Pour le professeur Louis Soulat, vice-président du Samu-Urgences de France, chef du service des urgences du CHU de Rennes et responsable du Samu 35, le filtrage des demandes de soins par le 15 a permis de maintenir l’hôpital à flot mais a mis sous pression les opérateurs de régulation.
Pas de drame, mais des inquiétudes persistantes. Grâce aux mesures prises début juillet suite à la mission flash pilotée par François Braun, président de Samu-Urgences de France avant son entrée au gouvernement – à commencer par le filtrage des demandes de soin via le 15 –, les urgences hospitalières ont «limité la casse» cet été, admet aujourd’hui le professeur Louis Soulat, vice-président du syndicat professionnel. Au prix d’un report de tension sur les centres de régulation du Samu qu’il invite à renforcer au plus vite. Surtout, selon le chef du service d’urgences du CHU de Rennes, la rentrée s’annonce à haut risque pour les services d’urgence hospitalière si le gouvernement ne reconduit pas le 15 septembre les dispositions prises pour passer l’été.
Contrôleuse générale des lieux de privation de liberté
Après la controverse suscitée par l’organisation du jeu « Kohlantess » à la prison de Fresnes, la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté s’indigne de l’hypocrisie des responsables politiques.
C’est l’immense événement de la rentrée ! Non, pas la guerre en Ukraine, ni les feux de forêt, l’eau qui manque partout, ou les pauvres qui dorment à la rue, non, le vrai « scandale » de ces derniers jours est ce jeu organisé à la prison de Fresnes, une des plus vétustes de France, surpeuplée à 144 %. Un jeu nommé « KohLantess », en référence au programme télévisé « Koh Lanta ». Trois équipes – surveillants, détenus, jeunes voisins libres de la ville – s’affrontent autour d’un quiz de culture générale, dans une course en portant des bassines d’eau, puis, d’un côté et de l’autre d’un baquet, pompeusement nommé « piscine », ils tirent sur une corde jusqu’à faire tomber l’adversaire à l’eau.
Enfin et c’est là tout l’objet du « débat », deux des 1 918 prisonniers de Fresnes (Val-de-Marne) participent dans la cour réaménagée de l’établissement à une course de kart.
Jimmy Delliste reconnaît que "le choix des épreuves était inadapté" mais assure que cette journée "avait énormément de sens".
Ce sont les premiers mots du directeur de la prison de Fresnes depuis le début de la polémique "Kohlantess", fin juillet. Un jeu inspiré de Koh Lanta dans lequel des détenus affrontaient des surveillants et des habitants de la commune du Val-de-Marne. Une épreuve de karting a choqué, jusqu'au ministre de la Justice, qui a lancé une enquête. "C'était une activité de prévention, pas de réinsertion", assure aujourd'hui Jimmy Delliste, le directeur. Il s'est expliqué à l'occasion d'une visite à Fresnes de la députée Renaissance Caroline Abadie que franceinfo a pu suivre, mercredi 24 août.
Après la polémique sur le jeu "Kohlantess" organisé fin juillet au sein de la prison de Fresnes (Val-de-Marne), le délabrement de l'établissement et les conditions de vie de détention posent question. franceinfo a pu visiter le centre pénitentiaire avec son directeur et la députée Renaissance de l'Isère, Caroline Abadie.
parSarah Finger, Envoyée spéciale à Perpignan et photos Théo Combes publié le 25 août 2022 à 6h17
A Saint-Jacques, un quartier difficile situé en plein cœur de la cité occitane, vit une importante communauté gitane. Le projet culturel qui s’y prépare permet à des adolescentes de s’écarter, au moins le temps d’un été, d’une vie très codée et de la voie toute tracée qui s’impose à elles.
