par Marie Piquemal et Quentin Girard publié le 15 novembre 2021
Sur la façade, les trois étoiles de cet appart-hôtel, en bordure de Paris, sont en dorées et brillantes. On y entre comme dans un hall de gare. De larges allées, recouvertes de dalles, bordées d’arbustes entretenus. L’endroit fait penser aux résidences Pierre et Vacances : des petits studios, avec coin kitchenette, baie vitrée et table de jardin. Un ado, 15 ans, est posé sur une chaise en plastique, absorbé par des vidéos sur le téléphone. «Tu ne vas pas à l’école ?» Non, de la tête. Il sourit pour signifier la bizarrerie de la question. Cela fait deux ans qu’il n’a pas mis les pieds au collège. Il passe ses journées ici, sur ce perron, sans perspective. En nous entendant, un homme sort de la chambre : c’est un éducateur, embauché par une boîte d’intérim pour le «surveiller» non-stop. Il est plutôt bavard, content d’échanger – les journées enfermées ici à deux, sont longues. «Il faut le garder à l’œil tout le temps, sinon il s’automutile. L’école, ce n’est plus possible pour lui, il est capable de se planter le compas dans le bras…» Il ajoute, en balayant du regard l’endroit : «Il n’est pas le seul ici. De plus en plus de gamins se mettent en danger.» Lui a pris l’habitude d’enfermer fourchettes et couteaux dans le coffre-fort de la chambre.