La cour d'assises rend son verdict : Lahcen Aghrod est reconnu coupable de l'ensemble des infractions pour lesquelles il était jugé. La cour retient l'altération de son discernement, à cause de sa maladie mentale, ce qui en théorie doit faire diminuer d'un tiers la peine encourue.
Mais la cour, comme la loi le lui permet, décide de lui infliger une peine supérieure à cette peine théoriquement réduite : Lahcen Aghrod est condamné à douze ans de réclusion criminelle. Il est en outre condamné à un suivi socio-judiciaire pendant cinq ans, avec une obligation de se soigner. Si il ne respecte pas ces obligations, il devra purger une peine de cinq ans de prison supplémentaire. En revanche, la cour a décidé de ne pas le condamner à une peine d'interdiction définitive du territoire national, ce que l'avocat général avait demandé.
Grèves de la faim, manifestations, happenings médiatiques… Les actions des professionnels de santé de la psychiatrie, déterminés à défendre leur spécialité, ont fait couler beaucoup d'encre ces derniers mois. À plusieurs reprises, le secteur n'a cessé d'alerter le gouvernement sur la réduction des moyens et la charge de travail qui les étouffent à l'hôpital comme en ville. Invitée ce mercredi du Café nile (un think tank en santé), le Pr Marion Leboyer*, PU-PH à l'université Paris-Est Créteil et responsable du pôle de psychiatrie et d'addictologie du CHU Henri-Mondor est revenue sur les attentes de ces professionnels devant une salle comble, où plusieurs membres des ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur étaient présents.
On imagine toujours l'ecstasy tourner en festival plutôt que dans les cabinets des médecins. Mais cela pourrait changer. Israël a approuvé au mois de février la demande de traiter 50 cas de stress post-traumatique avec de la MDMA.
La MDMA est une amphétamine qui peut te faire serrer les dents, sauter de joie, défaillir, transpirer, déprimer et peut te donner envie de faire l'amour avec tout le monde. Mais depuis quelques années, des études très sérieuses sont réalisées sur l'usage de cette molécule psychostimulante dans le milieu médical.
En Israël, une cinquantaine de patients vont être soignés dans les prochaines mois avec de la MDMA. Le Ministère israélien de la santé a approuvé l’utilisation de la MDMA pour traiter ces patients atteints de troubles de stress post-traumatique (TPST). Cette administration se fera au centre médical Rambam de Haïfa et dans les hôpitaux psychiatriques de Be’er Yaakov, Lev Hasharon et Be’er Sheva.
Édouard Philippe veut s'attaquer aux « angles morts du pouvoir d'achat » par une série de mesures libéralisant les secteurs de la santé, de l'automobile, du logement ou de la banque, a-t-il annoncé ce mardi lors d'un discours devant l'Autorité de la concurrence à Paris, à l'occasion des dix ans de l'institution.
Des « actions simples » peuvent « prévenir 40 % des cancers », martèle l’Institut national du cancer (INCa). « Chacun d’entre nous peut agir sur son risque de cancer grâce à des changements de comportements et habitudes de vie. » L’institution lance une campagne d’information pour « combattre les idées reçues » sur le cancer, alors que 33 % des Français pensent que l’on « ne peut rien faire pour éviter un cancer ».
Campus des Cordeliers, 15 rue de l’école de médecine, 75006 Paris
De toujours le symptôme est politique. Autrefois toute maladie était perçue comme un dysfonction- nement social supposant des stratégies collectives pour réintégrer le malade dans son groupe. Avec l’essor du capitalisme, il a pris la forme moderne de la biopolitique, c’est-à-dire une gestion des corps permise par l’avancée du discours de la science. La subversion freudienne, qui saisit le symptôme comme expression d’un désir refoulé et son accomplissement, soit une façon de jouir, n’est-elle pas elle-même un symptôme de ce dispositif venant l’interroger ? Lacan donnera à cette découverte toute sa portée, repérant Marx comme son inventeur, symptôme dé ni comme ce qui ne va pas dans le Réel. Dès lors, la psychanalyse comme discours s’articule en les écrivant aux autres modalités de lien social, lui donnant une autre dimension politique, sensible à l’évolution des discours.
