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mercredi 21 septembre 2011


La consommation de cocaïne à la loupe de la HAS



Son usage annuel chez les 15–65 ans a triplé entre 2000 à 2005. Les risques sanitaires liés à la consommation de cocaïne viennent d’être abordés par la HAS.


La forme "chlorhydrate" de la cocaïne est une poudre blanche qui se consomme par voie intranasale (sniff) ou par voie intraveineuse. Après adjonction de bicarbonate de soude ou d'ammoniaque, on obtient la forme "base", qui se présente sous forme de petits cailloux ou de galettes destiné(e)s à être fumé(e)s. La base préalablement préparée prend le nom de "crack". Lorsque la cocaïne est basée par les usagers eux-mêmes, on parle de "free base".


QUI SONT LES CONSOMMATEURS DE COCAÏNE ?


-› Environ 1,1 million de personnes de 12 à 75 ans ont expérimenté la cocaïne en France en 2005 (au moins une fois au cours de la vie). Ceci place la cocaïne en 2ème position dans le classement des drogues illicites les plus consommées, (loin) derrière le cannabis, mais devant les stimulants de type amphétaminique et les opiacés. L’expérimentation de la cocaïne est maximale entre 15 et 29 ans et devient très faible après 34 ans. Les hommes consomment trois fois plus que les femmes.


-› La population consommatrice de cocaïne en France augmente, l’usage chez les 15–65 ans au cours d’une année ayant triplé entre 2000 à 2005. Tous les milieux sociaux sont concernés.


-› La voie intranasale est la plus répandue, notamment en milieu festif techno et en population générale. La cocaïne sniffée provoque une sensation de bien être physique et intellectuel mais ne procure pas de flash.


Le crack est surtout consommé par des groupes d’usagers très désinsérés ; les consommateurs plus insérés consomment la cocaïne sous forme de free base. Celui-ci est aussi très utilisé en milieu festif. La forme basée permet de ressentir les effets de la substance de manière plus rapide et plus intense que le sniff (effet "high"), mais sans les inconvénients de l’injection. Elle permet aussi de fumer la cocaïne dans une cigarette, mélangée à du tabac ou du cannabis.


La voie injectée est utilisée par des sujets ayant recours à ce mode de consommation pour d'autres produits. L'effet recherché est la survenue d'un flash intense et court (15 à 20 minutes).


La consommation de cocaïne est rarement isolée. Il existe souvent un usage simultané d’alcool, de tabac et de cannabis. Des mélanges sont également souvent réalisés par les usagers (cocaïne, amphétamines, opiacés, benzodiazépines…).


LA CONSOMMATION DE COCAÏNE EN CLINIQUE


Différentes phases de consommation


-› La consommation occasionnelle est en lien avec des activités sociales ou festives.


-› L'abus (ou usage nocif) correspond au fait que l’usager se met à consommer de façon plus régulière et plus intense malgré l’apparition des premières conséquences personnelles et sociales. Son parcours est fait de "montées" et de "descentes", et les premiers signes de perte de contrôle apparaissent : répétition et rapprochement de la fréquence des binge (consommation massive sur un laps de temps court), envies irrépressibles de consommer, problèmes personnels et sociaux…


-› La dépendance se caractérise par la répétition cyclique des consommations et l’impossibilité de s’arrêter malgré la connaissance des conséquences négatives ; l’ambivalence forte entre le désir d’arrêter et l’attirance du produit ; la recherche quotidienne de substance ; la fréquence et l’intensité des rechutes même après une période d’abstinence prolongée. Le taux de dépendance à la cocaïne varie entre 4 % et 15 % en fonction des études.


Le cycle de l’addiction


Les différentes phases cliniques de l’addiction à la cocaïne (dépendance) s’inscrivent dans un cycle comprenant : intoxication avec euphorie, sevrage, craving, perte de contrôle se traduisant par un comportement de recherche du produit.


-› La sensation d'euphorie est le principal effet recherché. S'y ajoute une sensation de bien-être et d'amélioration des performances (diminution de la sensation de fatigue, confiance en soi, accélération de la pensée, performances sexuelles). Cet état dure quelques minutes. Il est suivi d'une phase de "descente", définie par des signes inverses (dysphorie, fatigue, irritabilité, perte de l’estime de soi, anxiété), qui dure quelques minutes à quelques heures. La consommation d'autres psychotropes pour gérer la descente est fréquente.


-› Le sevrage de la cocaïne se traduit par une dysphorie, un ralentissement psychomoteur, une irritabilité, une léthargie, une asthénie, un désintérêt sexuel, une bradypsychie, des altérations cognitives (mémoire, concentration), une baisse de l’estime de soi, une hyperphagie, une hypersomnie, une bradycardie et des signes physiques aspécifiques (sueurs, tremblements, polyalgies). Ces symptômes durent parfois plusieurs semaines. Plus ils sont sévères, plus le pronostic de la dépendance est défavorable.


-› Le craving est le besoin irrésistible ou irrépressible de consommer. Il est important dans l’addiction à la cocaïne, et est rapidement soulagé par la prise du produit. C’est un facteur de rechute même après une longue abstinence. Il est déclenché par la consommation de cocaïne, certains facteurs environnementaux associés à la consommation (lieu, musique…), la cocaïne paraphernalia (matériel utilisé par l’usager de drogue), les émotions positives ou négatives.


-› La perte du contrôle du comportement addictif et une altération de la prise de décision conduisent le sujet à privilégier la récompense immédiate en dépit des conséquences négatives à long terme.


Les complications somatiques et psychiques


La consommation de cocaïne est associée à une augmentation du risque de complications cardio-vasculaires (coronaropathie, trouble du rythme), neurologiques (AVC ischémique ou hémorragique), ORL (lésions de la cloison nasale), infectieuses (infections à VIH, VHB, VHC, atteintes bactériennes, IST), dermatologiques (lésions pieds-mains pour le crack), psychiatriques (dépression, suicide, paranoïa, délire) et pour la femme enceinte, de complications obstétricales et périnatales.
Synthèse du Dr Pascale Naudin-Rousselle (rédactrice, fmc@legeneraliste.fr)

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