Photo: Loïc Venance Agence France-Presse «Puis à l’université, j’ai étudié l’histoire de la folie, celles de nos institutions psychiatriques et des luttes pour limiter les mesures de contrôle. Plusieurs patients m’ont déjà confié qu’ils ne s’en étaient jamais tout à fait remis. C’est vrai, on ne voit plus la vie de la même façon quand on en est témoin», affirme l'autrice.
Le Québec a connu sa première révolution psychiatrique au début des années 1960, marquée par la Commission d’enquête publique sur les hôpitaux psychiatriques ordonnée par le gouvernement de Jean Lesage. Il est complexe de mesurer la transformation du milieu psychiatrique si on ne l’a jamais vécue. Quelque cinquante ans après sa désinstitutionnalisation, il n’en reste pas moins que la psychiatrie continue de diviser à l’intérieur de ses établissements. Particulièrement en ce qui concerne l’usage de contention chimique et physique : des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale militent depuis plusieurs années pour promouvoir d’autres méthodes.
Le 15 mai, le Collectif de défense des droits de la Montérégie organisait un rassemblement dans le cadre de la journée nationale « Non aux mesures de contrôle » devant l’hôpital du Suroît, à Valleyfield, qui avait récemment été montré du doigt pour avoir abusé de mesures de contrôle. En réponse au slogan « Arrêtez de nous attacher », une employée de l’hôpital en pause sur le trottoir a lancé au groupe de manifestants : « Si on vous attache, c’est parce que vous le méritez ».
« Pogne-attache-pique »
Il n’est certainement pas évident de prendre conscience de la lourdeur d’une telle intervention et des séquelles qu’elle laisse, encore moins de la nécessité d’agir pour mieux l’encadrer. Au cours des dix dernières années, lorsque j’étais moi-même hospitalisée pour ma santé mentale, j’ai assisté à plusieurs procédures de contentions physiques et chimiques.
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