«On est toutes enfermées dans un orphelinat. Nous deux, on a été abandonnées. Elle, ses parents sont morts dans un accident. Celle-là, elle a été placée à cause de ses parents violents. Et elle, sa mère n’a pas d’argent et son beau-père ne veut pas s’occuper d’elle… Mais le directeur de l’orphelinat est méchant avec nous. Alors on s’enfuit, et on vend des habits pour survivre parce qu’on est très pauvres.» Voilà le scénario qu’India, Saphir, Naomie, Chenoa et quelques autres filles ont imaginé. Agées de 13 à 15 ans, ces adolescentes gitanes du quartier Saint-Jacques, à Perpignan, partagent une aventure qui enchante leur été : inventer ensemble une histoire, imaginer des scènes, être filmées et incarner les vedettes d’un court métrage qui sera diffusé en novembre, à l’occasion du premier festival de culture gitane de Perpignan. India éclate de rire : «On va être des stars !»
Ce projet de festival repose sur deux hommes, l’un gitan et l’autre pas. «Référent» de Saint-Jacques, autrement dit représentant reconnu et respecté par sa communauté, Mambo Saadna, 66 ans, préside le comité d’animation de la place du Puig, du nom d’une esplanade fréquentée par les gitans du quartier. Le «payo» (non-gitan), c’est Benjamin Barou-Crossman : comédien, metteur en scène, directeur de la compagnie TBNTB basée à Alfortville, en région parisienne, cet artiste de 38 ans travaille depuis longtemps avec les communautés gitanes. Avec Mambo, il organise des ateliers de théâtre, de rumba catalane et de guitare, prépare les spectacles qui seront présentés lors du festival, s’emploie à mobiliser les jeunes autour de ces projets. «Ce que je veux, dit-il, c’est mêler les arts et la culture, les gens du dedans et du dehors, les gitans et les payos, les réunir tous à travers les émotions portées par une population à fleur de peau et par leur culture nomade. On n’est ni dans le folklore, ni dans le social. Avec Mambo, nous voulons que ce festival de la culture gitane parte de Saint-Jacques et soit porté par ses habitants.»
Le quartier le plus déshérité de France
La Casa musicale, une structure publique emblématique du quartier Saint-Jacques, est devenue le QG de ce projet. «Mon fils Roberto anime plusieurs ateliers à la Casa Musicale, et moi j’y interviens toute l’année. Mais les années précédentes, on n’avait jamais eu de gitanes, raconte Mambo. C’est pas facile de les faire venir, il faut d’abord convaincre leurs parents… Sans moi, Benjamin n’y serait jamais arrivé.» L’intéressé confirme : «Impossible pour un payo de travailler sans référent à Saint-Jacques. On marche sur des œufs, surtout avec les jeunes filles. Tout est très codifié dès leur puberté. D’ailleurs, les ateliers ne sont pas mixtes. Et si des garçons sont présents, ils sont forcément plus jeunes que les filles.»
Situé en plein cœur de Perpignan, le quartier Saint-Jacques date du XIVe siècle. Il a jadis abrité un hôpital pour lépreux, puis un quartier juif, avant que les gitans ne s’y installent durant la seconde moitié du XXe siècle. En 2015, ce quartier était classé par l’Insee comme le plus déshérité de France métropolitaine. Depuis, la situation ne s’est guère améliorée : «60 % des foyers vivent en dessous du seuil de pauvreté, le taux de chômage s’élève à 70 % et 90 % des jeunes de 18 à 25 ans sont sans emploi», note une étude du Centre régional d’études, d’actions et d’informations en faveur des personnes en situation de vulnérabilité (CREAI) et de l’Observatoire régional de la santé (ORS) datée de mai 2020.
