par Nadia Vargaftig, Maître de conférences à l’université de Reims, Champagne-Ardenne (Urca) publié le 27 octobre 2021
Comment la statistique publique s’y prend-elle pour comptabiliser le nombre de personnes pauvres ? L’Insee part d’une notion de "niveau de vie" d’un ménage qui tient compte non seulement du revenu de ce ménage, mais aussi de sa composition. Le niveau de vie médian est en France de 1440 euros mensuels en 2018 pour une personne seule (malheureusement dernière date où les données définitives sont disponibles). Cela signifie que la moitié des Français avait un niveau de vie inférieur à 1440 euros par mois.
L’Insee retient ensuite, par convention, comme partout dans l’Union européenne, 60% de ce niveau de vie médian - on est alors à 1063 euros -, et il dénombre les personnes ayant un niveau de vie sous ce seuil de 1063 euros. Les 9,3 millions auxquels on aboutit représentent 14,8% de l’ensemble de la population. Selon l’Insee d’ailleurs, ce taux de pauvreté monétaire est à son niveau le plus élevé depuis 20 ans en France.
D’autres mesures sont utilisées
L’une d’elles est ce qu’on appelle la pauvreté institutionnelle. Elle consiste à compter le nombre de bénéficiaires des minima sociaux (RSA, minimum vieillesse, AAH, ASS etc). La Direction de la recherche et des statistiques en santé et en social, la Drees, dénombre 4,2 millions d’allocataires de minima sociaux à comparer, donc, aux 9,3 millions de personnes pauvres… Compter les pauvres par ces données "administratives" fournit donc à la fois une image partielle de l’état de la société, mais aussi un reflet des moyens de lutte contre la pauvreté mis en œuvre par l’action publique.
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