Dans la peau d'une personne schizophrène ? Cette expérience immersive est proposée à l'occasion des 16e Journées de la schizophrénie, du 16 au 23 mars 2019. L'objectif : briser les tabous et éradiquer les clichés.
Hallucinations auditives et visuelles, idées délirantes, propos incohérents, perte d'émotivité... La schizophrénie est un trouble psychique qui touche environ 670 000 personnes en France. Traités de « malades mentaux » (article en lien ci-dessous), de « fous », assimilés à des « psychopathes » dans des séries télé et propulsés à la une de la rubrique « faits divers», les personnes schizophrènes souffrent avant tout d'une stigmatisation bien ancrée. Un fléau contre-productif qui freine leur rétablissement. Pour ses 16e Journées, l'association dédiée propose une expérience immersive pour mettre à mal ces clichés. Du 16 au 23 mars 2019, elle permet à chacun de se glisser dans la peau d'une personne schizophrène.
"Une personne atteinte de schizophrénie fait plus de mal à elle-même qu'aux autres", soutient Jason. Diagnostiqué schizophrène à 11 ans, Jason était victime d'hallucinations auditives et visuelles. Dans la rue ou à l'école, il se sentait toisé du regard par les personnes qui l'entouraient, il avait l'impression d'être soumis à un danger permanent. Son environnement lui paraissait hostile, agressif et haineux : "On a vraiment l'impression qu'on est tout seul", explique le jeune de 19 ans. Parfois violent avec ses proches et avec lui-même, il explique que la mutilation est souvent inhérente à cette pathologie et confie avoir lui-même écrit des lettres de suicide. "Je ne voulais plus vivre parce que c'était tellement dur", précise-t-il.
Après quatre ans, une grosse crise et de nombreuses séances de thérapie, je vais bien, et même souvent très bien. Mais les choses ne sont plus comme avant.
MICHA FRAZER-CARROLL
On nous rappelle souvent qu’une dépression ne se limite pas au sentiment de tristesse. Ayant connu les deux, je pense qu’il ne devrait pas être tabou d’admettre que ma tristesse n’est pas si différente de ce qu’était ma dépression.
Je ne sais pas quand ma dépression a commencé, ni quand elle s'est terminée. Je me souviens m'être sentie vraiment déprimée lors d'une conversation gênante avec l'un de mes professeurs de lycée. La classe se vidait et, tandis que je rangeais mon tabouret en plastique, il m'a prise à part pour discuter. "Tout va bien?" m'a-t-il demandé, sur un ton compatissant. "On dirait que tu es un peu..." Il a fait un bruit de ballon qui se dégonfle en mettant le pouce vers le bas, "... déprimée".
La semaine dernière, ma fille m’a demandé ce que c’était la santé mentale. Parce qu’elle sait que sa maman à une maladie mentale, mais à savoir comment ça marche la maladie ou la santé, c’était toute une question. Du haut de ses 5 ans et demi, elle ne comprend pas encore le bagage que je porte sur mes épaules en tant que personne qui souffre de dépression depuis 7 ans. Elle ne comprend pas ce que c’est la dépression, les maladies, le mental, alors quand on met tout dans le même bain, c’est encore plus compliqué. Ce qui est normal pour elle c’est que chaque matin, je prends des médicaments et que des fois, sa maman est plus fatiguée ou émotive que son autre parent. C’est normal aussi d’entendre sa mère dire qu’elle ne prend pas d’alcool parce qu’elle est malade mentale.
Pour comprendre un peu mieux encore la frontière entre le mal être et la maladie, les partenaires du Centre local de santé mentale et notamment le centre hospitalier Laborit organisent la 30e édition des Semaines de l’information sur la santé mentale du 12 au 31 mars prochains autour de conférences, séminaires, ateliers, spectacle, ciné-débat… avec cinq objectifs à atteindre : sensibiliser le public, informer à partir de thèmes, rassembler professionnels et usagers de la santé mentale, aider par la solidarité et faire connaître les moyens de soutien et les personnes resources.
