Chaque année, une dizaine d’internes se donnent la mort. Des événements traumatisants pour l’ensemble d’une promotion, qui mettent en lumière les risques psychosociaux auxquels sont soumis ces étudiants.
La métaphore revient comme un refrain : les étudiants et internes en médecine seraient des super-héros. Invincibles et invulnérables. Connaissant l’intégralité de leurs cours sur le bout des doigts, enchaînant les gardes à l’hôpital, cultivant une vocation sans faille.
« Pour autant, il y en a plein qui se fracassent », souffle Laurence Marbach, présidente de l’association la Ligue pour la santé des étudiants et internes en médecine (Lipseim). Sa fille, Elise, s’est écroulée à 24 ans. « Brillante, passionnée, empathique », la jeune femme a mis fin à ses jours le 2 mai 2019.
Ces professionnels de santé ont-ils le droit, en qualité d’acteurs de la santé et donc d’éducateurs et de conseillers, de se prononcer contre la vaccination dans un cadre professionnel alors-même que les recommandations des autorités sanitaires préconisent l’inverse ?
Cet article a été rédigé par un juriste en droit de la santé et de la protection sociale, pour Actusoins.com.
Les codes de déontologie des médecins et des infirmiers précisent que les soins des professionnels de santé doivent se baser sur les données acquises de la science. Concernant les infirmiers, l’article R. 4312-10 du code de la santé publique dispose : « L’infirmier agit en toutes circonstances dans l’intérêt du patient. Ses soins sont consciencieux, attentifs et fondés sur les données acquises de la science. »
Le Covid est-il avant tout une crise décisionnelle et organisationnelle ? C’est la question à laquelle nous tenterons de répondre avec Henri Bergeron, directeur de recherches au CNRS au Centre de sociologie des organisations à Sciences Po et le sociologue Philippe Urfalino.
PARIS (TICsanté) - Des associations d'usagers et de familles d'usagers de la psychiatrie alertent, dans une lettre envoyée à plusieurs ministres le 6 janvier, sur la publication de trois textes modifiant les données collectées dans le cadre de fichiers de renseignement.
Ces trois décrets en Conseil d'Etat (un texte pour chaque fichier) ont été publiés au Journal officiel début décembre. Les fichiers concernés sont respectivement ceux intitulés "Prévention des atteintes à la sécurité publique" (Pasp), "Gestion de l’information et prévention des atteintes à la sécurité publique" (Gipasp) et "Enquêtes administratives liées à la sécurité publique" (Easp).
Exclue des archives par les institutions traditionnelles, la communauté LGBTQI se bat pour la création d’archives publiques de l’homosexualité en France. Une mémoire sans trace nous condamne à négliger, à oublier tout un pan de notre histoire.
Alors que le phénomène du Dry January venu d'outre-Manche prend de l'ampleur chaque année, que l'isolement et le stress engendrés par la pandémie peuvent aggraver les addictions, Etre et savoir se penche sur le rapport des jeunes à l'alcool : comment prévenir et éduquer ?
Avez-vous entendu parler du Dry January, ce mois de janvier sans alcool, inventé en Grande Bretagne, et promu par les associations et professionnels de la santé qui se préoccupent de prévention ?
[...] Nous en parlons ce soir avec Jean-Pierre Couteron (par téléphone), psychologue clinicien au CSAPA "le Trait d’Union" de l’Association Oppelia (92) et porte-parole de la Fédération Addiction, Marie Choquet (par téléphone), docteure en psychologie et épidémiologiste, directrice de recherche honoraire à l’INSERM (Institut national de la santé et de la recherche médicale), Christophe Moreau (par téléphone), sociologue spécialiste de l’éducation et de la jeunesse, fondateur de JEUDEVI,Nathalie Martigny (entretien pré-enregistré), infirmière scolaire dans un lycée de l’académie de Versailles et Juliette Sausse(entretien pré-enregistré), journaliste au magazine Phosphore.
L’EPSM Lille Métropole a mis en place une consultation de groupe pour remettre en circulation les représentations culturelles des familles.
Depuis 2016, à l’initiative d’une équipe de pédopsychiatres, d’infirmiers, de psychologues et d’assistants sociaux, l’établissement public de santé mentale (EPSM) de Lille accueille des familles, une fois par mois, selon des modalités particulières (1).
La consultation se fait en groupe, et les intervenants sont disposés dans la salle dans un ordre bien précis. Un thérapeute principal, un interprète, plusieurs cothérapeutes et la famille sont assis en cercle. L’enfant peut circuler librement au milieu. Orientées par des professionnels qui souhaitent un complément thérapeutique ou social, les familles ont pour particularité d’avoir toutes un vécu en lien avec la migration.
Ce début d’année rime avec lancement du nouveau portail documentaire pour la base SantéPsy.
