », insiste le directeur des études. Dans un système psychiatrique où l'hospitalisation courte devient de plus en plus la règle, ici, on prend le temps. « En général, c'est assez long à soigner, reconnaît le Dr Goudemand. Cela dépend de la problématique. Les phobiques sont des personnalités évitantes, avec beaucoup de résistance. Il faut s'adapter au rythme des patients. » Seule structure de ce type, la clinique des Quatre Cantons affiche une liste d'attente qui, regrette René Vanoveirmer « fait perdre du temps à la prise en charge médicale et par rapport à la scolarité aussi ». w 
« IL Y A UNE FORME DE HONTE POUR LES ENFANTS COMME POUR LES PARENTS »
La présidente de l'association Phobie Scolaire milite pour qu'elle soit reconnue comme une maladie en tant que telle. Elle dit s'être retrouvée confrontée à la culpabilisation des parents et dénonce le manque de structures de soins.Comment vous êtes-vous intéressée au problème de la phobie scolaire ?>> Parce que ma fille a été touchée. Nous nous sommes retrouvés très démunis. En plus, je suis enseignante. Alors je me disais que si, moi, je me retrouvais dans cette situation d'incompréhension, qu'en était-il pour les autres parents ? J'ai fait des recherches sur la phobie scolaire et les possibilités de soins. Il n'y avait aucune association et on me renvoyait toujours le même schéma de la mère surprotectrice, du père absent, des parents pas assez investis, voire de la mère agoraphobique. Ça ne correspondait pas du tout à notre profil. On se posait plein de questions et on se trouvait très seuls.Vous vous êtes sentie culpabilisée en tant que parent ?  >> Énormément. Comme si, nécessairement, notre fille souffrait de carences affectives. Nous avons vraiment été déstabilisés par cette culpabilisation des parents, comme souvent dans les maladies dont on ignore véritablement la cause, comme l'autisme par exemple.Certains assurent que les phobies scolaires augmentent. Qu'en pensez-vous ?  >> C'est difficile à dire parce qu'il n'y a pas de statistiques officielles. C'est une maladie encore peu connue. Je pense qu'elle a toujours existé mais que la prise de conscience augmente. Parmi ceux qu'on appelle les « décrocheurs » du système scolaire, il y a sans doute aussi des phobiques qui ne sont pas détectés.Cela dit, les phobiques scolaires s'accrochent, malgré tout. Ils essayent vraiment d'aller à l'école, au collège, au lycée mais n'y arrivent pas. Ma fille faisait tout pour y aller. Elle partait de la maison et elle vomissait dès qu'elle était dans la rue. C'est une vraie souffrance, très difficile à dire. Il y a sans doute une part de déni, comme dans beaucoup de souffrances psychiques. Et, je pense, une forme de honte pour les enfants, comme pour les parents.Ça reste encore tabou.Alors que des psys pensent que la phobie scolaire est le symptôme d'autre chose, vous, vous militez pour qu'elle soit reconnue comme une maladie en tant que telle ?>> La phobie scolaire est qualifiée par les médecins de « trouble anxieux » comme pour les autres phobies. C'est pourtant très invalidant. Plus que la phobie des araignées, par exemple. On n'en rencontre pas tous les jours ! Alors que, pour un enfant, l'école c'est tous les jours... C'est aussi très angoissant pour eux car ils réalisent bien que cela compromet leur apprentissage. Beaucoup de phobiques n'ont, malheureusement, pas d'autre choix que de se tourner vers l'enseignement par correspondance.Qui, pour vous, n'est pas la bonne solution...  >> Non, car cela aggrave les phobies sociales. L'enfant ou l'ado passe sa vie chez lui, ne voit personne de la journée si ses deux parents travaillent. Ils sont en prison à la maison. Ce n'est pas une vie. Cela dit, les cours par correspondance en ont sauvé quelques-uns. La prise en charge thérapeutique est très compliquée. Il y a très peu de structures. Les meilleures sont les centres médico-psychologiques mais, comme pour tout ce qui est hospitalier, il y a trop d'attente. Pendant ce temps, l'enfant se dégrade. Reste le recours à des psychothérapeutes. C'est payant et non remboursé comme une orthophoniste ou un kiné. Ce n'est pas normal. w PROPOS RECUEILLIS PAR Fl.T.
ROMAIN : « LA NUIT, JE ME RÉVEILLAIS EN NAGE, COMPLÈTEMENT TREMPÉ DE SUEUR ET AFFOLÉ »
Romain a mis du temps à se faire entendre et comprendre. Sa phobie scolaire s'est installée insidieusement. Au début, ses parents ont cru à un caprice, imaginé toutes sortes d'explications. Lui-même comprenait mal ce qui lui arrivait.Il est très fier du bac qu'il a obtenu l'an dernier en candidat libre. « Pas de mention » rigole Romain « mais au moins je l'ai décroché. Ce n'était pas gagné ! » Pour lui, tout commence au début du deuxième trimestre en première. « L'année n'avait pas trop mal débuté. J'étais un élève correct, pas super brillant, pas mauvais, dans la moyenne. » Il se souvient d'un malaise diffus pendant les vacances de fin d'année. « J'avais un peu de boulot à faire, mais quand je m'y mettais, j'avais du mal à bosser. Anormalement. Je commençais à angoisser à l'idée de la reprise début janvier. » Romain le reconnaît, il est d'un naturel anxieux mais, « tout de même, ça n'avait jamais pris de telles proportions ».Début janvier arrive, il reprend le chemin du lycée. « Très vite, j'ai commencé à avoir des sueurs épouvantables la nuit. Je me réveillais en nage, complètement trempé et affolé. » Puis, viennent « les crampes au ventre le matin. J'étais incapable de prendre mon petit-déjeuner. Rien ne passait. Ma mère insistait pour que je mange avant de partir au lycée. J'ai commencé à vomir le peu que j'avalais ».Sa mère pense alors à une banale gastro. Romain sent bien que « c'était autre chose, de totalement inconnu pour moi, qui me dépassait ». Il se retrouve plusieurs fois à l'infirmerie du lycée « plié en deux de douleurs dans le ventre, vraiment pas bien » . L'infirmière s'interroge, conseille une visite médicale. « Mes parents sont très soucieux de notre réussite scolaire. Une fois que le médecin de famille a évacué tout problème genre appendicite, ulcère etc., mes parents ont pensé que je décrochais du lycée et que je jouais la comédie. Ils ont cru que j'étais racketté et n'osais pas le dire. Puis que je me droguais. Tout y est passé ! » Un jour, Romain s'effondre. « Je pleurais comme un môme. Je n'arrivais plus à m'arrêter. Ma mère s'est affolée. » Le médecin est appelé, conseille un rendez-vous en urgence dans une unité de psychiatrie. « C'était violent, je ne voulais pas me retrouver là, surtout pas. » Il accepte quand même, rencontre un psychiatre qui le met sous traitement et lui conseille surtout une psychothérapie. Elle va durer deux ans. « Ça m'a déculpabilisé. On m'écoutait sans me juger. Plein de choses sont remontées. » Impossible pourtant de retourner en classe.Romain prend des cours par correspondance, bénéficie de l'aide de ses copains. « J'étais coupé de mon univers mais c'était mieux que cette angoisse épouvantable qui me submergeait. » À cette rentrée, il s'est inscrit en fac. Dit qu'il va mieux. Qu'il va y arriver. « Sans ma thérapie, je serais resté au fond du trou. » wFl.T