Véronique Bounaud : « Il faut que la société fonctionne avec les personnes qui ne sont plus à l’hôpital ; ce qui relève de la santé mentale ne l’est pas forcément de la psychiatrie. »
Depuis quelques mois, le Conseil local de santé mentale est “ un outil d’aide à la résolution de situations ”. Sa coordonnatrice en explique les enjeux.
La santé mentale est un sujet complexe et encore tabou pour le commun des mortels. Comment lutter contre les a priori et images négatives liées aux maladies mentales sous toutes leurs formes ? Comment travailler avec une personne qui présente une pathologie psychique sans la dévisager voire la juger ?
Ou encore comment permettre à un malade – dont la pathologie peut être plus ou moins sévère – de trouver sa place dans la société en obtenant un emploi, un logement, un prêt… ?
L’Américaine a usé du réseau social comme d’une thérapie à son mal-être. Expérience qu’elle a prolongée dans un récit littéraire.
Par Florence BouchyPublié le 2 mars 2019
So Sad Today, de Melissa Broder, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Clément Ribes, L’Olivier, 208 p.
Tous les utilisateurs des réseaux sociaux le savent : décrire son humeur sur Facebook ou énoncer en 280 caractères ses pensées du moment sur Twitter a souvent une fonction cathartique. Pour Melissa Broder, l’enjeu était de taille. L’Américaine avait décidé de twitter pour « libérer [s]es sentiments dans l’inconnu » et s’« extirper de [s]on anxiété dévorante et de [s]a dépression ». « Quand j’avais l’impression de mourir, écrit-elle dans le récit qu’elle tire de cette aventure, je commençais à poster des Tweet anonymes sur un compte que j’avais baptisé @sosadtoday. En gros, je lâchais mes Tweet dans le grand vide. (…) Ça m’apportait un soutien. C’était peut-être l’afflux de dopamine au moment d’appuyer sur “Envoyer”, mais j’avais l’impression que les lignes commençaient à bouger, et que j’y voyais plus clair. »
La mutation d’un gène chez les deux premières fillettes génétiquement modifiées, nées en Chine, aurait-elle dopé leur mémoire et leur intelligence ? Les spécialistes restent sceptiques.
Par Hervé MorinPublié le 3 mars 2019
La mémoire et l’intelligence de Lulu et Nana, les deux premiers bébés génétiquement modifiés, dont la naissance en Chine a été annoncée en novembre, ont-elles été dopées par cette intervention ? C’est l’hypothèse avancée il y a quelques jours dans la revue MIT Review, qui avait été la première à révéler l’existence des jumelles. L’intention affichée par He Jiankui, le chercheur chinois responsable de ces naissances, était de modifier le gène CCR5 des embryons à l’aide d’un outil génétique, Crispr-Cas9, pour leur conférer une résistance au virus responsable du sida, le VIH. Cette tentative d’amélioration de la lignée humaine avait aussitôt été unanimement dénoncée par la communauté scientifique, pour des raisons tant techniques qu’éthiques.
La psychiatrie est en mouvement, et l’Algérie ne veut pas rester en marge de cette transition. C’est le défi relevé par les psychiatres réunis à Timimoun, à l’occasion du 6e Congrès international de psychiatrie organisé par le service du Pr Madoui Fatma-Zohra, de l’EHS Mahmoud Belamri de Constantine.
Face caméra, debout derrière une lunette de WC fuchsia, un jovial grand-père montre comment installer une feuille de recueil des selles et procéder au prélèvement. Il tourne un tutoriel sur le dépistage du cancer colorectal, devant le regard médusé de sa petite fille, youtubeuse beauté. Il compte bien diffuser sa vidéo sur la chaîne de la jolie blonde !
Cocasse, la séquence constitue le premier épisode d'une série de quatre vidéos lancées par la CPAM des Vosges à l'occasion de Mars bleu, le mois de promotion du dépistage du cancer colorectal. Suivront, d'ici à fin 2019, un épisode sur le dépistage des cancers du col de l'utérus, du sein et sur le vaccin contre la grippe.
