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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 22 septembre 2019

Odile Fillod a œuvré à réhabiliter le clitoris dans les manuels scolaires

Les travaux de l’auteure du blog Allodoxia ont conduit quatre éditeurs scolaires à intégrer en cette rentrée des croquis de l’anatomie complète de l’organe.
Par   Publié le 22 septembre 2019
A quoi ressemble vraiment l’anatomie d’un clitoris ? En cette rentrée scolaire, quatre éditeurs de manuels de sciences de la vie et de la Terre (SVT) – Hatier, Nathan, Bordas et Lelivrescolaire.fr – ont profité d’une refonte des programmes pour rompre avec des années d’ignorance. Dans les ouvrages destinés aux classes de seconde, les croquis illustrant les chapitres sur la sexualité présentent désormais l’anatomie complète de l’organe (environ 10 cm depuis le gland jusqu’au bout de ses piliers) et non plus un simple « bouton », voire rien du tout, comme c’était le cas jusqu’à présent.
Cette réhabilitation bienvenue mais tardive doit beaucoup à Odile Fillod qui, ces dernières années, a entrepris de rendre justice à l’organe jusque-là délaissé par les éditeurs. En 2014, celle qui se définit comme « chercheuse indépendante » a méticuleusement listé « les biais sexistes dans les manuels de SVT », à l’occasion d’un colloque organisé par le centre Hubertine-Auclert, à Paris, et mis en lumière la responsabilité des éditeurs dans la production de stéréotypes de genre.
Deux ans plus tard, la fabrication pour les besoins d’une vidéo d’un modèle du clitoris à taille réelle l’a fait connaître d’un plus large public. L’objet s’est taillé un joli succès dans les médias et auprès des enseignants de SVT après la diffusion du fichier imprimable en 3D en accès libre sur Internet.
Le modèle de clitoris (dans sa première version), imprimé en 3D à partir des recherches d’Odile Fillod.
Le modèle de clitoris (dans sa première version), imprimé en 3D à partir des recherches d’Odile Fillod. MARIE DOCHER

Gisèle Halimi : « J’avais en moi une rage, une force sauvage, je voulais me sauver »






Entretien. Soixante-dix ans de combats. Soixante-dix ans d’énergie, de passion, d’engagement au service de la justice et de la cause des femmes. La silhouette est frêle désormais, et le beau visage émacié. Mais le regard garde sa flamboyance et la voix conserve la force soyeuse qui a frappé tant de prétoires. Gisèle Halimi, l’avocate la plus célèbre de France, se souvient. Tunis où elle est née, en 1927, dans une famille juive de condition modeste, sa découverte précoce de la malédiction d’être née fille, son refus d’un destin assigné par son genre et son rêve ardent de devenir avocate.
Avocate pour se défendre et pour défendre. Avocate parce que l’injustice lui est « physiquement intolérable ». Avocate parce que, femme, elle est depuis le début dans le camp des faibles et des opprimés. Avocate « irrespectueuse », comme elle aime à se définir, parce que l’ordre établi est à bousculer et que la loi doit parfois être changée. Enfin parce que « ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience », comme l’écrit René Char, qu’elle cite volontiers.
Son appartement parisien est rempli des livres, tableaux, photos des personnages qui ont marqué sa vie : Claude Faux, son mari, et ses trois fils ; mais aussi Louis Aragon ; Sartre, Simone de Beauvoir, Simone Veil… Près de la fenêtre, le petit bureau où Paul Eluard écrivit plusieurs de ses poèmes. Et, à l’étage au-dessous, posée sur un cintre dans son cabinet, la robe d’avocate à laquelle elle tient tant. Celle avec laquelle elle prêta serment à Tunis, en 1949. Celle qu’elle portait au procès de Bobigny sur l’avortement en 1972. Sa robe « fétiche », maintes fois réparée, reprisée, raccommodée, dont elle triturait fiévreusement les petits boutons de nacre noire lors des attentes interminables de délibérés…