La consommation de cocaïne à la loupe de la HAS



Son usage annuel chez les 15–65 ans a triplé entre 2000 à 2005. Les risques sanitaires liés à la consommation de cocaïne viennent d’être abordés par la HAS.


La forme "chlorhydrate" de la cocaïne est une poudre blanche qui se consomme par voie intranasale (sniff) ou par voie intraveineuse. Après adjonction de bicarbonate de soude ou d'ammoniaque, on obtient la forme "base", qui se présente sous forme de petits cailloux ou de galettes destiné(e)s à être fumé(e)s. La base préalablement préparée prend le nom de "crack". Lorsque la cocaïne est basée par les usagers eux-mêmes, on parle de "free base".


QUI SONT LES CONSOMMATEURS DE COCAÏNE ?


-› Environ 1,1 million de personnes de 12 à 75 ans ont expérimenté la cocaïne en France en 2005 (au moins une fois au cours de la vie). Ceci place la cocaïne en 2ème position dans le classement des drogues illicites les plus consommées, (loin) derrière le cannabis, mais devant les stimulants de type amphétaminique et les opiacés. L’expérimentation de la cocaïne est maximale entre 15 et 29 ans et devient très faible après 34 ans. Les hommes consomment trois fois plus que les femmes.


-› La population consommatrice de cocaïne en France augmente, l’usage chez les 15–65 ans au cours d’une année ayant triplé entre 2000 à 2005. Tous les milieux sociaux sont concernés.


-› La voie intranasale est la plus répandue, notamment en milieu festif techno et en population générale. La cocaïne sniffée provoque une sensation de bien être physique et intellectuel mais ne procure pas de flash.


Le crack est surtout consommé par des groupes d’usagers très désinsérés ; les consommateurs plus insérés consomment la cocaïne sous forme de free base. Celui-ci est aussi très utilisé en milieu festif. La forme basée permet de ressentir les effets de la substance de manière plus rapide et plus intense que le sniff (effet "high"), mais sans les inconvénients de l’injection. Elle permet aussi de fumer la cocaïne dans une cigarette, mélangée à du tabac ou du cannabis.