Dans ce quartier replié sur lui-même, d’étroits liens familiaux forment un tissu social aussi dense que solidaire. Mais ici, on vit les uns sur les autres, dans de vieux logements étriqués et vétustes, voire insalubres. Les points de deal se sont multipliés, entraînant des règlements de comptes redoutés par les habitants. Combien sont-ils à vivre à Saint-Jacques ? «Nous sommes entre 5 et 7 000», assure Mambo. Une fourchette qui semble élevée, mais difficile à affiner : dans le quartier s’entretient un certain flou statistique, d’autant que les agents du recensement ne sont pas forcément les bienvenus. Saint-Jacques vit selon ses propres codes et vibre dans sa propre langue, le dialecte catalan.«Entre nous, on parle gitan»,confirment tous les habitants. Autre particularité : la scolarité. Selon l’étude du CREAI-ORS, le taux d’absentéisme des élèves de la communauté gitane dans les écoles de Perpignan est estimé à «40 à 60 % dans le premier degré et à 80 % au collège». Les jeunes actrices du court métrage affirment que oui, elles vont à l’école. Enfin, «des fois». «Mais après 16 ans, on arrête. Aucune d’entre nous n’a envie d’aller au lycée.»
«A 31 ans, je me trouve déjà vieille»
Dans le scénario qu’elles ont élaboré ensemble, Saphir, India, Naomie, Chenoa et leurs copines n’évoquent pas l’école. Après leur évasion de l’orphelinat, les filles se retrouvent quelques années plus tard. Dans ce futur imaginaire, l’une est amoureuse d’un payo, mais toutes sont restées célibataires et travaillent. Elles se sont choisi des métiers qui les font rêver : agente immobilière, maquilleuse, caissière de supermarché, coiffeuse ou manucure… Dans la vraie vie, la plupart des gitanes de Saint-Jacques se marient entre 16 et 20 ans avec un gitan, puis deviennent rapidement mères au foyer. Les unions ne passent généralement ni par l’église ni par la mairie, mais n’en demeurent pas moins officielles aux yeux du couple et de leurs familles.
Le Fil à Métisser, réseau interculturel implanté depuis 2012 à Saint-Jacques, connaît parfaitement la situation des habitantes du quartier. Celles-ci ont accès, grâce à cette structure, à des professionnels du champ médico-social, à des accueils parents-enfants, à des groupes de parole, ainsi qu’à des services de médiation en santé. «Les jeunes filles gitanes sont souvent déscolarisées à l’époque de la puberté», confirme Marion Hullo, psychologue interculturelle coordinatrice au Fil à Métisser. «Leur état psychique s’en ressent car elles sont confrontées à un choix de vie très restreint, qui se résume à devenir mères, poursuit la psychologue. Cette situation, liée à leur loyauté familiale et clanique, elles la mettent en mots, et en maux, vers 35-40 ans. A cet âge-là, elles évoquent souvent ce qu’elles auraient pu faire dans un autre contexte culturel…»
Dans le quartier, l’équipe du Fil à Métisser accompagne de nombreuses femmes en détresse psychologique, mais aussi des mères mineures, âgées parfois de 15 ans. «Généralement, lorsque le mariage intervient avec l’accord des deux familles, les jeunes filles prennent une contraception ou se font poser un stérilet afin de se laisser un peu plus de temps avant la maternité, explique Shereen Defour, psychologue clinicienne intervenant également au Fil à Métisser. Les grossesses de jeunes adolescentes surviennent en cas de rapports sexuels avant l’accord des familles.» Marion Hullo évoque«une jeune fille qui avait déjà trois enfants à 19 ans… et qui les gérait très bien». Dans le quartier, les grands-mères âgées de 35 ans ne sont pas rares. «A 31 ans, je me trouve déjà vieille, raconte une femme suivie par le Fil à Métisser. J’ai quatre enfants, dont une fille de 13 ans. Elle apprendra tout avec son premier garçon. Et, pour elle comme pour moi, le premier garçon sera le dernier». Autrement dit, le seul d’une vie.
