parSarah Finger, correspondante à Montpellier publié le 30 juin 2022
Près de Nîmes, une enseignante handicapée se bat pour exercer dans de meilleures conditions. Réunis au sein d’un collectif, d’autres membres de l’Education nationale s’insurgent contre la «maltraitance» de l’institution face à leur handicap.
«Je suis épuisée, au bout du rouleau. Je ne vis plus, je survis.» Sandra Vétier-Rey, 51 ans, professeure agrégée d’économie et de gestion, pose sa canne avant de s’allonger sur son canapé. Atteinte de douleurs chroniques au bassin depuis 2007, elle ne peut plus rester assise ni debout. Cloîtrée dans sa maison de Caissargues, près de Nîmes (Gard), elle confie son angoisse, la voix brisée : «Je ne sais toujours pas ce que le rectorat compte faire de moi à la rentrée. J’attends mon affectation depuis trois mois. Après trente ans d’ancienneté dans l’éducation nationale, cette incertitude est une torture psychologique.»
L’agrégée de philosophie pense que les enfants peuvent philosopher et parcourt le monde au nom de l’Unesco pour former élèves et enseignants.
Elle a toujours, fourrées dans son sac, des marionnettes. Un petit Kant, vêtu de gris, et un petit Platon, barbu vêtu de blanc. Ses doigts s’animent.«On peut parler des auteurs aux enfants, leur dire : “Tu vois, Kant, il pensait qu’il faut toujours dire la vérité, que c’est pas bien de mentir, quelles que soient les circonstances. Et lui, Platon, il est pas d’accord”.» Ses petits bouts de tissu sont son bâton de pèlerin. Depuis plus de vingt ans,Edwige Chirouter, athée jusqu’à l’os, évangélise : oui, on peut faire philosopher les enfants. Oui, ondoit fairephilosopher les enfants. Pour les équiper intellectuellement face aux vicissitudes du monde, les prémunir de la manipulation, des fake news,du dogmatisme et du relativisme. Certains puristes ont un principe : la philo n’existe que si l’on peut se plonger dans du Heidegger ou du Nietzsche dans le texte.
Salah Abdeslam a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté incompressible. «Une peine de prison à vie», prononcée seulement quatre fois dans l’histoire judiciaire française, qui empêche «le droit à l’espoir» du condamné, estime Matthieu Quinquis, président de l’Observatoire international des prisons.
Salah Abdeslam, seul membre encore en vie de commandos du 13 novembre 2015, a été condamné mercredi à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d’une peine de sûreté incompressible. Matthieu Quinquis, avocat au barreau de Paris, récemment élu à la tête de l’Observatoire international des prisons (OIP), explique à Libération les ressorts de cette peine, la plus lourde prévue par le code pénal, prononcée seulement quatre fois dans l’histoire judiciaire française avant le procès des attentats.
Qu’est-ce que la perpétuité incompressible ?
La perpétuité dit son nom : c’est une peine de prison à vie. Ce qui est incompressible, ce n’est pas la réclusion criminelle à perpétuité mais la période de sûreté dont elle est assortie. La justice pénale prévoit des périodes de sûreté au cours desquelles aucun aménagement de peine ne peut être accordé. Elles peuvent être de dix-huit, voire vingt-deux ans en cas de condamnation à la perpétuité. Pour les cas les plus graves, les magistrats disposent d’une peine de sûreté incompressible. Intégrée dans le droit en français en 1994 pour les auteurs de meurtre avec viol, torture ou acte de barbarie sur des mineurs, elle avait connu jusqu’à présent seulement quatre applications.
Lorsque l'on a 80 ans, l'idée n'est pas forcément de changer de vie. Mais il est aberrant d'imaginer qu'une vieille personne ne puisse pas bénéficier d'un travail psychique
Tant qu'on est vivant, autant rendre la chose la plus satisfaisante possible. |
Dans Ça tourne pas rond, Mardi Noir, psychologue et psychanalyste, revient chaque semaine sur une question ou problématique psychologique.
Plein de raisons peuvent amener à consulter quand on a un certain âge: le deuil, les pertes cognitives douloureuses pour l'ego, le vide de la retraite, la maladie, la solitude, les traitements palliatifs... Cependant, la question n'est pas sans intérêt. Freud a évoqué l'âge des patients dans plusieurs textes, notamment dans ceux traitant des contre-indications au démarrage d'un travail psychique.
