par Simon Blin, Cécile Daumas et photo Marie Rouge pour Libération publié le 15 septembre 2021
Dans son dernier essai, le philosophe, spécialiste des sorties de route outrancières, s’en prend violemment aux mouvements féministe, antiraciste, écologiste les accusant de «totalitarismes». Et s’enferme dans une vision nostalgique du passé.
Il ne veut pas être le «bénisseur espiègle du monde qui vient». Et il le prouve. Dans son dernier essai qui prend la forme d’un pamphlet, l’Après littérature (Stock), Alain Finkielkraut fait la liste de tout ce qu’il déteste, et elle est longue : le nouveau féminisme et son écriture inclusive, les antiracistes qui déboulonnent les statues, les écologistes et leurs éoliennes qui abîment les paysages français, les plots jaunes qui défigurent les rues de Paris (#SaccageParis), les «vitupérations» du rap et le «fracas» de l’electro… Même l’incendie de Notre-Dame n’est pas un accident mais un «suicide» devant tant de «laideur». Contre «l’idéal égalitaire» de la gauche «woke», terme brandi à tout-va pour désigner les militants progressistes, une seule chose trouve grâce aux yeux de l’académicien polémiste : une «approche littéraire» du monde, sa subtilité et son ambiguïté, qu’il vénère mais dont il déplore la perte d’influence.
L’EPSM à Bailleul, dans le Nord, est contraint de transférer soixante-dix lits faute de psychiatres et d’internes. Une situation mortifère, loin d’être unique.
L’enterrement symbolique de la psychiatrie publique française est en marche. Les croix en bois plantées dans le sol de l’entrée de l’établissement public de santé mentale (EPSM) des Flandres, à Bailleul (Nord), illustrent depuis quelques mois le combat d’une partie des 1 200 agents hospitaliers contre le transfert annoncé de 70 lits de psychiatrie vers l’EPSM d’Armentières, à 15 kilomètres de là. « Bailleul va être amputée d’une partie de son histoire faute de psychiatres et d’internes en nombre suffisant, dénonce Nicolas Lefebvre, président du conseil de surveillance depuis 2015, et adjoint au maire de Bailleul. On est le triste reflet de l’effondrement de la psychiatrie publique en France. »
Rien de plus banal que le feu... rien de plus exceptionnel non plus.
On s'allume une cigarette au coin d'une rue comme on rêve de se blottir dans une couverture au coin du feu. Craquer une allumette a quelque chose de banal, mais réussir à faire du feu a quand même quelque chose du miracle.
Le feu a cette singularité : il condense l'ordinaire et l'extraordinaire, l'intimité du foyer et la terreur de la catastrophe, les rêveries réconfortantes et l'excitation à son plein, la lumière de la connaissance et les dangers qui nous guettent...
Tenter d'approcher le feu, c'est toujours courir le risque de se brûler à ces clichés ou à ses grandes idées... Icare ne plane plus, sommes-nous pour autant condamnés à regarder danser, de loin, les flammes... ou y a-t-il du feu en chacun de nous ?
Quelle est l'histoire de la combinatoire ? Pourquoi de sérieux mathématiciens passent-ils leur temps à colorier des graphes? s’interroge Timothy Gowers. Le mathématicien revient sur l'importance de cette branche des mathématiques, liée à l'informatique et qui sert la topologie ou l’épidémiologie...
Qu’est-ce qui se joue dans la notion de quasi-alétoire? demande Timothy Gowers.
Formé à l’université de Cambridge, où il a occupé la chaire Rouse Ball en mathématique, Sir William Timothy Gowers a été professeur invité à Princeton et Research Professor de la Royal Society, entre 2009 et 2020, avant d’être nommé au Collège de France, titulaire de la nouvelle chaire « Combinatoire ».
« Nous partirons du postulat que reconquérir la démocratie, ce n’est rien d’autre que de se réapproprier un espace de doute, de créativité et d’invention, donc d’insatisfaction, comme tout acte de soin digne de ce nom. Car soigner n’est-ce pas réussir à se dégager de nos certitudes, c’est accepter le chemin de leur dissolution. C’est ce qui inaugure une histoire laissant indéterminés les fondements du pouvoir, du savoir et de la loi, donc de la relation à l’autre – celle-ci étant déterminée par les conditions de l’existence et les souffrances psychiques qui en découlent. »
Le garde des Sceaux annonce ce lundi des mesures pour revaloriser ces métiers clés, de plus en plus sollicités par la justice, mais aux effectifs de moins en moins nombreux.