«Chez nous, c’est les maris qui travaillent»
Les jeunes gitanes participant au court-métrage n’ignorent rien du futur qui se dessine pour elles : «On connaît une fille de 16 ans enceinte de son deuxième enfant.» Elles-mêmes disent vouloir deux, trois ou quatre enfants avec un mari «beau et gentil». L’une d’elles parle de devenir mannequin. «Mais mon mari voudra pas. C’est les maris qui travaillent chez nous, pas les femmes. C’est comme ça, on est gitanes.» Parmi ces adolescentes, certaines confient redouter un peu le «rite du mouchoir», qui marquera leur passage dans leur vie d’épouse et de mère. Cette coutume consiste à vérifier que la future mariée est vierge en récupérant une tache de sang sur un mouchoir introduit dans le vagin par une «sage» gitane. Selon Shereen Defour, ce rite serait de moins en moins fréquent. Mais India, Saphir, Naomie ou Chenoa semblent résignées : «Faut le faire»,disent-elles, subitement pudiques.
La parole des gitanes de Saint-Jacques dans l’espace public reste rare, tout comme leur présence dans un contexte d’activités culturelles. Benjamin Barou-Crossman savoure l’opportunité qui lui est offerte de les impliquer dans des projets valorisants pour l’ensemble du quartier. Mais les financements peinent à suivre. Le metteur en scène, qui, en plus de ce festival, travaille au sein du quartier sur un projet de comédie musicale, «Perpi Comedy», doit composer avec des financeurs institutionnels (préfecture, conseils départemental et régional, Direction régionale des affaires culturelles, ville…) souvent frileux et indécis.
Car personne n’ignore que Perpignan est gérée par le maire Rassemblement national Louis Aliot, ni que le quartier Saint-Jacques cristallise les tensions politiques ou qu’il symbolise un enjeu médiatique. Benjamin Barou-Crossman dit avoir été«convoqué et recadré par la mairie» et avoir reçu des «messages menaçants» de la part d’un adjoint, lui demandant «d’organiser les ateliers Perpi Comedy dans un quartier maghrébin situé au nord de Perpignan, et de renoncer à Saint-Jacques». «La mairie veut garder la main sur ce quartier. Elle a annoncé vouloir organiser son propre festival gitan en juin 2023… Mais Louis Aliot n’a pas de lien réel avec les habitants de Saint-Jacques.» Contactée par Libération, la mairie de Perpignan n’a pas donné suite, malgré plusieurs relances. Amer face à ce bras de fer, le comédien ajoute : «Dans ce quartier sous cloche, les gitans ont parfois l’impression qu’on se sert d’eux… Et parfois, c’est vrai.»
Depuis une dizaine d’années, les biologistes cultivent in vitro des versions miniatures de nos organes. En imitant leur structure et leurs fonctions, ces organoïdes ouvrent la voie à de nombreuses applications : tester des médicaments, personnaliser les soins ou améliorer la thérapie cellulaire.
Faire pousser in vitro des copies miniatures de foie, d’intestin, de cœur, de pancréas, de rein, de poumon, de prostate, de glandes mammaires et même de cerveau. Non, cela n’est pas de la science-fiction. Ces dernières années en effet, les biologistes parviennent à créer en laboratoire tous ces mini-organes – et bien d’autres, la liste s’allongeant régulièrement. Ces organoïdes, comme ils les ont baptisés, qui mesurent à peine quelques millimètres pour les plus gros, possèdent une structure en trois dimensions qui ressemble à celle de l’organe entier – ou une partie de ce dernier – et reproduisent certaines de ses fonctions. Une telle fidélité ouvre d’alléchantes perspectives en recherche et en médecine : grâce à ces mini-modèles, on espère mieux comprendre le développement des organes et des maladies qui les touchent, évaluer l’efficacité de nouveaux traitements, voire améliorer la transplantation de cellules ou d’organes.
