Dans sa chronique, Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde », déplore qu’une majorité de jeunes placent Dieu au-dessus de tout, et donc au-dessus de l’art
Chronique. Le livre fait du bruit, il fait grincer aussi, et c’est très bien. Mercredi 4 avril, nous avons consacré deux pages à La Tentation radicale (PUF, 464 pages), une enquête menée par une équipe de sociologues, qui analyse les déclarations de 7 000 lycéens, âgés de 14 à 16 ans, issus pour beaucoup de quartiers populaires, où l’islam est un marqueur.
Un quart d’entre eux affirment que les victimes de l’attentat du 7 janvier 2015 contre Charlie Hebdo « l’ont un peu cherché ». Allons plus loin sur la question culturelle. « La liberté d’expression et de création est mise à mal par notre enquête, et je ne m’y attendais pas à ce point », nous dit Olivier Galland, chercheur et coauteur de ce livre avec Anne Muxel.
80 % des lycéens interrogés disent qu’on ne peut pas se moquer des religions. Les jeunes musulmans placent Dieu au-dessus de tout, donc au-dessus de l’art. Ce qui surprend plus, c’est que les jeunes chrétiens, et même les jeunes tout court, disent la même chose – même s’ils sont moins nombreux. « On ne peut pas rire de tout est un jugement quasi unanime », écrivent les sociologues Vincenzo Cicchelli et Sylvie Octobre dans leur étude « Fictionnalisation des attentats et théorie du complot chez les adolescents » (revue Quaderni, n° 95, 2018), réalisée à partir du même corpus de 7 000 lycéens.