Être vivant, mais dans l'attente
Ceci dit, et toujours dans cette idée des sujets envisagés au cas par cas, il est aberrant d'imaginer qu'une vieille personne ne puisse pas bénéficier d'un travail psychique, quel qu'il soit. Il n'y a pas d'âge pour se représenter un excès d'excitation désagréable, pour faire des liens, pour évoquer son passé, ses envies et sa façon singulière d'être au monde. L'inconscient, de toute façon, n'a pas d'âge et est indifférent au temps.
De plus, la mort, même si on la conçoit théoriquement, est irreprésentable. Elle est, comme dirait Lacan, «un acte de foi». On y croit dur comme fer, on y est obligé, ça soulage de savoir qu'il y a une fin à tout ce merdier, mais en est-on si certain? Je le vois bien, mes parents sont âgés, handicapés, malades chroniques, la mort rôde. Elle n'est pas déniée, seulement, elle n'a pas de matérialité. Enfonçage de portes ouvertes, bonjour : tant qu'on n'est pas mort, on est vivant.
Rencontre avec la chercheuse en linguistique et neurocognition Hélène Lœvenbruck, autrice d’un livre qui décortique une activité mentale très commune: se parler à soi-même.
Nous nous parlons un quart du temps à nous-mêmes. Une activité silencieuse et industrieuse : lister des choses à faire, réciter des vers, fredonner un air, se motiver pour un rendez-vous, rejouer un conflit… C’est la fameuse «petite voix», si intime, qui semble se démultiplier quand on se rappelle une conversation ou quand on a l’impression d’écouter quelqu’un d’autre parler dans notre tête. Hélène Lœvenbruck les apprivoise et les décortique à sa manière dans le laboratoire du CNRS de psychologie et neurocognition à Grenoble qu’elle dirige (1). Dans un essai richement référencé, la linguiste montre combien le phénomène du langage intérieur se situe à la croisée de plusieurs disciplines, neurosciences, philosophie, psychiatrie, psycholinguistique et littérature, et combien il n’a pas encore livré tous ses secrets. Entretien.
« Jamais dans son histoire, depuis la libération, la psychiatrie n’a connu un tel danger » alertent 4 syndicats de psychiatres hospitaliers, qui appellent à une journée de mobilisation ce mardi [1]. « Il est rare que la psychiatrie se mobilise de cette façon », explique la Dr Marie-José Cortèsà Medscape, psychiatre à l’hôpital de Mantes-la-Jolie (Yvelines) et présidente du Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH). « Si nous le faisons, c’est parce que nous considérons que nous avons atteint une limite qui, si elle était dépassée, ne permettrait plus d’assurer la sécurité des soins ». (Lire aussi Les psychiatres appellent à la grève le 28 juin)
Paris, le mercredi 29 juin 2022 - D’une même voix, quatre syndicats représentants les psychiatres de l’hôpital public* appelaient hier médecins et soignants à la mobilisation pour dénoncer un « effondrement proche » de la discipline.
La crise hospitalière défrayait déjà la chronique avant l’épidémie de Covid, mais cette dernière a eu des répercussions « très importantes chez nos concitoyens, notamment les plus jeunes avec des vagues d’adolescents arrivant dans nos urgences pour geste suicidaire, angoisse majeure, dépression, décompensations » notent les auteurs du communiqué commun.
« Nous ne sommes plus en capacité d’assumer les missions de service public qui sont les nôtres » préviennent-ils aussi.
Comme dans d’autres spécialités, les syndicats déplorent une pénurie chronique de soignants et de médecins, avec une chute du nombre des psychiatres dans le service public aboutissant à la vacance d’un tiers des postes.
Cette situation « inédite depuis la libération » selon ces organisations entraînent la fermeture de structures ambulatoires, l’engorgement des urgences, des délais de consultations qui ne cessent d’augmenter, la dégradation des soins et une perte de sens pour les équipes soulignent les syndicats.