Isoler les cellules souches
Mais quelle est la recette pour obtenir des organoïdes ? L’ingrédient principal, ce sont les cellules souches, dont la particularité est de proliférer par division et de pouvoir se spécialiser en n’importe quel type cellulaire (neurones, cellules musculaires, cellules du foie, etc.).
Yirui Sun (CC-BY 4.0) / Wellcome collection
Deux types de cellules souches sont utilisés. D’abord celles présentes naturellement dans certains organes, tels les poumons ou l’intestin.
Il a passé plus d’un demi-siècle en hôpital psychiatrique et y a produit un millier d’œuvres, ancrées dans sa recherche de liberté et d’identité sexuelle. L’artiste danois Ovartaci est mort en 1985, mais son talent est enfin reconnu.
Berlin, Allemagne – Pourquoi les maladies associées au vieillissement comme les maladies cardiovasculaires ou les troubles neuropsychiatriques sont-elles plus fréquentes chez les personnes souffrant de stress chronique ou les individus déprimés ?
A ce jour, les mécanismes sous-jacents n’ont pas été élucidés mais, une équipe de chercheurs germano-américaine propose un début d’explication sur fond de changements épigénétiques.
Dans ce nouveau travail présenté lors du congrès annuel de l’European College of Neuropsychopharmacology[1], les chercheurs ont étudié l’impact du vieillissement et de la dépression sur le gène FKBP5 (chromosome 6). Ce gène a été choisi car il code pour la protéine FKBP5 impliquée dans la réponse au stress, l’inflammation et l’immunorégulation.
FKBP5 est un facteur de transcription qui régule plusieurs gènes impliqués dans la dépression (via les hormones du stress) et dans des pathologies comme la maladie d’Alzheimer [2].
L’équipe du Dr Anthony Zannas (Max Planck Institute of Psychiatry, Munich) a montré, d’une part, qu’en cas de vieillissement et de dépression, le gène FKBP5 était hypométhylé et donc surexprimé (statistiquement significatif). Et, d’autre part, que la surexpression de ce gène était associée à une augmentation des marqueurs biochimiques de l’inflammation et du risque cardiovasculaire (interleukine-1…).
États-Unis — Selon une étude menée à partir de l’analyse secondaire de 3 études ancillaire de la WHI (Women's Health Initiative), celles qui atteignent l’âge de 90 ans sans altération fonctionnelle ou cognitive ont un taux de méthylation épigénétique inférieur à celles qui ont ce type d’atteintes et, a fortiori, celles qui sont décédées avant l’âge de 90 ans. [1] Aussi, l'accélération du taux de méthylation semble constituer un biomarqueur du vieillissement et du pronostic des femmes. La même étude mériterait d’être menée dans la population masculine.
Pourquoi est-ce important ?
On estime que les personnes qui vieillissent longtemps en bonne santé ont un âge biologique inférieur à leur âge chronologique, sachant qu’à âge chronologique identique, les fonctions physiologiques et taux de vieillissement biologique sont très hétérogènes. L’épigénétique est un élément déterminant dans ce processus. Le taux de méthylation de l’ADN sur certains sites spécifiques (cytosine-guanine dinucléotide) permet d’évaluer l’âge chronologique. Aussi, une modification de ce taux de vieillissement épigénétique sous l’effet combiné de facteurs endogènes et exogènes pourrait être associée au fait que les personnes vieillissent plus vite ou plus lentement que leur âge chronologique. Cette étude a examiné l’association entre l’épigénétique et la survie à 90 ans en bonne santé, avec une mobilité et un fonctionnement cognitif non altérés.
Cette semaine, «Libé» arpente les couloirs de l’asile psychiatrique. Aujourd’hui, Claude-Louis-Séraphin Barizain, dit Monrose, membre de la Comédie-Française durant la première moitié du XIXe siècle et profondément dépressif.