Comment améliorer la situation de crise traversée par l’expertise médico-légale en France ? Une lancinante et délicate question à laquelle le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, en visite ce lundi au tribunal de Montpellier (Hérault) souhaite apporter un début de réponse. A l’heure où trouver un expert psychiatre ou psychologue dans des délais raisonnables relève de la gageure, la juridiction a mis en place une permanence avec l’hôpital pour permettre la réalisation d’expertises en continu. C’est donc dans ce lieu, où s’exerce une de ces «bonnes pratiques» chères au ministre, qu’il annoncera «une revalorisation tarifaire» de leur travail. Cinq mois après la décision de la Cour de cassation dans l’affaire Halimi, venue remettre le rôle de l’expertise médico-légale au cœur des débats, et alors que le projet de loi relatif «à la responsabilité pénale et à la sécurité intérieure» sera examiné mardi à l’Assemblée nationale. «Le travail autour de ce projet de loi a été l’occasion pour le ministre de finaliser un dossier enkysté depuis plusieurs années», a fait valoir la chancellerie lors d’un brief presse.
Face à la pénurie d'experts psychiatriques, le ministre de la Justice va annoncer une augmentation de leur rémunération. Un "double pourboire", juge le psychiatre Daniel Zaguryn expert à la cour d’appel de Paris qui estime qu'une véritable "réforme" de l'expertise est nécessaire.
"C'est mieux de donner 100 euros que 50 euros, mais c'est un double pourboire", a critiqué le docteur Daniel Zagury, psychiatre honoraire des hôpitaux et expert à la cour d’appel de Paris, sur franceinfo lundi 13 septembre, alors que le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti doit annoncer depuis Montpellier, une revalorisation de la rémunération des experts psychiatres et psychologues qui travaillent pour la justice. Ces derniers sont de plus en plus sollicités mais de moins en moins nombreux. Les experts psychiatriques et psychologues inscrits sur les listes des cours d'appel étaient 537 en 2011; ils n'étaient plus que 338 en 2017, selon les chiffres de la Chancellerie.
Une trentaine de soignants de l’Établissement public de santé mentale (EPSM) de la Sarthe, à Allonnes, au sud-ouest du Mans, ont répondu à l’appel de la CGT ce mardi 14 septembre 2021 pour dénoncer le manque d’effectifs. Le syndicat s’inquiète de voir la situation s’aggraver avec la suspension d’agents qui ne se plieraient pas à l’obligation vaccinale.
Une « médaille du mépris » a été apposée sur le rond-point face à l’EPSM de la Sarthe, à Allonnes, mardi 14 septembre 2021, lors de la mobilisation de la CGT et de personnels soignants contre les suspensions de salariés en cas de non-vaccination. | OUEST-FRANCE
Une trentaine de soignants de l’établissement public de santé mentale (EPSM) de la Sarthe, à Allonnes, au sud-ouest du Mans, ont répondu à l’appel de la CGT ce mardi 14 septembre 2021. « Convaincre plutôt que contraindre », est le credo du syndicat : il ne s’oppose pas au vaccin en lui-même, mais à l’obligation vaccinale des soignants et à la suspension de leur contrat en cas de refus ou de retard.
L'unité de pédopsychiatrie de l'hôpital de Meulan-Les Mureaux (Yvelines) fermera temporairement ses portes à partir du 1er octobre à cause d'une pénurie de médecins.
par Un collectif d'artistes, médecins, chercheurs et universitaires publié le 15 septembre 2021
Déplorant une couverture vaccinale trois fois plus basse que les objectifs fixés par l’OMS, 159 artistes, médecins, chercheurs et universitaires d’Europe et d’Afrique demandent des mesures d’urgence pour accélérer la protection du continent.
