«J’aime comme je n’ai jamais aimé. En nous séparant, je ne sais pas si vous réalisez votre acte.» Dans la petite chambre d’une résidence pour seniors, à La Rochelle, Anne, 83 ans, s’est donné la mort en juillet. Près de son corps, plusieurs dizaines de lettres manuscrites, noircies d’une fine écriture, ont été retrouvées. L’octogénaire avait pris l’habitude de coucher ses pensées sur le papier. Pour se souvenir. Elle y a finalement expliqué son dernier geste, dicté par le «désespoir».
Il est des verbes que la crise pandémique a particulièrement fragilisés au sein de l’opinion publique. Croire est l’un des plus éprouvés. Croire en : la médecine, l’innovation, les laboratoires pharmaceutiques, les vaccins. Croire en : la parole des gouvernants, celle des opposants politiques, celle des experts (avérés ou usurpateurs), celle des médias. Croire en : la plume des journalistes ou l’ivresse complotiste et irrationnelle propagée via les réseaux sociaux. Croire en : les certitudes des scientifiques ou les promesses de hiérarques religieux. Finalement, croire en qui et à quoi ? Chacun semble être devenu à ses yeux si savant qu’il peut décider de croire selon ses seuls référents, ses seules… croyances. Toutefois, à l’aune d’une éthique des promesses et des débats (publics, politiques, médiatiques, au sein de l’entreprise) anémique, cette éruption n’est-elle pas compréhensible ? La crise du Covid-19 est venue embraser une crise de croyance qui cristallise une autre crise, celle-ci plus ancienne et protéiforme, de confiance et de légitimité. Mais peut-être cette crise de croyance scientifique, politique, institutionnelle, réverbère-t-elle une autre crise de croyance, autrement plus critique : en l’avenir ?
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