Publié le 16 avril 2024
Depuis plusieurs années déjà, le débat sur le wokisme agite le milieu intellectuel en France. Ses opposants, aussi bien de droite que gauche, y voient un “enfermement intellectuel” ou même une “forme d’impérialisme américain”. Pourtant, “Politico” rappelle que ces idées sont fortement inspirées des penseurs français, comme Foucault ou Derrida, qui les avaient importées aux États-Unis.
Faites confiance aux Français pour intellectualiser à mort le débat sur le wokisme.
Environ une fois par mois, une certaine élite de la société française se retrouve au Laboratoire de la République, un cercle de réflexion situé dans le centre de Paris, pour réfléchir aux risques posés par cette importation qu’ils jugent dangereuse et clivante. Les conférences organisées par le Laboratoire ne concernent pas toutes le wokisme mais c’est un thème récurrent. Les intervenants vont de Kamel Daoud, romancier franco-algérien pour qui le wokisme, “en plus d’être dangereux, est d’abord ennuyeux”, l’universitaire et grand spécialiste de l’islam Gilles Kepel, qui dénonce la “cancel culture” dans les universités, et Nathalie Heinich, sociologue qui considère le wokisme comme un “nouveau totalitarisme”.
“Nous n’avons pas attendu [la génération woke] pour lutter contre le racisme et le sexisme, explique Nathalie Heinich, interrogée par Politico. Ils croient vraiment avoir inventé ces combats ? À mon sens, il ne faut pas nécessairement interdire les discours qui nous dérangent pour faire avancer la lutte contre les discriminations.”