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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 12 mai 2020

Sois mon corps, mon objet chéri

Le corps psychiatrisé écrit. Un corps parmi d’autres, cibles fétichisées des discours majoritairement produits dans le but de faire entendre les meilleures causes supposées, de défendre les moyens d'une vie vivable pour ces corps-là. Ce corps est l'objet de ces discours. C’est ce même objet qui s’autorise à parler, ici ou ailleurs.
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The Joker / Batman: Death of the Family © Snyder, Capullo, DC Comics
« L’objet qui parle » est la grimace d’un visage qui ne contient aucune sémiotique, un objet hyperbolique, rire de mort. Tout corps psychotique sait que l’« objet » fabriqué par la psychanalyse et la psychiatrie est un clown dont ce même corps performe le grotesque. La doctrine qui impose l’idée qu’il n’y a pas d’objet pour un corps psychotique, comme il n’y a pas de sujet parlant pour celui-ci, est inconsistante pour de tels corps. Truth lies beyond. L’objet, pour le corps psychotique, est comme l’œdipe pour le corps névrosé, une représentation incorporée au forceps. Ce n’est pas qu’il n’y a pas d’objet, c’est que l’idée même de cette chose est vide. Le corps psychotique n’a nul besoin d’objet pour se faire valoir en tant que corps, même par un manque dont il serait le sujet négatif. Il est autre, ailleurs. Il est xeno-objectum, comme il est xenomorphe. Le corps psychotique est un seuil de destruction où l’opposition entre extérieur et intérieur n’a aucune prise. Aucun soin préconisé de ce côté, sauf à adopter la correction normative et autoritaire afin d’incorporer cet objet étranger à son biotope. Ce que certain.e.s appellent la « guérison ». L’objet est une ventriloquie désirante du discours de l’autre qui prétend savoir.
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The Joker / Batman: Death of the Family © Snyder, Capullo, DC Comics

La catastrophe du Covid-19 dans les Ehpad

LES PIEDS SUR TERRE par Sonia Kronlund
Le 13/05/2020

Dans les Ehpad, la crise du Covid agit comme un révélateur du manque des moyens chronique auxquels font face ces établissements. Rencontre avec le fils d’une résidente décédée, un directeur d’Ehpad, qui a connu une hécatombe dans son institution, et une salariée en colère.
Deux résidentes d'un Ehpad à Montpellier pendant l'épidémie de Covid-19
Deux résidentes d'un Ehpad à Montpellier pendant l'épidémie de Covid-19  Crédits : Guillaume BONNEFONT - Maxppp
Gabriel Weisser habite dans le Haut-Rhin. Sa mère a été contaminée par le Coivd-19 en Ehpad. 
J'ai demandé aux médecins ce qu'il y aurait comme soins. Il m'ont répondu qu'il n'y aurait que des soins palliatifs, seulement un accompagnement vers la mort. 
Jusque dans le deuil, c'est la population qui doit prendre sur elle. 
Macron parle de retrouver des jours heureux...ma mère ne reviendra pas. Ma mère est morte pour des raisons ridicules de pénurie de masques et de tests. 
On découvre que gouverner c'est prévoir, et que le gouvernement n'a rien prévu. Je poursuivrai l'agence régionale de sante du Grand Est et dans un deuxième temps, je poursuivrai le ministère de la santé. Je veux qu'ils reconnaissent au moins leurs erreurs. 
Eric Lacoudre est directeur d'un Ehpad en Haute-Savoie. Le 2 mars, l'établissement est fermé et les soignants se mettent à porter des masques. 

Les neuroleptiques efficaces contre le Covid ?

Publié le 04/05/2020




Dans la lutte contre le coronavirus, les efforts sont tournés vers le repositionnement de médicaments déjà disponibles. Ainsi, plusieurs publications ont récemment suggéré l’intérêt des traitements neuroleptiques contre l’infection. Dans un article publié le 30 avril dans la revue Nature, Gordon et al. ont isolé 26 protéines du virus SARS-CoV-2 et identifié 332 protéines humaines ayant une forte affinité avec celles-ci. Ils ont ensuite sélectionné 69 molécules ayant pour cible ces protéines humaines (dont 12 sont déjà approuvées par la FDA) : autant de traitements potentiels de l’infection à coronavirus. L’efficacité in vitro de ces molécules a été testée sur des cultures virales, permettant d’identifier deux groupes de molécules ayant une action inhibitrice sur le virus : les inhibiteurs de la traduction de l’ARNm, et les régulateurs des récepteurs Sigma1 et 2. Dans ce dernier groupe, on retrouve l’hydroxychloroquine, mais également l’halopéridol, un neuroleptique connu depuis les années 1950 (1).