La voie injectée est utilisée par des sujets ayant recours à ce mode de consommation pour d'autres produits. L'effet recherché est la survenue d'un flash intense et court (15 à 20 minutes).


La consommation de cocaïne est rarement isolée. Il existe souvent un usage simultané d’alcool, de tabac et de cannabis. Des mélanges sont également souvent réalisés par les usagers (cocaïne, amphétamines, opiacés, benzodiazépines…).


LA CONSOMMATION DE COCAÏNE EN CLINIQUE


Différentes phases de consommation


-› La consommation occasionnelle est en lien avec des activités sociales ou festives.


-› L'abus (ou usage nocif) correspond au fait que l’usager se met à consommer de façon plus régulière et plus intense malgré l’apparition des premières conséquences personnelles et sociales. Son parcours est fait de "montées" et de "descentes", et les premiers signes de perte de contrôle apparaissent : répétition et rapprochement de la fréquence des binge (consommation massive sur un laps de temps court), envies irrépressibles de consommer, problèmes personnels et sociaux…


-› La dépendance se caractérise par la répétition cyclique des consommations et l’impossibilité de s’arrêter malgré la connaissance des conséquences négatives ; l’ambivalence forte entre le désir d’arrêter et l’attirance du produit ; la recherche quotidienne de substance ; la fréquence et l’intensité des rechutes même après une période d’abstinence prolongée. Le taux de dépendance à la cocaïne varie entre 4 % et 15 % en fonction des études.


Le cycle de l’addiction


Les différentes phases cliniques de l’addiction à la cocaïne (dépendance) s’inscrivent dans un cycle comprenant : intoxication avec euphorie, sevrage, craving, perte de contrôle se traduisant par un comportement de recherche du produit.


-› La sensation d'euphorie est le principal effet recherché. S'y ajoute une sensation de bien-être et d'amélioration des performances (diminution de la sensation de fatigue, confiance en soi, accélération de la pensée, performances sexuelles). Cet état dure quelques minutes. Il est suivi d'une phase de "descente", définie par des signes inverses (dysphorie, fatigue, irritabilité, perte de l’estime de soi, anxiété), qui dure quelques minutes à quelques heures. La consommation d'autres psychotropes pour gérer la descente est fréquente.


-› Le sevrage de la cocaïne se traduit par une dysphorie, un ralentissement psychomoteur, une irritabilité, une léthargie, une asthénie, un désintérêt sexuel, une bradypsychie, des altérations cognitives (mémoire, concentration), une baisse de l’estime de soi, une hyperphagie, une hypersomnie, une bradycardie et des signes physiques aspécifiques (sueurs, tremblements, polyalgies). Ces symptômes durent parfois plusieurs semaines. Plus ils sont sévères, plus le pronostic de la dépendance est défavorable.


-› Le craving est le besoin irrésistible ou irrépressible de consommer. Il est important dans l’addiction à la cocaïne, et est rapidement soulagé par la prise du produit. C’est un facteur de rechute même après une longue abstinence. Il est déclenché par la consommation de cocaïne, certains facteurs environnementaux associés à la consommation (lieu, musique…), la cocaïne paraphernalia (matériel utilisé par l’usager de drogue), les émotions positives ou négatives.


-› La perte du contrôle du comportement addictif et une altération de la prise de décision conduisent le sujet à privilégier la récompense immédiate en dépit des conséquences négatives à long terme.


Les complications somatiques et psychiques


La consommation de cocaïne est associée à une augmentation du risque de complications cardio-vasculaires (coronaropathie, trouble du rythme), neurologiques (AVC ischémique ou hémorragique), ORL (lésions de la cloison nasale), infectieuses (infections à VIH, VHB, VHC, atteintes bactériennes, IST), dermatologiques (lésions pieds-mains pour le crack), psychiatriques (dépression, suicide, paranoïa, délire) et pour la femme enceinte, de complications obstétricales et périnatales.
Synthèse du Dr Pascale Naudin-Rousselle (rédactrice, fmc@legeneraliste.fr)

La Fondation REUNICA Prévoyance soutient les rencontres européennes : Culture et Psychiatrie

Article publié le 20/09/2011

Du 21 au 24 septembre à Paris, la Fondation RÉUNICA soutient, en collaboration avec l'association du Futur Composé, les rencontres « Culture et Psychiatrie ». 

