Dans son documentaire « Arguments », le réalisateur Olivier Zabat donne la parole à des personnes qui entendent des voix, en s’affranchissant du regard institutionnel de la psychiatrie. Il viendra présenter son film lors de La Nuit du Monde Festival, le 5 octobre.
Qu’est ce qui vous a conduit à faire un film sur les « entendeurs de voix » ?
Olivier Zabat : J’ai commencé à travailler dans mon quartier, ici, dans le 20e arrondissement de Paris. Un ami m’avait parlé d’une fille qu’il connaissait, catholique d’origine, qui s’était convertie à la religion musulmane pour pouvoir se marier. Quelque temps après son mariage, elle a commencé à sentir des présences. Elle croyait être harcelée par des hackeurs catholiques, qui lui faisaient payer son mariage. Elle voyait énormément de signes, sur Internet, des messages qui lui étaient adressés, des choses comme ça…
J’ai commencé à réfléchir à la manière dont, en tant que documentariste, on peut aborder une personne supposée malade mentale. Il m’est tout de suite apparu que je ne pouvais pas adopter le point de vue de la médecine. Cela aurait été une faute morale : je ne suis pas qualifié pour le faire. Ce cadre étant éthiquement banni, la question qui se posait était celle de comment travailler avec une personne seule, très fragile, encore en plein malaise – elle ne rentrait plus chez elle, ne se lavait plus… –, dans une incompréhension de ce qui lui arrivait. Et cela ne me paraissait pas viable…