Autisme, psychiatrie et post épidémie : un enjeu de la protection sociale en 2020

En septembre 2013, j'écrivais dans Mediapart : « Autisme : l’enjeu de la protection sociale ». Je reviens sur ce sujet aujourd’hui, soulignant que dans le contexte de l’épidémie de Covid 19, dans le post confinement, les soignants de psychiatrie et les accompagnants des TSA (Trouble du Spectre de l'Autisme) ne doivent pas accepter un jour de plus la posture passée, menaçante ou méprisante, de certains représentants de l’État ou de ses agences. Mais pour cela ils doivent être capable de combattre leur propre corporatisme.

1. La protection sociale sera différente après cette crise sanitaire, pour le meilleur ou le pire 
Comme celle d'autres États, la réaction de la France à la crise sanitaire surprend. En mettant la vie des citoyens, d'abord les plus âgés, devenus improductifs et médicalement couteux, au-dessus d'impératifs économiques à court terme, ces États réalisent une première dans leur confrontation aux pandémies historiques. C’est inattendu : dans nos sociétés, crise et humanisme ne coexistaient pas quand le profit était menacé brutalement et directement.
Certes, l’humanisme est relatif : il n’a pas aboli des discriminations structurelles profondément enfouies. Par exemple, on a vu le privilège du sanitaire sur le médico-social : un libre accès à la réanimation pour les vieux du milieu ordinaire, ensuite ceux des EHPAD (quand leur situation apparut au grand jour), et enfin, on prit en compte les autres vulnérabilités du médico-social et de la santé, dont la psychiatrie. De ma place, j’ai mesuré chaque jour en direct ces oscillations : un accès aux tests et aux masques bien plus difficile pour le troisième et le plus bas niveau, le mien. Et la presse nous dit que ce fut, pour les prisons et les migrants, encore un cran au-dessous. Mais de ma place encore, j’observe que l’impulsion venue d’en haut a donné aux Agences Régionales de Santé, comme en Ile-de-France, une flexibilité capable d’épouser les besoins du terrain jamais vue auparavant. Paradoxalement, organiser des coordinations pour des « Situations Complexes » ne fut jamais aussi fluide.

Vie sociale et confinement: à l'hôpital de jour

VST, la revue du travail social et de la santé mentale des CEMEA réagit à l'actualité en recueillant des témoignages de professionnels actuellement sur les terrains. Comment les institutions s'organisent-elles pour faire face au coronavirus ? Quelles difficultés, mais aussi quelles inventions de la part des professionnels et des usagers pour maintenir une vie sociale … même en étant confinés ?
Logo VST © CEMEALogo VST © CEMEA

           VST à L'Hôpital de jour Santos-Dumont Paris

L’Hôpital de Jour Santos-Dumont accueille des adolescents et des jeunes adultes présentant des troubles du spectre de l’autisme. Le centre est un lieu de soins non sectorisé, accueillant des patients âgés de 14 à 24 ans, manifestant des symptômes autistiques, des troubles relationnels et psychiques.
Un des plus anciens hôpitaux de jour, le premier à Paris à accueillir des personnes autistes, créé en 1963. Le centre accueille vingt-cinq jeunes femmes et jeunes hommes à partir de quatorze ans et jusqu'à vingt-quatre ans. Vingt et un professionnels constituent l'équipe, des soignants, des éducateurs, une enseignante, une psychomotricienne, une assistante sociale, des secrétaires, une agente de service et des stagiaires. Le centre est ouvert du lundi au vendredi à la journée, fermé le week-end et sur une partie des vacances scolaires. Les jeunes qui le fréquentent résident à Paris ou dans la banlieue parisienne.
L’Hôpital de Jour Santos-Dumont a pour mission de proposer et de mettre en place pour les adolescents et jeunes adultes des soins en ambulatoire pluridisciplinaires et personnalisés, associés à un accompagnement éducatif et à des apprentissages pédagogiques. Ces soins, cet accompagnement et ces apprentissages sont donc élaborés avec les patients et familles et en concertation avec les divers partenaires de leur prise en charge.

Quand le déconfinement fait peur...

