La tarification à l’acte arrive en psychiatrie. Chaque geste de soin devant désormais être rentable, Mathieu et Loriane Bellahsen, psychiatres, exposent leur complet désaccord dans cette tribune que « l’Obs » publie en exclusivité.
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« Une augmentation des moyens inhumains », par Mathieu et Loriane Bellahsen
« Les Assises de la Santé mentale viennent de se terminer. Lieu d’expression pour les membres du gouvernement et pour les représentants de la psychiatrie entrepreneuriale et de laboratoire, elles ont – sans surprise – répondu à une dénonciation généralisée du manque de moyens humains par une augmentation des moyens inhumains. Expliquons-nous.
Dès son discours introductif, Olivier Véran a annoncé la parution du décret concernant la réforme du financement de la psychiatrie pour la fin de la semaine. Or, cette réforme, la « tarification de compartiments », ou T2C, n’est autre que l’application de la Tarification à l’Activité (T2A) en psychiatrie annoncée pour le 1er janvier 2022. Cette annonce est un tsunami pour la pédopsychiatrie et la psychiatrie, en particulier pour les lieux de soin psychiques de troisième ligne, à savoir ceux qui accueillent les personnes qui ont été exclues de partout. Pour rappel, la tarification à l’activité a été mise en place entre 2003 et 2007. Elle a transformé l’hôpital public et ses services de médecine, chirurgie, obstétrique, censés soigner les patients, en un centre de production, où les soignants deviennent des producteurs de soins et les patients, des marchandises. Il s’est agi, au sein de l’entièreté de l’activité de l’Hôpital, de découper des actes de soin et d’attribuer un tarif à chacun.
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