Le docteur Esprit Blanche veillait en coulisses, prêt à se précipiter si son patient défaillait. Ce 7 janvier 1843, Monrose devait interpréter Figaro dans le Barbier de Séville, un rôle qu’il connaissait par cœur. L’acteur était le spécialiste du valet fourbe et fripon des pièces de Marivaux, Molière et Beaumarchais. Mais il n’avait pas joué depuis longtemps. Le docteur Blanche, partisan de sortir les aliénés de leur isolement, avait autorisé sa représentation de retraite de la Comédie-Française. A cette annonce, les spectateurs s’étaient précipités. Etait-ce l’ombre de Monrose ou le grand Monrose de retour sur les planches? Etait-ce un adieu au théâtre ou était-il vraiment guéri ? Aurait-il encore cette verve caustique qui faisait de lui un acteur célèbre ? Avant le lever de rideau, la salle frissonnait. Un soir à Rouen, quelques années auparavant, le comédien s’était mis à bafouiller, à mélanger prose et vers. On s’était impatienté, on avait fini par le huer, le croyant ivre. Monrose avait perdu la raison ! Il avait été conduit dans la célèbre clinique sur les hauteurs de Montmartre (1). La salle trépigne. «Plus on dit : “Il est malade !” Et plus le parterre répond : “Qu’il paraisse !” Alors il reparaît ! A l’instant où il reparaît, où il va venir, on tremble : le frisson se répand dans la salle. Pauvre homme dit-on à la fin. Ô miracle ! Le voici ! C’est lui, c’est bien lui, c’est le Monrose d’autrefois !» écrit Jules Janin dans son Histoire de la littérature dramatique.
Les consultations, les soins programmés en hôpital de jour et les accouchements restent cependant assurés.
Quatre jours après avoir été la cible d’une attaque informatique, l’hôpital de Corbeil-Essonnes, en banlieue parisienne, a annoncé, mercredi 24 août, qu’il transférait « tous les patients instables ou nécessitant des soins aigus » et « les patients à risque, qui ont besoin d’une surveillance accrue ». Le centre hospitalier Sud-Francilien (CHSF) a précisé que « les patients dont l’état est stable reste[rait] dans [leurs] locaux ».
Des millions de personnes doivent vivre au quotidien avec la dépression. Mais si cette maladie est désormais couramment diagnostiquée, elle suscite toujours de vives interrogations : comment la distinguer de la simple tristesse ? S’agit-il d’une affection liée au mode de vie moderne ou « occidental » ? Les causes en sont-elles biologiques, psychologiques, ou sociales ? Et comment la traiter ?
Dans L’Empire du malheur, Jonathan Sadowsky propose une mise au point essentielle sur cette forme aussi répandue que méconnue de détresse psychique. Il retrace à cette fin la longue histoire de la dépression et des réponses qui lui ont été apportées : l’apparition de ses différents avatars (comme la célèbre mélancolie), la naissance de la psychanalyse et des psychothérapies, le développement des diagnostics de dépression dans la période de l’après-guerre, et enfin l’essor, à partir des années 1980, de médicaments comme le Prozac.
Voici un sujet encore tabou aujourd’hui : les « psys » – au sens large, psychologues, psychiatres, thérapeutes… – souffrent parfois mentalement. Traumatisme, stress, anxiété, surmenage, dépression et burnout ne les épargnent pas forcément plus que n’importe quelle autre personne. Mais on en parle peu. D’autant que la crise sanitaire est passée par là, les Français faisant de plus en plus souvent appel à un professionnel de la santé mentale : au premier trimestre 2022, Doctolib enregistrait 5,4 millions de recherches du mot-clé « psychologue » sur sa plateforme, contre 3,2 millions au premier trimestre 2021 et, entre 2020 et 2021, le nombre de consultations chez un psychologue et un psychiatre a, respectivement, doublé et augmenté de 31 % (voir Doctolib, Santé mentale : la fin des tabous ?, 2021 ; et Le nombre de consultations chez les psychologues a doublé en 1 an, 2022). De sorte que les psys se retrouvent surchargés de demandes de rendez-vous. Comment concilier vie personnelle et vie professionnelle ?