A cette occasion, Éliane Hervé-Bazin, déléguée générale de la Fondation RÉUNICA, interviendra lors d'un colloque sur le thème « Influence de la culture sur l'évolution de la psychiatrie » afin de rappeler l'importance de la pratique artistique et culturelle dans le domaine de la santé, champ d'intervention privilégié de la Fondation RÉUNICA. Cette action de la Fondation concrétise à nouveau la volonté du Groupe RÉUNICA, acteur majeur de la protection sociale, de contribuer au mieux-être des personnes fragilisées tout en menant une politique active de sensibilisation au handicap auprès de ses collaborateurs, et ce en cohérence avec son cœur de métier et ses valeurs : juste, humain et solidaire. 

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Pourquoi la psychanalyse n’est pas soluble dans la messe médiatique

Les célébrations du 30e anniversaire de la mort de Lacan auront été riches d'enseignement, Jacques-Alain Miller, son gendre et exécuteur testamentaire ayant heureusement calé son calendrier pour, depuis la scène médiatique, informer l'opinion (éclairée?) de sa foisonnante actualité: la sortie d'un séminaire de Lacan inédit (par lui) "Je parle aux murs", l'écriture d'une "Vie de Lacan" (une biographie qui n'en est pas une…) mais aussi un texte de "mobilisation" suite à l'arrestation de la psychanalyste Rafah Nached en Syrie "il s’agit de faire autant de bruit que possible pour intimider, s’il est possible, des tueurs revêtus de l’autorité de l’Etat syrien" (!) sans oublier une fracassante déclaration (!!) annonçant son changement de maison d'édition — en quittant l'éditeur Le Seuil pour rejoindre l'éditeur La Martinière, il a de fait descendu deux étages du même immeuble du même groupe, puisque La Martinière est propriétaire à 100% du Seuil… (!!!)
Bref, en déportant le combat de la psychanalyse dans les eaux tumultueuses des médias, Jacques-Alain Miller a fait un choix qui n'est pas sans (lui) poser la question épineuse de son positionnement:
• d'un côté il fait sortir la psychanalyse de sa place, de son combat, de sa trace, la faisant dévier de la trajectoire initiée par Freud et redéployée par Lacan dans ses ultimes conséquences, notamment sur le plan politique
• d'un autre côté il apparaît, lui, comme incroyablement naïf, peu aguerri aux pratiques des médias, enchaînant les erreurs de "communication" de débutant, errements qui sapent immanquablement sa crédibilité (et la cause qu'il prétend défendre). Au lieu d'incarner cet "écart entre énonciation et énoncé" qui fonde le psychanalyste dans sa parole, il pontifie jusqu'au ridicule, s'écoute parler, s'auto-commentant sur "tout-y-taire", raconte n'importe quoi à radio et la télé pour faire l'intéressant (le OOOOOOOOHde Lacan au restaurant) il en réfère à l'idiot Onfray (qui n'en demandait pas tant), va jusqu'à convoquer BHL au chevet de la psychanalyse (à entendre les propos de Deleuze sur le "nouveau filousophe", on devine sans mal l'avis qu'en aurait eu Lacan…) s'adresse solennellement aux "anti-lacaniens"(!) etc.
Depuis quelque temps donc — et particulièrement en cette période d'intense célébration — l'enseignement de Lacan semble bel et bien être passé au second plan, au profit de l'installation d'une sorte d'icône commerciale, une "trade mark" dûment déposée, un Lacan©JAM qu'il convient d'adorer (ou pas), le culte de la personnalité appelant le culte de la personnalité…
Pourquoi cette mise en avant, sous forme de "tête de gondole", est-elle en vérité le meilleur moyen de noyer dans les marécages de la manigance médiatique le noyau critique insupportable de la pensée de Lacan?
Lacan se méfiait des médias (tout comme Deleuze) il les utilisait avec circonspection (Télévision, Radiophonie…) sans laisser la possibilité au système dont ils font partie de l'instrumentaliser, sans céder à leur "logique"… Le média c'est le message (McLuhan) étant devenu "le média c'est le mensonge", quel pourrait en être aujourd'hui le procès?
Lacan désignait Socrate comme le premier des psychanalystes. Or Socrate est célèbre pour n'avoir rien écrit. Ce qui compte, dans le fait qu'il n'ait rien écrit, ce n'est pas qu'il n'ait pas eu d'énoncés à transmettre (ça Platon l'a fait pour lui) ce qui est déterminant c'est que sa POSITION est beaucoup plus importante que ses pro-positions (les contenus énoncés), le "là d'où il parle" prime sur les formules à transmettre…
Quelle est cette la place si ce n'est celle qui permet de "déchariter"? La position de celui qui sait se soustraire au lieu de se mettre en avant?  Celui qui s'abstrait de la "fausse activité" médiatique, du blabla, du tintamarre? Celui dont la position d'énonciation signifie le lieu même de l'inconsistance du grand Autre, l'objet petit a, le noyau extimede la psychanalyse — qui n'est rien d'autre que la condition même de possibilité de la psychanalyse?
Jacques-Alain Miller est loin d'avoir le talent d'un Žižek, qui a su réitérer le tour de force déjà accompli par Lacan, parler de psychanalyse à un large public, sans en dénaturer la théorie, par la position "impossible" qu'il a accepté de prendre: en prenant le risque d'incarner autant que possible ce moment cartésien du vide qu'est le sujet.



