parStéphanie Maurice, correspondante à Lille publié le 26 juillet 2022
A Lille, un centre travaille pour accompagner des personnes poursuivies pour violences conjugales, dans la grande majorité des hommes, en les hébergeant afin de prévenir la récidive. Un long processus, associant écoute et responsabilisation pour briser le déni.
Depuis novembre 2021, un nouveau dispositif, le centre d’accompagnement et de prévention (CAP), entièrement dédié aux personnes poursuivies pour violences conjugales placées sous contrôle judiciaire, permet à toute une équipe de contrôleurs judiciaires, psychologues, travailleurs sociaux et conseillers en insertion professionnelle de les suivre jusqu’à leur jugement. Ils y sont même hébergés, pour leur éviter la rue quand ils sortent de leur garde à vue avec une interdiction de retourner au domicile conjugal. Libération a suivi sur plusieurs jours une procédure, du déferrement au procès.
Que ce soit dans les hôpitaux ou en médecine de ville, les pays européens vivent les mêmes difficultés que la France. La population est vieillissante, elle va nécessiter des soins, mais il manque de plus en plus de personnel et de moyens.
L’entrée des ambulanciers paramédicaux de l’hôpital Blackpool Victoria à Blackpool (Angleterre), le 17 juin 2020. LYNSEY ADDARIO / GETTY IMAGES
Quant à la médecine de ville, elle ne se porte guère mieux : il n’est pas rare d’attendre entre quinze jours et trois semaines un rendez-vous chez le médecin à Madrid, ce qui pousse de nombreux malades à se rendre aux urgences, saturant un peu plus un système à bout.
Canicule, reprise de l’épidémie de Covid-19 et fermetures de lits habituelles en été se sont ajoutées pour provoquer de nouvelles saturations des urgences hospitalières dans plusieurs hôpitaux madrilènes, dénoncées ces derniers jours par les professionnels. La crise du système de santé espagnol est si criante que l’on ne compte plus les manifestations, lettres ouvertes et rassemblements des blouses blanches. Le 18 juin, plus de 8 000 infirmiers ont manifesté à l’appel de tous les syndicats de la profession pour dénoncer un « manque de ressources inacceptable » et une « charge de travail insoutenable ». A Madrid, les médecins généralistes de la capitale ont fait grève, le 25 juin, après l’annonce de la suppression d’une vingtaine de centres médicaux destinés aux urgences.
Ego boursouflé ou saine élucidation ? En librairie, on trouve de plus en plus d'enquêtes de sciences sociales dont l'auteur est aussi l'objet… et parfois le héros. Retour sur un phénomène d'édition, qui révèle un tournant dans la façon de faire l'histoire, et de la raconter.
Cet article est le premier épisode de notre série estivale "Livres : le "je" de rôle"
Les mauvaises langues diront qu’elle aurait pu s’appeler “Narcisse” mais en réalité, c’est beaucoup plus intéressant que cela, et aussi plus parlant. Une nouvelle collection de livres de sciences sociales a vu le jour, au tout début de l’année 2022 : c’est “Apartés”, aux Editions de l’EHESS, qui en dépliait ainsi la raison d’être, au lancement : “Apartés : des mots qu’on semble réserver à soi-même, mais qui, en réalité, s’adressent au public. C’est tout le sens de ces textes à part, courts et originaux, dans lesquels l’expérimentation narrative et subjective se mêle aux sciences sociales. La réflexivité scientifique y croise les interrogations littéraires et autobiographiques et s’empare d’expériences personnelles pour explorer de nouvelles configurations du savoir.”
« Filles de pub » (2/7). Des mères au foyer heureuses et dévouées, capables de prendre soin d’elles comme du cocon familial. L’image d’Epinal a perduré dans le marketing publicitaire, qui semble toujours promouvoir un certain « mamancentrisme ».
La mère qu’on voit danser… En 1976, une marque de purée reprend le mythe de Blanche-Neige à sa sauce, avec six petites têtes blondes en lieu et place des sept nains. La mère nourricière, mince, jeune et blonde, virevolte en chantant, un peu comme Catherine Deneuve préparant son cake d’amour dans Peau d’âne, et balance la purée dans les assiettes de sa portée. Pas de père à l’horizon ni de fins de mois difficiles. Trente ans plus tard, même chanson – « Quand je fais de la purée Mousline, je suis sûre que tout le monde en reprend » –,même jolie maman blonde. Cette fois, papa est là (assis à table) et il n’y a que trois enfants (vive la pilule).
