La pensée de René Girard (1923-2015) repose sur une idée simple en apparence : l’imitation est le propre de l’homme. En tenant pour acquise la nécessité où nous sommes d’imiter pour vivre en société, Girard s’est intéressé exclusivement aux effets pervers et destructeurs de l’imitation quand elle porte sur les désirs : imiter les désirs des autres, c’est entrer avec eux dans des rapports de rivalité et de violence…
Le mode d’adresse très souple à Intervalle-CAP, centre d’accueils et de consultations psychanalytiques, avec la possibilité d’un accès direct à ses praticiens, rapide, sans rendez-vous, confronte ceux-ci, de fait, à l’urgence, identifiée comme telle par le milieu social ou médical.
En Psychiatrie, l’urgence concerne surtout le risque de passage à l’acte du sujet contre lui-même ou contre autrui, risque vital et social. Pour ceux qui tentent de loger leur mal-être dans le circuit des services sociaux, ce qui est urgent peut se présenter sous la forme d’urgence sociale. Celle-ci peut révéler, au-delà de la question pressante de l’accès aux droits communs, une souffrance psychique qui insiste et se répète.
L’urgence participe d’une nécessité, elle appelle une réponse.
Comment est–t-elle accueillie et traitée par les intervenants d’Intervalle-CAP, orientés par le discours de la psychanalyse ?
À l’instar de la fameuse langue d’Esope, capable du meilleur comme du pire[1], les médias sociaux (Twitter, Facebook, Instagram...) ont des effets ambigus sur leurs utilisateurs, bénéfiques ou au contraire préjudiciables, en fonction du contexte biographique, de la vulnérabilité psychologique, de l’environnement, etc. En particulier, rappellent des chercheurs britanniques, on ignore l’impact réel des réseaux sociaux sur les sujets souffrant de troubles psychotiques.
En 1964, dans un numéro spécial consacré à la santé mentale du candidat à la présidentielle américaine Barry Goldwater, un magazine, aujourd’hui disparu, publie les résultats d’une enquête auprès de 1 189 psychiatres affirmant que le sénateur Goldwater est « psychologiquement inapte à devenir président. » Et Goldwater perd l’élection, en partie parce que son adversaire Johnson exploite aussitôt cette inquiétante image d’un « doigt instable sur le bouton nucléaire », en pleine guerre froide ! Mais après l’élection, Goldwater gagne un procès en diffamation contre le magazine en question.
L’un, Jean Fonjallaz, est docteur en droit et juge fédéral au Tribunal fédéral. L’autre, Jacques Gasser, est professeur à la faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne et directeur du Département de psychiatrie du Centre hospitalier universitaire vaudois (CHUV). A deux, ils ont entamé un dialogue sur les rapports entre la justice et la psychiatrie. Leur ouvrage, Le juge et le psychiatre*, fait la lumière sur le rôle de chacun et les relations entre la justice pénale et la psychiatrie.
Radicalisation, attentats, agressions, catastrophes, suicide… Pour la 11ème année consécutive, l’association RéuniPsy et ses partenaires, dont l’EPSMR, organisent les Journées de Psychiatrie et de Psychologie Clinique (JPPC) les 15 et 16 novembre prochains à l'hôtel Le Lux.
Ce congrès international rassemblera en fin de semaine des médecins et chercheurs réunionnais ainsi que des experts venus de métropole et du Canada autour d’un thème central de réflexion. Cette année, les conférenciers et leurs auditeurs échangeront sur les relations entre la psychiatrie et la violence ou les violences. Ils parleront “prévention” mais aussi “gestion” et “prise en charge”.
Moches, la vulve et le pénis ? Un peu d’auto-indulgence envers nos parties intimes ne ferait pas de mal. Impossible en effet de respecter les corps et les sexualités sans respecter les sexes eux-mêmes, avertit Maïa Mazaurette, chroniqueuse de « La Matinale ».
Par Maïa MazaurettePublié le 11 novembre 2018
Vous l’avez certainement entendu mille fois : « les pénis sont objectivement moches ». Les défenseurs de ce jugement esthétique ne souffrent aucune contestation. Mais si l’on parle d’une excroissance surmontant deux formes vaguement sphériques, en quoi le pénis est-il différent d’un nez ? Les replis d’une vulve ne rappellent-ils pas une oreille ? Le mouvement body positive aura du pain sur la planche quand il s’étendra à nos intimités constamment renvoyées au comique ou au pathétique. A quand les hashtags #balancetavulve ou #vergederêve ?