Manque de médecins scolaires : les parents d’élèves du 93 écrivent à l’ONU
FRANCE INFO - 19 SEPTEMBRE 2011

La FCPE, principale association de parents d’élèves, veut ainsi obtenir des humanitaires pour la Seine-Saint-Denis. Et attirer l’attention sur la situation sanitaire du département - qui manque cruellement de médecins scolaires...

Il y a trois mois, le maire de Sevran, Stéphane Gatignon, avait demandé l’envoi de casques bleus - pour rétablir la sécurité dans les cités de sa ville de Seine-Saint-Denis. L’affaire avait fait grand bruit.

Aujourd’hui, ce sont les parents d’élèves de la FCPE, toujours en Seine-Saint-Denis, qui en appellent à l’ONU. Pour réclamer une aide humanitaire.
L’objectif de la FCPE est d’attirer l’attention sur le manque de médecins scolaires dans le département.

40% des postes ne sont pas pourvus ; certains médecins ont plus de 15.000 élèves à suivre.

Vous prendrez bien quelques électrochocs?
En France, chaque année, près de 70.000 électrochocs sont pratiqués en hôpital psychiatrique. Retour sur une thérapie que l'on croyait révolue.
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Des chercheurs découvrent une exoplanète potentiellement habitable

LEMONDE.FR avec AFP | 13.09.1


Une équipe internationale d'astronomes a annoncé la découverte de plus de cinquante nouvelles exoplanètes en orbite autour de proches étoiles, dont une"super-Terre" située dans une zone "habitable", c'est-à-dire où l'eau peut êtresous forme liquide. C'est la plus grosse moisson d'exoplanètes annoncée en une seule fois, a relevé, mardi 13 septembre, dans un communiqué l'Observatoire austral européen (ESO).
Ces résultats ont été présentés lundi lors de la conférence sur les systèmes solaires extrêmes qui a lieu dans le Wyoming, aux Etats-Unis. Depuis 2003, le spectrographe Harps, performant "chasseur" d'exoplanètes de l'ESO, installé au Chili, ausculte le ciel austral en quête de planètes gravitant autour d'autres étoiles que le Soleil. Sa dernière moisson d'une cinquantaine d'exoplanètes inclut 16 "super-Terre", c'est-à-dire des planètes ayant une masse comprise entre une et dix fois celle de notre planète.
UNE EXOPLANÈTE JUGÉE POTENTIELLEMENT HABITABLE
L'une de ces super-Terre, tournant autour de l'étoile naine Gliese 581, pourrait s'avérer "habitable" avec un climat propice à la présence d'eau liquide et à la vie. Cette exoplanète, environ 3,6 fois plus massive que la Terre, est située à trente-six années-lumière (1 année-lumière = 9 460 milliards de km). Sept fois plus massive que la Terre et vraisemblablement rocheuse, Gliese 581d "pourraitdevenir la première planète potentiellement habitable jamais découverte", a annoncé lundi le Centre national de la recherche scientifique dans un communiqué. Gliese 581d pourrait bénéficier d'un effet de serre lui offrant un climat "chaud au point de permettre la formation d'océans, de nuages et de pluie", selon une modélisation illustrant "la grande variété des climats possibles pour les planètes de la galaxie", précise le CNRS.
"Au cours des dix à vingt prochaines années, nous devrions avoir la première liste de planètes potentiellement habitables" autour d'étoiles dans le voisinage du Soleil, assure Michel Mayor, codécouvreur de la première planète extrasolaire en 1995, estimant qu'établir une telle liste est indispensable avant de tenter dedétecter des signatures de la vie dans l'atmosphère d'exoplanètes. Depuis 1995, plus de six cent soixante-dix exoplanètes ont été détectées par différentes équipes d'astronomes.
Cinéma