Je ne serais pas arrivée là si…

Si ma mère, et tout mon entourage depuis la prime enfance, ne m’avaient constamment rappelé que le fait d’être une fille impliquait un sort très différent de celui de mes frères. Un sort dans lequel le choix, le libre arbitre, la liberté n’avaient aucune place. Un sort uniquement déterminé par mon genre.
Gisèle Halimi, chez elle, à Paris, le 18 septembre.
Gisèle Halimi, chez elle, à Paris, le 18 septembre. RICHARD DUMAS POUR LE MONDE

samedi 21 septembre 2019

[Vidéo] « Ne googlise jamais tes symptômes », chante un médecin suédois

Nicolas Evrard
| 21.09.2019


« Never Google your symptoms », tel est le titre d'une chanson qui fait actuellement le buzz sur la toile. Son auteur est le Dr Henrik Windegren, un médecin suédois qui par cette chanson satirique fait passer des messages mettant en garde contre l'autodiagnostic. On le voit vêtu d'une blouse blanche avec une guitare, comme les trois autres musiciens du groupe. 
« Si tu googlises "toux" et "diagnostic", tu as une tuberculose ; et si tu googlises "fièvre" et "rouge", tu as Ebola et tu mourras bientôt », chante le Dr Windegren. 

L’Outsider Art Fair à Paris en octobre

Art Critique

Publié le 

L’Outsider Art Fair à Paris en octobre

Vous ne savez pas ce que peut bien signifier le terme d’Outsider art, ou « art brut » ? Il s’agit d’un courant artistique regroupant des créateurs vides de toute influence artistique autre que la leur. Leur inspiration et leur créativité ne sont que le fruit de leur propre imagination.
L’Outsider Art évite ainsi tout effet de mimétisme d’un auteur à l’autre, ce qui en fait un courant artistique original qui ne cesse de se réinventer. Du 17 au 20 octobre 2019, l’Outsider Art Fair revient pour sa 7e édition parisienne. Comme l’année dernière, la foire new-yorkaise dédiée à l’art brut et outsider sera établie à l’Atelier Richelieu. Un rendez-vous à vivre en parallèle de la Fiac.

Le clin d'œil d'Aviscène Psychiatrie : « J’ai été stigmatisant »

20.09.2019


Aviscene

Après les urgences adultes, la médecine ambulatoire, la gynéco et la pédiatrie, j’ai opté pour un semestre de stage en psychiatrie. Pourquoi ? Mes six mois en cabinet de ville m’ont fait réaliser l’étendue des maladies psychiatriques... du syndrome dépressif aux troubles du comportement alimentaire, en passant par les troubles psychotiques ou en lien avec l’addictologie. Avec, pour chacune, une prise en charge spécifique. J’ai souhaité m’y familiariser, mais aussi mieux comprendre le parcours de soins en psychiatrie. Combien de fois en cabinet ai-je dit : « Vous prendrez rendez-vous au centre médico-psychologique (CMP) » , sans en avoir jamais vu un seul.
J’ai découvert les multiples facettes de cette spécialité. J’ai vu les patients en unité fermée, au CMP, en clinique pour troubles anxio-dépressifs mais aussi aux urgences psychiatriques.

Ce stage m’a donc permis de mieux connaître les thérapeutiques mais aussi d’améliorer mon approche de la psychiatrie, ma manière d’appréhender certaines situations et d’entamer la discussion avec les patients. Cela me sera bien utile dans ma pratique future.
Mais j’en tire surtout une grande leçon. J’ai été stigmatisant vis-à-vis de beaucoup de patients et je le regrette. Combien de fois aux urgences, me suis-je dit, à l’arrivée de certaines personnes, au vu de leurs antécédents, « C’est un patient psy », négligeant leurs plaintes et leurs souffrances.

Un double anniversaire fêté au centre hospitalier Henri-Ey, à Bonneval

L'Echo Republicain

Publié le 20/09/2019 

Un double anniversaire fêté au centre hospitalier Henri-Ey, à Bonneval
(De gauche à droite) le docteur Vincent Rouyer, Ophélie Jaffarp directrice de la clientèle, des affaires juridiques et du secteur médico-social, le psychiatre Jean-Pierre Gobbi et la praticienne hospitalière Svetlana Vincent ont découvert, hier, une exposition de photos sur les activités pratiquées par les personnes accompagnées au sein de l’unité Saint-Florentin et du foyer d’accueil médicalisé Les Magnolias au centre hospitalier Henri-Ey, à Bonneval.