Par Antoine Marette   11/05/2020

Après les craintes liées au confinement, y aura-t-il une peur du déconfinement, des décompensations ? Alors que psychiatres, psychologues et psychothérapeutes ont notamment observé ces dernières semaines une très forte baisse des passages aux urgences et demandes de consultations, avant une reprise.
"Tout se passe comme si le Covid avait pris la place de toutes les pathologies quelles qu’elles soient. Comme si une espèce de chape avait envahi toute la pathologie. Tout le reste est passé en dessous" explique une professionnelle.
"Tout se passe comme si le Covid avait pris la place de toutes les pathologies quelles qu’elles soient. Comme si une espèce de chape avait envahi toute la pathologie. Tout le reste est passé en dessous" explique une professionnelle. Crédits : Klaus Vedfelt - Getty
Pendant huit semaines, les Français ont vécu les contraintes du confinement, avec plus ou moins de bonheur. Beaucoup en ont souffert. Certains y ont trouvé leur compte. Le télétravail a autonomisé de nombreux salariés qui ont parfois pris goût à cette forme d’autogestion. Le foyer a pu se transformer en cocon rassurant, à l’abri des contraintes et des pressions du monde extérieur. Se déconfiner, c’est rompre avec ce temps suspendu, ces habitudes parfois prises… C’est aussi peut-être la porte ouverte à des déceptions, car le déconfinement ne sera pas forcément à la hauteur des attentes. 

Où sont passés les patients ?

La surprise est de taille chez les psychiatres, psychologues et psychothérapeutes : au début du confinement, les patients ne se sont pas bousculés, malgré les nombreuses lignes téléphoniques mises à leur disposition et la possibilité de téléconsultations… L’offre s’est adaptée aux circonstances exceptionnelles, et pourtant, force est de constater que la demande n’a pas suivi, au moins dans un premier temps. Mathilde Brageot qui est psychiatre et addictologue à l’hôpital Tenon (Paris XXe) le confirme : "La majorité des patients sont désormais suivis par téléphone. Beaucoup n’osent plus venir, pour ne pas déranger, et surtout, pour ne pas être en contact potentiel avec le virus. Aux urgences, on a constaté un moment qu’il n’y avait plus du tout de passage, mais ça a repris", relativise-t-elle. Elisabeth Sheppard, psychiatre et présidente de la commission médicale d’établissement, confirme une très forte baisse des passages aux urgences et des demandes de consultations, que ce soit pour la psychiatrie des enfants, des adultes, ou des adolescents : "Tout se passe comme si le Covid avait pris la place de toutes les pathologies quelles qu’elles soient. Comme si une espèce de chape avait envahi toute la pathologie. Tout le reste est passé en dessous". 
Le constat est également net du côté de Gérard Hugeron. Ce psychologue clinicien et psychothérapeute de Rennes intervient notamment sur la plateforme d’écoute mise en place par la ville : "Mes patients se sont globalement peu manifesté pendant le confinement, ce qui a été une surprise. Certains patients ont pris de mes nouvelles mais peu ont manifesté des difficultés particulières. L’une m’a même dit : 'C’est le meilleur moment de ma vie, je n’ai jamais été aussi bien !'". Selon lui, il y a une logique derrière cette apparente contradiction : "Nos patients ne sont pas toujours très à l’aise dans la vie de dehors. Ce sont parfois des phobiques sociaux qui rencontrent des difficultés à sortir dans différents lieux, y compris au travail, et qui ont pu éprouver du soulagement au moment du confinement". Le confinement agirait donc chez les personnes en souffrance comme une sorte de cocon rassurant. Cette illusion d’une harmonie entre son monde intérieur et le monde extérieur pourrait-elle voler en éclats avec le déconfinement ? : "Je fais l’hypothèse que toutes les personnes qui ont des pathologies chroniques, qui semblent avoir disparu des radars, vont réapparaître". 

« Je tombe d’épuisement pendant qu’il regarde des séries » : le confinement a aggravé les inégalités hommes-femmes

Loin de contribuer à une répartition plus égalitaire des tâches ménagères, la crise sanitaire exacerbe les inégalités à la maison et au travail.
Par  Publié le 11 mai 2020
COLCANOPA
Le soulagement fut de courte durée. Lorsque, une semaine après le début du confinement, son conjoint ingénieur est passé au chômage partiel, Cécile espérait qu’il l’aide à la maison. « Il en fait un peu plus depuis que nous sommes tous les deux en télétravail, raconte cette mère de deux garçons en maternelle. Mais je continue de gérer l’essentiel : les courses, les repas, les devoirs, le jardin, les profs, les angoisses des proches… »
La journée, elle peine à se concentrer sur son travail. « Quand je souligne l’inconfort de ma situation, il demande de quoi je me plains. » Au fil des jours, l’incompréhension s’est installée dans leur couple. Trop souvent, elle a le sentiment que son compagnon sous-estime la charge de travail supplémentaire pesant sur ses épaules. « Je sacrifie ma carrière, mon temps, confie-t-elle. Et je tombe d’épuisement pendant qu’il regarde des séries. »