"Le Sens de l'âge" : une vie après 80 ans

Critique

Une scène du film documentaire français de Ludovic Virot, "Le Sens de l'âge".
Une scène du film documentaire français de Ludovic Virot, "Le Sens de l'âge".COLOURED PLATES PRODUCTION
La conception qu'on se fait du grand âge est souvent associée à l'idée de maladie, de dépendance, de dégradation. Avec, au bout de ce chemin de souffrance, le grand rendez-vous égalisateur, qui nous attend tous au tournant.
De cette réalité, Ludovic Virot a voulu donner dans son documentaire une image moins funèbre, plus nuancée. Si la mort ne se nuance pas, du moins l'idée qu'on se fait de la vieillesse, et la manière dont on la vit, est-elle possiblement sujette à variation.
Six vaillants octogénaires, hommes et femmes, témoignent donc dans son film de leur vie, dans un discours dont la liberté est sans doute à la mesure du temps qu'a pris le réalisateur à l'encourager et à l'écouter. Ils nous parlent de l'amour, de l'amitié, du désir qui les maintient en vie et du temps qu'il reste pour lecombler, dans un monde où autour d'eux tout se dépeuple de ce qu'ils ont connu.
Ce qui frappe, dans leur propos, c'est la formidable lucidité qui le caractérise. Ces hommes et ces femmes, conscients d'être épargnés par les maux ordinaires qui frappent la vieillesse, ont atteint un âge où le règne des faux-semblants n'a plus cours, où la conscience du temps qui reste dicte l'humilité et la sagesse dans la conduite de leur pensée et de leur vie.
Sans illusions, mais sans amertume non plus, ces visages nous évoquent la manière dont l'homme compose avec le monde quand celui-ci commence à lesabandonner. Il y a beaucoup de délicatesse dans ce film qui prend le temps qu'il faut pour mettre en scène cette parole, et lui confère par là-même une grande dignité.
Jacques Mandelbaum
Film documentaire français de Ludovic Virot. (1 h 15.)


mardi 13 septembre 2011


Lacan incarnait le transfert violent»

INTERVIEWPatrick Guyomard raconte les séminaires du psychanalyste qui a bousculé les codes de la cure analytique, et ses séances avec «le maître», intraitable dans sa pratique.