Le vaccin Johnson & Johnson contre le Covid fabriqué en Afrique du Sud par Aspen Pharmacare est massivement exporté vers l’Europe, selon un article du New York Times daté du 16 août.
par Nina Guérineau de Lamérie, envoyée spéciale à Glasgow et photo Julien Marsault. Hans Lucas. publié le 13 septembre 2021
L’Ecosse affiche le taux de décès par overdose le plus élevé d’Europe. Face à ce problème de santé publique aux conséquences dramatiques, l’exécutif local semble enfin prendre des mesures.
L’homme est d’une pâleur et d’une maigreur cadavériques. Ses yeux bleus sont ouverts mais semblent éteints. Recouvert d’une couverture de survie argentée, il est allongé en position latérale de sécurité sur le trottoir de Gordon Street, dans un quartier très fréquenté de Glasgow, en Ecosse. On est au beau milieu de l’après-midi ce 21 août, la rue est bondée, et l’homme vient tout juste de survivre à une overdose. «Je l’ai vu par terre, dans un sale état. J’ai tout de suite compris, raconte Evin, jogging gris et fort accent écossais. J’ai couru à l’hôtel, j’ai demandé un kit de naloxone [médicament qui inverse les effets une surdose d’opioïdes, ndlr] et je lui ai planté l’aiguille direct dans la cuisse. Le mec était inconscient, il s’est réveillé d’un coup et m’a lancé : “Mais qu’est-ce que tu fous ?” Je lui ai répondu : “Je te sauve la vie, calme-toi !”» Une ambulance déboule quelques minutes plus tard et l’emmène à l’hôpital. Vivant.
D’après une étude approuvée par la revue « The Lancet Planetary Health », 45 % des jeunes sondés dans dix pays affirment même que l’écoanxiété affecte leur vie quotidienne.
« J’ai grandi dans la peur de me noyer dans ma propre chambre. » Comme Mitzi Jonelle Tan, une défenseuse de l’environnement de 23 ans qui vit aux Philippines, un pays particulièrement exposé aux typhons et à l’élévation du niveau des mers, de plus en plus de jeunes sont profondément inquiets du changement climatique. Ils n’ont plus confiance en l’avenir, se sentent trahis, impuissants face à la crise environnementale et à l’inaction des gouvernements.
par Anne Diatkine, envoyée spéciale à Marseille publié le 13 septembre 2021
Du Louvre au MoMA, en passant par des musées de Nantes ou Stockholm, le dramaturge et l’autrice font converser celles et ceux qui veillent sur les œuvres et les spectateurs dans «Gardien Party».
Elle tricote. Elle s’interrompt pour nous regarder avec une once de réprobation. Elle reprend son tricot. Elle est déjà assise lorsqu’on s’installe, vêtue d’une robe qu’on suppose cousue main, verte et brillante, à grand col Claudine, qu’aucun archéologue de la mode ne pourrait dater. Le verre de ses lunettes renvoie mille feux. A ses côtés, cinq chaises toutes différentes, plutôt belles, disposées en ligne horizontale. Et sur un coin du mur, tout à fait à l’opposé de la tricoteuse sans âge, des petites cartes postales de grandes œuvres. Elle continue de nous tancer, tout en invitant, à force de gestes, cinq «collègues» à pénétrer sur le plateau. On craignait le minimalisme, et c’est un fluide romanesque qui nappe d’emblée Gardien Party, formidable série de «vies minuscules» sur les gardiens de musée, présentée logiquement au Mucem, où s’ouvre la 21e édition d’Actoral, le festival d’arts et d’écritures contemporaines, particulièrement attractif cette année. On redoutait la maladresse des acteurs amateurs et voici qu’on est dans le doute, plus complètement certaine de ne pas être face à des comédiens aguerris. Vraiment amatrice, la coréenne Seung-hee et sa fantastique façon de reproduire le regard de celle qui fait semblant de ne pas voir les visiteurs, et qui nous annonce qu’elle cessera d’être gardienne le jour où on lui demandera de surveiller sa propre œuvre ? Ou encore la Suédoise Carolina qui instagramme des photos des visiteurs qui grimpent sur des statues sans penser que ses supérieurs hiérarchiques la suivent ? Ou encore Robert, gardien au MoMA, plus Américain qu’un vrai Américain, et qui s’inquiète quand quelqu’un regarde vraiment, c’est-à-dire longtemps, une œuvre ? Ou encore David, qui a vu une dame gratter un Corot pour savoir si c’était vrai – alors que «normalement si c’est un vrai, on n’y touche pas, non ?» Et Jean-Paul, ancien danseur, gardien de nuit, qui viendra tardivement et aura le droit à un monologue à part…
L'hôpital clinique psychiatrique Alexeïev a été construit pour apporter une aide et du réconfort aux malades mentaux, en rupture avec les traitements cruels d’antan.