Créés en 2009, l’unité , unité psychiatrique adulte à temps complet Saint-Florentin (USF) et le foyer d'accueil médicalisé (FAM) Les Magnolias ont fêté leurs dix ans ce vendredi 20 septembre 2019 au centre hospitalier Henri-Ey, à Bonneval.
L’unité psychiatrique adulte Saint-Florentin (USF) de 25 lits et le foyer d’accueil médicalisé (FAM) Les Magnolias de 27 places ont fêté leurs dix ans d’ouverture ce vendredi 20 septembre 2019 au centre hospitalier Henri-Ey, à Bonneval.
Ces deux structures séparées par un bâtiment dénommé Oasis, ont « beaucoup évolué » a souligné Fabien Aumeunier, directeur de la communication et des systèmes d’information du centre hospitalier. « Le travail des équipes a été couronné du succès. On rayonne au niveau régional. Le FAM n’est pas un foyer classique et l’USF est reconnue pour son expertise par l’Agence régionale de santé (ARS). C’est extrêmement important. »

La bible est un roman d’espionnage

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Publié dans le magazine Books n° 84, juillet / août 2017. Par Jean-Louis de Montesquiou.

L’Ancien Testament regorge d’agents doubles et de séductrices intéressées. Très tôt, le peuple juif a pallié sa faiblesse militaire en tablant sur le renseignement.
Moïse envoie douze espions – un par tribu – s’informer de l’état des lieux (Nombres 13, 18-30) : « Comment est le pays où cette population habite : est-il bon ou mauvais ? Comment sont les villes où cette population ­habite : sont-elles des campements ou des forteresses ? Comment est ce pays : sa terre est-elle grasse ou maigre ? Y pousse-t-il ou non des arbres ? Rassemblez vos forces et prenez les fruits du pays. »
Le successeur de Moïse, Josué, enverra à son tour, « discrètement » deux espions, de vrais pros. Ceux-ci iront droit au bordel de Jéricho, s’acoquineront avec la prostituée Rahab, obtiendront d’elle des renseignements de première main qu’ils transmettront tels quels à Josué : « C’est bon, on peut y aller ».

Burkina : Le cri de cœur des médecins, infirmiers et sages-femmes

L'Actualité du Burkina Faso 24h/24
Publié le  



Le syndicat des médecins d’Etat du Burkina (SYMEB), le syndicat des sages-femmes et maïeuticiens d’Etat et accoucheuses du Burkina (SSF/MEAB) et le syndicat autonome des infirmiers et agents itinérants de santé du Burkina (SAIB) étaient face à la presse ce vendredi 20 septembre 2019 à Ouagadougou. La rencontre a porté sur le statut particulier des médecins, infirmiers et sages-femmes entre autres, l’état défectueux des matériels et la mise en œuvre de la fonction publique hospitalière.
Ce vendredi 20 septembre 2019, trois syndicats de la santé humaine du Burkina ont tenu un point de presse afin d’attirer  l’attention de l’opinion publique leurs « conditions de travail délétères » Des problèmes de carrière et la question des matériels de travail ont été également soulevés.
La situation est déplorable, selon le Dr Alfred Ouédraogo, secrétaire général du SYMEB. « Nous assistons de façon désarmée à cette chronicité de la crise », a-t-il dit.

Affronter l'universel sans disparaître pour autant est la question posée aux femmes artistes

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Le lundi 16 septembre 2019 



Dans La Suite de l'Histoire - Actrices, créatrices, la philosophe et historienne de la pensée féministe Geneviève Fraisse analyse les stratégies des femmes artistes pour s'autoriser à pratiquer leur art et bousculer les conventions. Ou comment passer de la muse à l'artiste qui figure l'universel. Entretien.  
Germaine de Staël et Siri Hustvedt, Colette ou Isadora Duncan… Celles qui ont revendiqué le droit à la création sont nombreuses, aux avant-postes de cette bataille politique et symbolique de la légitimation des femmes à créer. Le dernier essai de Geneviève Fraisse permet de comprendre comment ces femmes, du XVIIIème à nos jours, ici et ailleurs, dans la danse, l'écriture ou le cinéma, ont bousculé le monde pour entrer dans l'universel et toucher au « sublime ». « L'artiste femme dérègle les représentations officielles, fait avancer l'Histoire de l'émancipation et invente, elle est bien obligée, des stratégies esthétiques. Et dérégler, c'est aussi déjouer, par exemple user de pratiques d'assujettissement (se cacher, faire la muse, etc.), ou jouer avec les corps pour mieux trouver son espace. »
Pourquoi avoir appelé ce livre La Suite de l'Histoire ?  
Geneviève Fraisse : C'est comme une scène de théâtre. Il y a le décor (comment empêcher les femmes d'être les égales des hommes en démocratie, régime censé produire l'égalité) puis l'action qui s'y déroule, avec plusieurs scènes successives montrant les pratiques des femmes artistes, actrices, musiciennes, écrivaines, photographes, cinéastes. Elles produisent de l'histoire à partir de la répartition sexuée de la longue tradition occidentale, et en produisant elles déplacent, dérèglent les codes anciens de l'art.
« Aux femmes le beau, aux hommes le sublime » : quelles sont les racines de cette non-acceptation ? 
G. F. : Ce partage entre le beau et le sublime appartient à la philosophie kantienne. La question des sexes n'est qu'une illustration, ou un avatar, de ce partage esthétique. Il y a d'autres lieux dans les textes kantiens où il faut répartir les sexes suivant leur destination. Au même moment, Rousseau construit un ordre inégal entre femmes et hommes, mais avec une logique d'exclusion plutôt que de répartition. Les finalités philosophiques sont propres à chacun mais ce qui apparaît, au milieu du XVIIIème siècle, c'est bien l'urgence de consolider la hiérarchie des sexes au moment où la pensée politique, celle du contrat social, réfléchit à la république à venir. 