Par VIRGINIE BLOCH-LAINÉ

Comment peut-on être lacanien aujourd’hui ? Trente ans après la mort de Jacques Lacan, son interprétation du désir, de la jouissance ou de la parole de l’analysant ne provoque plus de guerres de tranchées, même si l’homme continue de diviser la profession. Patrick Guyomard, psychanalyste à Paris, fait partie de cette génération d’analystes formée par Lacan dans le sillage de la publication des Ecrits et de Mai 68. Membre de la Société de psychanalyse freudienne, qui considère Lacan comme un des lecteurs de Freud, il revendique avec «le maître» une filiation mêlée d’affection et de distance. Il se souvient des séances, rue de Lille à Paris, et des célèbres séminaires à l’Ecole normale supérieure.
Comment se passaient les séances, au 5 rue de Lille ?
J’ai le souvenir d’un endroit assez confortable, assez frais. On était un petit groupe, on attendait presque un peu, puis Lacan arrivait et nous faisait signe de venir. Il y avait toujours un peu d’angoisse, de désir - qui va-t-il élire ? - et aussi une ambiguïté, liée à la situation : c’était un psychanalyste que j’allais voir, mais c’était aussi Lacan, difficile de distinguer les deux. Il s’asseyait, la séance commençait et durait un quart d’heure ou vingt minutes, mais quelle qu’en fut la durée, il était toujours d’une réelle disponibilité. Et puis on entendait «très cher, mais bien sûr», signe que la séance s’interrompait, et il nous raccompagnait. Il avait une façon d’être assez extraordinaire. Pas seulement là pour nous écouter, mais pour nous écouter là. Cela incitait à ne pas trop dépasser, dériver, parce qu’il y avait cette pression réelle, cette impatience de Lacan. L’impatience, théorisée, poussait à dire ce qu’on avait à dire et le poussait lui, à interrompre, arrêter, scander.
Pourquoi l’avoir choisi ?
Pourquoi Lacan ? On était en 1970, ses Ecrits avaient été publiés en 1966, et c’était un événement considérable. J’étais normalien et j’assistais aux séminaires rue d’Ulm : pittoresques, difficiles, pas très compréhensibles, stimulants. Quelle que soit la façon dont Lacan pouvait intimider, même effrayer, je voulais être analyste, quoi qu’il m’en coûte. Pas seulement économiquement, mais aussi au niveau du risque psychique que je courais. Il était inconcevable de rater ça. Passer à côté de Lacan eût été passer à côté de moi-même et de mon désir. Mais ce n’était pas quelqu’un d’accommodant. Il était intraitable. Il voulait rendre Freud intraitable, rendre la psychanalyse intraitable et lui-même intraitable ! Avec lui, on était toujours dans une très profonde dissymétrie ou dans un rapport au maître, il incarnait la violence du transfert. Il se présentait comme très accueillant, mais dans sa vie, dans son œuvre, dans ses ruptures, il était sans concessions. Il était très disponible aussi, mais à son heure. Il n’acceptait pas tout le monde en analyse ; il appelait certains ses élèves, d’autres pas - moi il m’a appelé son élève. C’est lui qui décidait, seul. Il se singularisait au meilleur sens du terme. Frustrés que nous étions parfois de son silence, tout était en place pour que nous nous imaginions que c’était à nous qu’il parlait dans ses séminaires. Moi-même, je n’y ai pas échappé. J’ai retrouvé tel ou tel mot que j’avais prononcé en séance. Ce n’est pas tellement «il me parle» mais «je lui ai parlé». Donc ses séminaires, c’était à la fois sa pensée et l’actualité, l’actuel de la psychanalyse se différenciant de tous les modes de pensée. Lacan était un homme de la rupture.
Que suscitait-il chez ses patients ?
Une admiration et une attente. L’idée aussi de pouvoir aller loin avec lui, d’être dans une relance permanente. Il donnait l’impression d’une capacité d’étonnement, d’une attente de ce qu’on pouvait faire avec lui. Il n’arrêtait pas la séance tant qu’il n’avait pas, lui, l’impression que ce qui pouvait être dit à ce moment-là n’avait pas été dit. C’était une qualité extraordinaire. Par ailleurs, tout en lui, dans sa parole, dans ses actes, dans son allure, était singulier, tout allait dans le sens de quelque chose d’unique. Du coup, votre parole devenait un peu unique, un peu rare. Et surtout, il avait une liberté qui incitait à ce qu’on la prenne. Enfin, ça, c’est ma propre perception, mais pour d’autres, cette liberté incitait plus à la soumission qu’à l’indépendance. C’est pour cela que je disais qu’il incitait au risque. Mais on ne peut pas aller voir une personnalité comme Lacan et vouloir que ça se passe de façon ronde.
En 1968, il essayait d’influencer politiquement ses auditeurs…
Ce n’était pas une période tranquille, il y avait une intranquillité générale, revendiquée, vécue aussi dans la salle d’attente, sur le divan, aux séminaires, dans le transfert… Mais «influencer politiquement», ce n’est pas ce terme que j’utiliserais, même s’il était partie prenante des questions qui nous traversaient mais que nous ne savions pas encore formuler. Très vite, dès 1970, on trouve dans les séminaires une analyse très critique de ce qui s’était passé en 1968. Quelque chose de l’ordre d’à quoi bon. Certains militants disent que Lacan est le seul qui les a retenus de passer politiquement à des actions plus directes, à cette époque, les avertissant des impasses d’une telle voie.
Qu’attendait Lacan de ces cures ?
Ce n’est pas un homme de l’adaptation. Il y a déjà cette idée chez Freud : une analyse ne doit pas guérir, ni normaliser ; la psychanalyse apporte une intranquillité psychique. Une vie, c’est une vie de conflits, de pulsions qui ne sont pas intégrables. Mais Lacan radicalise cette idée à l’excès - je dis à l’excès parce que je pense qu’il allait un peu trop loin. Pour lui la psychanalyse est «anti-adaptatrice» et l’être humain est destiné à être irréconciliable, même après une analyse. Il faut être capable d’aller plus mal, de souhaiter que l’être humain soit à jamais irréconcilié avec les souffrances du désir, le renoncement à la jouissance, le fait d’avoir à faire avec lui-même et avec les autres. On ne s’y fait jamais et on ne s’y fera jamais. C’est ça Lacan. Il a porté plus fort que tout le drapeau du désir, et c’est un drapeau de l’impossible. Cela résonne avec ce qui pouvait s’écrire sur les murs en 1968 : nous désirons l’impossible. C’est la discorde absolue entre la vie psychique, nos aspirations, et ce que nous appelons réalité. On ne s’y fait pas, c’est une révolte essentielle.
Lacan a porté le refus du renoncement : il faut trouver une force et une identité dans la révolte. Il ne s’est jamais arrêté, a continué jusqu’au dernier moment à recevoir des patients alors qu’il était lui-même malade. Il s’est inscrit jusqu’à la fin de sa vie dans un défi au temps, posant la psychanalyse sur le mode du défi, un défi à tout. J’ai appris sa mort par un ami qui m’a téléphoné avec cette parole sidérante : «Les ennemis de Lacan font courir le bruit qu’il est mort.»
Comment expliquer cette façon d’annoncer sa mort ?
C’est une parole de déni, qui s’adresse dans un transfert idéalisant à un Lacan posé comme immortel. On ne voit même plus que c’est un homme âgé. Puisque Lacan était là, c’est qu’il pouvait continuer. Les frontières de sa vie privée étaient bousculées. Il séparait les choses mais en même temps, il faisait des séances dans les taxis ou disait «téléphonez-moi à la campagne».
Que saviez-vous de sa vie privée ?
A partir des années 70, l’homme Lacan ne se cachait pas. C’était vif, imposant, séduisant - même un peu trop - mais que chacun se débrouille avec ça. C’était son aspect kaléidoscopique, étant à la fois dans beaucoup d’endroits. Comme avec tous les gens un peu géniaux, si on s’en approche trop, on se brûle. Il ne nous protégeait pas de ce qu’il était lui-même. Certains ont fait quelque chose de leur transfert, d’autres non. Cela continue avec les séminaires, qui font je ne sais combien de milliers de pages. On peut passer trente ans, les lire puis recommencer, ça n’en finit pas. Certains s’y sont plongés et n’en sont pas ressortis.
Qu’est-ce qu’être lacanien aujourd’hui ?
On a essayé de donner un contenu repérable à ce terme : plusieurs personnes dans la salle d’attente, des séances à durée variable, l’insistance sur le signifiant plus que sur le signifié, des scansions permanentes, le contre-transfert qui n’existe pas… Certains pensent que ce n’est plus la peine de lire Freud, puisque Lacan a pris sa place. Comme si on pouvait faire l’économie des théories anciennes. C’est un usage positiviste de Lacan : tout commence avec lui. Ce n’est pas du tout ma position. Lacan s’est toujours référé à Freud, je ne vois pas ce que signifie une psychanalyse lacanienne sans Freud, en tout cas pas pour le moment. Pour moi, c’est la revendication d’un héritage et d’une filiation, ça veut dire qu’on a été analysé par Lacan ou qu’on prend acte des ruptures qu’il a posées. Il a incarné une position plus active dans l’analyse, pour qu’elle ne se ritualise pas.
La séance traditionnelle avec les quarante-cinq minutes et le ronron de l’analyste peuvent devenir répétitifs et vider la psychanalyse de tous ses désirs. Lacan disait que la psychanalyse ne peut se transmettre qu’en se réinventant. Ça veut dire que les psychanalystes ne doivent pas se prendre pour Lacan. Enfin, il y a chez lui une forme d’honnêteté, au sens où il ne cachait pas sa pratique et n’a jamais demandé à ce qu’on fasse comme lui. Il a joué cartes sur table et c’est la condition d’une transmission.
Des extraits de cet entretien ont été diffusés dans l’émission «Une vie, une œuvre», le 3 septembre sur France Culture.

