Lors de la manifestation des personnels hospitaliers à Paris, ce jeudi. Photo Marie Rouge pour Libération
Le monde médical a défilé dans toute la France ce jeudi en raison notamment de conditions de travail détériorées et d’un manque de personnel. A une semaine du plan «conséquent» promis par Macron, 70 hôpitaux sont toujours en grève.
L’hôpital public déborde dans la rue. Ce jeudi, faisant preuve d’une solidarité rare dans un univers de la santé cloisonné et hyperhiérarchisé, médecins, infirmières, urgentistes, aides soignants, internes ou cadres hospitaliers ont répondu en masse à l’appel à la mobilisation lancé par les collectifs interhôpitaux et inter-urgences, soutenus par les syndicats nationaux et professionnels. C’est par milliers que blouses blanches, bleues et fluo ont battu le pavé à Paris, de Port-Royal jusqu’aux Invalides, mais aussi un peu partout en régions, pour clamer leur détermination à «faire pression sur le gouvernement» et l’impératif de «sauver l’hôpital public en urgence vitale». Une mobilisation aussi forte qu’inhabituelle qui n’est pourtant que la partie émergée de l’iceberg de colère : dans les 70 hôpitaux français officiellement déclarés en grève, une partie importante des personnels soignants ont été déclarés d’astreinte pour assurer la permanence des soins.
Chefs et médecins en tête
Présent en tête du cortège de la manifestation parisienne, Julien Taieb, chef du service de cancérologie digestive de l’hôpital Georges-Pompidou, où 100% des services sont en grève, illustre : «Deux médecins ont été assignés pour s’occuper de nos 79 patients en chimio. Ils vont avoir une sacrée journée, même s’ils savent qu’ils peuvent nous joindre à tout moment. En hôpital de jour, une infirmière sur neuf a été autorisée à manifester, les autres sont assignées.» La démonstration de force n’en a été que plus convaincante. C’est que les chefs de service et les médecins étaient cette fois en première ligne des banderoles déployées au fil de la manifestation parisienne. Prêts à témoigner à visage découvert d’un vécu hospitalier qui oscille entre casse-tête et cauchemar.
«Etre chef de service aujourd’hui, c’est être comme une lance à incendie qui passe son temps à éteindre les débuts de feu qui se déclarent un peu partout, explique le professeur Taïeb. Il faut bien comprendre l’urgence : les infirmières se barrent et on n’arrive plus à en recruter. Il faut injecter massivement des moyens dans l’hôpital, et revaloriser les salaires des paramédicaux. Ce n’est pas une revendication corporatiste. Les médecins sont les premiers à la soutenir alors même qu’ils trouveront toujours du boulot ailleurs.»
Lors de la manifestation des personnels hospitaliers à Paris, ce jeudi. Photo Marie Rouge pour Libération