Cet été, il n'y a pas que les services d'urgences qui risquent de fermer alertent quatre syndicats de psychiatres hospitaliers. Ils appellent à la grève, ce mardi 28 juin, contre l'effondrement de leur discipline, submergée par la demande et en pénurie de soignants, au risque d'une catastrophe de santé publique. Trois infirmiers en psychiatrie témoignent de la situation dans leurs services respectifs...
Quatre syndicats de psychiatres hospitaliers appellent à la grève,
ce mardi 28 juin contre l'effondrement de leur discipline.
Le monde de la psychiatrie est décidé à se faire entendre, alors que d'autres secteurs l'ont précédé, comme celui des urgencesrécemment. Un rapport accablant de la Fédération Hospitalière de France (FHF) faisait en l'occurrence le bilan d'une situation intenable, ce 22 juin* : La quasi-totalité des établissements connaissent des difficultés de recrutement d'infirmiers et d'aide-soignants de manière permanente ou ponctuelle, avec une urgence toute particulière sur les infirmiers et la nuit. Conjuguées à un absentéisme élevé, ces difficultés de recrutement pèsent lourdement sur le dynamisme des établissements, alertent les auteurs de l'enquête qui prévoient un été difficile. Si la gériatrie reste de loin le secteur qui peine le plus à attirer du personnel, il est suivi par les blocs opératoires, la médecine (les services non spécialisés) puis la psychiatrie. C'est dans ce contexte que quatre syndicats appellent justement à une journée d'action, ce mardi 28 juin, et dénoncent l'effondrement du service public. Motif de la grogne : les conditions de travail de plus en plus difficiles, le manque de moyens et de reconnaissance, les fermetures d'établissements et la dégradation générale de la prise en charge dans ce secteur en grandes difficultés.
Des infirmières et infirmiers en psychiatrie dans le Nord Franche-Comté alertent sur leurs conditions de travail, leurs salaires plus faibles qu’à l’hôpital public et s’inquiètent des nombreuses démissions que subit chaque année l’Association hospitalière de Bourgogne Franche-Comté.
Le centre de psychiatrie Jean Messagier à Montbéliard fait partie des structures gérées par l’Association hospitalière de Bourgogne Franche-Comté. Photo ER /Lionel VADAM
Ils sont infirmières, infirmiers en psychiatrie dans le Nord Franche-Comté. Dans des structures qui dépendant de l’Association hospitalière de Bourgogne Franche-Comté (AHBFC), comme Jean-Messagier (Montbéliard) , Pierre Engel (Bavilliers) ou encore le centre de psychiatrie générale d’Héricourt. Ils ont décidé de se faire entendre, de dénoncer leurs conditions de travail. De crier leur sentiment de ne plus avoir le temps de s’occuper de leurs patients, dans un secteur où la relation avec le patient est importante. Et, c’est la goutte d’eau, ils crient à l’injustice concernant leurs salaires dans ce contexte d’inflation.
300 euros de moins pour une infirmière
« Dans le privé [N.D.L.R. : il s’agit de privé non lucratif], nous touchons 300 euros de moins que des infirmiers du public », alertent-ils. « Mais on trime autant que les autres. »
Problème, leur direction applique à la lettre la convention en vigueur de la Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés solidaires (Fehap).
Andrea Prudente était enceinte de 16 semaines lorsqu’elle a perdu les eaux après une importante métrorragie. Les médecins ont diagnostiqué un décollement placentaire partiel et conclu à la non viabilité de son fœtus. Ils ont pourtant refusé l’interruption de grossesse par crainte de poursuites pénales, bien que la santé de la mère était en danger. En effet, l’histoire se passe à Malte, où l’avortement est strictement interdit tant que le fœtus est présumé vivant. Malte fait partie de l’Union européenne. La mésaventure d’Andrea Prudente a fait grand bruit aux Etats-Unis : elle est américaine et a dû être transférée en Espagne pour qu’il soit mis un terme à sa grossesse. C’est en effet un scénario semblable qui guette des millions d’Américaines après la décision de la Cour Suprême de revenir sur l’arrêt Roe vs Wade. Du moins en principe, car pour changer d’Etat si elles en habitent un qui restreint drastiquement l’accès à l’avortement, il leur faudra réunir des moyens financiers et humains dont beaucoup ne disposent pas. La conséquence profondément perverse en sera que pour sauver un être humain hypothétique, il soit loisible d’en mettre en danger un autre bien réel.