En l’occurrence, il y a des beaux sexes. Et même des concours de beaux sexes. En 2015, des internautes élisaient la plus belle vulve et le plus beau scrotum, avant de se tourner en 2017 vers le plus bel anus (rappel express pour les cancres en anatomie : le vagin se situe à l’intérieur du corps ; en l’absence d’un spéculum et de quatorze lampes 400 watts, il est invisible.) Concernant les résultats, l’analyse des votes a montré une préférence pour les vulves douces aux petites lèvres ne dépassant pas, et pour les bourses rondelettes, peu striées, situées juste sous le pénis.
S’il n’existe aucun championnat mondial officiel du plus beau pénis, c’est parce que le promoteur des autres compétitions a pensé que tout le monde aurait les mêmes préférences. Ce qui se discute. Sur la plate-forme Reddit, le forum consacré à cette question ne manque pas de participants, tandis qu’une étude suisse publiée en 2015 dans le Journal of Sexual Medicinemontrait que les femmes apprécient, dans l’ordre, l’apparence cosmétique générale du membre, puis sa pilosité, sa peau, sa circonférence, la forme de son gland, la longueur de la hampe, l’apparence des testicules, et enfin la position du méat (notez le sens du détail).
Que peut la psychanalyse dans l'amour? Quels remèdes au chagrin d'amour? Avec Sarah Chiche, clinicienne et psychanalyste, auteur de "Une histoire érotique de la psychanalyse" (Payot , 2018) et Pacôme Thiellement, essayiste et vidéaste, auteur de "Sycomore Sickamour" (Puf, 2018).
L'amour sur le divan, avec Sarah Chiche, écrivaine et psychanalyste, auteur d'Une histoire érotique de la psychanalyse : de la nourrice de Freud aux amants d'aujourd'hui (Payot, 2018).
Ce que je tenais à saluer, c’est le courage de ces femmes, ces héroïnes, et ces femmes anonymes aussi, qui ont peut-être un savoir particulier sur la douleur.
Au Palais des Beaux-Arts, à Paris, une expo réhabilite le peintre du XVIIe siècle devenu fou et dont on a retrouvé d’étranges dessins et estampes.
«L'Accouchement de Cybèle», de Georges Focus.Photo Collection particulière
C’était bien la peine : s’appeler Focus pour devenir un «illustre inconnu». Jusqu’à ce qu’Emmanuelle Brugerolles, conservatrice générale du patrimoine à l’Ecole nationale supérieure des Beaux- Arts et, ci-devant commissaire de l’exposition réhabilitante, ne décrète qu’il était grand temps, trois siècles plus tard, de remettre les pendules à leur place, comme disait Johnny. «Découvrir un tel corpus, une aventure comme celle-ci, ça n’arrive pas souvent dans une vie,s’enthousiasme celle qui peut légitimement se flatter de l’avoir mis au jour. En tout cas, je n’ai pas d’autre exemple en tête d’un artiste aussi singulier, capable de construire un tel univers, si longtemps avant l’avènement de ce que l’on dénommera l’art brut. Hier encore, Georges Focus n’avait aucune cote. Reste à espérer maintenant qu’il n’échappe pas aux Beaux-Arts et qu’on ne retrouve pas ses œuvres chez Sotheby’s ou Christie’s à des prix insensés.»
Deux siècles après la Révolution, cet idéal reste la boussole politique des démocraties. Mais il connaît des déclinaisons très différentes. Retour sur un concept-clé avec le philosophe Patrick Savidan.
LE MONDE IDEES| | Propos recueillis par Anne Chemin
Le philosophe Patrick Savidan a dirigé le Dictionnaire des inégalités et de la justice sociale, qui est sorti, le 17 octobre, aux Presses universitaires de France (1 728 pages, 39 euros). Professeur d’éthique et de philosophie politique à l’université Paris-Est-Créteil, cofondateur de l’Observatoire des inégalités en 2002, il a publié plusieurs ouvrages sur les inégalités et la justice sociale, notamment Repenser l’égalité des chances (Grasset, 2007), Le Multiculturalisme (PUF, 2009) et Voulons-nous vraiment l’égalité ? (Albin Michel, 2015).
Deux siècles après la révolution de 1789, l’égalité reste au cœur de nos débats politiques. Comment la philosophie politique envisage-t-elle ce concept ?
L’égalité est au cœur de nos débats parce que l’idéal qu’elle représente est au cœur de ce projet, précieux et fragile, qu’est la modernité politique. A tel point que nous pourrions considérer, au risque de surprendre, voire de scandaliser, qu’aujourd’hui nous sommes tous égalitaristes. Cela ne signifie évidemment pas que nous soyons d’accord sur la manière de combattre les inégalités, ni même sur la façon de les identifier – nous en sommes loin ! –, mais que l’égalité est le cadre dans lequel se déploient la plupart de nos divergences en matière de justice sociale.