« Cette image de la mère parfaite a créé de la culpabilité chez les femmes », Mercedes Erra, présidente de BETC
Qu’ils se tournent vers le privé ou décident de se reconvertir vers un autre métier, le mouvement n’est pas nouveau. Mais à l’heure où de nombreux hôpitaux souffrent du manque de professionnels de santé, il se fait cruellement ressentir.
A « contrecœur », avec un sentiment de « culpabilité », ou sans regret mais en se défendant d’être celui qui « trahit »… Il n’est jamais anodin de partir de l’hôpital public. « Je n’aurais jamais pensé le quitter un jour », semble encore s’étonner Mathieu Mattei, anesthésiste-réanimateur au CHRU de Nancy en chirurgie cardiaque, et en réanimation médicale. C’est un chemin que certains jugeront pourtant classique qu’il s’est résolu à emprunter. Praticien hospitalier depuis 2007, celui qui a également dirigé son service va rejoindre, à compter du 1er janvier 2023, la clinique Claude-Bernard, à Metz.
Depuis près d’un an, de nombreux établissements de santé sont confrontés à une pénurie de personnels, chez les infirmiers mais aussi chez les médecins. Soignants épuisés, recrutement difficile, perte de sens… Plusieurs facteurs expliquent le problème d’attractivité des hôpitaux.
Le diagnostic se confirme mois après mois. Depuis la sortie de la phase la plus critique de l’épidémie de Covid-19, l’hôpital est traversé par une autre crise. Fermetures de lits dans de nombreux services de médecine, urgences en extrême tension obligées de fonctionner en mode dégradé, blocs opératoires qui tournent au ralenti… Impossible de reprendre une activité « normale ».
Le nouveau président de la Cour de cassation alerte le gouvernement, alors que persistent les motifs ayant justifié la sanction historique par la Cour européenne des droits de l’homme en 2020.
Noyée dans le discours solennel lors de son installation en grande pompe, lundi 18 juillet, à la Cour de cassation, l’évocation de la condition carcérale par le nouveau premier président a tenu en deux phrases aussi synthétiques que percutantes. « La question des conditions de détention dans les prisons françaises est malheureusement ancienne, mais elle reste un sujet d’actualité qui ne devrait laisser personne indifférent. L’action conjuguée de la Cour européenne des droits de l’homme [CEDH], du Conseil constitutionnel, du Conseil d’Etat et de la Cour de cassation, ne suffit pas à la régler. »
Fort d’un tel constat, Christophe Soulard interpellait indirectement les responsables politiques installés au premier rang de cette cérémonie, la première ministre, Elisabeth Borne, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, et le président de la commission des lois du Sénat, François-Noël Buffet.
Un quart des personnes incarcérées présenteraient un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH). Il passe bien souvent inaperçu face à d’autres pathologies psychiatriques et à un personnel pénitentiaire débordé.
Les données scientifiques sur la prévalence en prison des troubles du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) donnent le vertige : une méta-analyse internationale de 2015 assurait qu’un quart des détenus en seraient porteurs, sur la base d’entretiens cliniques diagnostiques – une proportion dix fois plus élevée que dans la population générale adulte. D’après une autre méta-analyse de 2015, qui agrégeait neuf études portant sur plus de 15 000 individus, « les personnes atteintes de TDAH dans l’enfance courent un risque deux à trois fois plus élevé d’être arrêtées, condamnées ou incarcérées à l’âge adulte », notamment pour des vols, des agressions ou des délits liés à la possession d’armes ou de stupéfiants.
Une équipe de scientifiques remet en cause la théorie selon laquelle un taux trop bas de sérotonine dans le cerveau serait à l’origine de la dépression. Ce qui indirectement interroge sur les effets réels des antidépresseurs.