Contre la casse de l’hôpital public au Vinatier

Logo Révolution

10 mai 2020

Fermetures de lits, coupes budgétaires, flux tendus ; c’est le quotidien de centaines de soignants au Centre Hospitalier du Vinatier à Bron (Lyon), le deuxième plus grand hôpital psychiatrique de France. Les restructurations et mesures d’économies vont bon train, même en cette période intense et les équipes luttes quotidiennement contre ces décisions contre-productives. Entretien avec une soignante, réalisé le 26 avril.



Avec la crise sanitaire il devient évident que les hôpitaux ont besoin de lits, peux-tu nous expliquer comment la direction justifie les fermetures ?
Ils présentent ça comme une manière de préserver les équipes. La fermeture de certaines unités leur permet de créer une réserve, c’est-à-dire des soignants qui attendent chez eux en pyjama qu’on les appelle dans le cas d’une vague de COVID-19 chez les patients.
Cela permettrait également, selon la direction, d’anticiper la vague de départ en congé des étudiantes en soin infirmier à la fin avril, ce qui viendra fortement réduire le nombre de soignants dans les équipes. Moins d’unités à gérer pour moins de soignants.
De plus, ces fermetures de lits classiques sont compensées dans les chiffres, par l’ouverture de lits spécialement COVID – aujourd’hui on en est à 120 ouverts. Mais dans les faits, seulement une dizaine ont été utilisés au plus fort de la crise. On a même dû en fermer certains pour rouvrir des lits pour les patients non contaminés qui manquaient de place.
Et comment les soignants voient-ils ces fermetures ?
Pour nous, c’est juste la poursuite du plan d’économie mis en place avant la crise sanitaire. Ils en profitent pour fermer des unités en plus de celles qui doivent déjà sauter dans les plans d’économies. La direction nous dit qu’elles vont rouvrir après, mais on en doute.
Ensuite, la création de réserve, dans les faits, c’est des économies pour la direction. Quand tu es en réserve, tes RTT sautent, tes indemnités de jours fériés sautent, la prime annuelle saute, en bref, tu es payé le minimum possible, alors que tu travailles (ou pas) avec les contraintes de l’astreinte.

Seuls ceux qui sont en télétravail bénéficient encore de tous leurs droits. Même un soignant qui a été mis de côté par la médecine du travail, car « à risque » en cas de contamination, voit ses droits disparaître.

«Vous allez peut-être assister à l’effondrement de notre système de santé»

Par Jean-Paul Mari, Journaliste et réalisateur — 


Dans un service de réanimation parisien, en avril.
Dans un service de réanimation parisien, en avril. 
Photo Nathan Lainé. Hans Lucas


Des premières admissions de patients au déconfinement, le journaliste et écrivain Jean-Paul Mari a raconté chaque jour dans «Libé» le combat d’une équipe médicale contre le Covid-19. Il revient sur les moments forts de cette immersion dans un hôpital d’Ile-de-France.

«Qu’est-ce que c’est cette saleté ?» Je me souviens de cette question posée à voix haute, comme un cri, effaré et rageur. Ce matin-là, dans le bureau de crise de cet hôpital du nord-est de la banlieue parisienne, il y avait deux professeurs éminents, des praticiens hospitaliers, les médecins régulateurs et le responsable des «camions», les ambulances du Samu. Tous des urgentistes chevronnés, rompus au combat contre la mort, qui ont passé leur vie à affronter ce que les autres ne voient jamais, et ont tout encaissé, le manque de moyens et de personnel, les attentats du 13 Novembre et les catastrophes du quotidien. «Bon Dieu ! Qu’est-ce que c’est ce truc ?» Je me souviens de la voix du professeur Michel (1). Et du regard des autres. Ce n’était plus un accident, un simple virus qu’ils avaient face à eux, mais une plongée dans l’inconnu. Les chiffres donnaient le tournis : chaque jour, 700 appels aux urgences, une centaine d’admissions, des mourants qu’on vous amenait, poumons bloqués, bouches écartelées à la recherche d’air.