Minute de silence, le 16 novembre 2015, devant le Bataclan. Crédit Photo : AFP
Blessures de guerre, récits insoutenables des patients, afflux démesuré de victimes : touchés de plein fouet par les attentats du 13 novembre 2015, à Paris, de nombreux soignants ont été traumatisés. Pourtant, dans la profession, l'aveu de la souffrance est encore parfois tabou.
Pour le psychanalyste Fethi Benslama, le phénomène est notamment lié aux revendications identitaires.
Propos recueillis par Elise VincentPublié le 10 novembre 2018
Temps de Lecture 5 min.
Pour le psychanalyste Fethi Benslama, le phénomène est notamment lié aux revendications identitaires.
Trois ans après le 13-Novembre, votre regard sur la radicalisation djihadiste a-t-il changé ?
Oui, car, il y a trois ans, on avait des idées très générales. Nous n’avions pas cette connaissance concrète et directe de ce qu’on appelle les « radicalisés ». Bien sûr, certaines personnes connaissaient la réalité, comme les travailleurs sociaux. Pour ma part, j’avais une consultation dans une cité de Seine-Saint-Denis. Je savais de quoi il retournait. On a tout de même été surpris par la soudaine multiplication d’individus radicalisés à partir de 2014 et pour laquelle le gouvernement a mis en place des dispositifs de signalement. Aujourd’hui, on n’est plus dans les grandes théories et les spéculations sur la radicalisation.
Dans le contexte actuel de menace terroriste, les psychiatres dénoncent les demandes répétées et récurrentes de dérogations au secret médical portées par les forces de sécurité ou de renseignement. « Il n’est pas tolérable d’accorder des dérogations au secret médical en fonction des pressions médiatiques » a jugé le Dr Gilles Munier, vice-président du Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), lors des États Généraux Psy sur la radicalisation.
Cinq Français racontent comment ils se sont reconstruits après-guerre dans ce royaume de Scandinavie
PLANÈTE+JEUDI 15 - 20 H 55
DOCUMENTAIRE
La seconde guerre mondiale vient de se terminer et des milliers de minots français se retrouvent sans rien ou presque. Traumatisés par des années de conflit et par l’occupation allemande, beaucoup de ces enfants doivent affronter les maladies, la faim, la rue, le deuil d’un parent… Face à cette situation dramatique, le Danemark a eu l’idée de mettre en place, à partir de 1946 (et jusqu’en 1949), un programme appelé « Red Barnet » (« sauver les enfants », en danois), destiné aux mineurs de onze pays d’Europe afin de les aider à se reconstruire.
Ainsi, des milliers d’enfants français âgés de 6 à 12 ans, parmi les plus en souffrance, sont partis trois mois dans ce royaume de Scandinavie « pour se refaire une santé », comme le décrit François Marchetti. Il se souvient de cet éternel voyage en train de la gare du Nord, à Paris, jusqu’à Padborg, « une longue aventure » de trente-trois heures. Mais ce qui va le marquer, c’est un arrêt en Allemagne, un pays en ruine. Il prend alors conscience que, dans une guerre, il n’y a « ni vainqueur ni vaincu ».
Abilify MyCite, traitement indiqué dans les troubles psychiatriques, intègre un capteur qui signale quand il a été ingéré par le patient.
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO| 20.11.2017 | Par Paul Benkimoun
Le premier médicament à prise orale dont les comprimés intègrent une puce qui signale qu’ils ont bien été pris s’est vu accorder aux Etats-Unis une autorisation de mise sur le marché (AMM), a annoncé lundi 13 novembre l’agence américaine chargée du médicament, la Food and Drug Administration (FDA). Ayant pour principe actif l’aripiprazole, ce produit commercialisé par le laboratoire japonais Otsuka a pour indications reconnues le traitement de la schizophrénie, celui des épisodes aigus associés aux troubles bipolaires, et le complément du traitement de la dépression chez l’adulte. Cette technologie innovante soulève des questions éthiques sur le contrôle des données recueillies.
Un rapport déclassifié révèle que des chercheurs de l’agence de renseignement américaine ont tenté d’expérimenter des drogues pour interroger les terroristes.