Chaque vidéo, d'une durée d'une minute, campe avec humour et tendresse les mêmes personnages d'une famille : des comédiens vosgiens, dont l'humoriste star Claude Vanony. Les dialogues recèlent des pépites du parler vosgien (la « toyote », pour la tige de prélèvements) et des références au territoire.
Des « crampes violentes », des moments où on ne « peut plus sortir » de chez soi, une vie où « chaque rapport sexuel devient compliqué » : dans un clip de moins d’une minute, la voix de l’actrice Julie Gayet pose des mots sur cette « maladie silencieuse » qu’est l’endométriose. À l’occasion de la 15e Semaine européenne de prévention et d’information sur cette maladie, du 4 au 11 mars, l’association Info-endométriose a réalisé 6 courts-métrages avec des actrices (Anna Mouglalis, Julie Gayet, Camille Chamoux…), à partir de témoignages de patientes concernées par l'endométriose. Dans ces clips, qui seront diffusés tout au long de la semaine, ces actrices racontent le difficile quotidien des patientes, l'errance diagnostique, l'incompréhension, etc.
En comparant la Seine-Saint-Denis (93), l'un des départements les plus pauvres de France, à la Californie, Emmanuel Macron a provoqué l'agacement des parlementaires de tous bords politiques de ce département francilien.
Dans une lettre ouverte au Premier ministre publiée dans « le Parisien-Aujourd'hui en France », treize* élus dénoncent « l'échec généralisé des politiques publiques de santé qui affecte l'ensemble des services publics du département », « territoire sanitairement précarisé ».
La professeure du MIT interroge depuis trente ans l’impact des écrans sur nos affects, nos relations aux autres, notre vie psychique – jusqu’à notre sexualité. « Notre moi virtuel, abstrait, l’a emporté sur (...) la chaleur humaine et la conversation. »
Par Frédéric JoignotPublié le 4 mars 2019
Portrait. Sherry Turkle est le grand témoin de nos amours compliquées avec les hautes technologies. Longtemps persuadée de la richesse que nous apporte le monde digital, cette psychologue du Massachusetts Institute of Technology (MIT), le prestigieux laboratoire de Boston, est aujourd’hui terriblement critique – et inquiète. En février, pour le 15e anniversaire de Facebook, elle publiait sur le siteVox un texte féroce à propos des « amitiés Facebook »: « C’était le mythe fondateur. Et c’était un mythe. Dans la mâchoire de Facebook, chacun d’entre nous est devenu un nouveau type de produit surveillé et manipulé. Notre “petite vie” est devenue le centre de ce qui est acheté et vendu par morceaux. » Questionnant inlassablement les technophages que nous sommes devenus, la psychologue et anthropologue américaine cherche depuis trente ans à comprendre l’impact des écrans sur nos affects, nos relations aux autres, notre vie psychique, notre présence au monde – jusqu’à notre sexualité.
Tout commence à Paris, en 1973, raconte-t-elle, quand, étudiante en psychologie, elle découvre « la pensée critique française, en pleine ébullition après l’échec politique de 1968 ». Les séminaires inspirés de Jacques Lacan la passionnent. Elle rencontre trois fois le psychanalyste. « Il m’a appelé “Cher cœur”, “Chère Sherry” et “Cher chercheur”, se souvient-elle. C’était un homme attachant, qui concevait la psychanalyse comme un appel, un engagement, une activité lourde de sens, proche de la poésie, pas une profession où faire carrière. » Sherry Turkle est alors frappée par la manière dont les idées psychanalytiques, « cette façon d’interroger ses problèmes personnels, son passé, ses possibilités de changement », rayonnent en France, pénètrent les comportements, sont reprises dans des romans et les journaux, deviennent populaires. C’est une découverte : « Certaines idées psychologiques concrètes, personnelles, concernantes ne sont donc pas condamnées à rester élitaires ! » Elle écrit alors ce qu’elle considère son « meilleur livre » : Psychoanalytic Politics (1978), La France freudienne (Grasset, 1982).
La création de modules spécifiques sur « encoder l’égalité », dans les écoles d’informatique et de mathématiques, changerait les regards, expliquent les docteures en sciences Aude Bernheim et Flora Vincent.
Propos recueillis par Claire LegrosPublié le 3 mars 2019