Rose, la quarantaine en crise, vient en aide à un migrant, Younès. Le nouveau roman de l’auteure d’« Il faut beaucoup aimer les hommes » (prix Médicis) est un texte subtil et grave, vivant et drôle.
« La Mer à l’envers », de Marie Darrieussecq, P.O.L, 250 p.
Rose tangue, bercée par la houle. Sur un paquebot de croisière gigantesque – « Douze étages, trois cents mètres de long, quatre cents êtres humains » –, voguant en Méditerranée, Rose titube un peu, sous l’effet des vagues et, parfois, des boissons du bar. Cette psychologue quadragénaire et parisienne hésite à quitter son mari ou à rester avec lui pour partir s’installer, comme ils l’ont prévu, dans son village natal de Clèves ; elle ne sait pas s’il faut profiter de l’irréelle douceur de l’air ou se laisser gagner par « l’angoisse climatique » que cette anomalie, en plein hiver, fait naître.
Sur le bateau, mais plus encore après, de retour à Paris, puis après avoir (finalement) déménagé à Clèves, Rose, surtout, hésite à propos de la conduite à tenir avec Younès, le garçon nigérien recueilli par le navire touristique avec d’autres migrants croisés une nuit alors qu’ils faisaient naufrage. Elle lui a laissé le téléphone de son fils, grâce auquel il la contactera arrivé à Paris, puis à Calais, d’où il espère passer en Angleterre. Avec lui, elle hésite entre passivité et engagement, inaction et héroïsme ordinaire.