Publié le 14 novembre 2018
Temps deLecture 1 min
Trouver une alternative à la torture : après le 11 septembre 2001, des médecins de la CIA ont cherché à élaborer un « sérum de vérité », afin d’extorquer des informations aux terroristes prisonniers. C’est ce que révèle un rapport déclassifié à la demande de l’American Civil Liberties Union, qui s’est appuyée sur les lois américaines pour la liberté d’information (Freedom of Information Act, ou FOIA), précise le Washington Post.
Dans son enquête nationale, l’Observatoire de la vie étudiante dresse un état des lieux préoccupant de la santé des jeunes. Entretien avec les auteurs de cette étude.
Propos recueillis par Eric NunèsPublié le 08 novembre 2018
Dans son enquête nationale, l’Observatoire de la vie étudiante dresse un état des lieux préoccupant de la santé des jeunes. Entretien avec les auteurs de cette étude.
L’Observatoire de la vie étudiante (OVE) a publié, mardi 6 novembre, les résultats de sapremière enquête nationale sur la santé des étudiants, à laquelle 18 875 élèves ont répondu entre avril et juin 2016. 73 % des étudiants estiment avoir été en bonne ou très bonne santé dans les quatre semaines précédant l’enquête.
Mais ils sont plus nombreux que l’ensemble de la population à présenter des signes cliniques d’épisodes dépressifs. Les auteurs de cette enquête ont répondu aux questions du Monde.
L’étude de l’OVE montre que les étudiantes ont une perception beaucoup moins positive de leur état que les étudiants. L’expliquez vous ?
Feres Belghith, directeur de l’OVE : Il s’agit d’une constante en matière de santé, que nous observons depuis longtemps dans nos enquêtes, avec en moyenne 10 points d’écart, mais qui s’observe de la même façon en population générale (par exemple en 2014, 71 % des hommes de 16 ans ou plus se déclarent en bonne ou très bonne santé contre 66 % des femmes).
Il s’agit d’un indicateur subjectif – on demande à la personne d’évaluer son état de santé, qui dépend donc aussi de la manière dont les personnes se perçoivent et perçoivent leur rapport au monde, des perceptions qui varient selon le sexe.
De ce point de vue, les représentations sociales liées au genre féminin ou masculin, les codes sociaux de la féminité (fragilité, sensibilité, expression verbale) et de la masculinité (virilité, résistance au mal, prise de risque) jouent sur la manière d’évaluer son état de santé.
Des livres de John Steinbeck aux photos de Dorothea Lange, et jusqu’au propos de Donald Trump, le professeur de philosophie Thomas Schauder réfléchit à la représentation des migrants dans nos sociétés.
Publié le 14 novembre 2018
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Chronique Phil’ d’actu. C’est l’histoire d’une famille surendettée, qui fuit son pays pour ce qu’elle croit être un eldorado. Rejetée et insultée par les habitants du pays fantasmé, exploitée par des patrons qui ne pensent qu’à toujours augmenter leur profit, elle devra lutter non seulement pour sa survie, mais aussi pour conserver sa dignité…
Nous ne sommes pas en 2018, et la famille Joad ne vient ni du Honduras ni d’Afrique subsaharienne. Nous sommes dans les années 1930, aux Etats-Unis. A cette époque, la conjonction de la crise économique de 1929 et de catastrophes climatiques (inondations, tempêtes de poussière) pousse des milliers de paysans sur les routes, en direction de la Californie.
Là, ils s’entassent dans des campements de fortune, travaillent comme journaliers pour un salaire de misère, et leurs rares révoltes sont sévèrement réprimées. Voici l’histoire que raconte John Steinbeck (1902-1968) dans Les Raisins de la colère, paru en 1939. C’est également cette histoire que montrent les photographies de Dorothea Lange (1895-1966) que l’on peut voir au Jeu de paume, à Paris, jusqu’au 27 janvier 2019. Une histoire qui résonne étrangement aujourd’hui.
Cette décision de la cour d’appel de Montpellier est « inédite », selon l’avocate de cette personne transgenre.
Le Monde avec AFPPublié le 14 novembre 2018
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Claire [les prénoms ont été changés], 50 ans et née homme, souhaitait être reconnue comme la mère de sa fille née de sa relation avec Sophie, son épouse depuis 1999. La cour d’appel de Montpellier a rejeté sa demande mercredi 14 novembre, mais lui a accordé le statut de « parent biologique » sur l’acte de naissance.
Claire avait obtenu en 2011 du tribunal la modification en tant que femme de son état civil, sans néanmoins se faire opérer pour changer de sexe. Le couple avait donné naissance trois ans plus tard à son troisième enfant, le premier sous son identité de femme de Claire.