Coronavirus : à l’hôpital, une parenthèse « extraordinaire » se referme

Contraintes de se réinventer au fur et à mesure de l’avancée de l’épidémie, les équipes de soignants mesurent les « miracles » accomplis et les largesses financières inédites dont elles ont pu bénéficier.
Par  et  Publié le 11 mai 2020
Une entrée provisoire a été aménagée en urgence pour isoler l’unité de réanimation Covid-19 des autres services de l’hôpital Beaujon, à Clichy.
Une entrée provisoire a été aménagée en urgence pour isoler l’unité de réanimation Covid-19 des autres services de l’hôpital Beaujon, à Clichy. BRUNO FERT POUR LE MONDE
Avec près de 100 000 patients atteints du Covid-19 pris en charge depuis le 1er mars, l’hôpital public a subi en quelques semaines un « électrochoc » qui l’a obligé à se réinventer dans l’urgence. A l’heure de la décrue, les personnels hospitaliers décrivent cette période comme une « parenthèse extraordinaire », certes « douloureuse », « stressante » et « fatigante », mais où furent possibles un « formidable bouillonnement d’idées » et un « fonctionnement miraculeux », selon les termes de plusieurs d’entre eux.
« Les personnels ont goûté à autre chose : il y a eu de l’invention et de l’autonomisation, ça a complètement changé la façon de voir leur métier », témoigne François Salachas, neurologue à la Pitié-Salpêtrière et membre du Collectif inter-hôpitaux (CIH). « Nous obtenions tout ce que nous demandions, jamais nous n’entendions parler de finance… Je me suis demandé s’il s’agissait d’un miracle ou d’un mirage », a raconté Hélène Gros, médecin au service des maladies infectieuses de l’hôpital Robert-Ballanger, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), lors d’une conférence de presse du CIH, le 5 mai.

Coronavirus : ce que la science ignore encore à l’heure du déconfinement

Par Hervé Morin , Sandrine Cabut , David Larousserie , Pascale Santi , Paul Benkimoun , Nathaniel Herzberg et Chloé Hecketsweiler

Publié le 11 mai 2020

DÉCRYPTAGES De nombreuses incertitudes demeurent, au moment où la principale mesure d’endiguement de la pandémie est levée.

La période de déconfinement s’ouvre en France, alors qu’un certain nombre d’incertitudes subsistent sur le comportement du nouveau coronavirus et notre capacité à enrayer l’épidémie hors d’un cadre très contraint de réduction des contacts interindividuels, facteurs de contamination. Depuis quatre mois, la machine scientifique tourne à plein régime pour comprendre les spécificités de cette pandémie, mais elle est loin d’en avoir percé tous les secrets. A l’heure où on s’apprête à baisser la garde face au SARS-CoV-2, passage en revue de questions scientifiques en suspens.

Qui ont été les contaminés du confinement ?

Selon les chiffres de la direction générale de la santé, 8 674 nouveaux tests positifs au SARS-CoV-2 ont été officiellement enregistrés entre le 1er et le 9 mai, en France. Malgré les gestes barrières, malgré la distanciation sociale, malgré le confinement, il y aurait encore, en réalité, de 3 000 à 4 000 nouvelles contaminations chaque jour, selon l’épidémiologiste Daniel Lévy-Bruhl, responsable de l’unité des infections respiratoires de Santé publique France (SPF). « C’est nettement moins qu’il y a un mois, mais c’est encore beaucoup, rappelle Anne-Claude Crémieux, professeure d’infectiologie à l’hôpital Saint-Louis, à Paris. On va donc déconfiner avec des chaînes de contamination encore actives et une connaissance très grossière de ce qui se passe. On ne dispose pas d’un état des lieux sur l’ensemble des Ehpad, ni dans tous les hôpitaux, et on ne connaît pas les conditions d’infection des nouveaux contaminés, alors que cette période aurait dû nous permettre de bien analyser tous ces points. Il n’y a pas eu de réelle stratégie de santé publique pour réussir le déconfinement. »