Alors que Moscou s’agrandissait, l'hôpital Preobrajenskaïa (la première clinique psychiatrique) n’était plus en mesure de traiter tous les patients qui arrivaient. Ce fait a inquiété les psychiatres locaux. Ils ont demandé de l'aide à Nikolaï Alexeïev, le maire de la ville. En 1889, il organise une collecte de fonds pour résoudre ce problème. Au début, le maire voulait seulement agrandir l'hôpital Preobrajenskaïa, mais par la suite, il a estimé que Moscou avait besoin d'une deuxième clinique avec 300 nouveaux lits.
Nikolaï Alexeïev
Archives
Une commission réunissant des psychiatres et des fonctionnaires municipaux, dirigée par Alexeïev, a décidé de construire la nouvelle clinique sur le territoire de l'ancien manoir de Beketov. Au milieu du XIXe siècle, le marchand Kanatchikov acheta ces terres et les nomma « datcha Kanatchikova », nom qui resterait lié à l'hôpital lui-même. Le célèbre psychiatre Viktor Boutske a conçu le plan de la future clinique : ce devait être un complexe de pavillons à deux niveaux reliés par des passages chauffés pour les médecins. L'ensemble avait une forme en « U » et était divisé en deux moitiés - pour les hommes et les femmes. Les services étaient situés sur les côtés du bâtiment administratif central. Ce plan laissait beaucoup d'espace libre sur le territoire, car Boutske comprenait que le complexe serait très probablement agrandi plus tard.
La jeune femme de 36 ans accompagne de nombreuses autrices engagées dans leurs projets, parfois bien au-delà du monde de l’édition. Parmi celles-ci, Titiou Lecoq et Mona Chollet, qui publient chacune un nouvel essai.
Au soleil, en terrasse d’un café parisien, place de la Bastille, où elle a ses habitudes, on a craint un instant que les rayons compromettent son teint de porcelaine. Mais les apparences sont trompeuses : sous ses airs de délicate poupée rétro, Ariane Geffard a le cuir épais. Et le tempérament aventurier. En cette rentrée, l’agente littéraire de 36 ans, qui a créé il y a cinq ans sa structure avec son associée, Laura Biberson, et s’est spécialisée pile au bon moment dans l’accompagnement d’autrices féministes, a du pain sur la planche.
Nous avons reçu des mails d’abonnés choqués de voir les mots « autiste » ou « schizophrène » utilisés comme des insultes dans les fils de commentaires. Pour les personnes en situation de handicap mental, leurs parents, amis et collègues, cet usage impropre visant à disqualifier certains est violent et doit cesser.
Nous avons reçu des mails d’abonnés choqués de voir les mots « autiste » ou « schizophrène » utilisés comme des insultes dans les fils de commentaires. Pour les personnes en situation de handicap mental, leurs parents, amis et collègues, cet usage impropre visant à disqualifier certains est violent et doit cesser.
Cette réflexion suit son cours également au sein de notre rédaction, pour choisir le vocabulaire le plus inclusif possible.
« Autiste », le nouveau « trisomique »
Dans les années 1990, à la télévision comme dans les cours de récré, il était courant d’utiliser « mongolien » ou « trisomique » comme insulte. Faire référence à une maladie génétique pour se moquer de quelqu'un faisait partie du langage courant.Il faut dire qu’entre blagues racistes, sexistes et discriminantes, les 90’s furent une décennie placée sous le signe du bon goût, où la subtilité le disputait à l’intelligence.
Depuis quelques années, elles ont fait place à « autiste » ou « schizophrène ». On se souvient en 2017 de la déclaration toute en finesse de François Fillon « je ne suis pas autiste », qu’il répéta trois fois (au cas où l’on n’aurait pas bien compris que c’était stupide dès la première occurrence).