Les modifications sont essentiellement graphiques et ergonomiques.
Vous retrouverez les fonctionnalités déjà présentes :
Possibilité de se créer un compte lecteur. Utile pour garder son historique de recherche, les résultats de ses recherches et les partager avec d’autres utilisateurs et gérer ses alertes.
De quoi est faite la matière ? Jusqu’où peut-on la décomposer ?Cette question taraude les physiciens et les philosophes depuis des siècles, de la première théorie de l’atome formulée par Leucippe à l’idée de particules développée par Newton, en passant par le modèle des quatre éléments des présocratiques. L’approche qui prévalait jusqu’ici, celle de la mécanique quantique, était fondée sur la « dualité existentielle » entre onde et corpuscules : le corpuscule « est une source de matière qui existe en un seul point, et les ondes existent partout sauf aux points qui les créent ». Mais les choses pourraient changer : dans un article paru récemment, deux physiciens américains, Jeffrey Eischen et Larry M. Silverbergaffirment que, plus profondément, la matière serait intégralement constituée de « fragments d’énergie ».
Impossible, à notre modeste échelle, de trancher. Et si la question était, par nature, insoluble ? C’est ce qu’affirmait le philosophe allemandEugen Fink (1905-1975) : le principe de la matière, c’est son impénétrabilité. La volonté, scientifique, de percer ce secret est une facette, aussi inévitable que préjudiciable, de notre humaine volonté de puissance.
Qu’est-ce qui nous pousse donc à vouloir percer le secret de la matière ?D’abord une peur, explique le phénoménologue allemand Eugen Fink : ne dévoilant que sa surface, la matière retient en elle un inquiétant secret. La manière dont elle se montre n’est pas ce qu’elle est vraiment. La chose cache quelque chose en son sein ; elle garde, par-devers elle, une puissance obscure, mystérieuse, imprévisible, peut-être dangereuse, qui échappe à l’homme, à son contrôle – sentiment d’autant plus terrible que l’homme, lui-même, est fait de cette même étoffe, mystérieuse, dont est fait le monde. « S’installe ainsi une hostilité entre la connaissance humaine et l’étant lui-même » (Sein, Wahrheit, Welt, 1958 ; non traduit), qui résiste à l’intrusion.
Dans un essai salutaire, Romain Badouard détaille les solutions de régulation et rappelle que la société civile peut encore influer sur l’évolution des pratiques de censure sur Internet.
Il a fallu quatre ans pour que Twitter et Facebook se décident à prendre des mesures contre le plus grand pourvoyeur de discours de haine et de fake news au monde. Et Donald Trump n’est que la partie émergée d’un iceberg gigantesque qui prospère plus que jamais sur les réseaux sociaux sans qu’on ne sache vraiment que faire pour contenir cette effrayante tendance. Ce problème, qui semble insoluble, ne date pas d’aujourd’hui. C’était déjà inextricable en 1996, alors même que la France ne comptait que 200 000 internautes et qu’il n’existait que 230 000 sites dans le monde. C’est ce que rappelle Romain Badouard, maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’université Paris-II-Panthéon-Assas, dans les premières pages de son essai les Nouvelles Lois du Web (Le Seuil), avant d’expliquer qu’il y en a aujourd’hui 1,7 milliard. Plus loin, il cite des chiffres vertigineux : «Chaque minute, ce sont cinq cents heures de nouvelles vidéos qui sont chargées sur YouTube, et 350 000 messages qui sont postés sur Twitter.» Chaque minute.
Comment sauver notre temps de cerveau disponible sur le marché très concurrentiel de l'attention ? Le sociologue Gérald Bronner publie "Apocalypse cognitve" (PUF, 2020). Il est notre invité aujourd'hui.
Gérald Bronner est sociologue, membre de l'Académie des technologies, et enseignant à l'université Paris-Diderot. Spécialiste des croyances collectives et de la cognition humaine, il prône une sociologie « rationaliste » et ouverte aux sciences cognitives, à l’anthropologie et aux neurosciences.
Après Danger sociologique(PUF, 2017),La Démocratie des crédules(PUF, 2013) ou encore Déchéance de rationalité(Grasset, 2019), il ouvre cette nouvelle année avec Apocalypse cognitive (PUF). Il y décrit un «tournant civilisationnel» pour lequel le temps de cerveau disponible est un enjeu de taille. En effet, là où certaines pulsions répondaient à un besoin de survie au temps de nos ancêtres préhistoriques, elles sont aujourd'hui manipulées dans le contexte du marché de l'information et des contenus.