C’est une remise en question qui agite le monde de la psychiatrie et n’est pas approuvé par tous... Alors que la dépression est attribuée depuis 60 ans à un taux trop faible de sérotonine dans le cerveau (un messager chimique du système nerveux central), une équipe de chercheurs de l’University College de Londres remet en cause ce postulat. Elle a analysé 17 études incluant plusieurs centaines de milliers de personnes souffrant ou non de dépression. Et leurs conclusions publiées le 20 juillet dans la revueMolecular Psychiatryest que rienpermet de prouver qu'une faible activité ou quantité de sérotonine n'est à l’origine d’une dépression.
Le surmenage des professionnels de santé en charge des soins d’urgence atteint des niveaux élevés critiques à l’ère de la pandémie.
Auteurs :
« Le surmenage à ce niveau nécessite une évaluation clinique et un soutien psychologique des professionnels. »
« Cette situation, si elle n’est pas traitée correctement et de toute urgence par les décideurs politiques, est susceptible de représenter une menace pour le système de santé. »
Au Liban, les personnes handicapées souffrent d’un manque de politiques publiques et de structures adaptées. Aujourd’hui en première ligne face à la crise économique qui touche le pays, associations et initiatives individuelles tentent tant bien que mal de continuer la lutte pour leurs droits.
Les premières lueurs du jour commencent à peine à percer dans le ciel pollué de la ville de Jdeideh, en banlieue de Beyrouth, que les rideaux de l’appartement de Mart al-Rahy sont déjà ouverts. Depuis trois semaines, Mart, atteinte de nanisme, travaille comme cuisinière dans un restaurant. Malgré les horaires matinaux, c’est une chance pour cette quinquagénaire. «J’ai trouvé quelque chose à faire dans ma vie», s’exclame-t-elle, ses yeux brillant d’excitation.
L’institution parisienne organise la première rétrospective européenne de cette artiste aborigène autodidacte à l’étonnante maîtrise des couleurs et des formes. Une peinture proche de l’expressionnisme abstrait
En dehors de l’Australie, Sally Gabori n’est pas un nom encore très familier dans le monde de l’art contemporain. C’est néanmoins celui d’une artiste morte récemment, en 2015, et dont la peinture aurait eu toute sa place, par exemple, dans la présente Biennale de Venise, qui entend défendre les femmes artistes, mais ne connaît guère que celles qui vivent aux Etats-Unis et en Europe. Il n’en est que plus remarquable que la Fondation Cartier lui consacre une rétrospective, la première en Europe. Et ceci d’autant plus que cette œuvre déjoue toutes les facilités d’interprétation qui sont généralement infligées à la peinture aborigène.
Sally Gabori est le nom occidentalisé et abrégé de Mirdidingkingathi Juwarnda, née vers 1924 sur l’île Bentinck, qui appartient à l’archipel Wellesley, dans le golfe de Carpentarie, au nord de l’Australie. L’île est assez proche de la côte du Queensland, dont elle dépend administrativement, selon le découpage imposé aux populations autochtones par la colonisation. Quand Sally Gabori est enfant, elle est encore à peu près intacte de la présence européenne, en dépit des efforts obstinés des missionnaires presbytériens installés sur l’île Mornington, d’une superficie très supérieure. A Bentinck habite alors, isolé du monde, le petit peuple kaiadilt, dont la langue et la culture sont différentes de celles des Lardil, habitants de Mornington.
Ces « nouvelles substances psychoactives », créées en laboratoire en Chine pour la majorité, accessibles en ligne et livrées par colis postaux, sont particulièrement difficiles à contrôler.
La fourgonnette louvoie sur la route départementale 911, traversant l’Aveyron du sud vers le nord. Le modèle du véhicule est le plus banal qui soit. Son itinéraire évite soigneusement les grands axes routiers. Son chargement est composé de quelques cartons et sacs-poubelle. Le voyage se déroulait sans anicroche, ce 19 janvier, jusqu’à ce qu’une patrouille en uniforme fasse signe au conducteur de se ranger sur le bas-côté. Contrôle douanier inopiné.
Chargé en Espagne, à destination des Pays-Bas, le contenu monochrome des cartons ne laisse guère place au doute. Ces fins cristaux blancs, affichant 613 kg sur la balance, alimentent un réseau de trafic de drogue… Mais il ne s’agit pourtant pas de cocaïne. Les premiers tests chimiques indiquent une réaction au PCP (phéncyclidine, un psychotrope hallucinogène), à la kétamine et aux « sels de bain ».