Jérôme Palazzolo, professeur de psychologie et psychiatre libéral à Nice, annonce qu’il reçoit de plus en plus de ses confrères en consultation, pour diverses raisons (voir Pourquoi les psys dépriment-ils ?) : « En tant que psy, on pense souvent qu’on est à l’abri de tout et on est certain de ne jamais être touché par une pathologie psychique car, comme on est professionnel de la santé mentale, on a appris à gérer. Mais en réalité, les psys, qu’ils soient psychiatres, psychologues ou thérapeutes, restent des êtres humains qui peuvent souffrir mentalement. » D’ailleurs, selon lui, les psys ont autant de risques, si ce n’est plus, que la population française, de présenter des troubles mentaux. Car le fait de choisir ce métier – de choisir d’aider l’autre – signifie souvent que l’on a un profil de personnalité où « l’on ne s’écoute pas trop » ; ce sont les fameux profils de « sauveurs » pour Jérôme Palazzolo. De plus, travaillant avec des êtres humains, les soignants sont touchés par le discours ou la détresse de leurs patients. Et c’est souvent lourd à porter.
Selon Santé publique France, les femmes diplômées sont plus susceptibles d’avoir une consommation abusive d’alcool. Six d’entre elles, abstinentes aujourd’hui, racontent à «Libération» cette maladie et comment elles ont réussi à s’en sortir.
A 20h30, au fond d’une rue de petits pavillons silencieux à Versailles, illuminée par quelques lampadaires. Dans une salle municipale carrelée, des canapés d’enfant sont posés à côté d’un tableau noir et de pots à crayons. Quatre tables en plastique sont collées les unes aux autres. Autour, huit femmes et cinq hommes, âgés de 30 à 70 ans, de tous les milieux sociaux, se sourient. Les femmes proposent un café, les hommes distribuent des fraises Tagada. Ils se voient ici seulement, au gré de leurs besoins. Tous reliés par le même mal : l’alcool. Ce soir de la mi-mars, aux Alcooliques anonymes, chacun prend la parole à tour de rôle. Raconte sa chute, ses dernières joies, son job. L’une est mère au foyer, l’autre ancien «grand ingénieur». Les autres sont journalistes, cadres, chômeurs ou retraités. «L’alcool est partout, constate Hélène, la trentaine. Dans tous les métiers.» Elle plonge sa main dans les bonbons.
Dans le documentaire «Instagram, la foire aux vanités», les auteurs Olivier Lemaire et Nicolas Combalbert reviennent sur l’histoire du réseau social au contenu parfois problématique et mettent en exergue ses divers impacts sur nos sociétés occidentales.
Comment le monde s’est-il retrouvé sur Insta ? C’est, notamment, à cette question que répondent le réalisateur Olivier Lemaire et son coauteur Nicolas Combalbert dans le documentaire Instagram : la foire aux vanités, diffusé dès ce mardi sur la plateforme numérique d’Arte et le 30 août sur le petit écran. Vanités tous azimuts donc sur l’appli aux 2 milliards de connexions mensuelles dans le monde : d’une représentation biaisée des corps au tourisme de masse, de la «pornographie alimentaire» à la chirurgie esthétique à prix cassés, des influenceurs jonglant entre luxe et fast fashion aux célébrités en quête de buzz… Revers de ces vanités affichées : plusieurs études, mais aussi les récentes révélations de la lanceuse d’alerte Frances Haugen (Facebook Files), démontrent à quel point l’usage constant du réseau social peut provoquer, notamment chez les adolescents, des troubles du comportement, et plus généralement affecter la santé mentale. Dans le documentaire de Lemaire et Combalbert, on rencontre ainsi un ado français qui, pour faire face à son addiction, a été interné en hôpital psychiatrique.