Ce qu'on appelle la connaissance, le rapport un peu direct à la vérité, un rapport argumenté, en pleine conscience, n'est qu'un moment rare de la vie mentale. (…) La grande part de notre rapport au monde est fondée sur de la crédulité. (Gérald Bronner)
L'Histoire galope sous nos yeux : elle a besoin de concepts pour la penser, un exercice particulièrement difficile. (...) C'est une période à la fois réjouissante intellectuellement et inquiétante du point de vue du citoyen que je suis. (Gérald Bronner)
Le temps de cerveau disponible, gagné avec le progrès qui réduit nos tâches et nos contraintes, aurait pu être utilisé pour amasser des connaissances et améliorer encore la condition de l'être humain. A la place, nous utilisons ce temps pour regarder des chatons sur Youtube ou des vidéos pornographiques sur internet, pour le dire sommairement.
Né parce que Milou ne pouvait pas parler, inspiré par un peintre génie de l'injure, émotif, pantouflard, héroïque... Retour sur le Capitaine Haddock, l'un des personnages de BD les plus populaires du monde, qui fête cette année ses 80 ans, sans avoir pris une ride.
Le célèbre Capitaine Haddock, sans qui "Tintin ne serait pas Tintin", fête ses 80 ans en 2021. A la fois hilarant et tragique, ce personnage complexe a fait son apparition pour la première fois le 2 janvier 1941, avant de devenir l'inséparable compagnon d'aventure de Tintin, et un personnage clé de la série. Albert Algoud, auteur du Haddock illustré, l'intégrale des jurons du Capitaine Haddock (Casterman), revient pour franceinfo Culture sur les différentes facettes de cet inimitable personnage, et sur la richesse lexicale de ses injures.
Le capitaine Haddock a vu le jour grâce à Milou
Le Capitaine Haddock, de son prénom Archibald (mais ça on l'apprendra que beaucoup plus tard), est né le 2 janvier 1941 dans les aventures duCrabe aux pinces d’or, neuvième album des Aventures de Tintin, d'abord publié en noir et blanc entre 40 et 41 dans les pages du Soir jeunesse. Dans la version couleur de l'album, parue en 1944, le Capitaine fait son apparition dans la case 8 de la page 23. "On trouve déjà une préfiguration du Capitaine Haddock dans le Sceptre d'Ottocar sous les traits d'un brigand dans la forêt", remarque Albert Algoud.
Christelle Kwizera, fondatrice de Water Access, installe des mini-réseaux de distribution, dans un pays où 90 % des ménages ne disposent pas de l’eau courante.
« Vite, va chercher un gobelet ! », lance Jacques Habimana à sa fille. Ce pasteur rwandais ne cache pas son enthousiasme lorsqu’il s’agit de montrer comment fonctionne le robinet qui trône dans son petit jardin propret. « Et voilà ! Ce n’est pas une utopie. C’est la réalité. Nous avons de l’eau ! », lance-t-il quelques secondes plus tard dans un grand éclat de rire.
Plongée dans le cinéma abominable et sublime de Claude Chabrol, l'entomologiste du réel, en commençant par "Le Boucher", film grotesque sorti en 1970, qui cherche à révéler toute la vérité sur les rapports humains. Qui sommes-nous, face à ce spectacle monstrueux ?
"Mon grand plaisir, c'est de révéler l'opacité", lance Claude Chabrol quand on l'interroge sur le moteur qui le fait réaliser des films pour le cinéma et la télévision à un rythme effréné.
L'opacité des journées sous le brouillard où les scènes quotidiennes s'enchaînent sans lumière et sans joie, le quotidien comme surface d'ennui qui cache des gouffres de malaise et d'angoisse ?
Les pauvres petits mammifères que nous sommes peuvent se plonger dans ce beau livre pour se rappeler qu’ils ne sont guère que les derniers occupants en date de notre Terre. Avant nous, ont régné, entre autres, des êtres mous et symétriques pouvant atteindre 2 mètres de long, découverts sous forme de fossiles dans des collines australiennes. Avant eux, les stromatolithes – qui existent encore aujourd’hui, figurez-vous : bonne chance pour les reconnaître. Sans oublier, avant eux encore, la fameuse soupe primordiale…
Avant de signifier la fin des temps, la notion d’apocalypse signifiait la révélation d’une vérité cachée. C’est en ce sens que l’utilise le sociologue Gérald Bronner dans un nouvel essai aussi ambitieux…. que déroutant. À le suivre, la révolution numérique dont nous sommes les contemporains serait en passe de nous révéler… notre nature humaine la plus profonde. Alors que nous disposons, grâce à la réduction du temps de travail, d’un « temps de cerveau disponible » jamais atteint dans l’histoire, nous tendons à consacrer ce temps « gagné » non pas aux questions les plus graves et les plus décisives pour notre avenir (crise climatique, survie de la démocratie, recherche scientifique…), mais à nos pulsions les plus viles et à nos inclinaisons les moins nobles.