Arrestation de la psychanalyste syrienne Rafah NACHED


11 septembre 2011


Le samedi 10 septembre à 1 heure du matin (heure de Damas), la psychanalyste syrienne Rafah NACHED, fondatrice de l’Ecole de Psychanalyse de Damas, a été arrêtée par les services de sécurité syriens à l’aéroport de Damas, alors qu’elle s’apprêtait à embarquer sur un vol d’Air France en direction de Paris afin d’y assister à l’accouchement de sa fille.


Rafah NACHED a juste eu le temps de passer un bref coup de fil pour prévenir ses proches dans les secondes qui ont précédé son arrestation. Depuis plus de 36 heures, sa famille est sans nouvelle. Les services de l’aéroport comme les services de police refusent de communiquer la moindre information. Nul ne sait où elle se trouve, ni si elle est en mesure de prendre les médicaments requis par son insuffisance cardiaque.

Le choc est d’autant plus violent pour ses proches que nul ne comprend les raisons de cette interpellation. Rafah NACHED, âgée de 66 ans, est diplômée en Psychologie Clinique de l’Université Paris 7. Elle est la première femme psychanalyste à exercer en Syrie et a récemment fondé l’Ecole de Psychanalyse de Damas, en collaboration avec des psychanalystes français. Son engagement professionnel a toujours été de nature scientifique et humanitaire, à l’exclusion de toute implication politique. Ainsi, fin août dernier, les presses arabe et française s’étaient fait l’écho des initiatives prises par Rafah Nached et la communauté jésuite de Damas pour organiser des réunions entre citoyens syriens de toutes obédiences. Il s'agissait de leur offrir un espace apolitique, ouvert et multiconfessionnel, au sein duquel verbaliser leurs angoisses et leurs peurs dans le climat de violence qui ravage actuellement le pays.



Est-ce ce dernier espace d’accompagnement psychologique de la souffrance humaine qu’on a voulu museler ce samedi par une arrestation arbitraire ? Alors même que ces trop rares initiatives sont probablement vitales pour maintenir le fil ténu du dialogue inter-communautaire et éviter que la Syrie ne bascule demain dans la guerre civile ?



A Paris et à Damas, comme dans les nombreuses capitales arabes où Rafah NACHED avait noué, au cours des 30 dernières années, de nombreuses amitiés personnelles et professionnelles au sein des communautés universitaires, et notamment dans les facultés de psychologie et de psychanalyse, l’inquiétude - couplée à un formidable sentiment d’injustice - grandit d’heure en heure en l’absence de toute information.
[Certains articles de Rafa NACHED sont accessibles ici]