Cyrano au féminin ? Oui, merci !

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Le mardi 10 septembre 2019



L'une des pièces les plus populaires du théâtre français recréée dans une mise en scène originale de Bastien Ossart : c'est le pari de Cyrano, actuellement jouée au théâtre du Funambule et prolongée jusqu'en décembre 2019. Interprétée uniquement par des femmes, éclairée à la bougie... la pièce renaît et, comme lors de sa première en 1897, surprend et dérange toujours.  
Par Manon Houtart. 
Les femmes ayant longtemps été exclues des scènes de théâtre, les comédiens jadis se partageaient les rôles sans distinction de sexe. Dans cette mise en scène de Cyrano, les codes d’antan font volte-face, laissant à trois femmes le soin de jouer tous les personnages de la pièce. Non par désir de vengeance, mais comme pour signifier que le romantisme impétueux n’est pas l’apanage de la gent masculine, et que la figure de Cyrano, colosse aux pieds d’argile, est avant tout une manière d’être au monde…
Complices, ces trois grâces se font tantôt héros maniant l’épée, duègne coquette, donzelle fascinante ou amant transi. Avec une habileté épatante, elles s’échangent les masques grotesques et les costumes bouffants, pour jouer tour à tour Cyrano, Christian, Roxane, mais aussi le comte de Guiche, Ragueneau et les autres. Aucun geste n’est laissé au hasard : toute la mise en scène repose sur une chorégraphie parfaitement maîtrisée des comédiennes, dont les corps semblent dire bien davantage encore que les voix. Chaque scène prend alors l’allure d’un tableau subtilement équilibré, et pourtant toujours si vivant.  On est surpris, émus, amusés, illusionnés… complètement enjôlés par ces voltiges corporelles et verbales qui ne laissent aucun répit.

PMA pour toutes : «Je ne crie pas au loup, on va gérer»

Par Catherine Mallaval, Photos Alban Lécuyer — 
Une ingénieure fait l’inventaire des paillettes de sperme, le 9 septembre au CHU de Nantes.
Une ingénieure fait l’inventaire des paillettes de sperme, le 9 septembre au CHU de Nantes. Photo Alban Lécuyer pour Libération

Chef du service d’aide à la procréation au CHU de Nantes, le Pr Fréour bat en brèche les inquiétudes autour d’une réforme attendue.