Le bras, la tête, l’intestin… Dans «la Mise en pièces de Gambetta, autopsie d’un corps politique», Ann Carol reconstitue le cadavre du tribun découpé et éparpillé au gré de décisions politiques ou scientifiques.
Il est mort, le tribun. On n’entendra plus sa grosse voix tonner à l’Assemblée nationale. On n’admirera plus ses talents oratoires, la violence avec laquelle il se déchaînait contre ses adversaires, la passion qu’il mettait dans tous ses combats politiques, son endurance aussi, qui lui avait fait parcourir la France entière pour convertir le peuple à la République – lui qui aurait certainement pu dire : «La République, c’est moi.» Et la nation, c’était lui aussi, d’ailleurs.
Le musée de l'Homme nous propose de découvrir les œuvres de Lekha Singh, une photographe qui a parcouru le monde, à la rencontre des femmes qui portent le monde. A découvrir du 29 juin 2022 au 2 janvier 2023.
Dans les champs, les marchés, les villages et les villes, sur les routes du monde entier, on les voit : ces femmes qui portent des charges spectaculaires pour survivre, et tenter d'offrir une meilleure vie à leurs proches. Loin d'être larmoyante, cette exposition est un hommage à la force de ces femmes, une célébration de leur courage.
Asie, Afrique, Amérique : quelle que soit leur origine, leur âge, leur couleur de peau, les vies de ces femmes se ressemblent. Lekha Singh dénonce également le réchauffement climatique,l’avancée de la désertification, les guerres, la mondialisation ou l’inégalité des chances qui empêchent ces femmes de sortir de leur situation, malgré tous les efforts.
Une personne tenant un drapeau arc-en-ciel estampillé du Cèdre du Liban, lors d'une marche contre l'homophobie à Beyrouth en 2013. Photo d'archives AFP / JOSEPH EID
Le mufti de la République Abdellatif Deriane dénonce "la légalisation et la protection des dérives sexuelles".
Une évidence qu'il fallait malheureusement rappeler. "L'homosexualité ne peut être considérée comme une maladie qui nécessite un traitement", a affirmé mercredi la Société libanaise de psychiatrie, alors que le Liban a traversé un week-end marqué par l'homophobie, notamment après la publication par le ministère de l'Intérieur d'une note adressée à la Sûreté générale et aux Forces de sécurité intérieure, appelant les agents de l’ordre à empêcher les regroupements qui "font la promotion des relations sexuelles contre nature".
Alors que les réseaux sociaux se sont emparés de la question et que les déclarations se sont multipliées sur le sujet, la Société libanaise de psychiatrie a relevé dans un communiqué que "certaines de ces déclarations ont abordé le sujet en utilisant des mots liés aux domaines de la médecine et de la santé mentale. Beaucoup d'entre elles prétendent à tort être fondées sur la science et diverses preuves. En tant que psychiatres, nous tenons à préciser que l'homosexualité ne peut être considérée comme une maladie qui nécessite un traitement", déclare la société, qui souligne que cela "est conforme à un consensus qui prévaut dans la communauté médicale depuis des décennies".
Dureté des foyers dans l’enfance, vie de galère à la rue plus tard, rencontres… «Libération» s’est entretenu avec le SDF de 50 ans, qui a publié en avril «Ecritures carnassières», un premier livre dans lequel il arpente son passé.
Quand les smartphones n’étaient pas encore de ce monde, Ervé regardait l’heure sur les horodateurs. «Ah, il est 4 h 30.» Plus que deux heures trente avant l’ouverture du café. «Oh putain.» Il dit que cette attente dans l’obscurité, sans toquante au poignet, se rapproche le plus de ce qu’on appelle la solitude. «Le seul bruit que tu entends, ce sont tes pas.» Une petite lumière s’allume ici ou là. «Ah, quelqu’un se lève… Il doit travailler dans les bureaux.» Il observe tout. «Ah, il est 5 h 30.» Paris dort, Ervé marche. C’était régulier : tuer deux heures et demie dans la nuit, en attendant le premier kawa, un sac sur le dos pesant la moitié d’un homme. «C’est un temps long, qui se dilate.» Quand il l’enquille enfin, ce n’est pas pour se réveiller. Mais pour consoler sa fatigue.