Étienne Klein ne peut pas se passer des Rolling Stones. Il a assisté à leur concert parisien, le 23 juillet dernier, et nous explique selon quelles lois physiques paradoxales « les Stones » ne souffrent pas du passage des années. Au contraire !
Keith Richards a composé Gimme Shelter lorsqu’un orage s’est abattu sur Londres, un jour de l’automne 1968, soit peu de temps après l’écrasement du Printemps de Prague, l’assassinat de Martin Luther King et alors que la guerre du Vietnam continuait de faire rage. Voir et entendre aujourd’hui les Stones interpréter ce chef-d’œuvre sur fond d’images de villes ukrainiennes détruites par les bombardements de l’armée russe produit un effet bouleversant : l’histoire ne cessera-t-elle jamais de se répéter ?
Assister cet été à un concert des Stones, à Hyde Park, Lyon ou Paris, c’est découvrir qu’ils ont un point commun avec Albert Einstein, celui de nous avoir appris des choses décisives à propos du temps : le père de la relativité a démontré que le temps physique est relatif et non pas absolu, tandis qu’eux ont d’abord inventé une nouvelle façon d’être jeune, puis une nouvelle façon d’être vieux. Ils arriveraient même à nous faire croire que le cours du temps vécu serait en partie réversible, donnant ainsi empiriquement raison à Marcel Proust :
“Car l’homme est cet être sans âge fixe, cet être qui a la faculté de redevenir en quelques secondes de beaucoup d’années plus jeune, et qui entouré des parois du temps où il a vécu, y flotte, mais comme dans un bassin dont le niveau changerait constamment et le mettrait à la portée tantôt d’une époque, tantôt d’une autre”
Marcel Proust, À la recherche du temps perdu vol. 6: Albertine disparue (1925)
« Le titre que j’avais proposé à mon éditeur était L’homme aux livres, parce que je me définis comme un homme aux livres, qui appartient aux livres », expliquait le psychanalyste et écrivain Michel Schneider, invité de La Grande Librairie. Auteur de romans et d’ouvrages sur la musique ainsi que la psychanalyse, il est décédé à 78 ans, rapporte Le Point.
Si son dernier livre n’aura donc pas porté le titre qu’il souhaitait, Michel Schneider a fait paraître Des livres et des femmes en octobre 2021 – un récit mêlant tout à la fois amour de la lecture et désirs pour la gente féminine, ou inversement.
Des travaux récents expliquent comment une bonne santé physique et musculaire favorise les fonctions cérébrales des seniors.
Pourquoi c’est important
La démence qui peut se développer avec l’âge représente une menace pour l’autonomie des personnes âgées. Or le déficit cognitif léger qui précède la démence peut être détecté des années avant que la maladie ne s’installe définitivement. Avant d’en arriver à ce stade, il est peut-être possible d’intervenir pour éviter le déclin cognitif, grâce à des modifications des habitudes de vie, par exemple avec de l’activité physique.
En vieillissant, notre organisme perd du muscle, de la force musculaire et nos performances physiques diminuent : c’est la sarcopénie. En plus de rencontrer des difficultés physiques, les personnes qui ont une mauvaise santé musculaire présentent plus de risques de développer un déficit cognitif léger ou d’autres troubles mentaux : la sarcopénie est associée aux troubles cognitifs.
Une équipe lilloise a dressé le profil des sujets jugés irresponsables en raison de troubles mentaux lors d’actes pénalement répréhensibles sur 2011-2020.
À retenir
Parce qu’après avoir été jugés pénalement irresponsables pour troubles mentaux, la quasi-totalité des sujets sont hospitalisés en psychiatrie, il est possible de dresser leur profil à partir des données du PMSI (Programme de Médicalisation des Systèmes d’Information).
Le président russe Vladimir Poutine pourrait être atteint du syndrome d'Hubris, selon des médecins qui l'ont observé depuis qu'il est entré en guerre contre l'Ukraine. Définition, symptômes typiques, traitement : tout savoir sur cette "maladie du pouvoir".