Trente-neuf ans, cinq enfants bien à lui mais des milliers de bébés à son actif. Quand on pénètre dans le bureau de Thomas Fréour, on entre d’emblée dans le vif du sujet : dessins d’enfants au mur et gros spermatozoïde en porcelaine à côté de l’ordi. Depuis six ans, le biologiste est chef du service d’aide médicale à la procréation du CHU de Nantes, deuxième plus gros centre public de France. Soit une grosse machine à aider les couples infertiles. Une sympathique fabrique de nourrissons (300 à 400 par an) avec quelque 1 100 fécondations in vitro annuelles et un service intégré de dons de sperme et d’ovocytes.
Ici, pas de blouses blanches (sauf pour ceux qui manient les quelque 50 000 paillettes de gamètes et embryons conservés bien au froid dans des cuves) : «On évite la verticalité. On n’oublie pas que les gens qui viennent ici nous confient leur intimité et leurs espoirs de devenir parents. Donc nous veillons à ne pas tenir un langage trop technique et à être dispo, empathiques. Le désir d’enfant n’est pas un caprice, c’est tripal.»
En début de mois, le Pr Thomas Fréour a été auditionné par la commission spéciale chargée de plancher sur la loi bioéthique et sa fameuse PMA pour toutes, attendue à l’Assemblée mardi. A ses côtés sur le banc des spécialistes, Michaël Grynberg, médecin de la reproduction à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine) qui a vu la naissance du premier bébé-éprouvette français, Amandine, en 1982 ; Nathalie Rives, présidente de la Fédération française des Cecos (centres d’étude et de conservation des œufs et du sperme humains) ; et Rachel Lévy, vice-présidente de la Fédération nationale des Blefco (biologistes des laboratoires d’étude de la fécondation et de la conservation de l’œuf). L’occasion de porter la voix du terrain sur la mise en œuvre de la future loi.
Heureux ou inquiet face à l’arrivée de la PMA pour toutes ?
Je suis très heureux de vivre ça. Pendant un an, avec ma femme qui est gynécologue, nous avons travaillé dans la clinique Eugin de Barcelone qui, depuis des années, accueille de nombreuses Françaises, lesbiennes ou célibataires, qui ne pouvaient mener un projet d’enfant en France. C’était triste de voir ces femmes malheureuses et contraintes de s’expatrier à cause de notre législation restrictive. Quand un projet parental se manifeste dans la tête d’un couple d’hétéros, de lesbiennes ou de femmes seules, il n’y a pas d’échelle du désir ou de la souffrance à établir. Tous les projets sont respectables.

Dominique Mehl : « Je n’ai rencontré parmi ces mères seules aucune femme toute-puissante »

Pour la sociologue, il n’y a aucune raison de ne pas accorder de légitimité au modèle de familles construites grâce au recours à la procréation médicalement assistée.
Par   Publié le 21 septembre 2019
Dominique Mehl est sociologue au CNRS. Spécialiste de bioéthique et des questions relatives à la procréation et à la filiation, elle a réalisé une enquête auprès des mères célibataires françaises ayant eu recours à une procréation médicalement assistée (PMA) à l’étranger. Ce travail a été publié en 2016 sous le titre Maternités solo, aux Editions universitaires européennes.

Le projet de loi sur la bioéthique prévoit que les femmes seules pourront accéder à la PMA. Est-ce que vous vous réjouissez de la reconnaissance de ces modèles familiaux spécifiques ?

Les maternités célibataires ont toujours existé. La loi est là pour donner des autorisations et fixer des interdits, pas pour juger de la qualité du projet parental. Il ne s’agit pas d’encourager ces modèles, mais simplement de dire qu’ils ont la même légitimité que les autres. Ce projet de loi est une façon de reconnaître que toutes les façons de faire famille se bricolent, s’inventent, qu’elles ne sont pas fixées d’avance, ce qui me paraît en effet être une avancée.

PMA pour les femmes seules : « Le risque est que l’enfant prenne la place du père »

Pour la pédopsychiatre et psychanalyste Myriam Szejer, on ne mesure pas bien « les répercussions sur les enfants » qui « n’en sortiront pas indemne sur le plan psychique ».
Par   Publié le 21 septembre 2019
Pédopsychiatre et psychanalyste, Myriam Szejer exerce dans des maternités depuis 1990. Elle est actuellement psychiatre référente au centre de procréation médicalement assistée de l’hôpital Foch. Disciple de Françoise Dolto, elle préside l’association La cause des bébés qui regroupe des professionnels de la périnatalité et de la petite enfance.

Vous avez fait part de vos réserves sur l’extension de la PMA aux femmes seules lors de votre audition devant les membres de la commission spéciale sur la bioéthique. Quels risques soulignez-vous ?

Je travaille depuis vingt-cinq ans dans des maternités et aussi avec des enfants abandonnés, nés sous le secret, et je suis convaincue qu’il faut qu’on parle aux enfants de leurs origines, qu’on leur raconte les circonstances de leur conception pour qu’ils puissent se situer dans un récit familial. C’est ce que la loi prévoit et je m’en réjouis. Mais les rencontres cliniques que j’ai faites m’ont conduite à la conviction que l’intérêt des enfants est rarement pris en compte lors des recours à des tiers étrangers qui permettent à des adultes de devenir parents.