Par Florence Aubenas Publié le 09 mai 2023
REPORTAGE. Dans cette ville d’Ukraine occupée par les Russes durant neuf mois, le personnel de divers lieux d’accueil pour mineurs en détresse a tout fait pour aider les jeunes pensionnaires à échapper aux transferts forcés vers la Russie.
Des soldats encagoulés surgissent dans la crypte d’une église, dans le réfectoire d’un foyer d’accueil ou au cœur d’un hôpital pédiatrique. Toujours la même scène, toujours les mêmes menaces. Et toujours la même question : « Où sont les enfants ? » Kherson, ville dans le sud de l’Ukraine, a vécu sous le contrôle des troupes de Moscou pendant neuf mois, de février à novembre 2022, et s’est retrouvée – comme beaucoup de territoires occupés – face à une guerre d’un autre type, qui ne se joue pas uniquement sur la ligne de front : la déportation d’enfants vers la Russie. Ces derniers « raflés » dans des structures ukrainiennes accueillant des mineurs fragiles, malades ou abandonnés.
« Les enfants étaient devenus l’obsession des Russes. Ils les cherchaient partout, ils disaient : “Ils sont à nous” », se souvient Inna Kholodnyak, directrice de l’hôpital pédiatrique de Kherson. Alors, en secret, des réseaux ont commencé à se former dans le huis clos d’institutions spécialisées, des « maquis » d’enfants cachés, disséminés dans la ville, sans contact les uns avec les autres.