Si la décision de la Cour suprême des Etats-Unis de remettre en cause le droit à l’avortement est gravissime, la philosophe Manon Garcia invite, dans une tribune au « Monde », les pouvoirs publics à lutter contre la culture du viol en France, et à assurer une réelle accessibilité à l’IVG.
La Cour suprême des Etats-Unis a décidé, vendredi 24 juin, de mettre fin à l’autorisation fédérale de recourir à l’avortement. Cette décision est une catastrophe pour les femmes et pour toute personne qui possède un utérus, et qui pourrait avoir besoin d’une interruption volontaire de grossesse (IVG) dans ce pays, car elle ouvre la porte à la pénalisation de l’avortement dans la moitié des Etats (selon l’institut Guttmacher, vingt-six Etats pourraient l’interdire).
Elle est aussi catastrophique pour la démocratie américaine. Noah Feldman, professeur de droit constitutionnel à l’université Harvard, la qualifie même de « suicide institutionnel » de la part de la Cour suprême, tant elle remet en cause sa légitimité : au lieu de garantir les droits des individus contre d’éventuelles intrusions étatiques, elle s’occupe désormais de priver les personnes de droit. Il ne fait pas beaucoup de doute, de ce côté de l’Atlantique, que cette décision est une extrême mauvaise nouvelle à tout point de vue.
Nombreuses sont les femmes à consulter un psychologue pour régler leurs problèmes de couple ou ceux de leur partenaire qui lui, refuse d'y aller.
«À cause de la construction sociale des genres, les hommes sont souvent assez déconnectés de leurs émotions et de leurs ressentis.» | angga aditya via Unsplash
«Après la naissance de notre premier enfant, ma psy m'a fait remarquer qu'on passait de plus en plus de séances à parler de problèmes que j'avais avec mon conjoint. En confinement, on a atteint un pic où quasiment chaque séance virtuelle servait à ça.» Comme tant d'autres femmes en couple hétérosexuel, Emma* consacre beaucoup de temps chez sa psychologue à parler de son conjoint qui aurait, selon elle, lui aussi besoin de consulter quelqu'un. Les problèmes non résolus de son compagnon ont des impacts sur leur relation et sur elle.
Situation similaire pour Leïla*: «Je passe environ 80% de mes séances avec ma psychologue à parler de ses problèmes, de nos problèmes: son manque de communication, la charge mentale qui me revient pour la gestion de l'appartement, sa manière immature de réagir lors de nos conflits… J'essayais de trouver avec ma psy des stratégies, pour mieux communiquer et comprendre ses réactions. Du temps qui ne sera pas utilisé pour parler de mes problèmes à moi.»
Paolina Caro, psychologue sociale et psychothérapeute féministe, le constate: «Les femmes sont nombreuses à venir en consultation parce que leur conjoint n'a pas accepté de faire une thérapie de couple, alors elles viennent seules pour essayer de préserver leur couple, mais je n'ai jamais vu l'inverse avec un homme.»
Les séances de psychothérapie servent dès lors à la fois à aborder ses difficultés dans le couple et à analyser le comportement du conjoint. «Je parle régulièrement à ma psy des disputes fréquentes que l'on peut avoir avec mon conjoint sur la répartition des tâches ménagères. J'explique comment il fonctionne et comment il réagit, elle me donne des conseils pour mieux communiquer et lui faire comprendre mon ressenti», décrit Camille*, 29 ans.
Parfois, le mal-être de l'autre est trop dur à porter. «Le fait que mon ancien compagnon aille mal me rendait mal aussi, alors j'ai fait plusieurs séances avec une psychologue. On parlait beaucoup de lui, mais sans pouvoir mettre en place des choses, puisque cela doit venir de lui. Je ne lui demandais pas de guérir de sa dépression car c'est long et compliqué, mais d'être en chemin, de commencer à construire le fait d'aller mieux. Il a vu plusieurs psys mais cela ne lui convenait pas. Il faisait des efforts de temps en temps en retentant avec un autre, mais plus pour se donner bonne conscience par rapport à moi que pour vraiment essayer de régler ses problèmes», relate Claire*, 32 ans.