Il est temps d’avoir un ministre délégué à la Santé mentale

L’actualité

lundi 11 mai 2020

Dans Gallica découvrez toute l'histoire des sages-femmes, qui est aussi celle des femmes

par Christine Siméone publié le 9 mai 2020

2020 est l'année internationale des sages-femmes et du personnel infirmier par l’Organisation mondiale de la Santé. Le 5 mai aurait dû être une grande fête pour elles, mais le Covid-19 a détourné nos regards. Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF, recèle de nombreuses ressources sur leur histoire.
Traité complet des accouchemens naturels, non naturels, et contre nature, expliqué dans un grand nombre d'observations & de réflexions sur l'art d'accoucher. Tome 1 / . Par le sieur de La Motte
Traité complet des accouchemens naturels, non naturels, et contre nature, expliqué dans un grand nombre d'observations & de réflexions sur l'art d'accoucher. Tome 1 / . Par le sieur de La Motte © BnF/ Gallica
La Bibliothèque nationale de France rend hommage aux soignants depuis le début de la crise du Covid en mettant en avant ses ressources dans un blog dédié. Cette semaine honneur aux sages-femmes, dont c'était la journée internationale le 5 mai, en compagnie de Nathalie Sage Pranchère, enseignante de l'histoire de la Santé, et ancienne représentante des lecteurs de la BnF.
La BnF a numérisé de grands corpus concernant les sages-femmes, des écrits des XVIIIe siècle, et du XIXe siècle, des écrits de vulgarisation, des prospectus qui donnent si bien le ton de chaque époque, et même des périodiques syndicaux. 


Ce créateur a imaginé des masques haute couture pour une performance de mode unique en son genre

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Faire de la haute couture responsable ? C'est possible. Depuis janvier 2015, Ronald van der Kemp présente des collections ultra luxe réalisées selon un processus d'upcycling. Des chutes de tissu, des pièces vintage, de la dentelle, des broderies de perles, des boutons, des foulards… Le créateur néerlandais façonne en mix & match des collections de haute couture à impact environnemental moindre. 

Mardi 28 avril 2020, dans la continuité de sa vision engagée, Ronald van der Kemp faisait le pari audacieux de réaliser une performance artistique depuis l’Hôtel Europe à Amsterdam. 29 mannequins toutes isolées dans des chambres, équipées de masques couture et munies d'un drapeau blanc sont apparues aux fenêtres de l'hôtel pour saluer l'apparition d'un autre modèle voguant sur le canal. 

Désormais, le masque sera votre accessoire de mode

L'ADN

ALICE HUOT  LE 6 MAI 2020

Photo du défilé confiné de Ronald van der Kemp

On voulait des masques. On va en avoir. À paillettes, en velours, en satin, de toutes les couleurs, les marques et les designers s’y mettent.
Mardi 5 mai 2020, Emmanuel Macron effectue la visite d’une école primaire dans les Yvelines. Cette fois, le président de la République, qu’on avait déjà vu porter des masques FFP2, est apparu avec un masque dit « grand public ». Et son design sobre, bleu marine orné d’un petit drapeau tricolore, a fait parler de lui. Hé oui, il fallait s’y attendre ! Les masques sont désormais des accessoires de mode.

Le premier défilé de haute couture consacré au masque

L’accessoire essentiel qui a tant manqué au plus fort de la crise a même eu droit à son premier défilé haute couture. Le créateur néerlandais Ronald van der Kemp a orchestré un défilé confiné et masqué le 28 avril dernier. Aux fenêtres d’un hôtel d’Amsterdam, 30 mannequins ont présenté la collection de masques du designer. En lien avec sa démarche d’upcycling, le designer a réalisé la collection avec des chutes de tissus.

Le confinement a un impact sur notre santé mentale

Le Temps

Sylvie Logean  Publié mardi 5 mai 2020

SUISSE

Selon une enquête réalisée par l’Université de Bâle, une personne sur deux en Suisse s’est sentie plus stressée durant le confinement. L’isolement et le manque de contacts sociaux peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé mentale des populations vulnérables

Quels sont les effets de la pandémie de Covid-19 et des mesures de confinement sur le niveau de stress et la santé psychique de la population? Si plusieurs mois de recul seront nécessaires pour parvenir à un tableau précis des conséquences de cet événement hors du commun sur notre état mental, une étude menée par l’Université de Bâle semble déjà apporter quelques éléments de réponse.
Selon les données préliminaires de «The Swiss Corona Stress Study», obtenues par le biais d’une enquête en ligne réalisée entre le 6 et le 8 avril – soit trois semaines après le début du confinement – auprès de plus de 10 000 individus (dont 70% de femmes et 30% d’hommes, les femmes étant plus promptes à répondre à ce type de questionnaire), le niveau de stress semble avoir augmenté chez une personne sur deux durant la période de confinement. Les symptômes d’anxiété ou de dépression se seraient, par ailleurs, accentués chez 57% des participants, alors que la prévalence des symptômes dépressifs plus sévères aurait augmenté de 3,4% à 9,1%.